Enregistrement des stimuli utilisés pour la tâche de répétition

Perception

De nombreux auteurs se sont intéressés à la perception de la parole chez les enfants sourds porteurs d’un implant cochléaire, cependant nous ne donnons ici que quelques éléments tirés de deux études sur ce thème, dans le but d’éclairer nos travaux sur la production.
Ces deux études concernent la perception des aspects supra-segmentaux et segmentaux de la parole. Most et Peled (2007) étudient la perception des aspects suprasegmentaux chez trois groupes d’enfants : des enfants implantés, des enfants porteurs d’aide auditive classique et des enfants entendants. Giezen et collègues, en 2010, observent la discrimination de plusieurs phonèmes chez un groupe d’enfants entendants, un groupe d’enfants sourds implantés et un groupe d’adultes entendants.

Aspects supra-segmentaux

Most et Peled (2007) étudient la perception des aspects supra-segmentaux de la parole par dix enfants sourds implantés et vingt enfants sourds utilisateurs d’aide auditive classique, âgés entre 8 et 15 ans. Tous les enfants sont locuteurs de l’Hébreu.
Les dix enfants implantés ont reçu leur implant entre 3,6 et 12,4 ans. Le groupe d’enfants sourds porteurs d’aide auditive classique est divisé en deux sous groupes de dix enfants chacun, selon le degré de surdité des enfants, sévère ou profond.
Les enfants doivent passer quatre tests. Le premier test est composé d’une tâche de perception de patrons de mots, il comprend douze items de trois mots chacun, composé de une, deux ou trois syllabes, les enfants devant identifier les mots.
Le second test est une tâche de discrimination d’intonation entre une phrase déclarative et une phrase interrogative. Le troisième test est une tâche de différenciation d’accentuation de syllabes, il comprend douze paires minimales bi-syllabiques, c’est-à-dire des mots qui diffèrent seulement en accentuation desyllabes. Enfin, le quatrième test est une tâche de perception d’accentuation de mots à l’intérieur d’une phrase, qui est composée de douze phrases, comprenant trois mots uni-syllabiques. Les douze phrases sont enregistrées trois fois, en accentuant un mot différent à chaque enregistrement.
Les stimuli sont produits par une locutrice de l’hébreu, ils sont ensuite vérifiés lors d’une étude pilote sur cinq enfants normo-entendants locuteurs de l’hébreu, âgés de 8,8 à 15,3 ans, qui ont obtenu des scores d’identification de 95 à 100%.
Les enfants implantés (CI) ont obtenu des scores plus bas en perception d’intonation, d’accentuation de mot (emphasis) et de syllabe (stress ) par rapport aux enfants appareillés (HA). Par contre, ils ont mieux perçu les patrons de mot (pattern ) que les enfants appareillés ayant une surdité profonde, même si cette différence est minime. Figure 8 et Tableau 1).

Les auteurs ont ensuite voulu vérifier quels types d’erreurs de perception les enfants sont susceptibles de présenter.
Pour la tâche de perception de syllabes accentuées, deux types d’erreurs étaient possibles :
-erreur n°1 : perception d’un mot ayant une syllabe initiale accentuée comme un mot ayant une syllabe finale accentuée
-erreur n°2 : perception d’un mot ayant une syllabe finale accentuée comme un mot ayant une syllabe initiale accentuée.
Les enfants des groupes CI et HAP ont plus réalisé l’erreur n°2 que les enfants du groupe HAS. Il n’y a pas de différence significative entre les enfants du groupe CI et les enfants du groupe HAP. De plus, chez ces deux groupes d’enfants, on n’observe pas de différence significative entre les deux types d’erreurs alors que chez les enfants du groupe HAS, l’erreur la plus fréquente est l’erreur n°2. Il semble donc que les enfants sourds, qu’ils soient implantés ou appareillés perçoivent plus facilement l’accentuation de la syllabe initiale que celle de la syllabe finale.
Pour la tâche de perception d’accentuation de mots, alors que trois types d’erreurs étaient possibles, en analyse statistique, on n’observe pas de différences significatives entre les types d’erreurs, ni entre les trois groupes d’enfants.
Lors de la tâche de discrimination d’intonation, deux types d’erreurs étaient possibles :
-erreur n°1 : perception des phrases interrogativescomme des phrases déclaratives.
-erreur n°2 : perception des phrases déclaratives comme des phrases interrogatives.
Pour chaque type d’erreurs, on n’observe pas de différences significatives entre les trois groupes. Par contre, on observe une différence significative entre les deux types d’erreurs, puisque l’erreur n°2 est plus réalisée que l’erreur n°1.
Les enfants sourds, qu’ils soient implantés ou appareillés semblent donc reconnaitre plus facilement les phrases interrogatives que les phrases déclaratives
Enfin, les auteurs ont vérifié l’influence des variables démographiques sur les résultats des trois groupes d’enfants. Dans le groupe CI, on n’observe pas de corrélation entre l’âge d’implantation et les performances des enfants, ni entre la durée d’utilisation de l’implant et les performances. Dans les groupes d’enfants porteurs d’aides auditives classiques, on observe que moins la surdité est importante, meilleurs sont les résultats pour les quatre tâches.
Cette étude montre donc que les enfants implantés ont de moins bons résultats que les enfants appareillés ayant une surdité sévère ou profonde pour la perception de l’intonation de phrase et de l’accent de mot et de syllabe.
Elle présente cependant quelques problèmes de méthodologie. Tout d’abord, le panel d’âge des enfants est très étendu. Ensuite, les enfants sont implantés relativement tard par rapport à l’âge moyen d’implantation actuel (c’est-à-dire environ un an et demi). Enfin, les résultats des enfants implantés sont moins bons que les résultats des enfants porteurs d’aide auditive classique (HA), mais l’article ne mentionne pas l’âge de début d’appareillage des enfants des groupes HA. Or, si les enfants des groupes HA ont une expérience auditive depuis plus longtemps que les enfants implantés, alors il est logique que leurs résultats en perception soient meilleurs que ceux des enfants implantés.

Production de parole

Les études sur la production de parole chez les enfants implantés sont relativement peu nombreuses, de plus les méthodes d’analyse de ces études sont souvent subjectives, c’est-à- dire qu’on annote perceptivement l’adéquation entre la cible à produire et la production, et non objective, c’est à dire appuyée sur des critères acoustiques. Les études ne comparent pas forcément les enfants implantés avec d’autres enfants, et lorsqu’elles le font, le panel d’âge des enfants est souvent large. Enfin, les résultats des études s’opposent entre eux, particulièrement dans les études de production des voyelles.

Production des voyelles

Plusieurs auteurs se sont intéressés à la production des voyelles chez les enfants implantés; les méthodes d’analyse des productions diffèrent selon les auteurs. En effet, Liker et al. (2007), Baudonck (2011) et Horga & Liker (2006) se sont intéressés à la taille de l’espace vocalique, et ont obtenu des résultats contradictoires, tandis que Löfqvist et al. (2010) et Uchanski et Geers (2003) se sont intéressés aux moyennes des gammes de F1 et F2 ainsi qu’à la différence inter-voyelles.
Liker et al. (2007) s’intéressent à la production de parole chez de jeunes croates sourds implantés cochléaires. Ils enregistrent 3 fois à 6 mois d’intervalle 18 enfants implantés, âgés en moyenne de 7,6 ans. Ils enregistrent aussi un groupe de contrôle composé de 18 enfants entendants d’âge, de sexe et d’éducation similaires aux enfants implantés. On propose aux enfants une tâche de répétition de non-mots [papa] [pipa] [popa] [pepa] [pupa], pour analyser les cinq voyelles du croate.

Les voyelles sont analysées en termes de F1 et F2

Les enfants implantés produisent un F2 nettement plus élevé que les enfants entendants, à part pour la voyelle /a/ où la différence est moins marquée. Pour les valeurs de F1, Il n’y a pas de différence significative entre les deux groupes d’enfants, ni entre les trois moments d’enregistrement des enfants implantés.

Production des consonnes

Plusieurs auteurs ont étudié la production de consonnes par les enfants implantés.
Deux méthodes d’analyse des productions sont utilisées : l’analyse perceptive subjective et l’analyse acoustique objective. L’analyse perceptive, ou analyse d’accuracy, consiste à annoter l’adéquation entre la consonne cible et la consonne produite. En revanche, l’analyse acoustique va consister à effectuer des mesures précises sur les productions, comme le calcul du VOT pour les consonnes occlusives par exemple. Nous avons choisi de nous intéresser en premier aux études utilisant l’analyse acoustique seule ou accompagnée d’analyse perceptive, puis nous nous sommes intéressés aux études utilisant l’analyse perceptive seule.

Etudes acoustiques et perceptives

Parmi les études utilisant l’analyse acoustique, Horga & Liker (2006) et Uchanski et Geers (2003) se sont intéressés au calcul du VOT dans la production d’occlusives. Comme pour les études portant sur la production des voyelles, les résultats s’opposent puisque Uchanski et Geers observent des valeurs de VOT correctes chez les enfants implantés, alors que Horga & Liker constatent que les enfants implantés ont des scores de production correcte (accuracy) inférieurs à ceux des enfants entendants.
Uchanski & Geers (2003) et Liker (2007) ont également étudié la production des consonnes fricatives par les enfants implantés. Ils ont constaté que les enfants implantés avaient des scores de production correcte inférieurs à ceux des entendants. Todd et al., en 2011, confirment ces observations puisque dans leur étude, les enfants implantés ont également des scores plus bas que les enfants entendants, c’est-à-dire qu’ils produisent les consonnes fricatives moins distinctement que les enfants entendants.

Mesures du VOT

Uchanski et Geers (2003), lors de leur étude sur la production des enfants implantés, ont comparé le VOT des consonnes /t/ et /d/ entre trois groupes d’enfants : des enfants implantés en communication totale, c’est-à-dire des enfants qui utilisent à la fois la communication orale et la langue de signes, des enfants implantés en communication orale, et des enfants entendants.
Les enfants implantés en communication orale produisent des VOT proches des valeurs normales pour les deux consonnes (85% des valeurs sont proches des valeurs normales pour la consonne /t/ et 88% des valeurs sont proches des valeurs normales pour la consonne /d/). Les enfants implantés en communication totale produisent un VOT plus correct pour la consonne /d/ que pour la consonne /t/ (Figure 19).
Par contre, il est important de noter qu’on observe plus de différences interindividuelles chez les deux groupes d’enfants implantés que chez les enfants entendants.
De plus, dans le groupe d’enfants en communication totale, certaines productions n’ont pas pu être prises en compte car les enfants n’ont pas produit une occlusive pour les cibles /t/ ou /d/.

Mesures acoustiques des fricatives et affriquées

Uchanski et Geers en 2003, ont étudié la production de voyelles et de consonnes occlusives, mais aussi la production de consonnes fricatives /s/ et // chez des enfants entendants et des enfants implantés. Dans les productions de ces deux consonnes, ils mesurent les 4 moments spectraux : la moyenne spectrale, l’écart-type, la « spectral skewness » et le « spectral kurtosis ».
Chez les enfants entendants, on constate une plus grande moyenne spectrale, une « spectral skewness » plus négative et un « spectral kurtosis » plus pointu pour la consonne /s/ que pour la consonne //. Même si la plupart des enfants implantés présentent les mêmes tendances, certains ne le font pas. En effet, chez certains enfants, les deux consonnes fricatives ne sont pas produites distinctivement (Figure 22, Figure 23 et Figure 24).
Si l’on compare les deux groupes d’enfants implantés, on constate que pour la consonne /s/ les enfants en communication orale ont des valeurs plus proches des valeurs « normales » que celles des enfants en communication totale. Ces tendances ne sont pas présentes pour la consonne. Production des aspects supra-segmentaux.
Enfin, nous nous sommes intéressés à la production des aspects supra-segmentaux, puisque nous voulions étudier la prosodie chez les enfants implantés. Peu d’études ont été réalisées sur ce sujet.
Bergeson et al. (2009) étudient la production de parole chantée et de prosodie chez quatre enfants implantés cochléaires.
Les enfants ont entre 8,9 et 15 ans, et ont été implantés entre 1,7 et 8 ans. Leurs productions sont comparées avec celles de trois adultes entendants.
Les participants doivent effectuer trois tâches : tout d’abord ils doivent chanter la chanson traditionnelle « Happy birthday », ensuite ils doivent produire la voyelle /a/ avec plusieurs contours mélodiques: ascendant, descendant, ascendant-descendant et descendant ascendant. Enfin, ils doivent écouter un locuteur produisant des phrases avec plusieurs contours intonatifs : gai, triste, interrogatif et neutre, puis répéter ces phrases en respectant leur intonation.
Des auditeurs adultes doivent classer les phrases,écoutées à 400Hz utilisées pour la tâche d’intonation, puis ils doivent noter les productions des enfants et du locuteur-modèle pour la tâche d’intonation sur une échelle de sept points.
Dans la première tâche, on peut observer plusieurs différences entre les productions des enfants et des adultes. Les enfants implantés ont des variations de hauteurs plus importantes que celles des adultes. On constate qu’en termes de hauteur, les productions présentent plus de problèmes qu’en termes de rythme, même si le rythme est souvent inapproprié chez les enfants implantés par rapport aux adultes normo-entendants.

PARTIE EXPERIMENTALE

Méthodologie

Comme nous l’avons expliqué plus tôt, nous cherchons à caractériser les aptitudes phonologiques des enfants sourds implantés en étudiant la qualité acoustique de leurs productions des voyelles et de certaines consonnes du français. Pour cela nous avons enregistré un groupe d’enfants implantés et un groupe contrôle d’enfants normo-entendants.
Afin de rendre la tâche la plus naturelle possible,nous avons choisi d’étudier la production de mots simples, contenant les phonèmes cibles. Afin d’étudier l’éventuelle influence du modèle sonore adulte ainsi que l’éventuel rôle du retour auditif dans la production de parole, deux tâches ont été proposées. La première est une tâchede répétition, où le mot cible, représenté par une image, est présenté de façon auditive (enregistrement d’un adulte) à l’enfant qui le répète. La seconde est une tâche de dénomination assistée, au cours de laquelle l’enfant voit une image d’un objet ou d’un être vivant et doit lenommer. Les images à nommer sont celles de la tâche de répétition et sont donc connues des enfants. En cas de difficulté, l’enfant est aidé de l’expérimentatrice, l’étude ne portant pas sur l’accès lexical, mais sur la capacité à produire des mots sans modèle sonore.
Enfin, nous avons également pour objectif à plus long terme d’étudier la prosodie (notamment F0, durée, rythme) chez les enfants sourds implantés lors de la production de parole spontanée. Nous proposons pour cela une tâche de narration au cours de laquelle l’enfant raconte librement une série d’épisodes d’un dessin animé à une expérimentatrice assise en face de lui.
Cependant, par manque de temps, nous n’avons pas pu traiter les données recueillies lors de la tâche de narration, qui seront utiliséesdans une étude ultérieure.

Choix du corpus pour les deux tâches de production de mots (tâches de répétition de mots et de dénomination assistée)

Comme expliqué ci-dessus, afin d’analyser la parole des enfants sourds implantés, nous avons choisi de leur proposer une tâche de production de mots isolés courants en français.
Nous avons également demandé à des enfants entendants de produire ces mots pour nous permettre de comparer la parole des enfants entendants avec celle des enfants sourds implantés.
Les enfants participant à notre étude ayant entre 6 et 9 ans, nous avons sélectionné des mots fréquents dans la langue française, et surtout étant connus par de jeunes enfants.
Nous nous sommes aidés de la base de données LEXIQUE (http://www.lexique.org, New et al. (2004)1), qui nous a permis de trouver des mots correspondant à nos critères de choix.

Mots utilisés pour l’analyse des consonnes

En nous basant sur plusieurs études précédentes menées sur la parole des enfants sourds implantés présentées en introduction (Horga et Liker, 2006, Baudonck et al. 2010, Dillon et al. 2004, Unchanski et Geers, 2003, Ménard et al. 2007), nous avons choisi d’analyser les consonnes occlusives voisées /b d g/ et non voisées /p t k/ ainsi que trois consonnes fricatives, /f s /.
Nous avons choisi des items composés d’une consonne (C) en début de mot suivie d’une voyelle (V).
En effet, il a été montré, en français comme dans beaucoup de langues, que les phonèmes en début de mot sont articulés de façon plus soignée que dans d’autres positions (cf. par exemple pour le français, Fougeron & Keating, 1997). Ainsi, dans la langue ambiante, les phonèmes sont prononcés de façon plus claire, et donc plus perceptible pour les enfants, en position initiale de mot. De plus, le langage adressé à l’enfant contient de nombreux mots monosyllabiques (lait, chat, loup, pou, pot, lit, seau, chou, etc.) pour lesquels la seule position possible pour la consonne est initiale. Le choix dephonèmes en position initiale permet donc d’étudier la production de mots de différentes tailles syllabiques.

Enregistrement des stimuli utilisés pour la tâche de répétition

Les soixante-deux mots utilisés pour la tâche de répétition de mot ont été enregistrés cinq fois en chambre sourde par une locutrice adulte francophone, grâce à un enregistreur numérique de type Marantz PMD 670. Celle-ci devait prononcer les mots dans un style typique du langage adressé à l’enfant de façon à les rendre les plus intelligibles possible pour les enfants.
Ces enregistrements ont été présentés dans un ordre aléatoire à une autre locutrice adulte francophone, qui avait pour consigne de les transcrire orthographiquement puis de les noter sur une échelle de 1 à 5, en fonction de l’intelligibilité de la production (1= inintelligible et 5= parfaitement intelligible).
Nous avons sélectionné une production de chaque mot parmi celles notées de 4 à 5.
Puis nous avons renommé les fichiers sonores par un nom composé de quatre lettres (exemple pour le mot « biche » biSS.wav), format requis pour l’utilisation du script de présentation des stimuli (cf. ci-dessous).

Condition de passation expérimentale

Description des participants implantés et conditions de passation

Nous avons enregistré cinq enfants implantés âgés de 5 à 10 ans (moyenne d’âge : 8 ans 3 mois), ayant été implantés unilatéralement entre 2 et 6 ans (moyenne d’âge à l’implantation : 3 ans 2 mois) et porteurs d’une prothèse auditive classique dans l’oreille non implantée. Tous les enfants implantés enregistrés sont exempts d’autres pathologies que la surdité. Les audiogrammes des enfants implantés se trouvent en annexes.
Quatre des enfants implantés sont nés de parents entendants francophones, une enfant ayant été adoptée, nous ne savons pas si ses parents naturels sont entendants par contre ses parents d’adoption sont entendants.
Tous les enfants implantés ont été éduqués en communication orale, ont utilisé le code LPC à l’école et sont scolarisés dans une classe générale.

Description du test ELO

Pour contrôler le niveau de langage oral des enfants, nous leur avons également fait passer une partie du test ELO (Khomis, 2002). La batterie d’Évaluation du Langage Oral (ELO) de Khomsi (2002) est étalonnée de la Petite Section de maternelle au CM2. Nous avons choisi trois épreuves : une épreuve de répétition de mots qui évalue la phonologie lexicale, une épreuve de Lexique en Réception (LexR), qui évalue le vocabulaire réceptif de l’enfant, et où il doit désigner une image parmi quatre à partir d’un nom d’objet proposé et enfin une épreuve de Production d’Enoncés, qui évalue la production linguistique, dans laquelle l’enfant complète une phrase du type : « sur cette image, il n’y a qu’un seul oiseau ; sur l’autre image il y a…». Cette dernière épreuve permet de mettre en évidence d’éventuels troubles linguistiques, si l’enfant présente des problèmes dans la morphologie ou la syntaxe, ou pragmatiques, si l’enfant ne tient pas compte du contexte linguistique ou pragmatique qu’on lui propose.
Les enfants entendants et quatre enfants implanté sont passé les trois épreuves. Un des enfants implantés n’a pas passé l’épreuve de production d’énoncés, pour cause de fatigue. Deux des enfants implantés ont eu besoin, pour l’épreuve de répétition de mot, que les mots leur soient proposés en les codant avec le LPC. Tous les enfants entendants ont obtenu des résultats égaux ou supérieurs à la moyenne de leur classe. Trois des enfants implantés ont obtenu des résultats légèrement inférieurs à la moyenne de leur classe, et deux des enfants implantés ont obtenu des résultats bien en dessous de la moyenne de leur classe, particulièrement lorsdu test de répétition de mots, où beaucoup de phonèmes sont oubliés.

Passation des tâches de répétition et de dénomination assistée

Pour les tâches de répétition et de production sans modèle sonore, nous avons utilisé le script « Show&Play » développé par Mary Beckman dans le cadre du projet Paidologos (http://learningtotalk.org/?q=node/24) et utilisé sous le logiciel TCL-TK (http://www.tcl.tk/). Ce script permet de faire défiler des photographiesaccompagnées des sons correspondants, diffusés par des haut-parleurs reliés à l’ordinateur. De plus, sur la gauche de l’écran, on peut voir un canard montant sur une échelle en fonction de l’avancée de l’enfant dans la tâche.
Cette application a été ajoutée pour ajouter un côté ludique à l’expérimentation, et ainsi motiver les plus jeunes enfants à finir le test.
Toutes les images choisies pour ces deux tâches sont des photographies, afin d’éviter de perturber les enfants par un graphisme irréaliste.
Pour la tâche de répétition de mots, l’enfant est assis devant un ordinateur, l’expérimentatrice à côté de lui, il voit une photographie (par exemple la photographie d’une pie) et entend en même temps le mot « pie », à la suite de quoi il doit répéter le mot. Si un bruit a perturbé la diffusion du son, il est possible de rejouer le stimulus audio.
Les conditions pour la tâche de dénomination assistée sont similaires à celles de la tâche de répétition, en dehors du fait que les haut-parleurs sont désactivés ; ainsi les stimuli ne sont plus auditifs et visuels mais seulement visuels. Les mots à produire sont les mêmes que dans la tâche de répétition. Hormis pour les deux premiers sujets normo-entendants, les stimuli de la tâche de répétition ont été présentésdans un ordre aléatoire différent de celui de la tâche de production.
Lors de la tâche de production sans stimulus audio, lorsque l’enfant se trompe de mot (par exemple quand il dit « coussin » à la place d’«oreiller») ou qu’il ne trouve pas le mot, l’expérimentatrice essaye de lui faire deviner le mot, en proposant une définition ou un rébus à l’enfant. La consigne est donnée à l’expérimentatrice de ne pas prononcer la première syllabe du mot afin d’éviter d’influencer la production de l’enfant. Toutefois, si l’enfant n’arrive pas à dénommer correctement malgré les aides fournies, l’expérimentatrice peut chuchoter le mot à produire.
Par contre si l’enfant a produit le mot « chouchoute » à la place du mot « chouchouter » nous avons gardé la production pour analyse, puisque la syllabe cible était correcte.
Pour certains des enfants implantés, la tâche de répétition de mots a été effectuée une deuxième fois, leur implant étant éteint. Cette tâche de répétition implant OFF est donc similaire à la tâche de dénomination assistée passée par les enfants normo-entendants, puisque les enfants n’entendaient alors pas le modèle sonore. Notons que la tâche avec implant OFF est rendue plus difficile que la tâche de dénomination assistée des normo-entendants, par le fait que les enfants implantés n’ont alors qu’un très faible retour auditif (voire aucun retour) sur leurs propres productions.

Passation de la tâche de narration

Pour la tâche de narration, nous avons utilisé un extrait d’un dessin animé sans parole, tiré de la série des Tom & Jerry (« Hatch Up Your Troubles », réalisé par Hanna & Barbera, 1949), découpé en huit épisodes d’une ou deux minutes chacune. L’enfant, assis en face de l’expérimentatrice, regarde les séquences une par une, l’ordinateur portable sur les genoux. A la suite du visionnage de chaque séquence, l’ordinateur est repris par l’expérimentatrice, et l’enfant doit raconter ce qui s’est passé dans l’épisode. Si l’enfant n’a pas beaucoup développé sa narration, l’expérimentatrice le guide en posant des questions du type «mais alors, à ce moment là, qu’a fait la souris ? »

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Table des matières

Remerciements
INTRODUCTION
CADRE THEORIQUE 
I.1. L’implantation chez les enfants sourds
I.1.1. L’audition
I.1.2. La surdité
I.1.3. L’implant
I.2. Etat de l’art
I.2.1. Perception
I.2.2. Production de parole
PARTIE EXPERIMENTALE
I.1. Méthodologie
I.1.1. Choix du corpus pour les deux tâches de production de mots (tâches de répétition de mots et de dénomination assistée)
I.1.2. Enregistrement des stimuli utilisés pour la tâche de répétition
I.1.3. Condition de passation expérimentale
I.1.4. Passation des tâches de répétition et de dénomination assistée
I.1.5. Traitement des données
I.1.6. Pré-traitement des productions de la tâche de narration
I.2. Analyse des données
I.2.1. Analyse des erreurs de production
I.3. Résultats
I.3.1. Accuracy
I.3.2. Résultats pour les consonnes fricatives
I.3.3. Résultats pour les consonnes occlusives
I.3.4. Résultats pour les voyelles
DISCUSSION ET CONCLUSION
I.4. Consonnes fricatives
I.5. Consonnes occlusives
I.6. Voyelles
Conclusion

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