Effet de la substitution partielle de la farine de poisson par du tourteau de coton et du tourteau de sésame dans l’ alin1entation

Le poisson et les produits de la pêche sont une source importante de protéines animales, de micronutriments et d’acides gras indispensables (Beveridge et al., 2013; FAO, 2014). Que le poisson soit issu des pêches de capture ou de l’aquaculture, il représente une source importante d’apport en protéines facilement accessibles et à faible coût pour les populations rurales, notamment celles des pays en développement (Katikiro et Macusi, 2012 ; COFI, 2013 ; FAO, 2014). En 2010, le poisson a assuré près de 17,8% de l’apport mondial en protéines animales dans les pays en développement (FAO, 2014). Les principales sources d’approvisionnement de cette denrée sont les pêches de capture et l’aquaculture mais les stocks mondiaux pour certaines espèces de poissons ont atteint le niveau de production équilibrée. Face à cette diminution des stocks, la préservation des ressources marines par la croissance du secteur aquacole s’impose. L’aquaculture est en effet un secteur dynamique de production d’aliments d’origine animale qui évolue avec la croissance démographique (FAO, 2010). La production aquacole mondiale est ainsi passée d’à peine 1 million de tonne au début des années 50 à environ 66,6 millions en 2012 (FAO, 2014). Des années 1980 à 2010, cette production a été multipliée par 12 avec un accroissement annuel de près de 8,8% (FAO, 2012). L’aquaculture pourrait donc être un facteur important dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté (Brummett et al., 2008; Katikiro et Macusi, 2012; Beveridge etaI., 2013).

L’aquaculture a été introduite en Afrique entre les années 1940 et 1950 pour diversifier les sources de protéines animales et favoriser l’autosuffisance alimentaire. En plus d’être un secteur important dans la production d’aliments à fort taux de protéines animales, elle contribue à l’amélioration des conditions de vie dans les pays en voie de développement (FAO, 2012).

Les principales familles de poissons essentiellement utilisées pour la production piscicole en Afrique de l’ouest sont les Cichlidae et les Clariidae (Lazard et Légendre, 1994). Les espèces de Clariidae d’élevage les plus utilisées sont Clarias gariepinus et Heterobranchus longifilis qui sont très appréciées dans de nombreux pays d’Afrique. Elles ont des capacités de croissance et de survie fort élevées (Viveen et al., 1985, Lacroix, 2004), s’adaptent facilement en conditions de production intensive et tolèrent des conditions extrêmes de leur milieu de vie (Hecht et al., 1988). C. gariepinus est une bonne espèce de culture de par son alimentation éclectique et omnivore, sa capacité de croissance rapide, sa résistance aux manipulations ainsi qu’au stress (De Graaf et Janssen, 1996 ; Lacroix, 2004). Sa domestication a débuté dans les années 1970 mais sa production stagne en Afrique alors qu’elle se développe en Europe, en Asie et en Amérique latine (Hecht et al., 1996 ; Ducarme et Micha, 2003). Cette situation pourrait s’expliquer par: la non maîtrise des techniques de production, la rareté des semences de bonne qualité, les raisons socioculturelles, les difficultés économiques et celles liées à la disponibilité de l’aliment adéquat pour poisson et à moindre coût.

L’émergence de l’aquaculture rencontre en effet une contrainte majeure qui est le coût élevé des aliments pour poissons, notamment dans les pays en développement. Il semble donc important de privilégier une disponibilité abondante en aliments pour accompagner cette production.

Ainsi, en aquaculture intensive notamment, l’un des facteurs les plus importants est l’aliment qui pourtant constitue l’intrant le plus couteux. Le principal ingrédient utilisé pour la fabrication de l’aliment industriel est la farine de poisson. C’est une importante source de protéines de qualité pour les poissons en plus de son appétence et sa digestibilité (Yildirim et al., 2009; FAO, 2012; Medale, 2010; Medale et al., 2013). En effet pour de nombreuses espèces de poissons, la farine de poisson, de par sa composition en acides aminés indispensables, en acides gras essentiels, en vitamines et en minéraux, couvre la plupart des besoins nutritionnels (Medale et Kaushik, 2008 ; COFI, 2013; FAO, 2014; Burel et Medale, 2014). Les aliments destinés aux animaux doivent avoir un équilibre nutritionnel et du reste assurer un apport conséquent en protéines, en énergies et en vitamines (Peyronnet et al., 2014). La farine de poisson est donc un ingrédient très important dans la formulation d’aliments, notamment pour poissons. Mais son coût élevé augmente le prix des aliments et par ricochet, celui des poissons à l’étalage.

En dépit de ses qualités nutritives et digestives, la farine de poisson est de plus en plus remplacée par d’autres sources de protéines, notamment végétales, en remplacement ou en incorporation en plus de la farine de poisson, du fait de leur disponibilité et surtout de leur faible coût (Nyinawamwiza, 2007 ; Zheng et al., 2010 ; Ble et al., 2011 ; Nogales Meride et al., 2011 ; Jiang et al., 2012 ; Pallabi et al.,2013 ; Kumar et al., 2014). Ces protéines végétales qui sont notamment des sous-produits agricoles ont été introduits dans l’alimentation des poissons dans les pays en développement et concernent principalement les tourteaux d’oléagineux qui sont des sources d’énergie et de protéines (Sauvant et al., 2004 ; Ble et al., 2011). Par ailleurs, les sous-produits de céréales tels que le son de maïs constituent également des composés énergétiques. En effet, les céréales et leurs sons contiennent de l’amidon qui pourrait être utilisé comme source d’énergie pour le métabolisme des poissons (Peyronnet et al., 2014). L’utilisation de produits locaux dans l’alimentation des poissons permettrait ainsi de diminuer les importations d’aliments et rendre cette activité plus rentable (Pallabi et al., 2013).

Le tourteau de coton, un sous-produit agro-industriel, a une teneur en protéines évaluée entre 36 et 43% (Sauvant et al., 2004). Il peut remplacer la farine de poisson dans les provendes aquacoles en substitution partielle ou totale sans réduire significativement les performances de croissance (Viveen et al., 1985 ; Nyinawamwiza, 2007 ; Bamba et al., 2008 ; Imorou Toko et al., 2008 ; Monentcham et al., 2010 ; Zheng etaI., 2010; Ble etaI., 2011 ; Jiang etaI., 2012; Kumar etaI., 2014). Par ailleurs, les facteurs antinutritionnels, la quantité non négligeable de parois végétales et de fibres qu’il contient peuvent provoquer des troubles digestif et métabolique chez le poisson (Médale et al., 2013).

Le tourteau de sésame est également un tourteau d’oléagineux riche en protéines et susceptible de remplacer le tourteau de coton comme ingrédient dans la fabrication d’aliments pour poissons. Il a un taux élevé en protéines brutes, comparable à celui du tourteau de coton (43%) (Sauvant et al., 2004). Aussi, sa teneur en huiles résiduelles reste plus élevée que celle du tourteau de coton. Cet aspect de sa composition pourrait en faire un produit de remplacement efficace du tourteau de coton car serait une source d’énergie plus élevée pour le métabolisme des poissons ; la couverture de leurs besoins énergétiques pouvant conduire à l’épargne des protéines pour la constitution de la chair (Médale et Kaushik, 2008). En plus, il ne contient pas de parois végétales et sa teneur en fibres est plus faible que celle du tourteau de coton (Sauvant et al., 2004).

La disponibilité d’un aliment moins coûteux et fabriqué localement pourrait contribuer à l’expansion de l’aquaculture au Burkina Faso. Sur le plan local, le tourteau de coton est accessible car l’huile de coton est la principale huile fabriquée au Burkina Faso. Mais ce tourteau est très sollicité car il est utilisé dans l’alimentation du bétail. La fabrication industrielle ou semi-industrielle d’huile de sésame quant à elle, est une toute nouvelle activité au Burkina Faso. L’utilisation potentielle du tourteau de sésame dans l’alimentation du poisson pourrait être explorée au regard de sa teneur en protéines qui est similaire à celle du tourteau de coton.

Présentation de l’espèce d’étude 

Systématique et distribution 

Le poisson-chat Clarias gariepinus (Burchell, 1822) est une espèce du genre Clarias qui appartient à la famille des Clariidae, au sous-ordre des Siluroidae et à l’ordre des Siluriformes (Levêque et al. 1992). Il a une distribution presque panafricaine, du Nil en allant vers l’Afrique de l’Ouest et de l’Algérie au Sud de l’Afrique. Par ailleurs, on le rencontre également en Asie mineur dans les pays tels que l’Israël, la Syrie et le sud de la Turkie (De Graaf et Janssen, 1996).

La morphologie et le milieu de vie

L’espèce Clarias gariepinus est caractérisée par un corps anguilliforme recouvert de mucus et dépourvu d’écailles, et une tête large et aplatie pourvu de petits yeux. Sa bouche, large est entourée de quatre paires de barbillons qui jouent un rôle sensoriel. Les nageoires dorsale et anale sont allongées et constituées de rayons mous tandis que les pectorales sont munies chacune d’une forte d’épine (Skelton et Teugels, 1991). Sur la partie dorsale et latérale de son corps, il présente une peau pigmentée de noir tandis que le ventre a une couleur blanchâtre. Ce pigment noir peut présenter un aspect plus ou moins sombre en fonction de son habitat (Skelton et Teugels, 1991 ; Lacroix, 2004).

Cette espèce a la particularité de posséder un organe supra-branchial arborescent muni de tissus fortement vascularisés qui lui sert d’organe accessoire de respiration. Grâce à cet organe, il peut vivre dans les marais et survivre plusieurs heures hors de l’eau car Il lui permet de respirer l’air atmosphérique.

D’un point de vue morphologique, C. gariepinus est semblable à une autre espèce de la famille des Clariidae, Clarias anguillaris. De ce fait, leur identification est surtout basée sur la détermination du nombre de branchiospines situées sur le premier arc branchial. L’espèce C. gariepinus est caractérisée par un nombre élevé de branchiospines (24 à 110) par rapport à C. anguillaris (Linné, 1758) qui lui, en possède entre 16 et 50 (Levêque et al., 1992).

C. gariepinus vit dans les marécages, dans les eaux calmes des cours d’eau et des lacs dont certains sont sujets à des assèchements saisonniers (De Graaf et Janssen, 1996; Lacroix, 2004). Dans son habitat naturel, il a un régime alimentaire omnivore à tendance carnivore car c’est un prédateur. Il a une alimentation éclectique allant des organismes du plancton aux poissons pouvant atteindre 10% son poids (De Graaf et Janssen, 1996). Il se nourrit également de fruits, de graines et de petits mammifères (Hecht et al., 1988).

La reproduction 

Le poisson-chat africain C. ganepmus présente un dimorphisme sexuel qui est caractérisé chez les individus adultes. Chez le mâle adulte la papille uro-génitale est allongée et se prolonge vers l’arrière de l’anus tandis que chez la femelle, elle se limite à un orifice ovale.

La reproduction naturelle chez Clarias se fait en saison pluvieuse et est sujette à la photopériode et aux changements de température. La maturation des gonades commence en mars et la phase de reproduction s’étend de juillet à octobre (De Graaf et Janssen, 1996). Dans les conditions normales, le processus de reproduction est favorisé par la montée des eaux qui provoque une réaction psychique aboutissant à la maturation finale des ovules. Après une parade nuptiale plus ou moins longue, la ponte a lieu en eau peu profonde ou dans les herbes inondées où les œufs pourront s’adhérer au substrat. La femelle lâche les ovules qui sont immédiatement fécondés par le mâle. Les œufs ainsi obtenus sont vigoureusement éparpillés par les géniteurs pour éviter qu’ils ne se collent entre eux pour favoriser leur bonne adhésion au substrat. L’éclosion des œufs peut avoir lieu entre 24 et 48h après la fécondation et est fonction de la température d’incubation (Hecht et al., 1988).

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
GENERALITES
1 Présentation de l’espèce d’étude
1-1 Systématique et distribution
1-2 La morphologie et le milieu de vie
1-3 La reproduction
Il Problématique de l’alimentation des c1arias
I-MATERIELS ET METHODES
1-1 MATERIEL.
1-1-1 Matériel technique
1-1-2 Matériel biologique
1-1-3 L’aliment
1-1-4 Matériel de mesure et de pesée
1-2 METHODES
1-2-1 Conduite de l’expérimentation
1-2-1-1 Les paramètres physico-chimiques
1-2-1-2 Les paramètres de croissance
1-2-2 Analyses statistiques
II-RESULTATS ET DiSCUSSiON
11-1 RESULTATS
11-1-1 Les paramètres physico-climiques
11-1-1-1 Le pH
11-1-1-2 La température (OC)
11-1-1-3 La conductivité (lJs/cm)
11-1-2 Les paramètres zootechniques
11-1-2-1 Le taux de survie
11-1-2-2 Le poids corporel (g)
11-1-2-3 La taille (cm)
11-1-3 Les paramètres de croissance et les indices biologiques
11-2 DISCUSSION
11-2-1 Les paramètres physico-chimiques
11-2-2 Les paramètres de croissance
11-2-3 Les indices biologiques
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE

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