En quoi ces trois mesures d’assouplissement quantitatif analysées sont-elles différentes?

Les instruments de la politique monétaire conventionnelle

En période de récession, souvent suite à une crise financière, les Banques Centrales ont plusieurs instruments conventionnels afin de relancer l’économie à travers l’inflation et la croissance. Pour se faire, elles modifient leurs taux d’intérêt, dits directeurs, afin d’influencer le coût du crédit ainsi que la masse de liquidité distribuée dans l’économie. Les BC vont dans un premier temps augmenter le volume de liquidité en circulation grâce à un outil “conventionnel”, le taux d’intérêt directeur auquel les institutions financières se refinancent. En période de crise, une Banque centrale baisse son taux directeur de refinancement avec pour objectif de faire baisser les taux sur le marché interbancaire. Cela permet de réduire le taux auquel les entreprises peuvent avoir accès aux crédits et favorise en conséquence l’investissement. Lorsque les taux baissent, les entreprises investissent davantage, car l’épargne n’est plus intéressante de par son rendement, ce qui permet en théorie de relancer la croissance à travers la circulation du crédit et la vélocité de la monnaie dans l’économie. Il est en effet possible pour une banque centrale de baisser son taux directeur en vertu de la règle de Taylor, mais assez logiquement, une fois que ce taux est à 0% ou très proche, il est impossible de le baisser davantage.

Les réserves obligatoires symbolisent un autre outil utilisé par les BC qui va avoir pour objectif d’imposer aux banques commerciales et autres établissements financiers de déposer des réserves financières auprès de la BC afin de pouvoir dans un premier temps, faire face à une ruée soudaine des retraits de la part des clients des banques sans que ces dernières fassent faillite. Ces réserves sont calculées comme un pourcentage du bilan comptable des dépôts effectués par les ménages et agents économiques auprès des banques et autres établissements financiers (ECB Europa). Plus le taux des réserves obligatoires est faible, plus les Banques seront à même d’accorder des crédits aux ménages et entreprises privées. Cependant lorsqu’une BC souhaite par exemple limiter l’inflation, elle aura tendance à augmenter le taux des réserves obligatoires afin de diminuer l’investissement à travers l’accès au crédit. Les BC peuvent également influencer l’activité de crédit de la part des banques commerciales par le biais du taux de rémunération des dépôts. En effet, la baisse de ce taux directeur impactera le rendement des réserves obligatoires et excédentaires déposées auprès de la BC et pourrait inciter les banques commerciales à prêter cet argent plutôt que de le placer auprès de la BC sans perspective de rendement.

Qu’est-ce que le Quantitative

Easing ou assouplissement quantitatif ? « Le Quantitative Easing est l’expérimentation la plus audacieuse jamais entreprise par les banquiers centraux.» Stephen S. Roach, ancien chef économiste de Morgan Stanley Le QE, est un instrument monétaire non-conventionnel utilisé et modulé de différentes façons par les BC, qui va consister à acheter des actifs, le plus souvent des obligations d’Etat par le processus de création de monnaie. L’ensemble des différentes opérations de QE visent à relancer l’activité économique tout en inhibant les risques de déflation en agissant sur les anticipations des agents économiques, sur la liquidité qu’ils détiennent et sur les conditions d’accès au crédit. Pour une BC une période d’assouplissement quantitatif implique une augmentation importante de son bilan notamment à travers l’augmentation de la base monétaire au passif. En achetant aux institutions financières de la dette long terme émise par les Etats et souvent exempte de tout risque financier, aussi appelé dette souveraine, la BC fait un jeu d’écriture comptable qui permet de créer de l’argent sans imprimer de nouveaux billets. Pour ce faire, le mécanisme consiste à augmenter le passif du bilan de la BC, via les réserves obligatoires et la monnaie en circulation. Les liquidités injectées finissent en partie dans les comptes des banques, individus et institutions financières qui ont vendu ces titres à la BC. C’est également, un mécanisme technique qui joue sur la psychologie des investisseurs face au marché et qui influence les anticipations futures d’inflation et de taux de la part des agents économiques. L’objectif principal est de ramener la confiance parmi les investisseurs, car elle peut rassurer et influencer le comportement de ces derniers face à l’investissement. La BC espère ainsi que ces derniers ne laisseront pas « dormir » leur argent sur leurs comptes en banque et utiliseront ces capitaux pour des placements plus risqués.

Aussi en achetant par exemple, des quantités importantes d’obligations souveraines, le prix de ces actifs va monter et le rendement baisser. En conséquence, les investisseurs et institutions financières vont être motivés à diversifier leurs portefeuilles s’ils veulent conserver un rendement semblable. Ils vont alors potentiellement se tourner vers des actifs plus risqués comme des actions ou des obligations d’entreprises et créer un « effet de richesse ». Car en augmentant le prix des actions et en baissant le taux des obligations corporatives par une demande plus importante, les conditions de financement des entreprises vont s’améliorer et la richesse des agents augmenter. Alors ces derniers devraient, en théorie, investir et consommer davantage. Cet effet, volet essentiel de cette mesure, est appelé « le rééquilibrage du portefeuille ». A travers ces nouveaux investissements la croissance économique sera dynamisée et favorisera l’activité économique, l’inflation et l’emploi (PHALIPPOU, 2015). Ceteris paribus, cette mesure va aussi viser à affaisser l’entièreté de la courbe des taux, car en achetant massivement des obligations souveraines ou d’autres actifs, les prix de ces biens vont avoir tendance à augmenter face à la forte demande et aura pour effet de faire baisser les taux d’intérêt ainsi que réduire la disponibilité des actifs susmentionnés auprès des investisseurs privés. Cet effet est en partie attribué à la relation inverse qu’il existe entre le prix d’un titre et le taux d’intérêt à travers le calcul de la valeur actualisée. Le QE permet également de diluer la valeur de la devise locale par rapport à celle des pays étrangers et donc favoriser les exportations ainsi que la croissance et les profits des entreprises orientées vers les exportations. De surcroît, la baisse de la devise par rapport à celle des partenaires commerciaux va accroître le prix des importations et stimuler en théorie, l’inflation par l’augmentation des prix de ces biens importés.

L’assouplissement quantitatif a aussi un impact sur le financement des Etats car grâce à l’achat d’obligations souveraines, la BC va faire baisser le taux de ces actifs. Alors le financement par la dette de ces Etats en question sera moins coûteux. En parallèle, ces évènements vont potentiellement rassurer les marchés financiers et atténuer les risques de spéculation. En somme, le QE permet, en théorie, d’affaisser l’ensemble de la courbe des taux d’intérêt par le biais des rachats massifs de la BC et la baisse du point d’origine de la courbe via des taux à court terme bas. Diluer la valeur de la devise de l’économie ciblée via l’augmentation de la base monétaire. Favoriser les crédits accordés par les établissements de prêts aux entreprises et particuliers grâce aux liquidités fraîchement injectées par la BC en échange de titres de dettes. Créer un effet de « rééquilibrage du portefeuille » important pour les conditions de financement des entreprises. Stimuler la croissance, le marché de l’emploi et l’inflation via les effets susmentionnés et la vélocité et de la monnaie. L’autre facette de cette mesure, comme cité précédemment, mise sur l’impact psychologique qu’elle peut avoir sur les agents économiques en influençant leurs anticipations sur le futur. Cette mesure financière a été utilisée sous plusieurs dénominations en premier par la Banque du Japon en 2001 et en 2011, par la FED en 2008, suite à la crise des « Subprimes », par la Banque d’Angleterre (BOE) en 2009 & finalement par la Banque Centrale Européenne (BCE) à partir de 2015.

Le QE au Japon a-t-il eu l’effet désiré & quels ont été les effets positifs ou négatifs ? Au moment de tirer le bilan de ces six ans de Quantitative Easing au Japon, les avis sont mitigés, l’économie japonaise a connu globalement cinq années de déflation malgré l’intervention massive de la BOJ. Comme cité précédemment l’inflation est de retour en 2006 (cf. annexe 4), mais peut être expliqué par la hausse des cours des matières premières sur le plan mondial (cf. annexe 5). Aussi l’effet attendu d’inflation grâce à l’accroissement de la base monétaire n’a pas eu l’effet désiré malgré que la courbe des taux soit restée stable à des niveaux très bas. De plus cette injection de liquidité n’a pas eu l’impact attendu sur le crédit qui s’est contracté entre 2001 et 2005. Le crédit a sensiblement moins circulé que prévu dans l’économie réelle dans un premier temps car les banques n’ont pas joué leur rôle et on retenus une grande partie de cette liquidité injecté par la BOJ (cf. annexe 6).

Comme démontré par le graphique ci-dessous, les crédits accordés par les banques commerciales et autres établissements financiers ont diminués durant la période 2001-2006 et ces dernières ont conservées les réserves excédentaires au détriment du canal du crédit ainsi que de la vélocité de la monnaie. De surcroît les agents économiques n’étaient pas enclins à s’endetter davantage et on en plutôt profité pour se désendetter. Par rapport à l’effet sur les taux d’intérêt à court, moyen et long terme, l’impact de la mesure d’assouplissement quantitatif de la BOJ a été plutôt mitigé. En effet, comme on peut le constater sur le graphique ci-dessous, la structure des taux a d’abord baissé via le mécanisme des anticipations de la part des agents financiers suites aux annonces et premières actions de la BOJ et les taux à 5 et 10 ans sont passés respectivement sous la barre des 0.5% et 1% en 2002. A partir de 2003, on peut constater un aplatissement des différentes courbes de taux. Globalement, l’effet sur la structure des taux a pu être observé au début de la mesure, mais n’a pas été aussi important et durable que souhaité par la Banque du Japon.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Déclaration
Remerciements
Résumé
Méthodologie adoptée
Liste des tableaux
Liste des figures
Introduction
1.1Les Banques Centrales, leurs buts et instruments
1.1.1Les instruments de la politique monétaire conventionnelle
1.2Qu’est-ce que le Quantitative Easing ou assouplissement quantitatif
1.3Pourquoi utiliser le QE?
1.4Quels risques et dangers le QE représente pour l’économie ?
2.Le Quantitative Easing au Japon
2.1Pourquoi avoir fait appel au Quantitative Easing
2.2Le QE au Japon a-t-il eu l’effet désiré & quels ont été les effets positifs ou négatifs ?
3.Le Quantitative Easing aux Etats-Unis
3.1Pourquoi avoir mis en place le Quantitative easing
3.1.1Les trois programmes de Quantitative Easing de la FED
3.2Le QE aux Etats-Unis a-t-il eu l’effet désiré & quels ont été les effets positifs ou négatifs?
4.Le Quantitative Easing au sein de la zone euro
4.1Pourquoi avoir fait appel au Quantitative easing
4.1.1Lancement de la politique monétaire de QE et chronologie
4.2Le QE en Europe jusqu’à aujourd’hui a-t-il eu l’effet désiré & quels ont été les effets positifs ou négatifs?
5.En quoi ces trois mesures d’assouplissement quantitatif analysées sont-elles différentes?
6.Synthèse
6.1Suggestions
6.2Conclusion
Annexes :
Annexe 1: Augmentation de l’indice des prix du marché immobilier lors du QE aux USA et la sortie des capitaux
Annexe 2: Taux d’intérêt directeur BOJ 1980-2011
Annexe 3: Les niveaux de réserves excédentaires des banques lors du QE au Japon
Annexe 4: L’inflation au Japon pendant le QE

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *