Etude comparative des aspects dermoscopiques du psoriasis sur différents phototypes

Le psoriasis est une dermatose érythémato-squameuse fréquente, d’évolution chronique, il atteint 1 à 3 % de l’ensemble de la population [57], cette estimation est toutefois basée sur des études regroupant une population géographiques et ethniques limités [29]. En réalité, la prévalence du psoriasis est assez variable et varie de 0,05 à 3,7% en fonction de l’origine ethnique et de la situation géographique, la plupart des recherches suggérant un taux plus élevé de psoriasis de phototype clair par rapport aux groupes ethniques de phototype foncé [19,64,42]. Sa prévalence hospitalière au Maroc a été estimée à 1,5% [70] et entre 0,3 % [1] et 1% au Sénégal [51]. Sur le plan clinique, il se présente sous plusieurs formes, Le psoriasis en plaques ou « vulgaire » est le type de psoriasis le plus courant dans toutes les populations, représentant environ 85 à 90% des cas de psoriasis dans le monde [4] qui se manifeste par des plaques érythémato squameuses parfois prurigineuses, évoluant de façon imprévisible avec alternance de phases de poussées et de rémissions, pouvant parfois entrainer une altération majeure de l’aspect physique et donc des répercussions psychosociales. Le psoriasis peut être confondu avec d’autres dermatoses notamment les dermatoses érythémato squameuses dont le diagnostic est parfois délicat et qui impose la réalisation de biopsies cutanées. Le traitement ne permet pas une guérison définitive du psoriasis. Le but est donc d’entrainer une réduction des lésions jusqu’à ce qu’elles soient suffisamment tolérables pour le malade. Sa prise en charge est un vrai challenge vu la chronicité de la pathologie et le cout élevé des traitements. La dermoscopie est une technique d’imagerie non invasive, souvent caractérisée comme le «stéthoscope du dermatologue», permettant la visualisation des structures cutanées en profondeur grâce à un grossissement élevé, c’est un pont fascinant entre l’examen clinique et histologique qui est devenu un outil clé pour l’évaluation des lésions cutanées cancéreuses et non cancéreuse notamment inflammatoires en raison de sa capacité à révéler des résultats non visibles à l’œil nu [9], ainsi évitant la réalisation de biopsies cutanées. Des études ont évalué l’intérêt du dermoscope dans le diagnostic du psoriasis. Cependant, la plupart de ces études étaient effectuées sur phototype clair. Dans la littérature, il existe à notre connaissance peu d’études consacrées au psoriasis sur phototype foncé. C’est dans la double perspective de décrire les aspects dermoscopiques du psoriasis sur peau foncée et de les comparer avec les aspects dermoscopiques sur phototype clair que nous avons envisagé de mener cette étude.

Le Psoriasis

Épidémiologie 

Le psoriasis est répandu dans le monde entier mais sa fréquence varie considérablement selon la « race » et la répartition géographique. Elle est, selon la plupart des données épidémiologiques, respectivement moins fréquente chez le phototype VI, suivi des phototypes intermédiaires et enfin au sein des phototypes I et II. En raison de ces observations, une relation inverse a été postulée entre la fréquence du psoriasis et le degré de pigmentation de la peau [25]. Sa prévalence estimée à environ 3,5% en Europe et aux États-Unis reste supérieure à celles rapportées dans la population asiatique, indienne et noire d’origine africaine [19,34]. Des enquêtes basées sur la population en Chine et au Japon ont donné une faible prévalence similaire allant respectivement de 0,05 à 1,23% et de 0,29 à 1,18%. Les mêmes taux ont été observés en Inde 0,5% -2,3% [19,29]. En Afrique, les enquêtes cliniques ont montré une grande variation de la prévalence du psoriasis entre les différents pays, avec des taux plus élevés observés en Afrique subsaharienne orientale qu’occidentale [42,57]. Il a été rapporté que le psoriasis affecte 1,9 à 3,5% des individus au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie (Afrique de l’Est) contre 0,025 à 0,9% au Ghana, au Nigeria, au Sénégal et au Mali (Afrique de l’Ouest). Cela a été attribué aux différences génétiques entre les Africains [5,11,12]. Sa prévalence au Maroc a été estimée à 1,5% [1] et 0,3 % au Sénégal [51]. L’incidence est très variable en fonction des groupes ethniques et des zones géographiques.

● Facteurs épidémiologiques
La maladie touche autant les hommes que les femmes, le sex-ratio est sensiblement égal à 1 [28]; bien que les formes sévères soient plus fréquemment observées chez les hommes. [33,29]

L’âge moyen de survenue est variable, de l’ordre de 25 à 27 ans en général dans les études portant sur des échantillons importants comportant 5600 patients [14,24] et un peu plus précoce chez les femmes. La maladie, lorsqu’ elle débute dans l’enfance est fréquemment liée aux antigènes d´histocompatibilité, en particulier HLA Cw6 et DR. Les gènes de susceptibilité au psoriasis seraient portés par plus de 20 régions chromosomiques. Neuf d’entre elles correspondent à des locus de susceptibilité (PSORS 1 à 9). [8] Environ 50% des formes en gouttes de l’enfant seraient associées à des infections streptococciques en particulier les angines et les anites [50]. L’infection par le VIH intervient également parmi les facteurs déclenchant des poussées de psoriasis. La prévalence du psoriasis serait deux fois supérieure à la prévalence générale chez les patients infectés par le VIH [32]. Certaines classes médicamenteuses induisent indiscutablement des poussées ou même l’apparition de la maladie, notamment les bétabloquants, le lithium, l’interféron alpha, sartans, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine et les AINS. [72,35]

PHYSIOPATHOLOGIE 

Le psoriasis est caractérisé par un trouble de l’homéostasie épidermique qui entraine trois grandes modifications pathologiques de la peau :
-une hyperprolifération bénigne de l’épiderme avec une différenciation anormale des kératinocytes présentant une maturation précipitée et une durée de vie écourtée, ce qui entraine l’apparition de lésions squameuses typiques ;
-une inflammation avec une hyperplasie des vaisseaux sanguins au niveau de la couche papillaire des infiltrats inflammatoires épidermiques composés de lymphocytes T, macrophages et neutrophiles ;
-un phénomène dysimmunitaire avec hyperréactivité des lymphocytes et expression de cytokines pro- inflammatoires.

Les formes cliniques 

La forme typique : Le psoriasis en plaques
Le psoriasis peut revêtir plusieurs formes, mais il existe une forme clinique typique de psoriasis, facilement reconnaissable fréquente [9] , qu’est le psoriasis en plaques. Celle-ci est souvent désignée par le terme de psoriasis « vulgaire ». La lésion élémentaire est une plaque érythémato-squameuse à contours géométriques ou circinées, légèrement surélevés, de taille variable. Sur peau noire, il convient de signaler l’hypochromie qui rend les lésions particulièrement visibles et réalise en périphérie l’anneau de Woronoff. En outre, il a été rapporté sur peau noire une importance de l’épaisseur de la plaque psoriasique, un érythème moins visible et enfin une importance des lésions dyschromiques [51] Les squames sont habituellement épaisses, de couleur blanchâtre, nacrées, adhérentes, sèches. Mais parfois, elles sont plus petites, discrètes, cachant alors assez peu l’érythème. Le grattage « méthodique » des squames à la curette montre dans un premier temps l’apparition d’une teinte plus blanche et homogène, en tache de bougie (c’est le signe de la bougie), puis le grattage finit par détacher les squames en bloc si elles sont épaisses et enfin en poursuivant le grattage, de fines gouttelettes de sang finissent par apparaitre, phénomène lié à l’abrasion des papilles dermiques : c’est «la rosée sanglante d’Auspitz » ou phénomène d’Auspitz. Le psoriasis peut siéger n’importe où sur le tégument mais il existe des localisations préférentielles « les bastions du psoriasis » que sont: les coudes et genoux, la région lombaire, le cuir chevelu. Comme signes associés, on décrit le prurit et le phénomène de Koëbner.

Le diagnostic de psoriasis en plaque est généralement facile lorsque la lésion élémentaire est caractéristique. Cependant cette forme peut être confondue avec de nombreuses dermatoses :
● Le pityriasis rosé de gibert : Associe des taches rosées finement squameuses et des médaillons de plus grande surface, arrondies, ovalaires dont le centre est plus clair. L’éruption reste presque toujours limitée au tronc et la racine des membres.
● La dermatite séborrhéique : Elle se déclare fréquemment à la suite d’une période de stress. Lorsqu’elle s’exprime en plaques érythématosquameuses limitées au visage (plis nasogéniens, ailes du nez, espace inter- sourcilier), le diagnostic est évident [77].
● Eczématides pityriasiformes, fréquemment squameuses, plus au moins achromiantes
● Le lichen plan dans sa forme érythémateuse et squameuse.
● Les syphilides secondaires psoriasiformes rappelant les lésions d’un psoriasis en gouttes, la sérologie syphilitique positive différenciera les deux pathologies [71].
● Les toxidermies psoriasiformes, une notion de prise médicamenteuse doit être recherchée.

Les autres localisations

Psoriasis du cuir chevelu
Il peut réaliser des plaques circonscrites, de taille variable, arrondies, bien limitées, couvertes de larges squames traversées par les cheveux intacts, ou bien former une véritable carapace recouvrant la totalité du cuir chevelu sans alopécie [18]. La dermatite séborrhéique quand les lésions apparaissent uniquement au niveau du cuir chevelu où elles entrainent un état pelliculaire diffus, le diagnostic différentiel avec le psoriasis du cuir chevelu peut poser problème. La dermite séborrhéique se traduit plutôt comme une couronne de squames jaunâtres et grasses au niveau de la partie antérieure du cuir chevelu [77]. La recherche de plaques de psoriasis sur d’autres parties du corps peut également aider au diagnostic.

Psoriasis unguéal
L’atteinte des ongles est fréquente et elle se présente dans plus d’un tiers des cas[54]. Il peut prendre l’aspect de dépressions ponctuées cupuliformes (ongles aspect « dé à coudre ») ou réaliser une onycholyse avec décollement distal de l’ongle. On retrouve parfois une lésion en « tache d’huile » une hyperkératose sous- unguéale, stries transversales, une paronychie, une perte de transparence de l’ongle et des zones leuconychiques.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. Le Psoriasis
I.1.Épidémiologie
I.2. PHYSIOPATHOLOGIE
I.3. Les formes cliniques
II. LA DERMOSCOPIE
II.1.Définition
II.2.Historique
II.3.Principe de la dermoscopie
III.SEMIOLOGIE DES ASPECTS DERMOSCOPIQUES
IV. LES CARACTERISTIQUES DERMOSCOPIQUES DU PSORIASIS
V. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL DERMOSCOPIQUE DU PSORIASIS
DEUXIEME PARTIE
I. Objectifs
I.1.Objectif général
I.2.Objectifs spécifiques
II. Patients et méthodes
II.1.Cadre de l’étude
II.2. Type et durée d’étude
II.3. Population d’étude
II4. Critères d’inclusion
II.5. Recueil des données
II.6. Saisie et analyse des données
II.7. Considérations éthiques
II.8. Aspects financiers
II. RESULTATS
II.1 Etude descriptive
II.1.1. Aspects épidémiologiques
II.1.1.1. Fréquence
II.1.1.2. Aspects sociodémographiques
II.1.2. Terrain et antécédents
II.1.3. Aspects cliniques
II.1.4. Aspects dermoscopiques
DISCUSSION
1-Apport et limite de ce travail
2-Représentativité
3-Validité
4- Profil sociodémographiques du psoriasis
4-1.Caractéristiques de psoriasis par rapport au sexe, l’âge et le statut matrimonial
4-2. Caractéristiques du psoriasis en fonction du mode de vie et terrain
5. Les données cliniques du psoriasis
6. Aspects dermoscopiques
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXES

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