Emergence de la notion de Service Environnemental dans les politiques publiques des espaces ruraux réunionnais

L’Espace Rural réunionnais

L’espace à dominante rurale, ou espace rural, regroupe l’ensemble des petites unités urbaines et communes rurales (c’est-à-dire inférieures à 2000 habitants) n’appartenant pas à l’espace à dominante urbaine (pôles urbains, couronnes périurbaines et communes multipolarisées) (INSEE, 2000). L’activité principale est essentiellement orientée vers l’agriculture. Un ER est composé de trois entités : les pôles d’emplois de l’espace rural (communes ou unités urbaines regroupant plus de 1500 emplois), les couronnes des pôles d’emplois (communes ou unité urbaine où au moins 40% des actifs travaillent dans le pôle d’emplois) et les autres communes de l’ER (François-Poncet et al., 2008). Ces définitions établies dans le contexte métropolitain semblent difficiles à appliquer dans notre étude en raison des spécificités insulaires de la Réunion.

En effet, vingt-deux communes sur les vingt-quatre communes Réunionnaises sont considérées comme étant des communes rurales au regard de la définition donnée par l’INSEE. Le modèle de développement du territoire Réunionnais diffère de celui de la métropole. Sur l’île, les dynamiques spatiales sont inversées2. La population est concentrée essentiellement sur les côtes, il est donc difficile de parler de pôles urbains ou de couronnes périurbaines comme évoqués dans la définition. 85 % de la population sont concentrés au niveau du littoral et des basses pentes (altitude inférieure à 600m), qui peuvent être alors considérés comme le centre dynamique de la Réunion (Jauze, 1998). L’organisation et la structuration des zones dites urbaines (voir figure 1) et ou rurales ne sont donc pas comparables à celles de la métropole étant donné le relief très escarpé et l’histoire du peuplement de l’île. Pour être pertinente, la définition doit être adaptée à l’échelle réunionnaise et prendre en compte le contexte local dont notamment les nouvelles dynamiques du développement urbain.

La définition d’un espace rural proposée par Economie de la Réunion (Actif et al., 2001) peut servir d’appui. Les auteurs considèrent que le milieu rural est représenté par la partie non agglomérée c’est-à-dire « de l’espace inhabitable (volcan, remparts, ravines) à l’espace naturel protégé, en passant par les terrains à forte vocation agricole ou les zones de coupure d’urbanisation ». Les bourgs sont assimilés à des bourgs peu structurés, sachant qu’un bourg est défini comme étant une agglomération de moins de 2000 habitants (Actif et al., 2001). Dans cette définition, les espaces naturels soumis à de fortes règlementations de protection sont écartés car il n’y a pas d’activités rurales qui s’y exercent. Nous nommerons par la suite de façon théorique l’ER comme étant composé des espaces à dominante rurale, ce qui correspond à la limite administrative des Hauts Ruraux, en écartant l’espace naturel, soit le coeur naturel du Parc National de la Réunion (voir figure 2).

Évolution de l’organisation des activités

En raison du relief escarpé, seul un tiers de l’île peut être utilisé par l’Homme, les 2/3 sont situés dans l’ER défini. La Surface Agricole Utile (SAU) totale représente la moitié de cette surface, soit environ 20% du territoire, représentée sur la figure 3 (Agreste Réunion, 2008). Conséquence directe de l’urbanisation galopante, la SAU a diminué de 13% en 10 ans (Bonnal et al., 2003 ; INSEE, 2000), entraînant une disparition de près de 50% du nombre des exploitations agricoles. Les exploitations agricoles, basées sur une économie de plantation, étaient principalement organisées selon un modèle familial4, qui est désormais menacé par les contraintes foncières et économiques. La superficie en fermage augmente constamment et constitue dorénavant environ 48% de la SAU (Agreste Réunion, 2008). En près de 50 ans, l’agriculture a connu de profondes mutations. L’organisation de l’agriculture actuelle est le résultat de deux politiques publiques majeurs (Choisis et al., 2006), que sont la réforme foncière et le Plan d’Aménagement des Hauts (cf. Partie 3, 2.2). Aujourd’hui, la surface en canne à sucre sur la zone d’ER représente la moitié de la zone et 37% de la surface en canne totale. 17 % de la surface est constituée par des fruits, légumes et plantes aromatiques, le reste par les prairies (RGA, 2000).

La SAU moyenne des exploitations agricoles, au nombre approximatif de 7000 sur le territoire d’étude, est d’environ 6, 2 ha (Agreste Réunion, 2008 ; INSEE, 2000). L’organisation du foncier agricole est spécifique à la Réunion. Traditionnellement, les parcelles étaient disposées en lanières partant quasiment « du battant des lames jusqu’au sommet des montagnes » afin d’assurer l’accès à toutes les zones agro-écologiques (Guellec, 1992). Les découpages suite aux héritages successifs ont cependant tenté de conserver un gradient altitudinal. La dynamique foncière suit le modèle Européen en favorisant la concentration des exploitations agricoles à dimension de plus en plus « professionnelles » et continue de poursuivre son développement sur le chemin productiviste. Dans l’ER, l’agriculture est la première activité. 10% de la population active sont dans le secteur primaire. D’autres activités du secteur tertiaire ont un rôle important dans le développement de ces espaces. Le tourisme se développe de plus en plus, notamment le tourisme vert. L’artisanat valorisant le patrimoine culturel et les loisirs sont développés (broderie, thermes, activités aquatiques) mais les retombées économiques sont faibles.

Enjeux des espaces ruraux

Les ER de la Réunion représentent des espaces à enjeux, c’est-à-dire « une zone où une ou plusieurs fonctions environnementales sont remises en question » (Piraux et al., 2005). Le multi usage des ER est porté par quatre enjeux principaux que sont les enjeux sociaux, économiques, environnementaux. L’intérêt d’étudier les enjeux des ER est de comprendre à quels enjeux les politiques publiques des ER sont censées répondre sur le territoire réunionnais. Théoriquement, les orientations prises par les politiques publiques sont conditionnées par la prise en compte de ces enjeux. Dans notre étude, ce sont les enjeux environnementaux, qui seront pris le plus en considération. Au contraire du modèle métropolitain (voir figure 4), la croissance démographique est importante avec une augmentation de 300 000 habitants d’ici 2030, pour atteindre 1 million. Les ER compteront 66 000 habitants de plus d’ici 2030. En 1999, 1/3 de la population était constitué par les moins de 20 ans (INSEE, 2000). Les ER devront intégrer cette prochaine dynamique. De nouveaux conflits d’usage confronteront anciens habitants ruraux et nouveaux.

Ce sont des enjeux sociaux particulièrement importants à prendre en compte pour maintenir un cadre de vie rural harmonieux et équilibré. L’enjeu social est double. Il s’agit, à la fois, de réduire les flux pendulaires de travailleurs entre ER-espace urbain, source d’embouteillage quotidiens, et de dynamiser la zone par l’apport d’emploi et de services. La nouvelle route des Tamarins qui double à mi pente la route du Littoral et le projet de Tram-Train devrait participer à la modification de ces flux. La gestion raisonnée de divers produits et l’intégration de leur production au territoire constitue des enjeux économiques majeurs de l’ER. L’exemple cité par le maire délégué de la Plaine des Palmistes, plus petite commune de la Réunion, illustre bien le déséquilibre entre ER et espaces urbains : « le pôle bois est installée à Saint Benoît [à 30 min de la Plaine des Palmistes], alors que les forêts de cryptomeria sont à la Plaine des Palmistes. On vient chez nous pour les cultiver, les couper, mais lorsqu’il s’agit des retombées économiques c’est encore une ville des Bas qui en bénéficie » (Cahier Réunionnais du développement, 2000, n°25). La zone Madagascar-Mascareignes représente l’un des « 25 hot spot » de la biodiversité au niveau mondial (Direction régionale de l’environnement et al., 2005). L’essentiel de cette richesse biologique est située dans l’ER faisant de celui-ci une zone à enjeu environnemental fort (voir figure 5, tableau 1 et partie 1, 3.1.2). La préservation des ER participe également à la gestion des ressources naturelles en limitant les nuisances et les pressions liées aux activités humaines (pollutions

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Table des matières

REMERCIEMENTS
AVANT PROPOS
TABLE DES MATIERES
TABLE DES ILLUSTRATIONS
LISTE DES ABREVIATIONS
ABSTRACT
INTRODUCTION
I.Interaction Espaces Ruraux, Services Environnementaux : Spécificités de l’Île de la Réunion
1 L’ESPACE RURAL REUNIONNAIS
1.1 DEFINITION
1.2 PRESENTATION DE LA ZONE D’ETUDE
1.2.1 CARACTERISTIQUES MORPHOLOGIQUES
1.2.2 ÉVOLUTION DE L’ORGANISATION DES ACTIVITES
1.2.3 EVOLUTION DE L’ORGANISATION SOCIALE
2 ENJEUX DES ESPACES RURAUX
3 LES SERVICES ENVIRONNEMENTAUX
3.1 SE ET CRITERES
3.1.1 ELEMENT « SERVICE »
3.1.2 ELEMENT « ENJEU »
3.1.3 ELEMENT « INTENTIONNALITE »
3.2 SE ET SERVICES ECOSYSTEMIQUES
3.3 SE ET FONCTIONS DES ER…
4 PROBLEMATIQUE DE L’ETUDE
II.A la recherche des dispositifs et des SE
1 DIAGNOSTIC DES « ESPACES RURAUX » : DELIMITATION DE LA ZONE D’ETUDE
2 METHODE DE COLLECTE DES DONNEES
2.1 DOCUMENTS ECRITS ET SITE INTERNET
2.2 ENTRETIENS
2.3 LIMITE DES SOURCES D’INFORMATION ET DU TRAVAIL DE COLLECTE REALISE
3 TRAITEMENT ET ANALYSE DES DONNEES
3.1 CATEGORISATION DES DISPOSITIFS
3.2 DEMARCHE D’IDENTIFICATION DES DISPOSITIFS
3.2.1 APPROCHE DESCENDANTE
3.2.2 APPROCHE DIACHRONIQUE
3.3 DE LA RECHERCHE DES DISPOSITIFS A LA CARACTERISATION D’UN SE
3.3.1 SELECTION DES DISPOSITIFS
3.3.2 CLASSEMENT DES DISPOSITIFS
3.3.3 CARACTERISATION DE CHAQUE SE
3.4 TRAJECTOIRE D’EVOLUTION DES DISPOSITIFS
III.Evolution de l’intégration des SE dans le paysage des politiques publiques à la Réunion
1 VERS UNE DIVERSITE DES DISPOSITIFS DE SE A LA REUNION
1.1 DISPOSITIF NON ETUDIE
1.2 DISPOSITIF ETUDIE
2 DEUX DISPOSITIFS PERTINENTS ANALYSES : MAE ET PDHR
2.1 LES DISPOSITIFS AGRO-ENVIRONNEMENTAUX
2.1.1 CONTEXTE
2.1.2 TRAJECTOIRE D’EVOLUTION DU DISPOSITIF
2.1.3 LIEN DU DISPOSITIF MAE AVEC LA DEFINITION D’UN SE
2.1.4 APPROPRIATION DU DISPOSITIF …
2.1.5 APPROPRIATION DE LA NOTION DE SE PAR LES ACTEURS LOCAUX
2.2 PROGRAMME DE DEVELOPPEMENT SPECIFIQUE A LA REUNION
2.2.1 CONTEXTE
2.2.2 TRAJECTOIRE DU DISPOSITIF
2.2.3 LIEN DU DISPOSITIF PDHR – OLAT AVEC LA DEFINITION D’UN SE
2.2.4 APPROPRIATION DU DISPOSITIF PAR…
2.2.5 APPROPRIATION DU CONCEPT DE SE PAR LES ACTEURS LOCAUX
3 QUELLE EMERGENCE DE SE POUR QUEL ER A LA REUNION ?
3.1 UN ER A LA REUNION
3.2 IMPORTANCE DE LA DIMENSION SOCIALE DANS LES ER A LA REUNION
3.3 APPROPRIATION DU CONCEPT DE SE
3.4 VERS UNE EMERGENCE ?
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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