Étude comparative du wolof et du pulaar Sur le plan morphologique et lexicologique

Les objectifs

    Les objectifs que nous nous somme fixés pour un tel travail sont multiples et variés. Dans nos premières investigations sur les langues locales, nous nous sommes aussitôt rendu compte que la langue wolof tout comme le pulaar ont fait l‟objet de nombreuses études tendant à expliquer le fonctionnement de la langue tant au niveau phonologique, morphologique que syntaxique. Cependant, nous avons aussi constaté que, dans tous ces travaux, on ne traite que seulement soit du wolof, soit du pulaar, ou parfois une comparaison faite avec le français, et qu‟il n‟existe pas à notre connaissance d‟études exclusivement consacrées à ces deux langues qui sont sans doute les plus parlées du Sénégal mis à part le français. Cette étude comparative entre le wolof et le pulaar a donc pour objectif général de mettre en évidence les particularités linguistiques du pulaar en les comparants avec celles du wolof. Elle permettra ensuite, spécifiquement, de :
1- accroître le nombre de documents disponibles sur ces langues pour faciliter leur apprentissage.
2- pallier en quelque sorte ce qui nous a paru être un manque dans les travaux actuellement disponibles sur ces deux langues.

L’origine du peuple wolof

   Le site Wikipédia nous rapporte que les historiens et scientifiques, comme Yoro Boli Diaw, Cheikh Anta Diop, Aboubacry Moussa Lam ou encore Théophile Obenga, soutiennent tous que les ancêtres des Wolofs (comme la plupart des ethnies d‟Afrique) sont originaires de la vallée du Nil (l‟actuelle Égypte-Nubie). Selon eux, les traces les plus anciennes d‟une culture, surtout en ce qui concerne la langue, les principes religieux et culturels dont les Wolofs ont hérité remonteraient à l‟époque de l‟Égypte pharaonique, aussi bien en BasseÉgypte qu‟en Haute-Égypte et Nubie. D‟après toujours ce site, les recherches effectuées par ces historiens l‟ont démontré en faisant des comparaisons culturelles, anthropologiques et linguistiques entre l‟égyptien ancien et le wolof comme en témoignent les Cahiers de Yoro Boli Diaw qui, en rassemblant les diverses traditions orales wolof, décrit les six migrations entre le Nil et la vallée du fleuve Sénégal auxquelles le Sénégal doit son peuplement au XIXe siècle. Les Wolofs auraient d‟abord cohabité avec les Berbères dans le sud-est de la Mauritanie, en compagnie des Peuls, des groupes mandingues, des Soninkés et des Sereers. Tous ces groupes de Noirs étaient appelés Bafours par les Berbères. À l‟époque de l‟empire du Ghana, les Wolofs étaient de religion traditionnelle. Ils habitaient le Tekrour, royaume vassal du Ghana situé dans la vallée du fleuve Sénégal et l‟un des grands foyers culturels des Toucouleurs. La tradition orale confirme que le berceau de la culture wolof fut le delta du fleuve Sénégal au Waalo où régna l‟ancêtre mythique des Wolofs, Ndiadiane Ndiaye. Pour ce dernier, la légende veut qu‟il soit un sage sorti des eaux : il aurait trouvé une solution équitable à une dispute entre riverains du fleuve et ceux-ci l‟auraient désigné comme roi. Cet épisode pourrait se situer autour des années 1200 de notre ère. Il est donc postérieur aux premières pénétrations de l‟islam dont les vecteurs dans cette partie de l‟Afrique noire furent les Berbères sanadja du Sahara convertis au Xe siècle. L‟histoire raconte qu‟au XIe siècle la confrérie des Almoravides, guerriers musulmans d‟origine maure soumis à l‟islam le chef Wara Diobé du Fouta Toro qui va entreprendre à son tour l‟islamisation des populations avoisinantes, en particulier des wolofs. Les Toucouleurs et les Soninkés étaient déjà musulmans pour la plupart d‟entre eux, convertis par les Dyulas, eux-mêmes initiés par les commerçants arabo-berbères entre le VIIe siècle et le IXe siècle. Et c‟est en voulant échapper à la pression des Almoravides, mais aussi, et surtout à cause de la sècheresse que les Sereers, les Peuls et les Wolofs entreprennent plusieurs migrations. Ces dernières les mènent dans les régions qu‟ils peuplent aujourd‟hui, en particulier dans le cas des Wolofs, que l‟on retrouve dans le nord-ouest et le centre du Sénégal. Au début du XIIIe siècle, les Wolofs fondent l‟empire du Jolof qui regroupe à son apogée les États du Waalo, du Cayor, du Baol, du Sine, du Saloum, le Fouta-Toro, le Niani, le Woulli et le Bambouk. La tradition orale chante même que les bourba jolof auraient dominé tout le Sénégal actuel. Après 1549, les États vassaux du Jolof retrouvent leur indépendance jusqu‟à la fin du XIXe siècle au moment de la colonisation française.

Statut de la langue au Sénégal

    Au Sénégal et plus précisément dans la capitale, le pulaar n‟a pas un très grand statut du moins pas aussi grand que celui du wolof. Il convient de souligner que lorsque nous parlons de statut, nous ne faisons pas référence ici à ce qui renvoie au titre de langue nationale que le pulaar a obtenu en même temps que le wolof, mais de son utilisation en société et du titre de langue véhiculaire. La réalité est que c‟est le wolof qui joue principalement ce rôle comme nous l‟avons dit dans le précédent chapitre, de ce fait cette langue ne se parle dans la plupart du temps que lorsque les locuteurs qui discutent entre eux sont de la même ethnie c‟est-à-dire de l‟ethnie peule. Cette disparité est due au fait que la majeure partie des personnes qui parlent le pulaar comprennent aussi le wolof, mais tous ceux qui parlent wolof ne comprennent pas forcément le pulaar, ce qui fait que même les peules sont parfois obligés d‟abandonner leur langue au profit du wolof. Et du côté des médias aussi l‟absence de la langue se fait nettement sentir. À notre connaissance, il n‟existe pratiquement pas d‟émissions sur la langue, les quelques rares qui existent sont surtout des émissions de divertissement. Dans la divulgation des informations aussi, à part celles diffusées sur la chaine nationale en milieu de journée et en début de soirée et celle diffusée sur 2stv dans l‟après-midi, les autres chaines de télévision consacrent toutes leurs éditions au français et au wolof. C‟est sans doute la raison pour laquelle le pulaar est présenté par certains comme une langue rurale ou une langue moins présente dans les agglomérations comme Dakar. Notons, cependant, que le terme rural ne renvoie pas forcément dans ce cas à une langue non aboutie, à un dialecte pauvre, mais il semble plutôt que ce soit son ère d‟usage qui est associé au monde rural. En effet, l‟environnement linguistique des centres urbains ne favorise par  une large diffusion de la langue pulaar puisque le français et plus particulièrement le wolof a déjà acquis le statut de langue véhiculaire. Il apparait ainsi donc que le pulaar est une langue légitime en tant que langue d‟une communauté. La seule fonction dont elle jouit est celle de langue identitaire associée à une communauté donnée. À la différence du wolof qui est une langue intercommunautaire, le pulaar reste une langue intracommunautaire qui assume le rôle de communication et d‟intégration dans la communauté haalpulaar. Le prestige dont elle jouit est tout simplement culturel, c‟est-à-dire restreint à la communauté à laquelle elle appartient, et non sociétal par opposition à un prestige partagé par l‟ensemble d‟une société dans un sens plus large avec différentes communautés. Le pulaar n‟est pas une source d‟attraction pour les locuteurs non pulaarophones. À vrai dire, le pulaar n‟est pas une langue d‟enseignement dans le système éducatif. Elle ne constitue pas un médium d‟accès à un statut social et surement pas un facteur d‟insertion professionnelle. De ce fait, le pulaar reste donc le véhicule d‟une culture, mais aussi un moyen de promotion, de prestige de cette culture. Il y a donc un fort rattachement entre cette langue et la culture pulaar, les deux se superposent au point de se confondre. Fondamentalement, la culture se trouve mise en exergue par l‟usage de cette langue. Et cette culture est considérée par les peuls comme riche, brillante et noble. Il y a donc un sentiment de fierté voué à cette culture et conjointement à cette langue. En conséquence, s‟identifier à la culture pulaar, c‟est nécessairement s‟identifier à cette langue, c‟est de la parler. En fait comme il y a un besoin incessant chez les haalpulaars de valoriser, de montrer, de véhiculer leur culture dont la langue est le premier levier, parler pulaar devient plus qu‟un devoir pour le locuteur pulaarophone comme l‟indique, au surplus, le mot « haalpulaar ». Dans cette partie, nous avons revisité la question de l‟origine des wolofs et des Peuls, leur histoire et leurs différentes migrations, préhistoriques et historiques. Nous avons également fait un compte rendu de la répartition de la population wolof et peule, de leur dispersion et leur présence dans les autres pays de la sous-région. Puis, nous avons représenté leurs langues dans l‟aire géographique actuelle du Sénégal avant d‟aborder la question de la pratique de chaque langue. Nous allons à présent passer à la deuxième partie où nous entrons dans le vif du sujet.

L’emprunt en question

   À côté des différents procédés dérivationnels et flexionnels, l‟emprunt constitue lui aussi un moyen certain d‟enrichissement de la langue lorsqu‟il intègre parfaitement les structures de la langue à partir de son système phonologique ; il s‟agit pour la langue d‟adopter un terme déjà existant dans une autre celle-ci pouvant être une langue européenne ou une langue africaine voisine. Le type d‟emprunt le plus facilement identifiable et le plus habituel est celui de l‟intégration formelle d‟un mot provenant d‟une autre langue. Le degré de l‟intégration peut varier en fonction des domaines ; la forme empruntée peut rester proche de celle de la langue d‟origine ou s‟être davantage adaptée aux règles de la langue cible. Comme dans la plupart des langues africaines, les emprunts du wolof et du pulaar ont été provoqués par des contacts avec des représentants d‟au moins trois grandes familles linguistiques (Dialo ; 1995) :
‒ Les langues négro-africaines,
‒les langues afro-asiatiques
‒les langues (indo -) européennes

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Table des matières

0. INTRODUCTION
0.I. Contexte / justification du sujet
0.1.1. Justification du choix du sujet
0.1.2. justification du choix des langues
0. II. Problématique
III. Objectifs et hypothèses de recherche
0.3.1. les objectifs
0.3.2. Hypothèses de recherche
0. IV. Cadre théorique et conceptuel
0.4.1. Cadre théorique
0.4.2. cadre conceptuel
0. V. Revue des travaux antérieurs
0. VI. La méthodologie adoptée dans cette étude
0.6.1. Le corpus
A. La source primaire
B. La source secondaire
0.6.2. L’analyse des données
0.6.3. structure de la recherche
Partie I : présentation des langues à comparer
Chapitre 1 : Le wolof
1.1. L’origine du peuple wolof
1.2. Localisation actuelle des locuteurs
1.3. Statut de la langue au Sénégal
Chapitre 2 : Le pulaar
2.1. L’origine du peuple peul
2.2. Localisation actuelle des locuteurs
2.3. Statut de la langue au Sénégal
Partie II : Comparaison des deux langues
Chapitre 3 : Sur le plan morphologique
3.1. Structure du nom dans les deux langues
3.2. La formation des mots
3.2.1. L’affixation
3.2.1.1. La formation par préfixation
3.2.1.2. La formation par suffixation
A. les suffixes de dérivation
B. les suffixes d’extensions verbales
C. Les suffixes flexionnels
3.2.2. La formation par composition
3.2.3. La règle des alternances consonantiques
3.2.3.1. L’alternance consonantique dans les formes nominales du pulaar
3.2.3.2. L’alternance consonantique dans les formes verbales du pulaar
Chapitre 4. Comparaison des deux langues : sur le plan lexicologique
4.1. L’emprunt en question
4.2. Contacts des langues locales (présent et passé)
4.2.1. Avec les langues négro-africaines
4.2.2. Avec les langues « afro-asiatiques »
4.2.3. Avec les langues européennes
4.3. Étymologie et intégration de quelques emprunts que les deux langues ont en commun
4.4. Synthèse
Conclusion
Bibliographie

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