Enonciation et dénonciation du pouvoir postcolonial dans Les soleils des Indépendances

Dialogisme et polyphonie chez Bakhtine

   Le dialogisme est emprunté à l’ouvrage du philosophe soviétique Mickael Bakhtine(1929). Ce dernier jugeait inacceptable l’analyse de la langue comme un système abstrait. Le sujet de la conscience industrielle de l’énonciation et de l’adoption du concept de ‘’dialogisme’’ conduit Bakhtine à faire de l’interaction verbale l’élément central de toute théorie portant sur le langage. Le succès de cette théorie provient du fait d’avoir proposé une démarche d’analyse qui prend en compte la langue dans ses fonctions de communication et de structuration du réel. À l’ origine de cette théorie, on retrouve le point de vue de Bakhtine qui fait figure de référence majeure : parler, c’est communiquer, dialoguer. A l’ opposé de la dichotomie intérieure/ extérieure, Bakhtine inverse l’ordre de détermination en soulignant que ce n’est pas l’activité mentale qui organise la réflexion, mais au contraire c’est l’expression qui organise l’activité mentale, qui la modèle et détermine son orientation (1977 : 122-123). De cette précision se dégage la conclusion suivante « le centre nerveux de toute énonciation, de toute expression n’est pas intérieur mais extérieur, il est situé dans le milieu social qui entoure l’individu (1977 :134)

Commentateurs de la théorie de Bakhtine :Todorov

   On trouve chez Todorov (1981 :98) l’idée que le discours n’est pas une entité homogène mais une « entité traversée par la présence de l’autre ». Pour cet auteur le discours rencontre le discours d’autrui sur tous les chemins qui mènent vers son objet, et il ne peut pas ne pas entrer avec lui en interaction vive et intense. Seul l’Adam mythique abordant avec le premier discours un monde vierge et encore non-dit, le solitaire Adam pouvait vraiment éviter absolument cette réorientation mutuelle par rapport au discours d’autrui ». A présent allons voir la définition conceptuelle de certaines notions.

Deixis personnelle

   Elle sert à identifier les rôles spécifiques des participants à l’acte d’énonciation en opposant d’une part les interlocuteurs aux non-personnes et d’autre part le locuteur au(x) destinataire(s). Il est erroné, dans l’analyse des pronoms personnels et des adjectifs possessifs, de mettre sur le même plan les formes je/tu et il. Pour Benveniste je/tu caractérisent les instances de discours, c’est-à-dire les actes par lesquels la langue est actualisée en parole par le locuteur alors que il en est disjoint. Est je, celui qui énonce l’instance de discours contenant je. C’est dire qu’il réfère à l’acte de discours qui le contient. De même d’ailleurs que le tu constitué en interlocuteur par je. Je et tu appartiennent à la même instance d’énonciation. Ils réfèrent au contexte situationnel. Voilà pourquoi ils fondent la subjectivité du langage. L’analyse de cette subjectivité permet d’évaluer la façon dont l’auteur (ou le narrateur) assume son texte par l’acte de production. A cet égard, il faut souligner que le je de l’énonciation est différent du je de l’énoncé qui, lui, est le sujet du texte produit par l’énonciateur. Le pronom il intervient dans l’énoncé hors du je/tu. Il est exclu de la corrélation de subjectivité ; il est le propre d’une énonciation qui renvoie au contexte linguistique et non à l’instance de discours. Benveniste le définit comme la forme non personnelle de la flexion verbale qui peut permettre de tenir un discours sur le monde. Citons à côté du couple je, tu/il ; nous, vous/ils, eux ; mon, ton/son ; nos, vos/leurs ; le mien, le tien/le sien ; le nôtre, le vôtre/le leur ; etc.

Deixis spatiale

   Ces professeurs, ci-dessus cités à la page 29, poursuivent en disant que la deixis spatiale concerne l’ensemble des procédés linguistiques utilisés pour situer les objets en ayant comme point de référence le corps de l’énonciateur. Ce dernier est le centre de tous les axes qui permettent d’interpréter linguistiquement l’espace. La deixis spatiale s’exprime par excellence par l’adverbe ici qui apparait comme variable pragmatique puis- que son interprétation référentielle varie en fonction des instances de l’énonciation. D’ailleurs l’emploi oral des déictiques spatiaux est toujours accompagné d’un geste de l’énonciateur indiquant l’objet désigné dans la situation de communication. Ici apparait également sous sa forme réduite dans : Les démonstrations : ceci /cela ca celui-ci /celui- la cet, ce ci/la Les présentatifs ; voici/voilà. Toutes ces formes permettent l’actualisation des objets désignés au moment où est mis en branle l’acte d’énonciation et sont incompatibles avec la 3e personne qui n’est jamais réflexive de l’instance d’énonciation.

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Table des matières

Introduction générale
I.1.Contexte et justification
I.2.Problématique
I.2.1.Question de recherche
I.2.2.Hypothèses
I.2.3.Objectif
I.3.Cadre théorique et conceptuel
I.3.1.Théories de l’analyse du discours
I.3.1.1.L’approche énonciative
I.3.1.2.Le schéma de la communication
I.3.1.3.1.Approche conversationnelle
I.3.1.3.L’approche communicationnelle
I.3.1.4.Dialogisme et polyphonie chez Bakhtine
I.3.1.5.Polyphonie bakhtinienne
I.3.1.6.Commentateurs de la théorie de Bakhtine : Todorov
I.3.2. Définition conceptuelle
I.4.Méthodologie
I.4.1.Présentation du corpus
I.4.1.1.Présentation de l’auteur
I.4.1.2.Corpus de travail
I.4.2.Choix du sujet
I.5.Revue de littérature
Chapitre II : Enonciation dans le corpus
II.1.1.Enonciation et énoncé
II.1.2.Cadre énonciatif
II.1.2.1.Locuteur et allocutaire
II.1.2.2.Lieu de la communication
II.1.2.3.Moment de la communication
II.1.2.4.Indices d’énonciation
II.1.2.4.1.Deixis personnelle
II.1.2.4.2.Deixis spatiale
II.1.2.4.3.Deixis temporelle
II.1.3.Temps de l’énonciation et temps de l’énoncé
II.2.Différentes scènes d’énonciation
II.2.1.Scène englobante
II.2.2.Scène générique
II.2.3.Scénographie
Chapitre III : Ecriture et stratégies de la dénonciation
III.1.Ecriture de la dénonciation
III.1.1.Ton de la dénonciation
III.1.2. Personnage de la dénonciation
III.1.3. Posture de Kourouma dans la dénonciation
III.1.4. Procédés de la dénonciation
III.1.4.1 Espace du rêve
III.1.4.2 Analepse
III.1.4.3 Thème de la dénonciation
III.1.4.3.1 Thème de la mort
III.1.4.3.2. Mauvaise gestion de la société postcoloniale
III.1.4.3.3 Thème de la bâtardise
III.1.4.3.4 Thème du chômage
III.1.4.3.3 Thème de la stérilité
III.1.4.4. Style de la dénonciation
III.1.4.4.1 Figure par analogie et figure par substitution
III.1.4.4.2 Figure d’opposition
III.1.4.4.3 Figure d’amplification, d’insistance ou d’atténuation
III.2. Stratégies de la dénonciation
III.2.1. Stratégies liées à la violence
III.2.2. Stratégies liées à l’ironie
III.2.3. Stratégies liées à l’interférence linguistique
III.2.4. Stratégies liées au dialogue
III.2.5. Polyphonie comme stratégie de dénonciation
III.2.6. Quelques procédés de la polyphonie dans le roman
III.2.6.1. Guillemets
III.2.6.2. Caractères italiques
III.2.6.3. Proverbes
III.2.6.4. Dialogues comme procédé polyphonique
Conclusion
Bibliographie

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