Enjeux, objectifs, impacts des Capitales Européennes de la Culture

Projet culturel

a) Définition générale de projet culturel : En tout premier lieu nous pouvons donner les définitions du Petit Robert : « 1. Qui est relatif à la culture, à la civilisation dans ses aspects intellectuels. 2. Relatif aux formes acquises de comportement, et non pas à l’hérédité biologique.» Ainsi, le projet culturel, d’après ces définitions pourrait être une mise en forme souhaitée de la culture, de la civilisation (aspects intellectuels), et des traditions (« formes acquises de comportement »).
b) Le projet culturel dans les Capitales Européennes de la Culture : En s’appuyant sur les projets culturels émis par les villes candidates, et celles ayant participé au programme européen des capitales européennes de la culture, on se rend compte que le projet culturel est bien plus vaste que ce que l’on pourrait penser après une lecture purement lexicale. En effet, l’étude PALMER, qui porte sur les « villes » ou « capitales européennes de la culture » de 1995 à 2004 montre que ce terme a laissé la place à de nombreuses interprétations différentes en fonction des besoins, et attentes de la ville : avec des éléments culturels qui se sont retrouvés dans l’ensemble des terrains d’étude : « Tous les programmes culturels ont englobé des projets dans différents secteurs culturels (les plus importants étant le théâtre, les arts visuels, la musique et les manifestations en plein air), ainsi qu’un éventail de formes traditionnelles, classiques, contemporaines et modernes.» « Les Capitales ont essayé d’élargir la définition de culture et de réduire l’écart entre les beaux-arts, les arts populaires et la culture » mais également des interprétations plus locales : « la plupart des Capitales ont recouru à une définition anthropologique large de la notion de culture qui incluait par exemple le sport, la nourriture, l’artisanat et les traditions locales » D’autres capitales se sont également intéressées aux nouvelles technologies (internet par exemple). Ainsi, on voit que la grande majorité des CEC (capitales européenne de la culture) ont élargi la notion de culture, pour s’adapter à leurs besoins, et s’assurer une meilleure participation, et intéressement des citoyens, qui sont à la base de la réussite de ce programme ou projet.

Les manifestations à l’échelle de la ville

   L’étude que nous réalisons porte sur le rapport entre projet urbain et projet culturel dans les villes Capitales européennes de la culture. Partant du postulat que le titre Capitale Européenne de la Culture correspond à l’organisation d’une manifestation culturelle importante pour la ville qui l’accueille, nous avons tout d’abord recherché des constantes entre les manifestations nationales (ou internationales) et le projet urbain. Il est important de rappeler que dans le cadre de notre étude nous utilisons le terme « Manifestation » dans le sens : « Événement artistique, culturel, commercial, publicitaire organisé dans le but d’attirer un large public.» Les grandes manifestations, ou grands événements, existent, et se sont multipliés, depuis le milieu du XIXème siècle. Parmi ce que l’on considère comme des grandes manifestations on peut citer à titre d’exemple les expositions universelles (la première eut lieu à Londres en 1851), les jeux olympiques (existant pendant l’Antiquité, ceux-ci sont réapparus sous leur forme actuelle en 1986 à Athènes) ou les capitales européennes de la culture. Ces événements se déroulent généralement dans un espace et un temps limités. Ils permettent d’attirer un flux important de visiteurs et de professionnels. Dans le contexte actuel de compétitivité territoriale on comprend l’enjeu important que peut représenter la réussite de cette opération pour le territoire sur lequel il se déroule. C’est en effet une occasion unique pour mettre en valeur la ville, voire le pays. Ces manifestations sont même souvent à l’origine de projets emblématiques qui restent dans l’imaginaire collectif associé à un lieu : Un des exemples le plus marquant de ce phénomène est la Tour Eiffel à Paris construite pour l’exposition de 1889 qui aujourd’hui, soit plus de 100 ans après sa construction est un des monuments les plus connus de Paris. En se basant sur des données officielles ce monument a attiré entre 1889 et 2002 plus de 200 millions de visiteurs, entre 2004 et 2009 on comptait en moyenne près de 6,5 millions de visiteurs par an, la grande majorité étant des étrangers. L’exemple Parisien est une illustration particulièrement frappante de ce que peuvent être les retombées économiques et touristiques d’un grand événement, et montre que leurs impacts peuvent être considérés sur le long terme.

Le modèle de la régénération urbaine par les grandes manifestations : Barcelone

   « La ville de Barcelone a su tirer profit de l’organisation de grands événements pour donner un nouvel élan à la revitalisation et au développement urbain.» Depuis 1988 la ville de Barcelone a organisé de nombreux événements de portée internationale qui l’ont profondément modifiée. De l’exposition universelle de 1888 au Forum mondial des cultures en 2004 chaque événement a été une opportunité pour les décideurs locaux de lancer des travaux d’aménagement et d’urbanisme de grande envergure. Un rappel succinct de ces événements et des modifications qui les ont accompagnés permettront de mettre en exergue les possibilités qu’offre l’organisation de manifestations importantes.
 1888 : Exposition universelle : Aménagements urbains : Démolition des murailles de la ville et de l’ancienne citadelle, amélioration des liaisons entre le centre historique et la zone d’activité de Poblenou, création du parc de la Citadelle et du quartier d’Eixample.
 1929 : Exposition universelle : Aménagements urbains : Urbanisation de la colline de Montjuic, création d’un nouvel axe reliant la place d’Espagne et le palais national, réalisation de la 1ere ligne de métro et du funiculaire. Réalisation du premier plan de circulation de la ville.
 1992 : Jeux olympiques d’été : Aménagements urbains : Aménagement de la colline de Montjuic, aménagement de l’accessibilité du quartier Diagonal, Aménagement du Val d’Herbo, Création du village Olympique à Plobenou permettant une ouverture sur la mer.
 2004 : Forum mondial des cultures : Aménagements urbains : Aménagement de la rivière Besos et des berges, amélioration des espaces historiquement défavorisées.
Si l’on se base sur le cas des Jeux Olympiques de Barcelone, qui ont été à la base des plus importantes modifications urbaines on remarque qu’elles ont été pensées dans le cadre d’un projet d’aménagement à l’échelle de l’agglomération, mais également en vue d’une reconversion sur le long terme. Dans une de ses études, B. Sokoloff met en avant trois phases dans la réalisation de ce programme urbain. La première phase concerne la réalisation du dossier de candidature aux Jeux (de 1979 à1985) : lors de cette phase les décideurs locaux commencent à mettre en adéquation les documents d’urbanisme avec les projets qu’ils souhaitent réaliser, parallèlement les premières interventions ponctuelles commencent. On note notamment les premières dotations en équipements collectifs des quartiers ainsi que des travaux sur l’amélioration de la desserte et de l’accessibilité. La seconde phase qui se déroule de 1986 à 1992 (date de la manifestation) concerne principalement la réhabilitation des friches urbaines. L’accent est mis sur le cadre de vie car on note la création d’un parc par friche réhabilité. On cherche à créer de nouvelles centralités autour de ces friches en intégrant une mixité de fonction dans ces espaces, si la mixité n’est pas visible au niveau du quartier, chaque quartier ayant une fonction prioritaire bien identifiée, elle est basée sur un fonctionnement en réseau lui-même basé sur la complémentarité des fonctions entre elles. La troisième phase concerne la reconversion du village Olympique, après 1992. Cette reconversion a principalement produit de l’habitat (ce qui correspond à un changement minime de destination d’usage). Suite à cette reconversion les autorités locales ont lancé le développement de la partie orientale de la ville, en continuité directe avec l’ancien village Olympique. L’ensemble de ces projets s’est réalisé en continuité sur une période de 20 ans. Cette continuité de projets a certainement contribué à leur succès. De nombreux chercheurs s’accordent à dire que l’aménagement événementiel de Barcelone est un modèle du genre : « Barcelone est certainement l’une des villes ou l’approche du ‘projet urbain’, comme alternative à la planification traditionnelle, s’est concrétisé avec le plus de force ». « Les constructions ont été conçues et localisées en fonction de leur réutilisation après les jeux.» Comme on peut le voir sur la carte ci-dessous, les interventions de grande ampleur se sont localisées sur la périphérie du centre-ville (Eixample, Montjuic…) les interventions plus localisées se trouvent au cœur du centre ancien, dans les espaces touristiques. L’intervention de 2004, est située en périphérie, elle concerne de plus principalement les berges du fleuve, ce qui correspond aux problématiques actuelles du cadre de vie, et de valorisation de l’environnement naturel.

1985 – 2011 : l’évolution des Capitales Européennes de la Culture

a) 1985-1999 Les villes européennes de la culture : Les « villes européennes de la culture » sont créées le 13 Juin 1985, suite à l’initiative de Mme Melina Mercouri, par la Résolution des Ministres responsables des Affaires Culturelles réunis au sein du Conseil européen dans le but de « contribuer au rapprochement des peuples des Etats membres ». A partir de 1985, les villes européennes de la culture étaient désignées par les ministres de la culture des différents pays membres de l’UE, lors d’un conseil. En 1992, le traité de Maastricht octroie à l’Union Européenne la compétence de mener des actions culturelles : celles-ci doivent participer à l’épanouissement des cultures des États membres dans le respect de leur diversité nationale, tout en mettant en évidence l’héritage culturel commun. L’action de l’Union doit ici compléter celle des États afin d’encourager la coopération culturelle entre eux mais aussi avec les pays tiers et organisations internationales. Le 12 novembre 1992, le conseil définit clairement les critères de choix des villes européennes de la culture. Ces critères resteront ceux en vigueur jusqu’en 2004.
b) 1999 De la ville européenne de la culture à la capitale européenne de la culture : En 1999, ce programme événementiel obtient le statut d’action communautaire pour les années 2005 à 2019. Dans le cas des « capitales européennes de la culture, cela correspond à une action « spéciale »: ce sont des actions qui « doivent avoir une résonance particulière auprès des peuples de l’Europe et contribuer à une prise de conscience de la diversité culturelle et de l’appartenance à une même communauté ». De plus cette décision modifie les termes du programme : de la « ville européenne de la culture » on passe à la « capitale européenne de la culture ». Ville : Milieu géographique et social formé par une réunion organique et relativement considérable de constructions et dont les habitants travaillent, pour la plupart, à l’intérieur de l’agglomération, au commerce, à l’industrie, à l’administration.
Capitale : Ville qui occupe le premier rang (hiérarchique) dans un État, une province; siège du gouvernement. Ville la plus importante dans un domaine. La mise en parallèle de ces deux définitions permet de voir l’importance accordée à cette action. En passant de l’appellation générique de ville, à celle de capitale, l’union européenne a probablement voulu mettre en valeur son programme, en faisant en sorte que celui-ci passe au premier plan. En effet, l’appellation capitale contient un jugement d’importance, en l’occurrence celui d’occuper le rang le plus important.
c) Les dernières modifications : En 2005 de nombreuses modifications sont apportées à cette action communautaire. La plus visible est la désignation simultanée de deux CEC à partir de 2009, l’une dans un pays membre de l’UE – 15, la seconde parmi les nouveaux membres de l’Union Européenne. En 2006 nouvelle modification des modalités de sélection des capitales européennes de la culture qui s’applique pour les villes candidates de 2013 et au-delà. Une liste a été mise en place, donnant l’ordre chronologique dans lequel les pays de l’union se succèder ont pour accueillir le titre. Avant cette date c’était le conseil européen des ministres de la culture qui désignait la ville candidate, en se prononçant sur la ville la plus apte à accueillir la manifestation et sur le programme de cette ville, parmi un ensemble de dossiers fournis par les différentes villes. La procédure telle que définie par l’union européenne est décrite dans la partie intitulée « processus d’attribution du titre ».

La mobilisation des ressources

a) Les ressources financières : Si le budget opérationnel est subventionné par des primes européennes (prix Melina Mercouri) et les administrations culturelles nationales, comme le ministère de la culture et les programmes culturels des collectivités locales, le budget des infrastructures fait souvent appel aux subventions européennes par le biais du FEDER, complétées par des financements locaux ou nationaux, en fonction des enjeux de la manifestation et de la capacité de la structure organisatrice à mobiliser les fonds. Ainsi, en fonction de leurs propres situations économiques tous les pays ne disposent pas des mêmes capacités de mobilisation des fonds, ce qui peut en partie expliquer les disparités locales.
b) Les ressources humaines et organisationnelles : Comme on a pu le voir précédemment, le jury de sélection accorde une certaine importance aux structures de gouvernances mises en place pour mener à bien l’organisation et le déroulement d’une telle manifestation. Le rapport Palmer met en avant la création de structures autonomes à but non lucratif, d’association ou de fondations dans la majorité des cas, bien que certaines villes aient préféré gérer l’organisation de la manifestation au sein de leur administration municipale. Chacune de ces structures a ses propres caractéristiques, mais l’on note la récurrence d’une forte représentation politique ainsi que la présence de personnes issues du milieu artistiques ayant des compétences de gestion et d’organisation, souvent des directeurs de compagnies artistiques (c’est le cas pour Mons et Ravenne). Les principales responsabilités du Conseil d’administration sont multiples et concernent le plus souvent les décisions financières, le développement de stratégies et de politiques, la prise de décisions concernant les projets culturels ainsi que la recherche de fonds et de sponsors.
c) Les ressources publicitaires : « La communication et la promotion sont en étroite relation avec les objectifsclés établis par les Capitales, tels que la mise en valeur de l’image de la ville, le souci d’attirer des visiteurs, ou l’accroissement du public local de la culture. » Le budget dédié à la publicité et au marketing est important pour ces manifestations, cependant il est difficile de connaître réellement les fonds engagés, car les villes et les structures de gouvernances ne sont pas les seuls acteurs du secteur de la communication. Selon l’étude Palmer les Capitales Européennes de la Culture ont bénéficié de dépenses additionnelles réalisées par divers organismes touristiques, culturels ou des médias. En règle générale on note qu’au moins un employé est directement affecté à la promotion de la manifestation, bien que ce soit le plus souvent à des agences spécialisées que se sont adressées les villes pour sous-traiter, tout ou partie, du marketing. « En appliquant les principes de communication marketing classiques, les CEC amplifient donc les retombées de l’événement et font perdurer ces dernières dans le temps. Une mauvaise gestion de la communication peut amener à un échec de ce point de vue-là. »

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Table des matières

Introduction
Partie 1 Définition du cadre et du contexte de l’étude
1. Projet urbain et projet culturel
10.Projet urbain
11.Projet culturel
a) Définition générale de projet culturel
b) Le projet culturel dans les Capitales Européennes de la Culture
2. Présentation de la méthode
20.Appropriation du sujet
21.Formulation de la thèse et des hypothèses de recherche
22.Etude comparative des impacts dans les Capitales Européennes de la Culture passées
23.Choix des cas d’étude
3. Le projet urbain dans les manifestations internationales
30.Les manifestations à l’échelle de la ville
31.Les grandes manifestations et le projet urbain
32.Le modèle de la régénération urbaine par les grandes manifestations : Barcelone
PARTIE 2 Le cas des Capitales européennes de la culture
1. Désignation et objectifs de la Capitale Européenne de la culture
10.1985 – 2011 : l’évolution des Capitales Européennes de la Culture
a) 1985-1999 Les villes européennes de la culture
b) 1999 De la ville européenne de la culture à la capitale européenne de la culture
c) Les dernières modifications
11.Le processus d’attribution du titre « Capitale Européenne de la culture »
a) Chronologie des capitales européennes de la culture, de 2005 à 2019
b) La méthode de sélection des capitales européennes de la culture
12.Objectifs et enjeux de la manifestation
a) Les critères obligatoires
b) Les autres facteurs
c) Les enjeux pour les villes candidates
2. Le projet urbain dans les Capitales Européennes de la culture, des réalités multiples
20.La mobilisation des ressources
a) Les ressources financières
b) Les ressources humaines et organisationnelles
c) Les ressources publicitaires
21.Exploitation de l’étude Palmer
a) Méthode utilisée pour l’exploitation des données
b) La rénovation urbaine d’un quartier, ou d’un espace important
c) Amélioration du cadre de vie
22.Un constat partagé : l’amélioration de l’image de la ville
3. Capitales Européennes de la culture d’hier et d’aujourd’hui : ce qui a changé
Partie 3 Etude de cas : De la candidature aux résultats du jury d’attribution
1. Les spécificités de nos cas d’étude
2. Ravenna, le parcours vers le titre 2019
20.La commune de Ravenne
a) Histoire de Ravenne
b) Situation socio-économique
c) Une ville fortement liée à l’eau
d) Un espace naturel préservé qui attire les touristes
21. Les atouts culturels et patrimoniaux de Ravenne
a) Présentation des éléments patrimoniaux de Ravenne
b) Un engagement culturel, récent mais important
22.Le projet CEC à Ravenne
a) Une dimension Européenne historique
b) Les objectifs
23.Le projet de requalification du quartier de la Darsena (l’Arsenal) à Ravenne
a) Historique du projet et volonté communale
b) Le projet dans la planification communale
c) Les acteurs du projet
24.Le discours politique et son rôle dans la candidature au titre CEC 2019
3. Mons 2015, Where technology meets culture
30.La commune de Mons
a) Histoire de Mons
b) Situation socio-économique
31.Les atouts culturels de Mons
a) Un patrimoine urbain ancien et nouveau
b) Des acteurs culturels engagés
c) Une forte ambition
32.Le projet CEC à Mons
33.Trois espaces privilégiés d’intervention
a) Le kilomètre culturel
b) Le carré des arts
c) La gare et la Digital InnovationValley
34.L’intégration dans les documents d’urbanisme
4. Bordeaux 2013, candidate malheureuse au titre
40.La communauté urbaine de Bordeaux : la CUB
a) Histoire
b) Situation socio-économique
41.Les enjeux de la candidature
42.Que reste-t-il de Bordeaux 2013 ?
a) Les projets de la candidature
b) Etat de lieux, trois ans après le rejet de la candidature
5. L’impact de l’obtention de la candidature sur le projet urbain
Conclusion
Bibliographie
Webographie

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