Elaboration d’une base de données pour améliorer la gestion du risque d’intoxication aux produits chimiques

Classification des produits chimiques

    La classification des produits chimiques (substances et mélanges de substances) permet d’identifier les dangers qu’ils peuvent présenter du fait de leurs propriétés physico-chimiques, de leurs effets sur la santé et sur l’environnement. C’est à partir de la classification qu’est définie l’étiquette d’un produit chimique. Celle-ci constitue la première information fournie à l’utilisateur sur les dangers associés aux produits chimiques, ainsi que les précautions à prendre lors de leur manipulation. (INRS, 2018) Cette classification dépend entre autres du domaine d’application et de l’objectif poursuivi par les organismes de réglementation et peut être envisagé de plusieurs façons. Le tableau І présente quelques exemples de classification (selon la famille chimique et l’utilisation du produit).

Exposition humaine aux produits chimiques

     Certains produits chimiques sont fabriqués pour des utilisations spécifiques, tandis que d’autres sont des sous-produits indésirables, des déchets ou des produits de combustion. Leurs propriétés chimiques, physiques et toxicologiques varient considérablement, alors que beaucoup ne sont pas dangereuses ou persistantes, certaines sont mortelles au contact et sont nocives pour la santé humaine en petites quantités. L’exposition humaine peut se produire à différents stades du cycle de vie d’un produit chimique.Elle peut avoir lieu par le biais d’une exposition professionnelle pendant la fabrication, l’utilisation et l’élimination, l’exposition des consommateurs, l’exposition à des produits contaminés ou l’exposition environnementale à des déchets toxiques. L’exposition peut se produire par diverses voies, notamment l’inhalation d’air et de poussière contaminés, l’ingestion d’eau et de nourriture contaminées, l’exposition cutanée à des produits chimiques ou l’exposition fœtale pendant la grossesse (Prüss-Ustün A. et al, 2011). L’exposition par ingestion est associée aux substances chimiques présentes dans la nourriture, l’eau et le sol. Elle peut être parfois accidentelle ou suicidaire. L’exposition par inhalation implique que les substances chimiques soient présentes dans l’air. L’inhalation peut constituer un mode important d’exposition à des substances chimiques moins volatiles, comme les polychlorobiphényles, lorsqu’elles sont présentes à des concentrations élevées dans le sol et d’autres substrats solides. Elle se produit le plus souvent dans le milieu professionnel. Enfin, l’absorption par voie cutanée implique un contact entre une substance chimique et la peau, pouvant se produire dans l’eau, lors du contact avec le sol, en présence de fortes concentrations dans l’air et en cas d’utilisation par des professionnels ou des particuliers. (PISSC, 2017)

Étiquette des produits chimiques

     L’étiquette de danger est la première information, essentielle et concise, fournie à l’utilisateur (travailleur et consommateur) sur les dangers sur la santé et sur l’environnement et sur les précautions à prendre lors de l’utilisation des produits chimiques. La réglementation décrit précisément les informations qu’elle doit comporter. La taille de l’étiquette, tout comme la taille des symboles ou pictogrammes de danger, sont réglementées. L’étiquette doit figurer sur le récipient d’origine et sur chacun des emballages successifs après transvasement et reconditionnement. Elle doit être suffisamment visible et rédigée en français. L’utilisateur doit pouvoir la lire et la comprendre ce qui implique qu’il ait reçu une formation adaptée.

Conception d’une BDD

     La phase de conception nécessite des méthodes permettant de mettre en place un modèle sur lequel il faut s’appuyer. La modélisation consiste à créer une représentation virtuelle d’une réalité de telle façon à faire ressortir les points auxquels l’on s’intéresse. Les méthodes vont différées en fonction du type de base de données. On peut décomposer le processus d’une base de données en plusieurs étapes :
 L’analyse du système du monde réel à modéliser ;
 La mise en forme du modèle pour l’intégrer dans un système de gestion d’une base de données SGBD ;
 La création effective dans le SGBD des structures de leur remplissage. (BOUKAIS N., 2009)

Discussion

      De manière générale, les résultats obtenus ont permis au CAP de remplir une de ses principales missions qui est la mise en place d’une banque de données des produits chimiques utilisés au Sénégal, ainsi que sa mise à jour. Les centres antipoison centralisent des données sur les expositions de l’homme aux produits chimiques, y compris des informations sur les agents en cause, les circonstances de l’exposition et les effets de cette exposition sur la santé. Ces données peuvent servir à réduire l’incidence des intoxications en permettant d’identifier les nouveaux dangers toxicologiques (processus connu sous le nom de toxicovigilance), en amenant les fabricants et les autorités de réglementation à prendre des mesures de prévention et en évaluant l’efficacité de ces mesures. Les données de ces centres antipoison permettent également de mieux connaître les effets des produits chimiques sur la santé humaine. Les taux d’alphabétisation des adultes vont de 41 % à 91 % pour les hommes et de 29 % à 92 % pour les femmes (29), ce qui n’est pas sans importance étant donné le recours aux documents écrits pour la diffusion de l’information toxicologique. Sachant que le service d’information toxicologique passe habituellement par le téléphone, et que certains centres proposent aussi un service sur Internet, la présence d’une infrastructure de télécommunications revêt une grande importance. (OMS, 2015) L’utilisation d’une base personnalisée de gestion de données permettra ainsi de gérer efficacement et facilement une grande quantité d’informations. Celui-ci permettra également d’accomplir rapidement, et avec beaucoup moins d’efforts, un grand nombre de tâches auparavant longues et fastidieuses. (Environnement inf., 2020) En effet, le centre anti poison du Sénégal a décidé, dans le cadre de sa démarche de gestion du risque chimique, de mettre en place un outil informatique approprié. Avoir cette base sur place surmontera les défis des longs appels téléphoniques à la ligne d’urgence et permettra une référence continue à des protocoles de traitement précis. La BDD a été entièrement développée sous Excel. Le fait d’avoir utilisé ce logiciel permet d’apporter facilement les modifications nécessaires. Cependant le modèle du formulaire d’enregistrement choisi va restreindre le champ d’utilisation de cette base. Par exemple, les plantes et les envenimations ne pourront pas être prises en compte. En raison d’un manque de moyens financiers, la base de données est peu opérationnelle. . On note également des fautes d’orthographes dans la base à corriger. Afin de faciliter l’exploitation de la base mais aussi d’améliorer la gestion du risque chimique, divers systèmes de recherche automatiques ont été prévus. Une fois ce travail fourni, elle pourra être mise en ligne afin de permettre aux populations de se renseigner sur les produits chimiques. Ainsi la base sera vivante et en adéquation avec les risques réellement encourus. À ce jour, la base de données comprend trois produits chimiques (chlorpyrifos, deltamethrine, diméthoate). La saisie des données a commencé par les pesticides. L’agriculture sénégalaise utilise en moyenne 598 tonnes de pesticides solides et 1 336 560 litres de pesticides liquides par an. (Pan Africa, 2005) En effet l’utilisation de ces produits phytosanitaires est à l’origine de plusieurs cas d’intoxications au Sénégal d’où l’importance de la disponibilité de l’information toxicologique. Au Sénégal, PAN Africa a recensé 258 cas d’intoxication entre 2002 et 2005. Selon une étude menée en 2008 dans la zone des Niayes centrales et portant sur 250 maraîchers, 50 % d’entre eux avaient développé des signes cliniques en relation possible avec une intoxication. Les signes cliniques cités par les producteurs étaient les vertiges (10%), les migraines (6%), les douleurs abdominales (8%), les irritations de la peau et des yeux (8%) (Sène M. ,2008).De même Malgré la sous notification, le CAP a enregistré 50 cas d’intoxications liées aux pesticides (10,30 %) entre 2009 à 2017. (CAP, 2017) Selon une étude réalisée 77,38% des exploitants horticoles recensés à Dakar utilisent des pesticides. Le diméthoate constitue la deuxième matière active la plus utilisée avec 19,64% de citations (Dieng B. et al ,2020). Le diméthoate, présenté dans les résultats de notre étude, est à l’origine de quatre cas d’intoxications enregistré au CAP respectivement en 2011, en 2012 (2 cas) et en 2014.Toutefois, ce chifffre est loin de la realité du fait de la sous notification des intoxications au Sénégal. (CAP, 2017) Par ailleurs, au cours des dernières années, un petit nombre de bases de données d’information Toxicologique sur Internet liées aux centres antipoison ont été mises en place. À ce jour, au moins quatre de ces bases de données sont utilisées en dehors de leurs pays d’origine : AfriTox® (Afrique du Sud), Poisindex® (États‑Unis d’Amérique), TOXBASE® (Royaume‑Uni) et TOXINZ® (Nouvelle‑Zélande). De même que la base de données élaborée par CAP, ces bases de données vont permettre au personnel des centres anti poison de répondre plus efficacement au besoin des professionnels de santé et des populations en ce qui concerne les intoxications liées aux produits chimiques. (OMS, 2015) Cependant ces bases de données présentent plusieurs particularités. Ces BDD en plus des produits chimiques prennent en compte les plantes, les envenimations et les médicaments. Citons, la base de données AfriTox du centre antipoison de Tygerberg, en Afrique du Sud, qui aide les médecins d’Afrique australe à diagnostiquer et à traiter les cas d’empoisonnement chez les adultes et les enfants. Il a été développé au Centre d’information sur les poisons de l’hôpital pour enfants de la Croix-Rouge pendant plusieurs décennies et contient maintenant des informations sur plus de 40 000 poisons potentiels et leur traitement. Il a été diffusé aux centres antipoison d’un certain nombre d’autres pays d’Afrique par exemple au centre antipoison du Zimbabwe (Balme K.H. et Roberts J.C., 2013). A la différence de notre base de données, Afritox existe en deux versions :
 AfriTox® ONLINE (accès en ligne pour les médecins via des téléphones intelligents, des ordinateurs portables ou des PC et disponible pour les médecins agréés moyennant le paiement d’un abonnement annuel)
 AfriTox® OFFLINE (les informations résident sur un PC, téléchargées et mises à jour par intermittence via Internet et disponible gratuitement pour les hôpitaux publics) (Afritox, 2020).
De même, Poisindex est une base de données toxicologique commerciale est largement utilisée aux États‑Unis d’Amérique et dans de nombreux autres pays. Poisindex® dresse la liste de milliers de produits de grande consommation, de produits distribués dans le commerce et de produits pharmaceutiques ainsi que de végétaux et d’animaux toxiques, avec des liens vers plus de 1500 monographies spécifiquement consacrées aux poisons (OMS, 2015). Le codage des produits dans Poisindex® sert à l’élaboration des rapports annuels et d’autres rapports de l’association américaine des centres antipoison (American Association of Poison Control Centers) (Bronstein A.C. et Al). Ce système est accessible en ligne ou peut être utilisé sur un ordinateur local. Face au risque d’intoxication lié aux produits chimiques, la base de données du CAP vient à son heure. Cependant Il reste beaucoup de substances chimiques à enregistrer dans la base. Les informations seront complétées au fur et à mesure par les différents acteurs jusqu’à devenir exhaustives puis la base sera testée en interne avant sa mise en ligne afin de la stabiliser.

Conclusion et recommandations

      La production de produits chimiques continue à augmenter dans le monde entier. Outre les dizaines de milliers de produits chimiques intentionnellement fabriqués à des fins commerciales, certaines substances sont produites accidentellement lors d’activités industrielles, de processus de production ou de combustion La gestion rationnelle de ces produits chimiques et la santé sont des questions clés dans la réalisation d’un développement durable, notamment l’éradication de la pauvreté et des maladies et l’élévation et le maintien du niveau de vie dans les pays à tous les stades de développement. Si les produits chimiques sont indispensables à la production d’un grand nombre de biens industriels, ils suscitent des préoccupations croissantes quant à leurs effets sur la santé et l’environnement. Le secteur de la santé est concerné du fait des impacts que présentent tous les produits chimiques sur la santé des êtres humains, quel que soit le secteur de l’économie impliqué (notamment l’industrie, l’agriculture ou l’extraction minière) et le moment du cycle de vie durant lequel survient l’exposition (production, utilisation ou élimination). Face aux risques d’intoxications des mesures de gestions ont été prises. En effet, une étude a été menée au CAP et consisté à établir une base de données permettant de centraliser les informations liées aux produits chimiques circulant au Sénégal et dans la sous-région afin d’apporter une réponse idoine en cas de saisine d’un cas d’intoxication. L’étude permettra ainsi aux acteurs de la gestion des produits chimiques au Sénégal de disposer d’un outil de gestion adéquat. En effet, l’élaboration de cette BDD faisant l’objet d’un projet en cours permettra au CAP de remplir une de ses principales missions. Par ailleurs, toutes les conclusions tirées après chaque étape de notre étude ont mise en évidence l’importance de disposer de cet outil de gestion. En plus d’améliorer le service d’information toxicologique, elle pourra par ailleurs être utilisée par la commission nationale de gestion des produits chimiques du Sénégal (CNGPC). Dans la continuité de ce travail, il serait intéressant d’approfondir cette étude. Ainsi pour améliorer la base de donnes élaborée des mesures doivent être prises :
 Faire un inventaire des produits chimiques qui circulent au Sénégal.
 Sur, la fiche « produit » d’une substance pure, obtenir toutes les préparations commerciales enregistrées dans la base de données qui contiennent cette dernière.
Ceci permettra par exemple de retrouver facilement toutes les préparations contenant une substance nouvellement classée CMR, ainsi que leurs localisations, afin d’adapter le dispositif de gestion du risque chimique.
 D’autres rubriques peuvent être ajoutées à la fiche produit à savoir :
 Premiers secours : mesures à prendre en cas de contact avec la peau, les yeux ou suite à une inhalation ou une ingestion.
 CMR : si le produit étudié est un produit cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction, des données supplémentaires sont spécifiées.
 Élimination des déchets : méthodes d’élimination des déchets et des emballages souillés.
 Transport : type de transport, classe, groupe d’emballage, étiquette, code danger et code matière.
 Réglementation et étiquetage : lois et décrets en vigueur lors de la rédaction de la fiche de données de sécurité du produit, les phrases de risque et de sécurité avec leur signification.
 Dispersion accidentelle : précautions à prendre pour les personnes et l’environnement ainsi que les méthodes de nettoyage et d’élimination.
 Créer un accès vers la base de données à partir de certains sites web.
 Une fois mis en ligne, créer des fenêtres de sensibilisations sur les envenimations.
 Ajouter de numéro d’urgence du CAP sur l’interface de la base de données.
 Mettre cette base à la disposition des autres centres antipoison de l’Afrique moyennant le paiement d’un abonnement annuel.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : Généralités Sur les produits chimiques
I. Définition
II. Classification et utilisation des produits chimiques
II.1. Classification des produits chimiques
II.2. Utilisation des produits chimiques
III. Risques toxiques associés aux produits chimiques
III.1. Exposition humaine aux produits chimiques
III.2. Effets sur la santé
IV. Gestion des risques liés aux produits chimiques
IV.1. Réglementation des produits chimiques
IV.1.1. Sur le plan international
IV.1.2. Sur le plan national
IV.2. Outils de gestion des produits chimiques
IV.2.1. Étiquette des produits chimiques
IV.2.2. Fiches de données de sécurité
IV.2.3. Logiciels
IV.2.4. Bases de données (BDD)
DEUXIEME PARTIE : Etude de cas
I. Objectifs
I.1. Objectif général
I.2. Objectifs spécifiques
II. Cadre de l’étude
III. Démarche méthodologie
III.1. Définition des données et conceptualisation de la base de données
III.2. Matérialisation de l’outil informatique
III.2.1. Choix du logiciel
III.2.2. Réalisation de l’outil
IV. Résultats
IV.1. La fiche produit
IV.2. Schéma conceptuel de la base de données
IV.3 la base de données du Centre Antipoison du Sénégal
IV.3.1. Enregistrement d’un produit
IV.3.1. Rechercher un produit
IV.3.3. Résultats de la recherche
V. Discussion
Conclusion et recommandations
Références bibliographiques

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