Épistémologie et réflexions théoriques sur l’habiter 

Les approches êpistémologiques invoquées

Fondamentalement, notre considération à l’égard d’un éclectisme de références correspond à une épistémologie transaxiale, soit d’exprimer l’articulation entre la théséologie et la praxéologie de même que les relations entre les disciplines. Cette épistémologie transaxiale combine ainsi le rapport de verticalité (entre la théséologie et la praxéologie) avec le rapport d’horizontalité (entre les disciplines). C’est en quelque sorte la combinaison de la thésis (action de poser) et la praxis (de l’idée vers l’action) de même que l’émancipation de la notion de discipline afin d’effectuer une dialectique entre une division arborescente universelle et une unification ramifiante singulière. Cette orientation permet alors d’éprouver la position et l’horizon que l’on occupe à travers une rencontre des branches du savoir tout en occasionnant des éclaircissements et des enrichissements mutuels de leurs visions respectives (LOUBIER, 2002). C’est aussi à partir de cette posture qu’il faut se figurer la distinction entre la transversalité multidisciplinaire et interdisciplinaire, entre l’accumulation et l’interrelation des disciplines. Car le mode multiou pluri- disciplinaire s’applique aux études s’appuyant sur une épistémologie atomiste tandis que le mode interdisciplinaire se rapporte aux études reposant sur une épistémologie holiste. Cette différenciation entre l’atomisme et l’holisme épistemologique est cruciale et déterminante puisqu’elle effectue la distinction entre le regroupement (atomisme) ou l’entrelacement (holisme) des éléments pour constituer l’ensemble . Or, notre étude s’appuie fondamentalement selon une posture épistemologique holiste, suivant les exigences d’une certaine globalité.

Autrement, notre étude s’inspire principalement de la phénoménologie, même si l’herméneutique se pose çà et là, comme en constitution dialectique constante et itérative avec elle. Car il s’agit davantage d’appréhender et d’investiguer les modes de perception, les schemes de figuration et les types de construction en vue d’amorcer une réflexion sur l’habiter par l’entremise du concept d’universel-singulier de références, des paradigmes d’identité-altérité et du langage relationnel, pour ensuite se prononcer sur des interventions. Ultimement, F universel-singulier de références traduit une rencontre synergique entre des phénoménologies différenciées et une herméneutique deliberative, voire consensuelle, tout en constituant de la sorte un mode d’habiter propre d’un certain état d’être territorialisé.

À ce titre, il est évident que chacun(e) procède, par exemple, avec des figures d’impression et d’expression investis de sens, de valeurs et de goûts pour aborder le mode d’habiter (POULLAOUEC-GONIDEC, 2005). L’habitat s’apprécie alors de plusieurs façons et chaque habitant(e) évoque une certaine manière de l’invoquer, d’où la complexité d’une vision globale commune et partagée. C’est ainsi que l’habiter expose les tensions, voire les conflits, entre le privé et le public, l’individuel et le collectif, le social et le politique, le populaire et l’élitaire, les habitant(e)s et l’habitat… Et selon la pluralité des thèmes et des intentions, de même qu’à partir des formations, des réflexions et des interventions, l’éclatement de l’habiter renvoie effectivement aux paradigmes usuels et sectaires forgés par la division des champs disciplinaires particuliers et des domaines d’études généraux. Quoi annoncer d’autre sinon que nous considérons que notre étude et le but de toute vision, comme celle du département des études régionales ou même celle que l’Université du Québec à Chicoutimi tente de promouvoir dans sa mission , doit nécessairement s’interroger de près ou de loin aux mêmes sources que les nôtres.

L’universel-singulier de références de l’habitant

Or, en s’appuyant autrement sur le concept d’universel-singulier de références, qui se caractérise en quelque sorte par les termes philosophiques de scopie, de logos et de gonos, c’est-à-dire de percevoir, de se figurer et de construire le monde respectivement, il est possible d’apprécier une certaine schématisation de la phénoménologie de l’habiter . Cette posture initiale expose, en quelque sorte, les références fondamentales qui éclairent la relation habitat-habitant(e) et abordent les modes de penser et d’agir propres à une localité, à sa socialite et sa territorialité. Mais, à cet égard, il faut d’abord souligner que le bagage personnel constitue la source angulaire d’une posture propre, c’est-à-dire que les schemes de figuration, de même que les modes de perception et les types de construction d’ailleurs, sont uniquement investis par ceux et celles qui en font l’expérience. C’est ainsi que plusieurs personnes se sont penchées sur ces schemes de figuration, sur ces interfaces qui permettent le dialogue entre les modes de perception et les types de construction, de sorte qu’il est actuellement possible de faire état d’une certaine interrelation entre les différentes avenues envisagées.

Les schemes de figuration de l’habiter 

Ainsi, c’est à partir de cette posture que nous abordons certains schemes de figuration, qui constituent la source angulaire entre les modes de perception et les types de construction et dont les point de contact, les zones de relations ou encore les limites respectives sont plus ou moins bien définies. Mais, parcourons donc sommairement ces schemes de figuration afin d’apprécier, par la suite, une certaine relation avec les modes de perception et les types de construction.

Tout d’abord, une première figuration insinue que toutes les manifestations ne sont que des émanations constantes des dialectiques entre nature et culture ainsi qu’entre corps et esprit (MAFFESSOLI, 1990). Puis que ces dialectiques ressurgissent actuellement à travers la conceptualisation de l’habiter, car la scission et l’opposition entre nature et culture de même qu’entre corps et esprit s’estompe pour laisser place à la réunion et la relation. Ces dichotomies désuètes brouillent alors les repères entre l’humain et la Terre, le sujet et l’objet, le matériel et l’idéel, etc. Et malgré que plusieurs personnes incitent à éviter ces dialectiques, tous semblent y porter une vive attention puisqu’elles forment notre mode de penser et d’agir sur le monde. C’est ainsi que s’élabore la constellation des universelssinguliers de références telle que la pose, en d’autres termes, Denis Cosgrove : « Le traitement du (paysage-environnement-territoire) en géographie humaniste, en dépit de ces défauts, démontre que les questions soulevées par le (paysage-environnement territoire) et son sens pointe au cœur du social et des théories historiques: problèmes d’action individuelle et collective, de connaissance objective et subjective, d’explication idéaliste et matérialiste. (Et) si les études en géographie traditionnelle du (paysage-environnement-territoire) insistent sur une perspective externe concentrée sur la morphologie des formes extérieures, la géographie humaniste récente cherche une réserve en établissant une identité et une expérience de Vinterne ». (Traduction paraphrasée libre) (COSGROVE, 1984:38)

Ainsi, des concepts comme le paysage et l’environnement prennent nécessairement des significations spécifiques à partir de ces schemes fondamentaux. Par exemple, nous constatons deux filtres de références possible avec d’une part, Augustin Berque (1996) qui propose une idée de nature (notion qui, dans le monde, a un sens dans l’homme et autour de l’homme) qui trajecte avec une idée de culture (notion qui, par et pour l’homme, donne un sens au monde), et d’autre part, Catherine Larrère et Raphael Larrère (1997) qui suggèrent plutôt un filtre de références sujet-objet hybride de nature et culture. Ainsi, ces classifications de nature et de culture évoquent une mouvance itérative de l’un à l’autre et établissent une possibilité de sens à travers la conception de ces deux pôles extrêmes, mais non antagoniques. Puis, dans cette mouvance, il est possible de concevoir un naturalisme propre et un culturalisme propre constituant chacun leur évolution intrinsèque (LASSUS, 1999) tout comme il est envisageable de concevoir le même phénomène pour le subjectivisme et l’objectivisme, le matérialisme et l’idéalisme, etc. Puis, comme il s’agit de possibilités, spécifiques plutôt que globales, qui supposent évidemment des affectations sur le paysage et l’environnement, il nous semble fondamental d’apprécier ce constat, c’est-àdire que l’habitant(e) somatise et cosmise à la fois l’habitat, à travers une évolution trajective ou la nature et la culture ainsi que le corps et l’esprit interfèrent sans cesse (BERQUE, 2000a), que la personne acquiert un statut de sujet-objet ou d’un mixte flottant de sens et de sensible (LIPOVETSKY, 1983), et qu’il est impossible d’ignorer les contextes géographiques et historiques de même que le langage relationnel et la relation identité-altérité qui s’opère à travers des manifestations symboliques et écologiques (COSGROVE, 1984).

Ensuite, une deuxième figuration, soit celle de l’éthique et de l’esthétique, caractérise aussi notre thème. Car il s’agit de deux schemes fondamentaux qui indiquent les valeurs et les normes (éthique), les goûts et les styles (esthétique) prônés à travers la cristallisation de l’habiter. Puis, sur le plan des valeurs, on souligne qu’elles sont à la fois des points de référence, des sources vives de synergie qui assurent la légitimité de nos actes (LAMOUREUX, 1996). Elles permettent, dans une certaine mesure, le dialogue, la cohésion sociétale, la reconnaissance mutuelle tout en soutenant et en incitant l’engagement et le dépassement de l’être. Tandis que sur le plan des goûts, on constate qu’ils se caractérisent par des critères de qualification d’une œuvre tels que le langage, le concept, le message, la forme, le processus, etc. Ces qualifications de goût sont alors des expériences par lesquelles il est possible d’apprécier l’expression ou l’impression de sensation d’une œuvre en tant qu’étant ou non-étant, une mise en œuvre de l’être (HEIDEGGER, 1986). Et selon une autre figuration, la multiplicité des valeurs et des goûts ne s’exprime pas par une unité, mais par une unicité de sorte qu’ils deviennent parfaitement mêlés les unes aux autres : il s’organise une sorte de synergie entre éthique et esthétique (MAFFESSOLI, 1990). Par cette figuration, l’œuvre de création est amenée à se renouveler et à se démultiplier afin d’exprimer le «polythéisme des valeurs (et des goûts) », l’indication d’un vitalisme puissant en génération. Comme si « un jeu d’appréciations, cause et effet d’émotions communes, suscite société (et nous) fait entrer dans un vaste processus de communication, dans un univers symbolique dont on peut repérer les temps (et les espaces) forts » (MAFFESSOLI, 1990:119). Ainsi, l’habiter redevient un acte poétique ou « le processus d’attraction-répulsion et l’ambiance globale favorisent une configuration sociétale dont les pôles objectifs et subjectifs ont tendance à s’estomper » (MAFFESSOLI, 1990:28).

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Table des matières

INTRODUCTION
HABITER LE TERRITOIRE, LE PAYSAGE ET L’ENVIRONNEMENT 
1.1 L’habiter est une conception globale.
1.2 Conjoncture en transition et quelques incidences
1.3 Portrait d’une position et d’un horizon à définir
ÉPISTÉMOLOGIE ET RÉFLEXIONS THÉORIQUES SUR L’HABITER 
2.1 Les approches épistémologiques invoquées
2.2 L’universel-singulier de références de l’habitant
2.2.1 Les schemes de figuration de l’habiter
2.2.2 Les modes de perception de l’habiter
2.2.3 Les types de construction de l’habiter
2.3 La psycho-socio territorialité
2.3.1 Du comportement au développement des individualités
2.3.2 Du mouvement au changement des collectivités
2.3.3 L’habiter selon le rapport ethnologique et anthropologique
2.4 Les thématiques actuelles de l’habitat
2.4.1 Les conceptions paysage-environnement-territoire
2.4.2 Quelques pistes alchimiques de l’habiter
2.4.3 Vers une définition de l’habiter
MÉTHODOLOGIE ET INTERVENTIONS PRATIQUES : UNE ÉTUDE DE CAS 
3.1 Quelques ouvrages documentaires sur la situation contextuelle
3.2 Relation situationnelle du cas de Tracadièche
3.3 Autres démarches méthodologiques appliquées
3.3.1 Les référentiels d’échantillonnage
3.3.2 Les méthodes d’observation et d’entretien
RÉSULTATS ET TENDANCES À PROPOS DE TRACADIÈCHE
4.1 Mise en relation et ambiguïtés conceptuelles
4.2 L’architecture du territoire et des cités
4.2.1 Les agglomérations de Tracadièche
4.2.2 Mi-lieux-bâtis, trames viaires et mailles parcellaires
4.2.2.1 Design paysager et environnemental
4.2.2.2 Relation de contactualité et d’appropriété
4.2.2.3 Turbulence de mode et du type
4.3 Situation de quelques mi-lieux-bâtis
4.3.1 Le barachois de Carleton, la balade et les deux flèches littorales
4.3.2 Le mont Saint-Joseph, les monts Notre-Dame et les sentiers pédestres
4.3.3 La pointe de Miguasha et le site fossilifère
4.3.4 La route principale et la halte aux abords du banc de Maria
DISCUSSION SUR LA GESTION GLOBALE 
5.1 Discussion épistémologique et méthodologique
5.2 L’aller-retour sur la phénoménologie de l’habiter
5.3 Une gestion globale, équilibrée, intégrée et diversifiée
CONCLUSION

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