Effets des fermes agricoles modernes sur les terroirs ruraux

Le thème effets des fermes agricoles modernes sur les terroirs ruraux : le cas de la ferme de Keur Momar Sarr (Région de Louga) est l’intitulé du travail d’étude et de recherche que nous nous sommes proposé d’entreprendre pour notre Mémoire de Master II. Il s’inscrit dans les objectifs de l’Etat du Sénégal qui veut promouvoir la croissance de l’économie nationale et en particulier celle du monde rurale. Et cette croissance passe par la modernisation du secteur primaire qui occupe plus de 60% des actifs. C’est dans cette volonté de moderniser l’agriculture que l’Agence Nationale d’Insertion et du Développement Agricole (ANIDA) ex Plan-REVA a été créé. Ainsi l’ANIDA met en œuvre les politiques agricoles de l’Etat à travers l’implantation de fermes agricoles modernes dans les différentes zones bioclimatiques du pays.

Ces investissements et projets, selon les différents acteurs, pourront corriger les déséquilibres régionaux. Ils permettent aussi de lutter contre les forts flux de migration des zones rurales vers les villes, vers d’autres pays africains ou même vers l’international en faisant de l’espace rural un milieu attractif. C’est ainsi que des fermes agricoles modernes de pôles différents sont réalisées dans le Bassin arachidier et dans le Ferlo. C’est dans ce dernier que se trouve la communauté rurale de Keur Momar Sarr. Une zone agro-sylvo-pastorale répulsive du fait de ses caractéristiques physiques hostiles mais surtout du manque de moyens des populations pour l’exploitation rationnelle des potentialités. En réponse à cette situation de crise agricole, une ferme moderne a été implantée dans le Centre-Est de la communauté rurale de Keur Momar Sarr. Le but de l’étude de cas de la ferme de Keur Momar Sarr qui se trouve dans l’arrondissement du même nom, est d’évaluer l’efficacité de la politique agricole de l’Etat en termes de modernisation des systèmes de production et d’amélioration du niveau de vie des populations de la localité.

Le thème modernisation de l’agriculture et croissance économique est d’une importance capitale dans le contexte actuel de mondialisation et de recherche de solutions pour une autosuffisance et/ou une sécurité alimentaire dans nos pays. Ces solutions ne se trouvent pas dans les importations de produits alimentaires et encore moins à la dépendance du monde rural sur les transferts des émigrés, mais plutôt dans de bonne politiques de modernisation de l’agriculture. De ce fait, il serait intéressant d’étudier les stratégies, méthodes et techniques à mettre en œuvre par les différents acteurs, afin de passer d’une agriculture aux rendements moyens voir médiocre à celle plus rentable, plus diversifiée et plus prometteuse. C’est cette dernière forme d’agriculture qui est sensée recherchée avec la création de la ferme moderne de Keur Momar Sarr. Le sujet portant sur l’étude des effets de la ferme dans la zone est aussi particulièrement important du fait de la spécificité de la zone tant sur les plans climatique, démographique, socio-économique mais surtout du fait de l’ampleur du phénomène migratoire dans la région.

PROBLEMATIQUE

A l’échelle de la planète, l’essentiel des pays développés pour ne pas dire tous, sont passés selon le processus de leur développement par le secteur primaire. D’ailleurs ce dernier est la base du progrès des secteurs secondaire et tertiaire. Tous les progrès liés à l’histoire de l’humanité ont commencé avec l’agriculture. Déjà au Néolithique, les hommes apprenaient à faire de l’agriculture dans son sens large. Cette première agriculture dépendait strictement de la nature et du niveau d’intelligence et de la force de l’homme. Mais avec l’évolution, l’homme tente de s’adapter aux péripéties de la nature et encore mieux de moderniser son agriculture, son mode d’habitation ainsi que ces relations avec l’autrui par le biais d’échanges matériels et immatériels.

C’est dans cette dynamique d’évolution, de progrès, que des facteurs naturels, démographiques, socio-économiques et techniques viennent successivement et/ou simultanément accélérer le développement et la modernisation de l’agriculture entrainant ainsi des révolutions agricoles. Cependant ces révolutions agricoles se sont successivement opérées selon l’espace et le niveau de progrès des sociétés. C’est ainsi que l’agriculture a connu une rapide progression du point de vue de ses techniques, de sa productivité et de sa diffusion en Europe dès la première révolution industrielle. L’Amérique, actuellement première puissance mondiale, est partie sur les bases de l’agriculture. Cette dernière est aussi à la base du décollage économique de l’Asie de façon générale et en particulier de la Chine avec sa révolution verte.

Contrairement à ces différents continents, l’Afrique, où l’agriculture a fait ses débuts, est en traine dans le processus de modernisation de son agriculture face aux exigences des conditions naturelles, de sa croissance démographique et économique et de la mondialisation. Particulièrement en Afrique de l’Ouest, l’agriculture a du mal à se développer et jouer pleinement son rôle dans la dynamique économique des pays de cette sous-région.

Ainsi au Sénégal, avec sa position géographique et l’évolution de ses conditions climatiques, édaphiques et démographiques, le premier système de production qu’on peut qualifier de traditionnel, plus ou moins stable, connaissait des perturbations voir même des ruptures parce que dépendant du trinôme vital qu’évoquait Joseph Ki zerbo. Il a dit que « la pratique de la culture extensive requérait un assez grand nombre de bras et qu’un équilibre du trinôme force de travail-quantum de subsistance-niveau de vie… » . La stabilité du système de production d’autoconsommation d’avant la colonisation était due à une faible taille démographique, une générosité de la nature et de son appropriation par l’homme. Avant la colonisation la rupture du trinôme dont parlait Ki-zerbo commençait à se dessiner avec la perte progressive de la force humaine et de la désintégration du système de production. Et avec la colonisation, le système de production devient plus médiocre du fait de l’introduction de culture commerciale et surtout l’arachide au détriment des cultures céréalières. Ces dernières assuraient, tant bien que mal, l’autosuffisance alimentaire des paysans. Le Sénégal après son indépendance, a continué dans la dynamique d’amélioration de la condition paysanne en initiant ou en mettant en œuvres différents politiques et plans pour faire de l’agriculture le moteur du développement économique à l’image des pays développés, des pays émergents et de certains en voie de développement.

REVUE CRITIQUE DE LITTERATURE

Ouvrages généraux

George Pièrre (1963) : George P., Précis de Géographie Rurale, Presse Universitaires de France, 1963, 346p .

Dans cet ouvrage, George P. a commencé par montrer la diversité spatiale à l’échelle mondiale. Le monde rural se distingue de celui urbain mais cet antagonisme s’estompe de plus en plus au détriment d’un rapprochement voir d’une interdépendance. Il a fait aussi le point sur la spécificité selon le milieu physique et les sociétés : des campagnes européennes, sudaméricaines, africaines et celles de l’Asie du Sud-est.

Les systèmes de culture, leur ampleur et leurs objectifs diffèrent d’une zone à l’autre. La culture spéculative est plus propice ou plus présente dans les campagnes Européennes, particulièrement dans les pays socialistes, à l’opposé, la culture de subsistance est plus marquée en milieu tropical avec leur rythme saisonnier. Cette agriculture à la différence de celle commerciale, utilise des moyens matériels et des techniques dérisoires et s’effectue le plus souvent sur des sols mal entretenus. En plus, il y a une substitution de cette dernière à l’agriculture monoculturale et spéculative dont les résultats n’ont fait qu’engendrer une sousalimentation des populations rurales. Par exemple, il a cité la pauvreté qui sévit dans les campagnes de l’Afrique de l’Est. L’agriculture de marché quant à elle, est confrontée à la vérité des prix, à la surproduction et à la sous-consommation. GEORGE P. poursuit en illustrant de façon générale, l’organisation des espaces ruraux tant du point de vue de leur morphologie que de leur structure sociale. De ce fait, il nous permet de faire une comparaison des modes de fonctionnement des campagnes des pays économiquement avancés et celles des pays en voie de développement. Par conséquent, la crise des espaces ruraux africains avec l’introduction de la culture de rente, la faible technologie, la mono-céréaliculture et quelques pistes de sortie de crise comme la promotion de l’agriculture irriguée sont développées dans ce livre. D’où l’intérêt de notre réflexion. Mais le manque d’interrelation entre la structure spatiale, surtout rurale et les conséquences de l’émigration internationale en plus de l’ancienneté de son travail marquent la particularité de celui-ci par rapport à notre sujet.

Pélissier Paul(1966): Paul P., Les paysans du Sénégal : Les civilisations agraires du Cayor à la Casamance, Dakar, UCAD, 1966, 939 p .

Pélissier a montré de façon générale l’organisation du bassin arachidier après sa localisation. Il précise aussi des nuances régionales tant du point de vue des caractéristiques physiques que des structures sociales. De ce fait, les Wolof occupent, avec des systèmes de production particuliers, la partie septentrionale du bassin où la pluviométrie est la plus médiocre à l’échelle du pays. Cependant ces sociétés, en concert avec les facteurs naturels, accentuent la dégradation des écosystèmes par un système de culture mal adapté. Un système influencé par le passage d’une économie de subsistance à une culture spéculative qui s’est rapidement propagée.

La faible densité du pays Wolof par rapport à la partie méridionale du bassin et la structure familiale ont été évoquées par Pélissier. Il a constaté au sein de cette communauté des migrations internes dont les principaux objectifs étaient l’acquisition de nouvelles terres ou l’approchement de points d’eau. Mais la migration internationale de travail n’était pas une préoccupation pour ces populations. La première partie de la Thèse intitulée : Hommes et Campagnes du « Bassin de l’arachide » nous a permis de faire le point sur les principes fondamentaux en géographie humaine que sont en quelque sorte, les principes d’extension c’est-à-dire la localisation de l’espace étudié et le principe de généralité qui fait la spécificité de ce phénomène. Mais la différence de ce travail édité en 1966, par rapport à notre thème, se trouve dans le temps avec les multiples évolutions, surtout sur les systèmes de production agricole avec la multiplication des fermes agricoles modernes dans le bassin arachidier et le Ferlo, qui se sont intervenues dans cette tranche d’âge du cycle de vie de ladite région.

George Pièrre (1997) George P., Géographie Rurale, Ellipses, 1997, 208p.

Dans cet œuvre, il a élucidé la structure traditionnelle surtout des sociétés rurales et leur évolution au contact d’une civilisation industrielle et matérialiste. Il est important de comprendre les réalités socioculturelles des pays dans lesquels il a travaillé bien que les peuples qu’il a étudiés ont des réalités culturelles différentes des sociétés africaines. De ce fait, son travail n’intéresse qu’en partie notre thème. Ce livre nous rappelle l’importance et la nécessité de faire l’anthropologie des groupes concernés ou des populations bénéficiaires de tel ou de tel projet de développement avant son implantation, d’où l’importance de l’interdisciplinarité entre la sociologie, l’histoire, la Géographie pour évaluer l’évolution socioéconomique et la capacité des sociétés à s’adapter ou à changer de paradigme.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
CADRE DE REFERENCE
I- PROBLEMATIQUE
II- REVUE CRITIQUE DE LITTERATURE
III-CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL
IV- CADRE OPERATOIRE
V- METHODOLOGIE DE RECHERCHE
PREMIERE PARTIE : KEUR MOMAR SARR : UNE COMMUNAUTE RURALE A FORTES POTENTIALITES AGROSYLVOPASTORALES
CHAPITRE I : DES CONDITIONS NATURELLES FAVORABLES
I-1 Un relief monotone et des sols diversifies
I-2- L’Eau et la végétation : deux ressources essentielles
CHAPITRE II : POPULATION ET SYSTEME DE PRODUCTOIN TRADITIONNEL
II-1- Répartition et évolution de la population
II-2- LE systeme de production traditionnel : une faible productivité
DEUXIEME PARTIE : NOUVEAU SYSTEME DE PRODUCTION INTRODUIT PAR LA FERME ET AMELIORATION DE LA PRODUCTIVITE
CHAPITRE I : LA FERME DE KEUR MOMAR SARR, UNE UNITE DE PRODUCTION INNOVANTE
I-1- Localisation et présentation
I-2- Niveau d’execution
CHAPITRE II : AMELIORATION DE LA PRODUCTIVITE ET DIVERSIFICATION DES ACTIVITES
II-1- Le système de production moderne
II-2- Diversification des activités
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIERES
ANNEXE

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