Emigration et developpement local

Le thème Emigration et Développement Local : le cas de la Communauté Rurale de Nguer Malal (Région de Louga) est l’intitulé du travail d’étude recherche que nous nous sommes proposés d’entreprendre pour notre Mémoire de Maîtrise. Il s’inscrit dans la problématique globale du rapport entre émigration et développement des zones de départ. Les points de vue des chercheurs en science sociale comme des économistes restent partagés quant aux résultats que peut engendrer le rapport de ce binôme de concepts. Certes les conséquences du dit rapport varient dans l’espace et le temps et selon les acteurs. Mais notre sujet se limite à l’étude des apports de l’émigration internationale au développement du monde rural et spécifiquement dans la Communauté Rurale de Nguer Malal d’autant plus que, le niveau de participation des émigrés au développement varie d’une région à l’autre.

Le but de cette étude, est de mieux comprendre les impacts ou effets de l’émigration internationale dans le processus de développement local des milieux d’origine des migrants. Et la communauté rurale de Nguer Malal est marquée par la rareté de recherches, surtout portant sur les questions d’émigration ou de développement local. Malgré qu’elle soit une zone à forte émigration du fait des conditions naturelles hostiles qui peuvent compromettre la subsistance des populations dans leur espace de vie. Ainsi, la stratégie de réponse à c ette situation de crise, qui est, depuis plus de trois décennies, l’émigration en Europe, apporte des transformations à différentes échelles. Celles-ci devront être appréhendées. C’est dans cette perspective qu’Amselle J. L.disait qu’ «étudier les migrations, c’est apprécier l’efficacité du déplacement sur la perpétuation et la transformation d’une société ; c’est mesurer l’effet que la mobilité fait peser sur le fonctionnement et l’évolution des rapports de production » . Ceci nous a poussé à entreprendre ce travail pionnier qui permettra sans doute de nous s’imprégner des réalités de l’espace étudié, de sensibiliser l’opinion publique et d’ouvrir des perspectives aux autorités locales et agents de développement. D’autant plus que dans le contexte international actuel de « crise migratoire », les points de vue et les initiatives des acteurs des pays pauvres ou de s milieux déshérités revêtent une place importante dans le débat sur les questions de migrations internationales et de développement.

CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL

Beaucoup de spécialistes ont essayé de théoriser le concept de migration et ont eu des conceptions différentes quant à l’efficacité des transferts des émigrés dans le processus de développement local. A la lumière de certaines théories et conceptions nous allons essayer d’opérationnaliser le binôme de concepts de notre sujet.

Cadre Théorique

Théorie des lieux centraux
Ravenstein (1885 -1889) est l’un des précurseurs de l’étude des migrations. « Les migrants se déplacent des régions où les opportunités sont faibles vers des régions où elles sont meilleures. Le choix de la destination est fonction de la distance faisant que les migrants tendent à aller vers les régions les plus voisines de leur lieu d’origine». Il faut comprendre que le déplacement varie en fonction de la disponibilité des ressources recherchées. Les théoriciens ont envisagé un grand nombre de facteurs qui influenceraient la décision prise par un individu ou par un ménage d’émigrer, incluant des facteurs démographiques tels que l’âge, le sexe, le niveau éducatif, l’appartenance ethnique, la taille de la famille et sa composition ; des facteurs géographiques comme la distance, des facteurs sociopsychologiques comme l’accès à certaines facilités et la concurrence ; des facteurs économiques comme le revenu, l’occupation et la division du travail ;et enfin, les attitudes de l’individu comme le désir d’améliorer son statut ou son sort, etc. C’est à dire des facteurs qui influenceraient la décision individuelle et/ou collective d’émigrer des populations en situations précaire. Nous pouvons ajouter des facteurs politiques : refugier politique, répression, exil, déportation etc. Mes les migrants de la Communauté Rurale de Nguer Malal sont poussés à l’émigration par des facteurs naturels, politiques, économiques et socioculturels. Du point de vue de la distance, les migrants ont passé d’une échelle locale, régionale à celle internationale. L’ampleur de cette dernière forme d’émigration a eu des conséquences qui méritent des réflexions.

La théorie des lieux centraux, développée en 1933 par Christaller et réadaptée par d’autres chercheurs comme Losch en 1938 en ces termes « Tous les centres d’un même niveau n’exercent pas systématiquement des fonctions identiques, et ne disposent pas forcément de toutes les fonctions des centres inférieurs ». Il se cr ée ainsi des rapports de forces, d’interdépendance et de complémentarité entre les espaces de vie. Le jeu des forces répulsives et attractives s’exprime à t ravers des flux migratoires. Leurs conséquences économiques, démographiques, socioculturelles et politiques sont en faveur ou au détriment des territoires. Donc la centralité nécessite un certain privilège ou prédominance d’une localité vis-à-vis des autres localités. Cette situation évolue dans le temps et dans l’espace. C’est le cycle de vie d’une région donnée qui en découle. De ce fait, il n’aurait existé deux lieux identiques à la surface de la terre. Dans cette perspective, la région de Louga où s e situe la Communauté Rurale de Nguer Malal a été, à un moment de l’évolution économique du pays, considérée comme un centre d’attraction avec « une densité de 25 à 45 habitants au Km² » .Par la suite surtout avec les aléas climatiques qui ont engendré la crise arachidière, la région de Louga et particulièrement son espace rural est devenue un espace déshérité, périphérique et répulsif. En réponse à cet te situation de crise, les populations de la Communauté Rurale de Nguer Malal partent étape par étape vers les centres où la ressource est encore disponible parce que «soit les hommes vont là où sont les richesses, soit les richesses sont là où sont les hommes ». Mais comment l’émigration internationale a pris de l’ampleur dans la Communauté Rurale de Nguer Malal?

Les réseaux migratoires

La société Wolof, bien que hiérarchisée, est assez complexe. Ses liens so cioéconomiques, ethniques, religieux et familiaux sont très étroits. L’information, la joie, la tristesse sont souvent partagés. C’est ainsi que l’innovation et l’adoption de la nouvelle forme d’émigration internationale ou de la nouvelle destination des émigrés furent réalisées. Mais la codification de l’émigration internationale, selon le model de diffusion de Hagerstrand, a connu une certaine résistance. Celle-ci est due à l’attachement surtout des vieux à l eurs valeurs et croyances traditionnelles, qui leurs inculquaient une certaine prégnance, un refus de changer de paradigmes. Mais la réussite des premiers aventuriers qui ont passé, pour la plupart, par des réseaux de clandestinité, avec des exemples concrets de réalisations fait l’objet de débats au niveau des marchés hebdomadaires, des places publiques, les cérémonies sociales et religieuses. La théorie de la diffusion de l’information, très présente chez les Wolof, a toujours permis de déceler des réseaux d’émigration clandestine qui sont actuellement les principales voies de sortie pour les candidats à l’émigration internationale. Avec ce réseautage de l’information, à chaque fois qu’il y a une défaillance dans les stratégies de lutte contre la migration clandestine du pays de départ et/ou du celui d’accueil, les candidats à l’émigration en profitent. Ainsi, quel est l’apport dans le processus de développement local de leur localité, des nombreux « modou-modou » de la Communauté Rurale de Nguer Malal?

Analyse des rapports entre transferts des émigrés et développement local

Deux points de vue sont défendus par les chercheurs ,

« Le développement local est un concept bien documenté et bien connu à travers le monde et ses actions impliquent l’amélioration du niveau, du cadre et du milieu de vie d’une communauté donnée par une intégration harmonieuse des actions entre différents secteurs d’activité. Il propose une approche globale, intégrée, communautaire et horizontale du développement des collectivités » . C’est dans cette dynamique que les émigrés de la Communauté Rurale de Nguer Malal, conscients du rôle qu’ils doivent jouer dans le processus de développement de leur localité font des transferts surtout financiers mais aussi matériels et immatériels et collaborent horizontalement et verticalement avec des partenaires au développement. Dans les conclusions du centre de développement de l’OCED nous y voyons la confirmation du rôle essentiel des transferts des émigrés en ces t ermes: « Les budgets des ménages au Sénégal seraient constitués à raison de 30 à 80% par ces versements de l’étranger…Sachant la quasi-inexistence des marchés d’assurance ou de crédit dans ces zones, les transferts migratoires constituent une forme de protection, d’assurance face aux incertitudes et à la précarité des populations résidant dans ces zones ».  Cette thèse est aussi unanimement défendue par d’éminents chercheurs lors du premier symposium international du 24 a u 26 Juillet 2006 organisé à Dakar par l’IPDSR sous le thème : Stratégies de population et Stratégies de développement convergences ou divergences, par tous les participants en ces termes : « En effet, l’impact des revenus de transfert sur le fonctionnement des espaces domestiques ainsi que sur le développement du secteur immobilier est réel. Cependant beaucoup de ressources en provenance de la migration sont utilisées à des fins  symboliques (dépenses de prestige) » Et cette dernière idée est défendue par certains spécialistes qui soutiennent que les transferts des émigrés ne peuvent pas contribuer de façon efficace au processus de développement local des espaces d’origine. C’est ainsi que Gervais Appavé : Directeur du Département de politique et recherche en matière migratoire et communication, Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), mettent un bémol sur l’efficacité des rapatriements de fonds des émigrés s’ils ne sont pas accompagnés d’une bonne politique. « …il faut reconnaître que les ressources des migrants ne représentent pas un mode de développement économique, mais bien un apport à ce processus » Le point de divergence se trouve enfin de compte sur l’utilisation des fonds rapatriés pour assurer l’autofinancement du développement local. « Je pense par exemple qu’au lieu de laisser cette épargne, comme celle que constituent les tontines villageoises, s’orienter vers la consommation ou un investissement hasardeuse on pourrait l’orienter… ».  Et les émigrés de la Communauté Rurale de Nguer Malal sont sur la bonne voie pour poser des actes concrets de développement. Mais il reste beaucoup à faire : le niveau de développement actuel de la C R et les potentialités financières des émigrés, la main d’œuvre disponible et les ressources naturelles sous exploitées. 

Cadre Conceptuel

Migration

La migration est définie comme : « un déplacement de populations d’un endroit à un autre (migrant). Les migrations alternantes : déplacements entre le lieu d’habitation et le lieu de travail. Migrations saisonnières (vacances, travail saisonnier). Migrations intérieures, entre deux régions d’un même pays » .

« Déplacement, changement de lieu. La migration concerne tous les êtres vivants. Pour les populations humaines, on distingue entre migrations périodiques et migrations définitives. Les migrations définitives sont internes au pays (…) ; ou externes : elles comportent alors une face d’émigration et une face d’immigration. Les migrations temporaires peuvent être (…) ; saisonnières (oiseaux migrateurs, travailleurs saisonniers, remues et transhumances) ».

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
CADRE DE REFERENCE
I-Problématique
II-Revue critique de Littérature
III-Cadre Théorique et Conceptuel
IV-Cadre opératoire
V-Approche Méthodologique
PREMIERE PARTIE : MILIEU PHYSIQUE ET ACTIVITES HUMAINES
CHAPITRE I : LOCALISATION ET PRESENTATION DU MILIEU
I- Le relief, les types de sols et leur répartition
II-Ressources hydriques et végétation
CHAPITRE II : POPULATION ET EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES
I-Evolution et Répartition de la population
II-La pression sur les ressources naturelles du milieu
DEUXIEME PARTIE : MIGRATION ET STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT LOCAL
CHAPITRE I : L’AMPLEUR DU PHENOMENE MIGRATOIRE
I- Les facteurs de l’émigration
II-Le profil des migrants
CHAPITRE II : L’APPORT DES EMIGRES AU PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT LOCAL
I-Transferts et investissements des migrants
II-La diversification des activités
CONCLUSION GENERALE

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