Escrime et psychomotricité en gériatrie

Escrimeur depuis l’enfance, ce sport m’a accompagné dans mon développement, sans jamais percevoir la dimension psychomotrice. Pratiquant jusqu’à atteindre des compétitions internationales, j’embrassai le milieu du haut niveau. Cependant, dans une volonté de poursuivre des études en parallèle, j’établis et menai un double projet, créant chez moi le premier lien entre escrime et psychomotricité. La formation en psychomotricité me permit d’obtenir un éclairage sur les différents apports psychomoteurs de l’escrime, mais modifia également ma manière d’aborder mon sport. J’eus la chance de pouvoir mettre à profit l’ensemble de mes connaissances, au cours de mon stage de dernière année, sur proposition de ma maître stage et de la direction du centre d’accueil de jour. Ils m’offrirent l’opportunité de développer un atelier basé sur l’escrime, y voyant l’intérêt dans la prévention du risque de chute chez la personne âgée. La chute est une problématique de santé majeure. Selon l’Organisation  Mondiale de la Santé, les chutes sont la deuxième cause de décès accidentels ou de décès par traumatisme involontaire dans le monde. Les personnes qui font le plus grand nombre de chutes mortelles sont des personnes de plus de 65 ans. Au sein de la population des personnes âgées, les plus vulnérables à ce phénomène sont celles atteintes de maladies neurodégénératives, au regard de leurs symptomatologies. Dans ce mémoire, je traiterai le cas de personnes atteintes des maladies d’Alzheimer et de Parkinson.

L’escrime

Un sport de combat 

Définition et étymologie 

Le terme escrime trouve son origine étymologique dans le sanscrit et en Asie, où, vingt siècles avant notre ère, les Brahmanes enseignaient déjà l’art du maniement des armes. En latin, escrime se disait schermare et donnera en italien scherma. De ses mots découleront, en ancien français, les verbes « escremir » et « escremier », signifiant combattre, tirer aux armes. Plus récemment, le mot « escrime » proviendrait du scandinave « skrimen » ou de l’allemand « skremen », signifiant « art de se défendre ». Ainsi, Gérard Six, maître d’armes et historien, soumet cette question rhétorique : « Ne pourrait-on pas définir l’escrime comme l’art de se servir des armes de tranchant et de pointe pour se défendre et pour toucher l’adversaire?».

Des premiers duels à l’escrime moderne

Bien que différentes par les armes, l’équipement, la motivation, les règles ou encore les risques encourus, les multiples pratiques ont permis à l’escrime de traverser les millénaires. Huit siècles avant Platon, les Égyptiens organisaient des compétitions où les combattants s’affrontaient à l’aide de bâtons mouchetés et munis d’une garde. Plus tard, les Romains mettront en place les jeux du Cirque, proposant les légendaires combats de gladiateurs. Si ces derniers avaient une approche compétitive, les Grecs, au cours de l’Antiquité, offriront lors de rituels des danses sacrées armées, dont la pyrrhique. Inventée, dit-on, par Pyrrhus, il fut le premier à danser armé pour honorer les funérailles de son père, Achille. Dans des textes chinois, apparaissent également ce genre de danses avec des armes et ce, dès l’époque des premiers empereurs, comme Confucius. Avec l’arrivée des armes à feu, l’art du duel à l’épée quitta progressivement les champs de bataille pour rejoindre les salles d’armes, où les pratiques mortifères laissèrent place à des valeurs plus humanistes. Ainsi, la naissance de l’escrime moderne débute au XVème siècle, en Espagne et en Italie. Au cours du XVIème siècle, l’« escrime de pointe », inventée par les Romains puis délaissée durant le Moyen-Âge face aux masses d’armes et autres hallebardes, fait sa réapparition. Au siècle suivant, influencé par les écoles espagnoles et italiennes, c’est en France qu’est inventé et codifié le fleuret, l’une des trois armes utilisées de nos jours. On demanda alors, en 1896, lors de la rénovation des Jeux Olympiques, aux maîtres d’armes français de définir les règles de l’escrime en tant que sport. C’est ainsi que le français devint la langue officielle de l’escrime. L’escrime prend donc sa forme actuelle : les duels sanglants prennent fin pour devenir des duels blancs, puis des matchs où on ne « frappe » plus mais on « touche ». Les assauts sont régis par des règles et courtoisie. Politesse ainsi que maîtrise de soi appartiennent aux valeurs de l’escrime.

Les fondamentaux de l’escrime

Les armes
Il existe trois armes en escrime, différentes par leurs conceptions, leurs utilisations et leurs maniements : le fleuret, l’épée et le sabre.

• Le fleuret
Il s’agit d’une arme d’étude, initialement prévu pour l’entraînement et l’étude des techniques. Elle est généralement celle avec laquelle commence tout débutant. C’est une arme d’estoc, c’est-à-dire que l’on ne peut toucher qu’avec la pointe. La surface de touche est limitée au buste de l’adversaire. De plus, elle est dite de convention ; ce qui signifie que si les adversaires se touchent simultanément, celui qui est à l’initiative de l’attaque est prioritaire.

• L’épée
C’est également une arme d’estoc, mais la surface de touche correspond à l’ensemble du corps, du bout des pieds jusqu’à la tête. Contrairement au fleuret, il n’y a pas de règle de priorité : le premier qui touche l’autre marque le point.

• Le sabre
C’est une arme de taille, de contre-taille et d’estoc, on peut donc toucher avec l’ensemble de la lame. Toutes les parties du corps situées au dessus de la «ceinture», exception faite pour les mains, appartiennent à la surface de touche. Comme au fleuret, elle est régie par la convention.

La position de garde
C’est la posture de base de l’escrimeur. À partir de cette position d’équilibre la plus favorable, le tireur pourra déclencher ses attaques ou se défendre . Dans cette position, les pieds sont perpendiculaires avec un écartement équivalent à la largeur du bassin et le pied avant correspond au bras armé. Les jambes sont fléchies pour obtenir des déplacements rapides et un bon équilibre. Le bras armé est fléchi et légèrement écarté du corps, avec l’avant bras presque parallèle au sol. Le corps doit rester bien droit pour éviter tout déséquilibre.

Les déplacements de base
À partir de la position de garde, le tireur va devoir se déplacer vers l’avant ou vers l’arrière afin de s’approcher ou s’éloigner de son adversaire. Pour cela, il effectuera le plus souvent une marche ou une retraite. Une marche correspond à l’avancée du pied avant puis du pied arrière, sans qu’ils ne se croisent, afin de retrouver sa position de garde. Une retraite est un retrait du pied arrière suivi du pied avant, toujours sans croiser et avec un retour en position de garde à la fin. Parmi ces déplacements, il y a également la fente qui consiste en une détente de la jambe arrière combinée avec une projection de la jambe avant, auxquelles s’ajoute l’allongement du bras armé. C’est le mouvement offensif de base.

Les commandements
Lors d’un assaut, la position de garde doit être prise au commandement « En garde» donné par l’arbitre. La posture doit être maintenue, immobile. Ensuite, il est demandé aux tireurs « Êtes-vous prêts ? », ou plus communément « Prêts ? ». En l’absence de réponse, l’arbitre peut alors marquer le début du combat par le commandement « Allez ! ». Enfin, l’arrêt du combat est marqué par un « Halte ! », si au moins l’un des tireurs est touché ou pour d’autres raisons réglementaires (désarmement, sortie de piste, jeu dangereux, etc.).

Les fonctions psychomotrices vues en escrime

En 2010, Marie Boisseau, maître d’armes et psychomotricienne, présente les concepts psychomoteurs observables dans la pratique de l’escrime. Elle place alors l’équilibre au centre de l’activité ; le reste des fonctions psychomotrices découlant d’elle dans le cadre de l’escrime. Je m’appuierai donc sur cette présentation ainsi que sur les concepts psychomoteurs étudiés au sein de l’Institut de Formation en Psychomotricité de la Pitié-Salpêtrière.

Équilibre et posture

En premier lieu, un escrimeur apprend à se mettre en position de garde. Cette posture, servant de base aux différents mouvements et déplacements, nécessite un certain équilibre. D’après Chaillot, « l’équilibre est un état de stabilité permettant à l’homme de faire face aux forces de la pesanteur, ainsi qu’aux facteurs qui tendent à le rompre à chaque fois qu’il s’adapte au milieu aussi bien dans un état cinétique que dans un état statique. » .

En psychomotricité, on distingue en général :
– l’équilibre statique : c’est l’état d’équilibre en position immobile
– l’équilibre dynamique : c’est celui qui apparaît au cours du mouvement (passage d’une posture à une autre), qui est mis en jeu dans les coordinations. Le maintien de l’équilibre statique, comme la conservation de l’équilibre au cours du mouvement, c’est-à-dire dynamique, sont assurés par des ajustements et un contrôle postural.

La posture est la disposition relative des différents segments corporels et le maintien de cette organisation du corps dans l’espace. Elle est un moment « posé » entre deux séquences de mouvement. La maîtrise posturale est donc la possibilité de trouver et de conserver avec facilité et sans dépenser trop d’énergie une posture adaptée à la situation vécue et à l’action envisagée. De plus, cette maîtrise sous-tend le mouvement, ce qui intègre également les capacités de coordinations et de dissociations.

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Table des matières

Introduction
I. L’escrime
A. Un sport de combat
1. Définition et étymologie
2. Des premiers duels à l’escrime moderne
3. Les fondamentaux de l’escrime
a) Les armes
b) La position de garde
c) Les déplacements de base
d) Le salut
e) Les commandements
B. Les fonctions psychomotrices vues en escrime
1. Équilibre et posture
2. Tonus et régulation
3. Schéma corporel et image du corps
4. Espace
5. Temps et rythme
6. Latéralité
7. Coordination, dissociation et habiletés motrices
8. Fonctions cognitives
II. Le vieillissement, normal à pathologique : les maladies neurodégénératives
A. Aspects du vieillissement normal, d’un point de vue psychomoteur
1. Vieillissement au niveau perceptif
a) La vue
b) L’ouïe
c) Le toucher
d) La proprioception
e) La perception vestibulaire
2. Vieillissement au niveau moteur
3. Vieillissement au niveau cognitif
4. Vieillissement au niveau psycho-affectif
B. Aspects du vieillissement pathologique chez les personnes atteintes de maladies neurodégénératives
1. La maladie d’Alzheimer
a) Démence ou troubles neurocognitifs ?
b) Critères diagnostiques
c) Étiologie
d) Sémiologie
2. La maladie de Parkinson et syndromes apparentés
a) Critères diagnostiques
b) Étiologie et traitements
c) Sémiologie associée
d) Syndromes apparentés
e) La paralysie supranucléaire progressive
III. L’escrime au sein du CAJ
A. Présentation de la structure
B. Présentation de l’atelier « Escrime »
1. L’origine du projet
2. Modalités et moyens
3. Objectifs
4. Déroulement d’une séance type
C. Présentation des cas cliniques
1. Mr H
a) Anamnèse
b) Description clinique
c) Mr H au sein de l’atelier
2. Mme C
a) Anamnèse
b) Description clinique
c) Mme C au sein de l’atelier
Conclusion

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