Engagement d’un médiateur culturel

Engagement d’un médiateur culturel

Etat des lieux

Avec 11’718 habitants, La Tour-de-Peilz est aujourd’hui la troisième ville du district de la Riviera-Pays-d’Enhaut. Située entre les deux villes de culture que sont Vevey et Montreux, cette commune jouit d’une situation privilégiée, tout en possédant sa personnalité propre (Ville de La Tour-de-Peilz). La Tour-de-Peilz s’avère très riche sur le plan culturel. La commune jouit notamment de la renommée de son château, qui accueille en son sein le Musée suisse du jeu. Le vieux port, où se situe ce château, fait tout particulièrement la fierté des habitants avec son cadre naturel propice à la détente de même qu’à la rencontre (Ville de La Tour-de-Peilz). Ce lieu bénéficie par ailleurs d’une vue saisissante sur le Lac Léman et les Dents-du-Midi qui n’a pas échappé au peintre Gustave Courbet, qui y vécut à la fin de sa vie de 1874 à 1877 (Pidoux, Nicolet et Bonjour 2014, p. 9). Un artiste internationalement reconnu qui dote aujourd’hui encore La Tour-de-Peilz d’une certaine aura et reconnaissance bien au-delà de nos frontières.

Preuve de l’importance de cette figure, une manifestation sous forme de concours, nommée « A la manière de Courbet » invite chaque année des peintres, amateurs ou professionnels, à se disperser dans la ville pour y réaliser, sous l’oeil du public, différents tableaux s’inspirant de l’oeuvre de Courbet (Commune de La Tour-de-Peilz, 2016). En parallèle à ce volet culturel reconnu, La Tour-de-Peilz rend compte d’une programmation culturelle des plus diversifiées. Entre la Fête de la musique et les nombreux concerts qui prennent place au port en été, ainsi que le festival Autour de la harpe celtique, le festival international de théâtre La Tour en scène, le Cinéma en open air qui prend place sur l’esplanade du château tous les deux ans, A la manière de Courbet, AuTour de l’Avent et bien d’autres encore, ce ne sont clairement pas les idées ni les envies de partage autour de la culture qui manquent. Plutôt bon signe pour une bibliothèque souhaitant développer son rôle de lieu de vie et de rencontre !

Bref historique : La Bibliothèque communale de La Tour-de-Peilz a été créée en 1839, suite à une impulsion de la Commission des Ecoles qui interpelait cette année-là la municipalité dans le but de mettre une bibliothèque à disposition des écoliers (Pidoux, Nicolet et Bonjour 2014, p. 12). Animée par le « souci de la bonne lecture » (Pidoux, Nicolet et Bonjour 2014, p. 13), la bibliothèque se fit porteuse durant ses premières décennies d’une certaine idée de la culture. Après avoir connu une baisse drastique de ses abonnés durant la période d’après-guerre, qui fut marquée par l’invention de la télévision, les années 70 et 80 furent l’occasion d’un net regain d’intérêt de la population. Outre une remise à jour des collections, dont une grande partie était tombée en désuétude, cette période voit apparaître – dès 1985 – les premières animations organisées par cette bibliothèque (Pidoux, Nicolet et Bonjour 2014, p. 17). En 1992, l’agrandissement des locaux permet à la bibliothèque d’inaugurer un espace dédié aux collections pour la jeunesse.

Désormais animée par la volonté d’adapter ses acquisitions en fonction des goûts des lecteurs (Pidoux, Nicolet et Bonjour 2014, p. 13), la bibliothèque connut alors une augmentation sans précédent du nombre de ses lecteurs ainsi que de prêts. La montée de l’informatique s’est depuis traduite par nombre de changements, dont les dernières nouveautés marquantes ressortent avec la création, en 2012, de la page Facebook de la bibliothèque, l’adhésion depuis 2014 à la plateforme e-bibliomedia de prêts de livres numériques et la mise à disposition de lieuses numériques thématiques depuis 2015. Plus dynamique que jamais, la BCTP poursuit son aventure et s’adapte. Hier comme aujourd’hui, l’élément clé, et sans doute le véritable enjeu, a en effet toujours été le même : la proximité entre la bibliothèque et ses publics.

Animations Comme évoqué au cours de son bref historique, la Bibliothèque communale de La Tour-de-Peilz propose des animations depuis 1985. En croissance constante ces dernières années, ces animations, qui mêlent aujourd’hui actions régulières et évènements ponctuels, rassemblent désormais près d’une trentaine de dates par an. A travers cette programmation, la bibliothèque poursuit l’objectif de se faire connaître, en tant qu’institution, et de valoriser son offre tout en faisant la promotion de la lecture (Pidoux, Nicolet et Bonjour 2014, p. 17). L’arrivée de l’année 2017 a été marquée par la création de la première véritable saison culturelle de cette bibliothèque. Une affiche officielle répertoriant l’ensemble des actions programmées a été créée à cette occasion. Le visuel de cette affiche est réalisé par un graphiste de la commune. Cette première saison, qui s’est déroulée de janvier à juin, a finalement regroupé pas moins de 16 rendez-vous culturels, pour une offre globale s’adressant à l’ensemble des catégories d’âges. En parallèle à ces animations, relevons également la présence de l’action hors-les-murs Lisons ensemble que la bibliothèque organise chaque été depuis 2013. Un retour à propos des différentes animations de la BCTP auxquelles j’ai pu prendre part figure au sein de l’annexe 3.

Etat de l’art Nous l’avons vu en introduction, le monde des bibliothèques traverse en ce début de 21ème siècle un nouveau tournant clé de son histoire. Face aux profonds bouleversements démographiques et technologiques qui marquent notre société, le rôle des bibliothèques se retrouve questionné. La montée en force du numérique s’accompagne en effet de nouvelles pratiques et, donc, de nouvelles attentes qui obligent aujourd’hui le secteur des bibliothèques publiques à redéfinir son rôle en profondeur et, en cela, son image. S’il est légitime que ce climat de remise en question suscite son lot de doutes et de craintes – souvent liés au risque que la bibliothèque ne se disperse et perde de vue ses missions fondamentales – il apparaît bon de rappeler que l’histoire de cette institution millénaire s’est faite au rythme de nombreux changements majeurs tels que celui qui s’impose aujourd’hui. De ses origines mésopotamiennes à nos jours, la bibliothèque, en tant qu’institution, n’a en effet eu de cesse de voir son rôle et son utilité évoluer au gré des bouleversements et des enjeux de chaque époque. Tantôt symbole de pouvoir réservé à l’usage des puissants, tantôt haut lieu d’études cherchant à réunir l’ensemble du savoir humain, les bibliothèques se sont également très tôt découvert un potentiel de lieu de partage communautaire de la culture, comme ce fut le cas sous la Rome antique3. La création des premières bibliothèques publiques françaises, au cours des années 60, fut placée sous le signe d’une dynamique d’ouverture et d’accès pour tous à la culture inhérente aux idéaux de la France d’après-guerre. La bibliothèque, dont la portée politique transparaît de façon flagrante à travers ces divers exemples, s’est ainsi faite de tout temps le reflet direct des transformations sociétales en cours.

Dans le contexte propre à ce début de 21ème siècle, les discours et pratiques des professionnels des bibliothèques publiques rendent compte de la montée d’une notion qui irrigue désormais une majeure partie des réflexions en cours : la médiation. L’émergence de cette dernière, et notamment de la notion de médiation culturelle, située au coeur de ce travail, ne doit rien au hasard. Cette envie, partagée par l’ensemble du secteur, de doter les bibliothèques publiques d’un nouveau visage, plus humain, grâce à une personnalisation de l’accueil et des services rendus, répond en effet à un enjeu clé de ce début de siècle : recréer du lien. A l’heure de la globalisation et des pertes de repères qu’elle induit, mais aussi face à l’importance que le numérique a pris dans une grande partie des relations inter humaines, la nécessité de repenser et renforcer le lien sous toutes ses formes apparaît comme le grand défi de ce siècle.

Un constat mis en évidence par la BCTP qui relève dans la plaquette réalisée en 2014 à l’occasion de ses 175 ans que « dans un monde en accélération constante, où l’individualisme crée un danger de rupture préjudiciable à l’ensemble de la collectivité, la bibliothèque est appelée à amplifier de plus en plus son rôle de liant favorisant la mixité sociale et la rencontre avec l’autre » (Pidoux, Nicolet et Bonjour 2014, p. 20). Cette nouvelle conception du lieu-bibliothèque, aujourd’hui plus connue sous le nom de « bibliothèque troisième lieu », tend à doter cette institution d’un nouveau souffle en la faisant passer d’un lieu de rassemblement de collections documentaires à un « lieu de vie » et de rencontres, et, en cela, de rassemblement communautaire. Comme la plaquette évoquée ci-dessus s’en fait l’écho, s’il est urgent, pour ne pas perdre le sens de son action, et donc sa raison d’être, que la bibliothèque repense aujourd’hui le lien qui la relie à ses publics, il s’avère tout aussi primordial pour elle de ne pas perde de vue le lien qui la relie à elle-même et son histoire propre. En voulant replacer la bibliothèque publique « au coeur de la communauté qu’elle dessert » (Chaimbault 2014, p. 2)., les professionnels du secteur s’inscrivent dans une volonté claire de prendre une part active face aux enjeux sociétaux de notre temps. Se dessine ainsi l’image de ce que pourrait bien tendre à devenir la bibliothèque publique de demain, en tissant de nouveaux liens dans un rapport de proximité non seulement avec l’ensemble des publics mais également avec l’ensemble des institutions et acteurs locaux. En d’autres termes, une bibliothèque publique « actrice [et] volontaire » (Chaimbault 2014, p. 2), à même de prendre part au développement culturel et social de son environnement, tout en s’inscrivant dans la continuité de ses missions fondamentales.

Formes de la médiation Quel que soit le contexte où elle prend forme, la médiation culturelle repose sur deux formes principales, incarnées par la médiation dite « directe » et la médiation « indirecte ». La médiation directe désigne les actions menées par le médiateur en présence d’un public pouvant se composer aussi bien de quelques personnes que de plusieurs dizaines. Cette forme de médiation s’appuie sur une temporalité bien définie, avec un début et une fin. En bibliothèque publique, elle intervient par exemple dans le cadre d’ateliers, de visites d’expositions ainsi que dans le cadre de toute prestation artistique comprenant un échange avec le public. Du fait de la présence physique de personnes, elle implique de la part du médiateur une capacité d’« adaptation aux réactions des publics ». (Neumann 2012, p. 22). La médiation indirecte repose pour sa part sur l’emploi de documents se déclinant « sur différents supports (audio, vidéo, papier) que les [publics] pourront utiliser librement au gré de leur visite » (Neumann 2012, p. 21).

Contrairement à la médiation directe, elle ne nécessite donc pas une présence physique du médiateur. Dans le cas d’une bibliothèque, elle peut ainsi se matérialiser sous la forme d’une bibliographie mise à disposition des lecteurs, de même qu’à travers le recours à une signalétique originale. Elle peut également prendre vie à travers les supports réalisés pour les besoins d’une exposition présentée au sein d’une bibliothèque. A l’instar de la médiation directe, elle implique de la part du médiateur une capacité à « anticiper les questionnements et les comportements [des publics] » (Neumann 2012, p. 21). A partir de ces deux formes générales, la médiation culturelle prend vie à travers de multiples mises en pratique qui tendront à varier d’un type d’institution à l’autre, avec notamment l’organisation de « visites guidées, conférences, ateliers, actions vers des publics éloignés, [etc.] » (Aboudrar, Mairesse 2016, p. 68), pouvant à leur tour prendre une infinité de formes que seuls l’imagination du médiateur culturel et les moyens mis à sa disposition viendront limiter.

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Table des matières

Déclaration
Remerciements
Résumé
Liste des tableaux
Note
Liste des abréviations
1. Introduction
1.1 Mandat et objectifs
1.2 Méthodologie
1.2.1 Analyse de l’existant
1.2.2 Etat de l’art
1.2.3 Sondage
1.2.4 Recommandations
2. Etat des lieux
2.1 Contexte
2.2 Présentation de la Bibliothèque communale de La Tour-de-Peilz
2.2.1 Bref historique
2.2.2 Missions et objectifs
2.2.3 Equipe
2.2.4 Lieu
2.2.5 Projet de déménagement
2.2.6 Collections
2.2.7 Boîtes à livres
2.2.8 Les usagers
2.2.9 Accueil des classes
2.2.10 Bibliothèque des écoles de La Tour-de-Peilz
2.2.11 BiblioLab
2.2.12 Animations
3. Etat de l’art
3.1 Introduction
3.2 La médiation culturelle
3.2.1 Mise en contexte
3.2.2 La médiation : définition
3.2.3 Formes de la médiation
3.2.4 Actions de médiation culturelle et animations
3.3 Les deux paradigmes qui ont fondé les pratiques de la médiation culturelle moderne
3.3.1 La démocratisation culturelle
3.3.2 La démocratie culturelle
3.4 L’émergence de la médiation culturelle en bibliothèque publique
3.4.1 Un commun état de tension
3.4.2 Une tension qui s’exprime également sur le terrain
3.4.3 L’omniprésence de la notion de médiation
3.4.4 La médiation culturelle en bibliothèque publique : précisions de vocabulaire
3.5 Les médiateurs culturels en bibliothèque publique
3.5.1 Le métier de médiateur culturel
3.5.2 Pourquoi créer un poste spécifique de médiateur culturel ?
3.5.3 Exemples de profils de médiateurs culturels engagés dans des bibliothèques publiques
3.5.4 Médiateur interne ou externe au secteur des bibliothèques ?
3.6 Les opportunités de la médiation culturelle en bibliothèque
3.6.1 Opportunités vis-à-vis des publics en général
3.6.1.1 Finalité de la médiation culturelle en bibliothèque
3.6.1.2 Lien intergénérationnel
3.6.1.3 Seniors
3.6.1.4 Enfants et adolescents
3.6.1.5 Participation des publics à la création d’un espace
3.6.2 Opportunités vis-à-vis des publics « éloignés » et « empêchés
3.6.2.1 Une absence des publics due à des obstacles symboliques
3.6.2.2 Création d’actions adaptées aux publics « éloignés »
3.6.2.3 Création d’actions adaptées aux publics « empêchés »
3.6.2.4 L’opportunité d’un retour aux fondamentaux des bibliothèques publiques
3.6.3 Opportunités vis-à-vis des actions hors-les-murs
3.6.4 Opportunités vis-à-vis d’une nouvelle image
3.6.4.1 Une nouvelle image véhiculée par les médias et les réseaux sociaux
3.6.4.2 Développement d’une identité visuelle propre
3.6.4.3 Impact sur la fréquentation d’une bibliothèque
3.6.4.4 Promotion destinée aux nouveaux arrivants
3.6.5 Opportunités vis-à-vis de la création de partenariats
3.6.5.1 Acquérir une reconnaissance en tant qu’acteur culturel 1
3.6.5.2 Accroître la visibilité de la bibliothèque
3.6.5.3 Aller toucher des publics « éloignés » ou « empêchés »
3.6.5.4 Bénéficier de compétences externes
3.6.5.5 Inscrire l’offre de la bibliothèque dans son « terreau local »
3.6.5.6 Rattacher l’action de la bibliothèque à celle de l’Agenda 21
3.6.5.7 Créer des partenariats entre bibliothèques publiques
3.6.6 Limites du développement des actions de médiation culturelle en bibliothèque publique
4. Recommandations en vue du déploiement d’une politique de médiation culturelle à la Bibliothèque communale de La Tour-de-Peilz
4.1 Introduction
4.2 Engagement d’un médiateur culturel : changements organisationnels et opportunités
4.2.1 Organisation actuelle pour la programmation de la BCTP
4.2.2 Limites de l’organisation actuelle de la BCTP
4.2.3 Médiateur culturel et bibliothécaires : quelle répartition des tâches?
4.2.4 La médiation culturelle : une dynamique de groupe
4.2.4.1 Participation à la recherche d’idées
4.2.4.2 Valorisation de documents et développement des fonds
4.2.4.3 Organisation et animation de certains projets
4.2.5 Communication autour de la programmation
4.2.5.1 Communication externe
4.2.5.2 Médiation et communication : amalgame
4.2.5.3 Communication interne
4.2.6 La complémentarité entre bibliothécaires et médiateur culturel
4.2.7 Potentiels liés au Bibliolab
4.3 Taux de travail minimum pour l’engagement d’un médiateur culturel à la BCTP
4.4 L’élaboration d’une politique de médiation culturelle
4.4.1 Pourquoi concevoir une politique de médiation culturelle ?
4.4.2 Les conditions indispensables au déploiement d’une politique de médiation culturelle
4.4.2.1 Un budget dédié
4.4.2.2 Lieu dédié
4.4.2.3 Soutien du chef de service / de l’autorité de tutelle
4.4.2.4 Personnel dédié
4.4.3 Etude préalable de l’environnement de la bibliothèque
4.4.3.1 Environnement externe
4.4.3.2 Environnement interne
4.4.4 La définition d’un cadre stratégique
4.4.4.1 Les objectifs de la politique de médiation culturelle
4.4.4.2 Propositions de grands axes adaptés à la BCTP
4.4.4.3 Quatre propositions d’axes distincts pour des actions adaptées au contexte actuel de la BCTP
4.4.4.4 L’instauration d’une dynamique de groupe
4.4.4.5 L’évaluation des projets culturels
4.5 Recommandations
4.5.1 Recommandations à court terme
4.5.2 Recommandations à moyen terme
4.5.3 Recommandation à long terme
5. Conclusion
5.1 Synthèse de ce travail
5.2 Difficultés rencontrées
5.3 Pour aller plus loin
Bibliographie

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