Estimation du domaine vital par la méthode du «Minimum Convex Polygone»

Madagascar figure parmi les 12 pays ayant une mégadiversité biologique exceptionnelle dans le monde (Mittermeier et al., 1997). L’herpétofaune en général est très diversifiée : parmi les 232 espèces d’amphibiens décrites, 99% sont endémiques et 314 espèces parmi les 346 espèces de reptiles décrites sont endémiques de la grande île (Raxworthy, 2003). Cependant, la surexploitation à des fins commerciales et la destruction de l’habitat font peser une menace sérieuse sur la faune herpétologique du pays (Pedrono, 2000). Par conséquent, deux espèces de tortues géantes malgaches (reptile chélonien) sont déjà éteintes, il s’agit de Dipsochelys grandidieri et de Dipsochelys abrupta. Actuellement, la tortue à soc risque de subir le même sort (Pedrono, 2000). La tortue à soc, objet de cette étude, est connue scientifiquement sous le nom de Astrochelys yniphora (Vaillant, 1885). C’est l’une des quatre espèces de tortues terrestres endémiques de Madagascar et dont la distribution naturelle est limitée uniquement à la partie Nord-Ouest, précisément dans le Parc National Baie de Baly, dans la région de Soalala. En 1996, l’UICN a fait figurer cette espèce parmi les animaux menacés. Cette espèce est aussi inscrite dans l’annexe I de la CITES, c’est-à-dire qu’elle est interdite à la commerce et ne peut pas être exportée sauf pour des raisons scientifiques. L’effectif total des individus à l’état sauvage est estimé seulement à quelques centaines (Smith, 1999), alors que les menaces persistent encore. Cette espèce est classée comme la tortue la plus rare au monde (Juvik et al., 1981 ; Pedrono, 2000). D’après l’IUCN, son extrême rareté faisait d’elle l’une des douze espèces animales les plus rares de la terre dans les années 80 (Hoogmoed, 1985). Pour sauver l’espèce de son déclin, un programme d’élevage en captivité suivi d’une réintroduction, connu sous le nom de « Projet Angonoka », est mené par Durrell Wildlife Conservation Trust dans la station d’élevage à Ampijoroa (Parc National Ankarafantsika), depuis 1986. La zone de réintroduction se trouve à Soalala, dans le site naturel de l’espèce. En 1998, cinq jeunes juvéniles de même sexe (femelle) et de même âge (10 ans) ont déjà été lâchés, en vue d’un essai de réintroduction (Pedrono, 2000). Les études effectuées sur ces individus ont seulement portée sur leur distribution et leur croissance physique. Ces derniers semblent, actuellement, avoir acquis leur vie sauvage. Par définition, la réintroduction est un relâchement dans la nature des individus élevés en captivité ou capturés, elle est réalisée dans un endroit où l’espèce existait auparavant mais qui n’en présente plus (Primack & Ratsirarson, 2005).

MILIEU ET SITE D’ETUDE

Présentation du milieu d’étude 

Localisation
Le Parc National Baie de Baly se trouve dans le District de Soalala, Région Boeny, province de Majunga. Cette zone s’étend entre les longitudes 45°00’ et 45°35’ Est et les latitudes 15°56’ et 16°12’ Sud et recouvre une superficie de 7.992 km², elle a été nommée parc national selon le décret N° 97-1452 du 18 décembre 1997 (Consortium ONF/Orgasys, 1997) (Voir carte 1, page 8).

Topographie et géologie
Caractérisée par une pente variant de 1,5 à 2%, la topographie est presque plane. L’altitude moyenne est de 30 mètres avec des points cotés qui atteignent 50m dans la partie ouest et 80m dans la partie est (Consortium ONF/Orgasys, 1996). La région considérée est dominée par des sols ferrugineux tropicaux, des roches sédimentaires alternées par du calcaire, des roches volcaniques ainsi que des couches halomorphes au niveau des ouvertures de la rivière avec la mer (Curl et al, 1985).

Régime hydrographique
Le réseau hydrographique est constitué par de nombreux cours d’eau temporaires de faible calibre et de deux fleuves permanents de gros calibre, ce sont Kapiloza et Andranomavo. Ces derniers forment une zone de mangrove importante à leurs embouchures (Raherisoa, 1999).

Climat
La région présente un climat chaud et subhumide à longue saison sèche, d’avril à octobre (Randriambao, 1998). La saison humide s’étend de novembre à avril. Un enregistrement de la température et la pluviométrie de la région .

Habitants et ses activités

Les habitants de la région sont composés principalement par l’ethnie Sakalava qui représente 75% de la population. Les 35% restants sont composés par les ethnies Antaisaka, Betsileo, Merina, Bara et Antandroy. La ville de Soalala est prédominée par l’influence musulmane depuis l’histoire de l’expansion commerciale arabe en Afrique orientale (Rakotoniaina et al., 1995), tandis que le Sakalava en général pratique le « culte des ancêtres ». Selon les études effectuées par Consortium ONF/Orgasys, la quasi-totalité de la population appartient au monde rural (98%). Les activités agricoles concernent plus de 80% de la population active, ils concernent aussi bien les zones continentales que les zones littorales. A part la riziculture, l’élevage du cheptel bovin constitue la principale activité du peuple local, notamment pour les Sakalava. Ceci est considéré comme un signe de richesse et de prestige dans la société. Pour les villages bordant la mer, la pêche est la principale source de revenus (Durbin et al., 1996). Toutefois, seulement 30% de la population de la région pratique cette activité (Consortium ONF/Orgasys, 1997).

Description du site d’étude

Le site de Beaboaly a été choisi en 1998 comme premier site d’essai de réintroduction de Astrochelys yniphora. La deuxième réintroduction, objet de la présente étude, a été effectuée dans le même site qui se trouve à l’ouest de la Baie de Baly, à 8 kilomètres vol d’oiseau de Soalala ville. Il se situe entre les latitudes : 045° 15, 262’ et 045° 16,000’ Est et les longitudes 16° 03,900’ et 16° 03, 159’ Sud. L’altitude y varie entre 7 m et 65 m. Beaboaly est limité à l’Ouest par une petite falaise se dirigeant du sud vers le nord, formant une barrière naturelle pour l’Angonoka (appellation locale de l’espèce). La superficie totale du site est estimée à 1600 hectares, la position topographique du site permet une richesse considérable en éléments minéraux du sol et en d’autres éléments fertilisants, apportés par le ruissellement lors de la saison de pluie (Andrianandrasana, 2000).

Beaboaly est un ancien site naturel d’A. yniphora, les villageois de Baly confirment la présence de l’espèce dans ce site avant. Le dernier individu signalé dans cet endroit est un spécimen brûlé, qui avait été trouvé au début des années 80 (Curl et al., 1985). Juvic et Blanc (1974), ont dit que déjà en 1971, aucune tortue à soc n’avait pu être capturée à cet endroit. La présence massive de termitières est caractéristique du site, d’où l’appellation Beaboaly, en effet « be » veut dire grande taille et « aboaly » termitière. Du point de vue végétation, au moins 5 types d’habitats sont rencontrés à Beaboaly .

Avant l’essai de réintroduction (en 1998), des études ont été menées pour déterminer le site jugé favorable pour les tortues à lâcher. Beaboaly répond aux critères suivants : fournir un habitat optimal pour l’espèce, être assez vaste pour permettre la dispersion des individus, ne plus abriter de tortue à soc sauvage, ne pas être connecté avec l’habitat des populations sauvages. D’un point de vue qualitatif (topographiques, nutritionnelles, habitats, avenir alimentaire), ce site est digne d’être noté 24/30 (Andrianandrasana, 2000).

PRESENTATION DE L’ESPECE ETUDIEE 

Taxonomie

La position systématique de l’Angonoka est donnée ci-après.
Règne : Animal
Embranchement : Vertébrés
Sous Embranchement : Gnathostomes
Classe : Reptiles
Ordre : Chéloniens
Sous Ordres : Cryptodires
Famille : Testudinidès
Genre : Astrochelys
Espèce : yniphora
Nom vernaculaire -en malagasy : Angonoka
-en français : Tortue à éperon ou Tortue à soc
-en anglais : Plougshare tortoise .

L’Angonoka et le Sokake ont souvent été placées au même niveau générique ou sous générique Astrochelys Gray, 1873 (Auffenberg, 1978 ; Bour, 1985), bien qu´elles aient aussi été considérées comme phylogéniquement éloignées, et alors placées sous le genre africain Geochelone Fitzinger, 1835 (Crumly, 1982). L’utilisation du genre Astrochelys au lieu de Geochelone est en accord avec des analyses génétiques performantes effectuées récemment sur les tortues malgaches et dont les résultats montrent que ce sont Astrochelys et Pyxis qui ont un ancêtre commun et doivent être considérées comme appartenant à une même famille (Caccone et al., 1999). Selon Pedrono (2000), les caractéristiques morphologiques de la tortue à soc et ceux de la tortue radiée supportent l’utilisation de Astrochelys.

Origine

Madagascar abrite aujourd’hui neuf espèces de tortues terrestres et d’eau douce, dont cinq endémiques. Deux espèces géantes vivaient également en sympatrie sur la grande île, mais elles sont aujourd’hui éteintes. Les plus anciens Testidunidés sont datés de l’Eocène (55 millions d’années) (Auffenberg, 1978), alors que la séparation entre Madagascar et l’Afrique s’est effectuée bien avant, à la fin du Jurassique (140-160 millions d’années) (Pedrono, 2000). Cela suggère une colonisation par des Testidunidés, après que Madagascar ait atteint sa position actuelle, à environ 400 km à l’Est de l’Afrique. Des recherches récentes, basées sur une comparaison des séquences de l’ADN mitochondriale de plusieurs espèces, montrent que les quatre espèces de tortues terrestres endémiques de Madagascar, auraient une origine commune, qui pourrait provenir de l’Afrique ou des Seychelles granitiques (Bour, 1994), par une colonisation unique, via la mer il y a 14 à 22 millions d’années (Caccone et al., 1999). En effet, aujourd’hui, les facultés d’immigration maritime des tortues géantes sont bien établies et se sont exprimées à plusieurs reprises dans l’Océan Indien, comme dans l’archipel de Galápagos, sur des distances encore plus importantes (Pedrono, 2000).

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Table des matières

INTRODUCTION
I- GENERALITES SUR LE PARC NATIONAL BAIE DE BALY ET SUR L’ESPECE ETUDIEE
I-1- MILIEU ET SITE D’ETUDE
I-1-1- Présentation du milieu d’étude
I-1-1-1- Localisation
I-1-1-2- Topographie et géologie
I-1-1-3- Régime hydrographique
I-1-1-4- Climat
a) Temperature
b) Pluviosité
I-1-1-5- Végétation
I-1-1-6- Faune
I-1-1-7- Habitants et ses activités
I-1-2- Description du site d’étude
I-2- PRESENTATION DE L’ESPECE ETUDIEE
I-2-1- Taxonomie
I-2-2 – Origine
I-2-3 – Morphologie
I-2-4 – Statut
I-2-5 – Distribution
I-2-6- Domaine vital
I-2-7- Habitat
I-2-8- Reproduction
II- MATERIELS ET METHODES
II-1- PROJET ANGONOKA
II-1-1- Elevage en captivité
II-1-2- Programme de lâcher
II-1-2-1- Sélection des individus à lâcher
II-1-2-2- Site de lâcher
II-2- PERIODE D’ETUDE
II-3- METHODES D’ETUDES
II-3-1- Radiotélémétrie
II-3-2- Régime alimentaire
II-3-3- Mensuration et pesage
II-3-4- Donnée climatique
II-4- METHODES D’ANALYSES DES DONNEES
II-4-1- Estimation du domaine vital par la méthode du «Minimum Convex Polygone »
II-4-2- Analyses statistiques
II-4-2-1- Tests paramétriques
a) Test ANOVA
b) T-test apparié
c) T-test non apparié
d) Correlation de Pearson
II-4-2 -2- Tests non paramétriques
a) Correlation de Spearman
b) Test de Mann-Whitney
III-RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III-1- RADIOTELEMETRIE
III-1-1- Comportements
III-1-1-1- Comportement et température
III-1-1-2- Répartition des activités suivant les heures de la journée
III-1-1-3- Hibernation
III-1-1-4- Distance parcourue par chaque individu
III-1-2- Utilisation des microhabitats
III-1-2-1- Types d’habitats fréquentés par les animaux
III-1-2-2- Hauteurs de la végétation et présence des animaux
III-1-2-3- Couvertures du sol
a) Litière
b) Herbage
III-1-2-4- Recouvrement végétal
III-2- MENSURATION ET PESAGE
III-2-1- Evolution du poids et de la longueur de la carapace
III-2-1-1- Evolution du poids
a) Poids des femelles
b) Poids des mâles
III-2-1-2- Evolution de la longueur de la carapace
III-2-2- Relation entre le poids et la longueur de la carapace
III-2-3- Régime alimentaire
III-3- DOMAINE VITAL
III-3-1- Domaine vital de chaque groupe
III-3-1-1- Groupe d’individus réintroduits en 1998
III-3-1-2- Groupe d’individus réintroduits en 2006
a) Resultata du suivi en 2006
b) Resultata du suivi en 2007
III-3-2- Relation entre la longueur de la carapace et la taille du domaine vital
CONCLUSION

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