ETALEMENT URBAIN ET IMPACTS SOCIOSPATIAUX

L’extension de la ville Thiès sur la commune Fandène

    La particularité géographique de la commune de Fandène est qu’elle ceinture la ville de Thiès qui, pour réaliser son extension, puise sur les réserves foncières de Fandène, expropriant de fait certains paysans de leurs champs de culture. La ville de Thiès du fait de sa forte croissance démographique continue de s’étaler sur Fandène. En effet, les deux communes ont une préoccupation sur leurs limites communales. C’est dans ce sens que certains acteurs prononcent sur l’absence de li mites physiques. Ainsi le technicien horticole à l’ONG Agricole Afrique, Noël Xavier Tine, natif de Fandène, confie que les paysans préfèrent «brader leurs terres plutôt que de se voir spolier sans pouvoir réagir». Habitant de Fandène, Alphonse Tine ajoute : «Un agent du Cadastre nous a révélé que 6000 ha de terres ont été perdus par les paysans». Ceci entre 1945 et 2000. Et l’extension de la commune de Thiès se fait de manière d’autant plus démesurée que les limites de cette dernière restent méconnues. Martin Mbaye, un militaire à la retraite devenu agriculteur à Diassap, déplore : «Les limites ne sont pas physiques. C’est juste indicatif. On ne nous a montré ni bornes ni documents cartographiques montrant la limite de la commune de Thiès par rapport à la communauté rurale de Fandène. Du coup, les difficultés que nous avons eu à rentrer dans le passé sur le foncier sont énormes et elles persistent». Coordonnateur du programme de coopération décentralisée entre les villes de Thiès et de Cergy (France), Ibrahima Bakhoum ajoute que «les frontières n’ont jamais été claires. Donc, on est en conflit. Vous êtes sur la route, vous êtes à Thiès, vous traversez la route, vous êtes à Fandène. Il n’y a aucune limite physique». Sur le terrain, on n’a pu voir aucune indication de limites. La confusion est encore entretenue par les constructions qui poussent comme des champignons à côté de certains champs qui ont réussi à échapper aux lotissements. Joséphine Diop, une dame qui cultive sur la route de Keur Abdou Ndiaye, habitant à Laalan, souligne : «A ce rythme, on finira par ne plus avoir où cultiver, surtout pour une illettrée et une analphabète comme moi qui ne sait pas où trouver d’autre ressources lui permettant de joindre les deux bouts». Si ces dernières années, il y a eu des lotissements à outrance dans Fandène, c’est qu’en réalité, les autorités de la localité tentaient de freiner l’avancée de la commune de Thiès sur leurs terres. Seulement, ceci est loin d’être la seule raison. Certaines autorités locales y trouvaient bien leur compte. Le paysan qui n’a pas les moyens de faire ses lotissements est obligé de faire appel au Conseil rural qui s’acquitte des frais de bornages qui sont passés de 15 000 francs à 100 000 francs CFA pour, en retour, disposer d’un quota sur chaque lotissement effectué. Responsable de la Maison familiale rurale de Fandène, Augustin Khar Tine confie que «les dirigeants politiques effectuaient des lotissements abusifs. Quand les panneaux qui délimitaient la commune et la communauté rurale ont été enlevés, la situation s’est dégradée. Coordonnateur du Groupe recherche appui initiatives mutualistes (Graim) et chef de village de Laalan, André Demba Wade y trouve une raison : «Les collectivités locales n’ont pas de ressources, d’où cette politique menée au détriment des populations. Ce qui explique aussi le fait que les conflits sont nombreux dans la commune de Thiès. Cette extension a débuté en 1996 avec le régime socialiste et en 2002 les lotissements ont augmenté comme on ne l’a jamais constaté au Sénégal. S’ils font un lotissement de 200 parcelles, les populations se retrouvent avec 100 parcelles et les 100 autres reviennent au Conseil rural», révèle-t-il. Alphonse Tine, un habitant de Fandène, affirme ainsi que «60% du budget de la communauté rurale de Fandène, à l’époque, provenaient des frais de bornage dans cette période des lotissements à outrance». Faute de terres de cultures, les activités rurales ont changé ? A Keur Saïb Ndoye, le chef de quartier El Hadji Moulaye Ndoye (On travaille scientifique il faut garder toujours l’anonymat) confesse : «On a été obligé de transformer nos champs en lieu d’habitation, car nous n’avions plus où habiter. Et puisque nous ne pratiquons plus l’agriculture, nous nous rabattons sur la vente de mangues venant des manguiers qui nous restaient.» A l’entrée de Fandène, le décor rural de naguère a changé. Les coopératives d’habitat ont envahi les lieux pour y ériger des cités. Pour le député Hélène Tine, «un état des lieux doit être fait pour évaluer l’impact» de ce phénomène d’occupation des terres de Fandène, mais aussi pour «voir s’il reste encore des réserves foncières, savoir les leçons à tirer et les mesures correctives à apporter pour arrêter ces dérives. Il faut procéder à des immatriculations pour que le paysan puisse sécuriser ses exploitations familiales. Qu’il puisse être propriétaire, ne serait-ce que le cinquième de ses terres, au lieu de lui donner 100 000 francs CFA à la fin du mois».

Les impacts sociaux

    L’étalement urbain et le développement des réseaux des transports génèrent une dégradation et une fragmentation des habitats, engendrant isolement des populations. Il entraine des couts supportés par la collectivité, un cout en infrastructures et moyens de transport, cout d’extension des réseaux d’alimentation en eau, électricité etc., liaisons télécommunications et accès internet, pour accueillir dans de bonnes conditions les nouveaux habitants. L’étalement entraine aussi la dégradation du lien social causée par la disparition des services et des lieux de convivialité de proximité. La transformation de terres agricoles en logements ou en routes tend à être permanente et n’est réversible qu’avec des couts très élevés. Une des critiques de l’étalement urbain concerne l’accessibilité aux équipements et à l’emploi, l’allongement de distances de trajets, avec des effets sur la pollution et le cout de déplacements. Les terres agricoles sont de plus en plus rares et chères. On constate que dans certains villages (Ngoumsane, Peycouck sérère par exemple) envahis par la ville de Thiès, la sécurité des populations et des biens est une contrainte à prendre en compte dans la délimitation des zones constructibles. Etant la troisième du Sénégal derrière Dakar et Touba, la ville de Thiès porte une croissance et s’étale sur les terres de la commune de Fandène. Ainsi, les paysans dont leurs terres sont menacées par cette extension ont peur de perdre leurs terres et ils ont procédé à des morcellements pour vendre certaines parcelles et distribuer le reste aux différents membres de leurs familles. Certains deviennent des paysans sans terres, se contentant d’aller poursuivre d’autres activités notamment le commerce, l’industrie, le transport. L’agriculture qui était la principale activité du territoire de Fandène prend actuellement la troisième place dépassée par le commerce, l’élevage, etc. En effet, les ex paysans quittent toujours leur domicile et se dirigent vers la ville de Thiès et les autres régions du pays pour gagner la vie. L’éducation a un poids très important dans cette zone mais elle connait des limites. Selon plusieurs personnes rencontrées lors de l’enquête, leurs enfants ne fréquentent pas les écoles de Fandène, plutôt ils vont celles de la ville de Thiès du fait de la proximité et les qualités de l’enseignement. Par ailleurs, la ville de Thiès avec ses infrastructures et équipements occupe plusieurs villages de la commune de Fandène. Et certains de ces derniers deviennent des quartiers dans la ville. C’est l’exemple de Ngoumsane. Peycouck sérère, Touba Peycouck, etc. Ces villages, au paravent ne connaissaient la pollution de l’air (gaz à effet de serre, et autres contaminants de l’air), particulièrement due à l’augmentation de la consommation d’énergie fossile et à l’utilisation de la voiture, engendrant plusieurs problèmes de santé tels que l’asthme et autres troubles respiratoires, allergies, insuffisance cardiaque et même certains cancers, mais maintenant avec l’extension de Thiès, ils subissent des maux notamment des maladies respiratoires, le cancer pulmonaire. Mais par la proximité  et la qualité des postes de santé et hôpitaux de la ville de Thiès, les populations de ces villages ne partent à Fandène. Tout ce temps passé dans la voiture augmente le niveau de stress, particulièrement lorsque les routes sont achalandées, diminue le temps qui peut être consacré aux activités sociales, culturelles ou sportives et augmente les risques de dépression, de problèmes cardiaques et d’autres maladie reliées au stress. Une utilisation plus fréquente de la voiture augmente aussi les probabilités d’accidents. Que ce soit pour le travail, les loisirs ou autres, les banlieusards doivent franchir de plus grandes distances sur les voies rapides, là où les accidents sont les plus mortels Avec l’étalement urbain de Thiès aussi vient l’apparition d’habitats individuels qui réduisent les interactions sociales. C’est un phénomène qui encourage d’une certaine façon la ségrégation sociale, autant en terme de catégorie d’âges que de catégorie de revenus, en plus d’isoler les personnes sans voiture (Mairie de Thiès). L’extension de la ville de Thiès est marquée par le vol de bétail. Selon, plusieurs personnes questionnées, le vol des animaux domestiques est très fréquent. Au paravent avant l’avancée de Thiès de la ville, le vol de bétail n’était pas remarquable. Même quand un acte de genre arrive ces populations, ces dernières pouvaient poursuivre les voleurs jusqu’au bout. Cela s’était rendu facile par l’absence des routes goudronnées, aussi et surtout l’éloignement de la ville de Thiès par rapport aux villages environnants. Mais actuellement avec la proximité de cette ville, le vol de bétail est très fréquent sur la périphérie de Thiès. La sécurité des villages environnants est devenue de plus en plus menacée. Ces lieux subissent souvent des tentatives de viols, d’assassinat, etc. L’exode rural est toujours répétitif de cette zone. Plusieurs paysans ont vendu leur terre pour quitter leur domicile et regagner la ville. En arrivant à la ville, beaucoup entre eux vivent dans des situations précaires : ils peuvent être des sans domiciles, des voleurs, de vagabondant, etc. Dans la commune de Fandène, on constate que les jeunes, surtout ceux qui fréquentent quotidiennement la ville de Thiès (ex : élèves, étudiants, mécaniciens, tailleurs etc.), commencent à oublier leurs traditions au profit de la modernité que cette dernière produit.

Les enjeux sociaux

    L’extension de la ville de Thiès motive une grande partie de la population de la commune de Fandène de déménager vers la ville. N’empêche, ces dernières se regroupent à chaque période de rassemblement familiale pour une grande reconnaissance entre elles. De plus, les interrelations entre Thiès et Fandène deviennent de plus en plus remarquables. Chaque jours on remarque que plusieurs habitants de Thiès se dirigent vers Fandène car ce dernier fait partie des zones où la médecine traditionnelle est beaucoup importante dans la région de Thiès voire le pays. Vice-versa, les populations de Fandène se débarquent chez elle pour gagner la ville pour satisfaire leurs besoins quotidiens. Même ces habitants malgré sur le plan administratif sont de Fandène, mais ils fréquentent les structures sanitaires de la ville de Thiès par la proximité et la qualité des équipements. Certains villages de la commune Fandène Ngoumsane, Peycouck sérère, Touba Peycouck, leur accès à l’eau potable, accès à l’électrification, leurs moyens d’évacuation des ordures ménagères sont assurés par la ville de Thiès. Et sur le plan éducatif, les enfants de ces localités fréquentent le plus souvent les lycées comme Lycée Ahmadou Ndack Seck et Lycée Malick Sy. Ces deux établissements scolaires font parties des lieux d’apprentissages les plus remarqués du Sénégal par leur qualité d’enseignement. (Tableaux, graphique ci-dessous) Selon la commune de Thiès Est, les deux communes peuvent aller ensemble pour assurer leur meilleure occupation de l’espace, créer de pôles économiques afin de fixer la population sur le territoire. Elles peuvent lutter contre les difficultés d’accès à l’eau potable ; renforcer les équipements de base ; endiguer le déficit d’emploi ; habitat spontané ; problème d’assainissement.

Les modalités de l’intercommunalité

    Au Sénégal, le principe de l‘intercommunalité est accordé par le nouveau code des collectivités locales loi numéro 2013-10 du 28 décembre 2013 portant Code Général des Collectivités locales qui précise :
 Article 278.- Les collectivités locales règlent, par délibérations, les affaires de leurs compétences. Elles concourent avec l’Etat, à l’Administration et à l’aménagement du territoire, au développement économique, éducatif, social, sanitaire, culturel et scientifique ainsi qu’à la protection et à la mise en valeur de l’environnement et à l’amélioration du cadre de vie. L’Etat exerce les missions de souveraineté, le contrôle de légalité des actes des collectivités locales dans les conditions fixées par la loi, assure la coordination des actions de développement et garantit la cohésion et la solidarité nationales ainsi que l’intégrité du territoire.
 Article 279.- Les transferts de compétences prévus par la présente loi ne peuvent autoriser une collectivité locale à établir ou à exercer une tutelle sur une autre. Toutes fois, les collectivités locales peuvent librement entretenir entre elles des relations fonctionnelles et de coopération en stricte conformité avec les textes législatifs et règlementaire en vigueur. D’ailleurs, on peut se rappeler que dans l’ancien code des collectivités locales Loi n° 96-06 du 22 mars 1996 au chapitre V- Entente interrégionales et groupes mixtes, plusieurs articles évoquent que les territoires peuvent se regrouper ensemble, notamment :
 Article71 : deux ou plusieurs conseils régionaux peuvent créer entre eux, sur l’initiative de leur président, des ententes sur des projets d’intérêt régional commun compris dans leurs attributions. Les ententes font l’objet de conventions autorisées par les conseils respectifs, signées par les présidents, et approuvées par décret.
 Article72 : les questions d’intérêts communs sont débattues dans des conférences où chaque conseil régional est représenté par une commission spéciale élue à cet effet et composée de trois membres élus au scrutin secret.
 Article74 : des groupements mixtes peuvent être constitués par accord entre des régions et l’Etat, ou avec des établissements publics à caractère administratif, ou avec des communes ou des communautés rurales, en vue d’une œuvre ou d’un service présentant une utilité pour chacune des parties.
 En guise d’un exemple de modalité probable de l’intercommunalité, la charte communale : Art 79 : « les communes urbaines et rurales peuvent constituer, entre elles ou avec d’autres collectivités locales, des groupements de communes ou de collectivités, pour la réalisation d’une œuvre commune ou pour la gestion d’un service d’intérêt général du groupement »
 (comités interrégionaux de coopération (Titre VI du dahir du 2 avril 1997 portant promulgation de la loi 47.96 relative à l’organisation de la région (Sarra El Idrissa N. M. Nadir, Université Sidi Mohammed ben Abdellah Maroc…. L’audit interne dans les collectivités territoriales, cas de commune urbaine de Ribat el KHei,) Pour rendre harmonieuses la commune de Thiès et celle de Fandène, l’intercommunalité seraitelle la clé de la solution ?

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
CADRE CONCEPTUEL ET POSITION DU PROBLEME
I.CONTEXTE ET JUSTIFICATION
II.PROBLEMATIQUE
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION GLOBALE DES ZONES D’ETUDES: Cadre géographique, cadre sociodémographique, cadre économique, cadre politique, et service
CHAPITRE I : LA PRESENTATION GLOBALE DE THIES
CHAPITRE II : LA COMMUNE FANDENE
Introduction
1.Cadre physique
1.1 Le relief
1.2 Le climat
1.3 Hydrologie
1.4 Les sols
1.4.1 Les sols ferrugineux tropicaux peu ou pas lessivés
1.5 Les sols ferrugineux lessivés sur cuirasse
1.6 Lithosols
1.7 Les sols hydro morphes (« Deck »)
1.8 Les sols hydro morphes (« Deck-Dior)
1.9 Végétation
CHAPITRE III : LE CADRE HUMAIN
1.Historique du peuplement
2.Structure de la population
3.Composition ethnique
3.1 Les Sérères none
3.2 Les Wolofs
4.Configuration religieuse
CHAPITRE IV. LES ACTIVITES ECONOMIQUES
1-L’agriculture
1- Le maraîchage
2-L’élevage
3-L’artisanat
DEUXIEME PARTIE: LA PROBLEMATIQUE DE L’ETALEMENT URBAIN DE THIES SUR FANDENE
CHAPITRE I. L’ETALEMENT URBAIN DE THIES SUR LA COMMUNE DE FANDENE
1.Les facteurs de l’avancée de la ville de Thiès
2.L’extension de la ville Thiès sur la commune Fandène
3.L’évolution démographique de la ville de Thiès
4.L’évolution spatiale de la ville de Thiès
CHAPITRE II: LES IMPACTS DE L’ETALEMENT DE THIES SUR LA COMMUNE DE FANDENE
I.Les impacts sociaux
II.Les impacts économiques
III.Les impacts spatiaux
TROISIEM PARTIE : ENJEUX ET PERSPECTIFS DE L’INTERCOMMUNALITE THIESFANDENE
CHAPITRE I : ENJEUX DE L’INTERCOMMUNALITE
I.Les enjeux sociaux
II.Les enjeux économiques
III.Enjeux environnementaux
CHAPITRE II : PERSPECTIVES DE L’INTERCOMMUNALITE
I.Les modalités de l’intercommunalité
II. Les blocages de l’intercommunalité
1.Les blocages politiques
2.Les blocages institutionnels
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

Télécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *