Étude comparative de l’évolution politique du Sénégal et du Maroc à travers la vie, l’action et les idées des deux leaders africains 1945-1965

Pour une histoire biographique comparative

     Comme pour Ben Barka, les jugements sur Mamadou Dia sont souvent contrastés. Pour certains c’est un idéaliste invétéré, pour d’autres son volontarisme ne se depant jamais d’un sens pratique aigu. Ainsi, pour Philippe Gaillard: Dia ne s’est jamais défait de « son idéalisme pour devenir un homme d’Etat. Aujourd’hui encore (1986), il est convaincu que les structures coopératives et autogestionnaires inspirées des exemples chinois et yougoslave c]u’il voulait donner au Sénégal auraient permis à son pays de sortir du sous-développement et de la dépendance économique. Le qualifiant de « janséniste musulman », Gaillard ajoute que Mamadou Dia croit toujours «qu’il aurait pu imposer à ses compatriotes l’absolue rigueur morale fui est Philippe Decraene décrit, quant à lui, Dia dans les termes suivants: « influencé par le marxisme, ce progressiste réfollniste, dont la tolérance et la modération, reconnues par tous, ont marqué les écrits, s’est toujours affirmé comme un palrisan dételllliné de la plauification en matière de développement )1. Il le qualifie de « marxiste humaniste », «discret », « froid », «volontairement effacé »… «médiocre orateur» et {( très lié au professeur François » Penaux. )} » Dia se reconnaît lui-même comme « marxiste mais sans l’athéisme )) .La notice biographique de ]’AFP consacree à Dia le présente comme « esprit réaliste et modéré. (. .. ) spécialiste des questions économiques, il envisage les problèmes politiques en fonction des réalités pratiques. Il est notamment l’auteur d’un plan de développement économique à long tenne du Sénéga. »

Le virus nord-africain

      Concernant l’histoire récente, les années de lutte pour la libération nationale rapprochent les deux pays ou plutôt les deux ensembles auxquels ils appartiennent. Ainsi, un raport émanant, en 1956, des services du Gouvemement Général de l’AüF à l’intention de Paris (et qui reflète l’opinion du Haut-Commissariat) note, avec inquiétude, que les événements du Maghreb qui « sont lus, écoutés, commentés avec passion par les élites d’Afrique Occidentale Française donnent à celles~ci l’impression profonde que « cela va change » Elles ont l’impression « qu’elles dévorent un roman dont les péripéties s’appliqueront demain à elles-mêmes». Le Rapport qui emploie un langage « sécuritaire)) et direct affirme dans sa section intitulée «les menaces de « l’extélieur)) ), que «face à une situation intérieure instable, il faudrait que la collectivité africaine fût couvée et que sa croissance puisse s’accomplir à l’abri des microbes., .(point de suspension dans le document original). Or, rien ou à peu près rien, dans l’action locale, ne peut compenser l’extension de la contamination provoquée par les faits suivants »: Dans un français très moyeu, le rapport énumère les faits et phénomènes qu’il considère comme gravissimes:
– à Dakar- « plus expressif puisque plus grand centre )}- et dans toutes les villes les journaux de France sont « dévorés» par les gens instruits;
– Dans tout militant politique ou instituteur se trouve un admirateur des leaders tunisiens (sic) (…)
– Au sein la chefferie, l’affaire du Pacha de Manakech et de « sa volte-face sont l’objet des commentaires les plus défavorables pour nous…Cela imprime une marque … Cela « blûle » les cerveaux. Le rapport s’alarme du fait que la circulation libre de l’information sape les fondations de la domination française en Aüf du moins dans les cotes urbains. Il faut rappeler à ce niveau de l’analyse qu’à cette époque, le Sénégal renferme la population urbaine la plus importante de l’AOF, et que partant, on peut considérer que son élite comme la plus au fait de ce que se passe au Maghreb. Au Sénégal, tout le monde sait maintenant que la France peut reculer puisqu’elle a lâché son collaborateur le plus fidèle le Glaoui, Pacha de MatTakech, obligé d’embrasser les babouches du Sultan nationaliste, considéré jusqu’à très récemment comme un implacable ennemi de la France et des Français.

Panafricanisme, nationalisme arabe, réformisme islamique

      Dans les pages qui suivent, nous traiterons du climat idéologique général dans lequel Dia débute sa carrière politique et notamment des principales sources d’inquiétude pour le régime colonial et cotonnent les choix personnels et politiques de Dia les incarneront d’une façon ou d’une autre. Durant les années d’après-guerre et jusqu’à la fin des années cinquante, la France coloniale fait preuve d’une attitude assez paranoïaque. 56 La perspective de perdre ses « possessions» africaines devient une véritable obsession. Ses dirigeants politiques comme ses services de renseignements sont sensibles à tout ce qui se passe dans les colonies britanniques ou dans le monde arabe et qui s’apparente à du nationalisme ou à une marche vers « l’émancipation ». PF  nationalisme arabe, réformisme islamique ainsi que tout contact entre puissance étrangère et Africains de l’empire sont toujours considérés sous un angle négatif et provoque, une posture défensive excessive . Ces questions focalisent les peurs de ce qu’on peut appeler le parti colonial surtout que celui-ci sent que la Deuxième guerre a bouleversé les rapports de force au niveau international et que la France est bien obligée de tenir compte des positions « anti-colonialistes ) des deux nouveaux géants de la planète: les Etats-Unis et l’Union Soviétique. Ce sentiment de bunker est d’autant plus fort que la France coloniale n’a, vis-à-vis des Britanniques, ses voisins sur le continent africain et en Europe, qu’une toute relative confiance.

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Table des matières

Introduction
Chapitre préliminaire
Parallélisme de l’évolution politique du Sénégal
et du Maroc et de l’itinéraire des deux leaders
PREMIERE PARTIE: MAMADOU DIA ET LE SENEGAL
Chapitre 1 : Yonte Yalla Doudou
Section 1 : Coran et travaux deschamps
Section 2 : Enseignant et intellectuel
Chapitre II Le colonialisme finissant ou le temps de l’inquiétude
Section 1 : Panafricanisme, nationalisme arabe, réformisme islamique
Section 2 : L’Armée de libération marocaine inquiète Dakar
Chapitre III : Le leader anti-colonialiste
Section J : Le jeune Dia se laisse convaincre par Senghor
Section 2: L’élu du peuple face au « système Sfio »
Chapitre IV : Dia et Senghor
Section 1 : Un Numéro Deux radical
Section 2 : Des IÜM à la Convention Africaine: Senghor et Dia teutent d’unifier les forces p.nafricaines
Section 3 : Vers l’unification des forces politiques sénégalaises: Le BPS
Chapitre V : Dia et le régime de la Loi-Cadre
Section 1 : L. Loi-Cadre
Section 2 : Di. : le.der du gouveruement de la Loi-c.dre
Section 3 : Di., Houphouët et la question de l’unité de l’AüF
Section 4: Les dernières tentatives contre la b.lk.nisation de l’Afrique
Chapitre VI : Dia et la France D’un conflit l’autre
Section 2: Le Conflit avec le Haut Commissaire eusin
Section 3 : Transfert de la capitale à Dakar: Dia « avertit» la France
Section 4 : Le Service psychologique de l’Armée française complote contre Dia
Section 1 : Le manque d’intérêt de la France pour le développement africain: le ressentiment de Dia
Chapitre VII : 1958 : Le temps des crises
Section l : Le retour du Général de Gaulle: crise au sein du gouvernement Dia
Section 2 : Senghor désavoué, Dia en phase avec Cotonou
Section 3 : Le référendum sur la Communauté: nouvelle crise au sein du cabinet Dia
Chapitre VIII :  A l’apogée du pouvoir 1958-1960
Section 1 : Dia devient Chef de l’Etat autonome du Sénégal
Section 2: Le choix de la France: soit la Communauté soit la balkanisation
Section 3 : L’éclatement de la Fédération du Mali et l’indépendance du Sénégal
Chapitre IX: Dia Chef du Gouvernement du Sénégal indépendant
Section 1 : Dia et l’opposition au moment de l’indépendance
Section 2: L’autoritarisme de Dia
Chapitre X : Une diplomatie d’indépendance nationale 
Section 1 : Le raffermissement de l’image internationale du Sénégal
Section 2 : Dia face à la France
Section 3 : Dia, la Mauritanie et le Maroc
Chapitre XI : Vers la rupture avec Senghor
Section 1 : Le rigorisme de Dia ne passe pas
Section 2 : Dia-Senghor: le modus vivendi est mis à mal
Section 3 : Le Congrès de l’UPS à Thiès: Diaïstes contre Senghoriens
Section 4 : Une tension ascendante
Chapitre XII : L’affrontement de décembre et la chute de Dia
Section 1 : Un faux-pas suicidaire
Section 2 : Un coup d’Etat en pyjama
Section 3 : Le procès de Dia et les débuts du régime de Senghor
Conclusion synoptique de la Première Partie
DEUXIEME PARTIE : BEN BARKA ET LE MAROC
Chapitre 1 : Une enfance studieuse
Section 1 : Le père, un fqih à l’esprit ouvert
Section 2 : Le Dahir berbère
Section 3 : Le nationaliste en herbe
Chapitre II : Mathématiques et nationalisme
Section 1 : Mehdi entre au P, N.
Section 2 : Dans le campus algérois
Chapitre III : Un leader persécuté
Section 1 : Le professeur de Hassan II
Section 2 : Mehdi : l’indépendance avant le socialisme
Section 3 : Le Manifeste du Il janvier
Section 4 : L’architecte de l’Istiqlal
Chapitre IV : Ben Barka et le retour du Sultan
Section 1 : L’histoire  acceleré
Section 2 : Ben Barka et la guérilla
Section 3 : Aix-Les-Bains
Section 4: L’Armée de libération entre en action, le Sultan rentre chez lui
Section 5 : Ben Barka organise l’accueil du Sultan
Section 6 : Plutôlle parti que le gouvernement
Chapitre V : Jusqu’au jaillissement de l’impossible
Section 1 : L’ubiquité d’un leader
Section 2 : L’Istiqlal veut le pouvoir
Section 3 : L’ambitieux Président de l’Assemblée
Section 4: Mehdi et les hommes en armes
Chapitre VI : L’Armée de libération (AL)
Un instrument révolutionnaire
Section 1 : En simple journaliste
Section 2: L’affaire Messaâdi
Section 3 : L’AL Version Sud
Section 4 : Que faire des lraîlres ?
Chapitre VII : Ben Barka face au Prince
Section l : Diviser pour régner
Section 2 : Les derniers soubresauts de l’AL
Section 3 : Mehdi, coqueluche de la jeunesse
Section 4 L’acrase du provisoire
Section 5 : Ben Barka pour une fédération maghrébine
Section 6 : Une homogénéité explosive
Chapitre VIII : Le temps des troubles
Section 1 : Des grèves politiques
Section 2 : Deux prénoms royaux
Section 3 : Le Rif s’embrase
Section 4: Vers la fin du gouvernement Balafrej
Chapitre IX : Un syndicaliste au pouvoir
Section 1 : L’équipe Ibrahim
Section 2: Ben Barka prend le large
Section 3 : L’irréversible s’est produit
Chapitre X : L’affaiblissement du mouvement national
Section 1 : Ben Barka, bête noire des officiers
Section 2: Les partis politique selon Ben Barka
Section 3 : A la rencontre des grands
Section 4 : La patte de l’éléphant
Chapitre XI :L’exil et l’assassinat de Ben Barka
Section 1 : La radicalisation des oppositions
Section 2 : Une Constitution royale
Section 3 : l’échec électoral du régime et ses conséquences
Conclusion synoptique de la Deuxième partie
Du développement et du leadership dans la pensée de Ben Barka
Conclusion générale
Annexes
Chronologie
Bibliographie

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