EPIDEMIOLOGIE DES CESTODOSES ADULTES

Les anneaux

    A la suite du scolex, le cou mesure quelques mm de long et donne naissance aux anneaux ou proglottis. L’ensemble des anneaux forme le corps du ténia ou strobile. Les anneaux proches du cou sont plus larges que longs, petits et indifférenciés. A maturité, ils prennent la forme de ¨nouille plate¨ ; ils sont rectangulaires, plus longs que larges (16 à 20 mm x 5 à 7 mm). D’un proglottis à l’autre, les pores génitaux sont irrégulièrement alternés. Le système reproducteur est constitué de deux lobes ovariens, d’un amas de 300 à 1200 glandes testiculaires et d’un utérus très développé, ramifié (15 à 20 fines ramifications dichotomiques de chaque côté de l’axe central) et rempli d’œufs. L’utérus contient de nombreux œufs (50 000 à 100 000 dont 50% sont matures). Les anneaux de Tænia saginata sont mobiles. Ils sont émis activement dans le milieu extérieur, en dehors des selles, isolément ou en chaines plus ou moins longues.

MANIFESTATIONS CLINIQUES DU TENIASIS (8, 21)

     Le téniasis est l’ensemble des troubles provoqués chez l’homme par la présence des cestodes adultes. Chez de nombreux individus les troubles sont minimes et la parasitose est de découverte fortuite. La symptomatologie est variée. On peut observer :
– Des troubles généraux : asthénie, amaigrissement
– Des troubles digestifs :
o Anorexie, boulimie ou sensation de ¨faim douloureuse¨ ;
o Douleurs abdominales, vagues, mal limitées ou évoquant l’ulcère gastrique ou l’appendicite ;
o Diarrhée plus fréquemment que constipation ;
o Nausées, vomissements
o Troubles de l’absorption chez l’enfant atteint d’Hyménolépiase
– Des troubles nerveux : ils sont en général mineurs, mais sont nets chez l’enfant porteur d’H. nana (insomnie, troubles du caractère, crises épileptiformes, convulsions)
– Des troubles cutanés : prurit, œdèmes fugaces
– Des troubles hématologiques : l’éosinophilie est constante.
Elle est maximale (10 à 25%) durant le deuxième mois après l’infestation, donc durant la période maturation du ver où les anneaux ne sont pas encore éliminés. Elle diminue ensuite rapidement pour être à un taux de 5 à 10% au moment où le ver est adulte, les anneaux sont éliminés et permettent ainsi de poser un diagnostic de certitude. L’anémie s’observe dans la bothriocéphalose : anémie parabiermerienne, macrocytaire et mégaloblastique due probablement à une spoliation en Vit B12 par les vers. Cliniquement elle se traduit par une pâleur des téguments et une asthénie. Cette anémie n’apparait que lors que le parasitisme est intense et l’apport alimentaire en vitamine B12 insuffisante.
– Des signes cardiovasculaires : palpitations, réactions vasomotrices,
– Des signes respiratoires : dyspnée, manifestations asthmatiformes
Les complications du téniasis sont peu fréquentes, appendicites aigüe ou chronique, occlusion intestinale, perforation, abcès périnéal ou hépatique, cholécystite, obstruction bronchique par aspiration accidentelle d’un anneau. Quelques localisations erratiques rarissimes de ténias ont été rapportées : voies biliaires, oreille moyenne, utérus etc.… Dans le cas du téniasis à T. solium, un des risques majeurs est la survenue d’une cysticercose par autoinfestation suite à la digestion d’anneaux remontés dans l’estomac par anti péristaltisme.

LES LIMITES DE LA METHODOLOGIE

     Il s’agit d’une étude rétrospective portant sur 35953 examens parasitologiques des selles réalisées au laboratoire de Parasitologie-Mycologie du Centre Hospitalier National Universitaire de Fann entre 1990 et 2013. Les résultats des examens parasitologiques des selles ont été collectés à partir des données des registres d’analyses. Des informations incomplètes sur les patients, devant effectuer un examen de selles, ont été notées : l’âge, le sexe, le statut voire l’indication. Ces données manquantes sont dues au remplissage incomplet des bulletins d’analyses par les prescripteurs. En outre, l’origine géographique des patients ainsi que leurs activités professionnelles n’étaient pas indiquées. Il faut signaler que l’année 1999 ne figure pas dans notre période d’étude. Le registre de 1999 n’a pas été retrouvé. Ces lacunes constituent un facteur limitant pour l’interprétation des résultats notamment les facteurs favorisants ces parasitoses intestinales.

PREVALENCES DES CESTODOSES

     Signalons d’emblée que cette étude relève des cas diagnostiqués dans notre laboratoire et non d’un dépistage actif dans la population. Bien que classiquement rapporté, il est toujours intéressant d’actualiser, même par des statistiques hospitalières, nos renseignements et informations sur ces parasites qui peuvent constituer toujours un indicateur du niveau d’hygiène d’une population. Parmi les 35953 examens effectués, 176 renfermaient des cestodes, soit une fréquence hospitalière globale de 0,5% avec la présence de cestodes seuls ou en association avec d’autres parasites. Le parasitisme est dominé par les cestodes du genre Tænia. En effet Tænia sp occupent 61% des cas positifs contre 39% pour H. nana. Les techniques de coprologie parasitaire utilisées en routine ne permettent pas de différencier morphologiquement les deux espèces de Tænia. Il aurait été intéressant de déterminer l’espèce de Tænia pour juger du risque potentiel de développer une cysticercose par autoinfestation de Tænia solium. On a noté également une association parasitaire entre cestodes et d’autres géohelminthiases occupant environ 20% de l’ensemble des examens parasitologiques des selles positifs soit 35 cas d’associations sur les 176 cas de cestodoses. Il faut signaler également que durant notre période d’étude aucun cas de Bothriocéphalose n’a été diagnostiqué. Nous remarquons que les fréquences ont été fluctuantes d’une année à l’autre. Selon le sexe on a noté que le taux de positivité des téniasis est plus élevé chez le sexe masculin (65,90%) que celui observé chez le féminin. Aucun cas de téniasis n’a été observé chez les nouveau-nés ; c’est à partir de 2 ans qu’on a retrouvé les cestodes dans les selles en l’occurrence H. nana. Cela montre que l’infestation par H. nana est précoce. On remarque également un faible taux de positivité chez les enfants de moins de 14 ans (7,9%). Ceci s’explique peut-être par le fait que la consommation de viande de bœufs ou de porc est faible dans cette tranche d’âge. La prévalence des cestodoses adultes semble décroitre dans le temps : on note un taux de 0,9% en 1990 et 0% en 2011. Cette baisse pourrait être due à une élévation du niveau de vie et de l’hygiène et à une politique de déparasitage systématique de nos populations. Selon l’âge, la répartition du nombre de cas positifs à Tænia sp et à H. nana était différente de façon significative. Parmi les 130 cas de cestodoses diagnostiquées chez les patients adultes, 84 soit 64,61% étaient dûs à Tænia sp, alors que chez les enfants 11 des 14 cas soit 78,57% étaient dûs à H. nana. Cela indique que le parasitisme à H. nana s’observe principalement chez les enfants, ceci était probablement dû au mode de contamination orofécale que favorise le manque d’hygiène observé dans cette tranche d’âge. S’agissant de l’infection à Tænia sp, prédominante chez les adultes, on pourrait l’expliquer par la plus grande consommation de viande potentiellement infestée chez les sujets de 15 ans au plus.

COMPARAISON AVEC D’AUTRES AUTEURS

       La prévalence globale des cestodoses adultes de Janvier 1990 à Décembre 2013 au laboratoire de Parasitologie/Mycologie du CHNU de Fann est de 0,5% avec 0,3% pour Tænia sp et 0,2% pour Hymenolepis nana. On note une prévalence qui est inférieure à celle de DIALLO S. et coll. (1) qui avaient enregistré en 1979 un indice de 2,3 % pour Hymenolepis nana et 1,1% pour Tænia sp en Basse Casamance. FATY El. O. (24) a eu des taux supérieurs aux nôtres lors de son étude sur l’analyse qualitative et quantitative des examens parasitologiques effectués au laboratoire du centre de santé de Ziguinchor de 1997 à 2001. En effet il a trouvé un taux de 1,68% pour Tænia sp et 0,15% pour H. nana. Nos résultats concordent avec ceux trouvés par DIATTA F.P. (25) qui dans son étude réalisée chez des agriculteurs de la zone des Niayes à Dakar d’octobre 2004 à Avril 2005, note un seul cas de Tænia parmi les 116 agriculteurs examinés soit une prévalence de 0,86%. Les taux de prévalence que nous avons obtenus sont proches de ceux enregistrés par BAYO G. (22) qui a eu 3 cas de Tænia saginata et 7 cas d’Hymenolepis nana sur un total de 2138 examens parasitologiques de 1996 à 2000, soit un pourcentage respectif de 0,14% et 0,33%. ATTIA M.L. (26) a trouvé un taux de 0,1% pour Tænia sp et 1,1% pour Hymenolepis nana dans une étude portant sur les endémies parasitaires dans les villages riverains du Lac de Guiers en 1997. Ces résultats concordent aussi avec ceux trouvés par MASSOUGBODJI A. (27) qui, dans son étude sur les endémies parasitaires dans deux villages du département de Fatick, note un taux de 0,92% pour Hymenolepis nana et zéro cas de Tænia sp. Ailleurs en Afrique, DANIOU D. et coll. (28) qui dans une étude réalisée au Burkina Faso, entre 2000 et 2002, rapportaient un taux d’infestation de 10,2% pour Hymenolepis nana. Ce taux est largement supérieur au nôtre. BENNIS I.(23) a retrouvé, lors de ses travaux menés à l’hôpital IBN-ROCHD de Casablanca, 4 cas de Tænia sp et 4 cas de Hymenolepis nana sur un total de 3942 examens de selles effectués durant la période d’étude de 1996 à 2000, soit un pourcentage de 0,1% pour chacune des deux espèces de cestodes. Ce qui concorde avec notre résultat. Nos résultats sont comparables à ceux obtenus par MENAN E. I. H. (29) et collaborateurs qui, dans une étude faite à Abidjan sur les parasitoses intestinales, avaient trouvé une prévalence de 0.2% pour Tænia saginata et Tænia solium et 0.1% pour Hymenolepis nana. La prévalence très faible des deux premiers parasites amène à penser que la population abidjanaise consomme la viande bien cuite. L’effet de l’âge des patients sur la prévalence des cestodoses est différent d’une étude à l’autre. BENOUIS A. et coll. (30) qui dans une étude épidémiologique des parasitoses intestinales humaines au niveau du C.H.U. d’Oran (Algérie) note un seul cas positif chez l’adulte avec zéro cas chez l’enfant. Au Cameroun, CHRISTIAN P. R. et coll. (31), lors d’une étude sur l’épidémiologie des helminthiases intestinales à Djohong, ont obtenu un taux de 5,1% pour Tænia saginata contre 0,65% pour Hymenolepis nana sur un total de 763 selles examinées.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES PRINCIPALES CESTODOSES ADULTES
I. DEFINITION
II. EPIDEMIOLOGIE
II.1. Téniasis a Tænia saginata
II.1.1. Agent pathogène
II.1.2. Réservoir de parasite
II.1.3. Mode de contamination
II.1.4. Facteurs favorisants
II.1.5. Répartition géographique
II.2. Teniasis à Tænia Solium
II.2.1. Agent pathogène
II.2.2. Réservoir de parasite
II.2.3. Mode de contamination
II.2.4. Facteurs favorisants
II.2.5. Répartition géographique
II.3. L’hymenolepiose
II.3.1. Agent pathogène
II.3.2. Réservoir de parasite
II.3.3. Mode de contamination
II.3.4. Facteurs favorisants
II.3.5. Répartition géographique
II.4. La bothriocephalose
II.4.1. Agent pathogène
II.4.2. Réservoir de parasite
II.4.3. Mode de contamination
II.4.4. Répartition géographique
III. MANIFESTATIONS CLINIQUES DU TENIASIS
IV. DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE
IV.1. Arguments biologiques de présomption
IV.2. Diagnostic parasitologique
IV.2.1. Examen des anneaux
IV.2.2.1. Examen macroscopique
IV.2.2.2. Examen microscopique
IV.2.2.3. Identification de l’espèce basée sur la morphologie
IV.2.2. Examen microscopique des œufs
IV.2.2.1. Scotch-test (œufs de T. saginata, T. solium)
IV.2.2.2. Examen parasitologique des selles
IV.2.2.2.1. Examen macroscopique
IV.2.2.2.2. Examen microscopique
IV.2.2.2.2.1 Examen direct à l’état frais
IV.2.2.2.2.2. Examen après concentration
IV.2.2.2.2.3. Identification de l’espèce par la morphologie
V. TRAITEMENT
V.1. Le Niclosamide
V.2. Le Praziquantel ou Biltricide*
VI. PROPHYLAXIE
VI.1. Générale
VI.2. Individuelle
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
METHODOLOGIE
I. CADRE D’ETUDE
II. MATERIELS ET METHODES
II.1. Matériel
II.2. Méthodes
III. RESULTATS
III.1. Aspect quantitatif
III.1.1. Bilan global annuel des KAOP
III.1.2. Bilan global mensuel
III.1.3. Bilan global selon la saison
III.2. Aspect qualitatif
III.2.1. Fréquence globale des cestodoses adultes
III.2.2. Variation de la fréquence hospitalière des cestodoses
III.2.2.1. Selon l’année
III.2.2.2. Variation de la fréquence hospitalière des téniasis à Tænia sp selon l’année
III.2.2.3. Variation de la fréquence hospitalière des téniasis à H. nana selon l’année
III.2.3. Fréquence mensuelle cumulée des cestodoses adultes
III.2.3.1. Variation de la fréquence des téniasis à Tænia sp selon le mois
III.2.3.2. Variation de la fréquence des téniasis à H. nana selon le mois
III.2.4. Variation de la fréquence des cestodoses selon la saison
III.2.4.1. Répartition des cas de téniasis à Tænia sp selon la saison
III.2.4.2. Répartition des cas de téniasis à H. nana selon la saison
III.2.5. Analyses des cas de cestodoses adultes selon différents paramètres
III.2.5.1. Répartition selon le sexe
III.2.5.2. Répartition selon les tranches d’âge
III.2.5.3. Répartition selon le statut des patients
III.2.5.4. Répartition selon l’indication de la demande d’analyse
DISCUSSION
I. LES LIMITES DE LA METHODOLOGIE
II. ASPECT QUANTITATIF
III. PREVALENCES DES CESTODOSES
IV. COMPARAISON AVEC D’AUTRES AUTEURS
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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