Écrire le féminin dans les œuvres d’Hélisenne de Crenne

L’inscription de la quête amoureuse dans la trame narrative

   Gustave Reynier a rapproché la première partie des Angoysses douloureuses qui procedent d’amours d’Hélisenne de Crenne de La complainte de Flammette de Boccace. Telle Flammette, Hélisenne s’éprend d’un jouvenceau. Les deux héroïnes partagent les mêmes délires et angoisses à cause de leur passion concupiscente. Plainte, consolation et déploration caractérisent l’armature générale des deux récits. En outre, leurs amants Guenelic et Pamphile ont intensifié leur souffrance à cause de leur inconstance et de leur nonchalance. Hélisenne a exprimé, à maintes reprises, son acharnement contre son amant volage qui a divulgué leur amour et a contribué à souiller sa renommée : Je veoie manifestement son inconstance et imprudence, par ce qu’il me monstroit. Et comme je povois conferer, ou presupposer par signes evidens, il publioit et divulgoit noz amours. Et oultre plus, j’en fuz certaine par l’une de mes damoyselles, laquelle l’ouyt en devis, et disoit ainsi à l’ung de ses compaignons : ceste dame la est merveilleusement amoureuse de moy, voyez les regards attrayans de ses yeulx, je presuppose qu’en continuant de poursuyvre, facilement en pourray avoir jouyssance. Réveillée une nuit par les sanglots de son amant Pamphile, Flammette apprend une épouvantable nouvelle qui a transformé sa vie. Pamphile lui avoue que son père souhaite le revoir et il décide de partir pour Florence, son pays natal, et d’obéir au devoir filial. Tourmentée et travaillée par la décision inattendue de son amant, elle a tenté en vain de le convaincre de rester. L’échec de persuasion est marqué par l’évanouissement et la perte de parole de Flammette au moment de départ de Pamphile, au terme du chapitre II. Les deux narratrices ont choisi de relater leurs tourments et leurs douleurs aux nobles dames amoureuses car elles peuvent éprouver de la compassion à leur égard. Flammette s’adresse dans son épître liminaire aux « honnestes Dames ». Elle écrit « en piteulx et larmoyant stille » et attend de ses interlocutrices de « piteuses larmes ». (Fl.,ii v°). L’épître dédicatoire de Dame Hélisenne reprend ainsi celle de La complaincte de Flammette de Boccace. Hélisenne de Crenne exprime d’emblée son vouloir de communiquer ses extrêmes douleurs aux honnêtes dames. Elle expose deux raisons pour justifier son choix. Elle estime que les femmes sont naturellement enclines à avoir compassion. De plus, elle pense telle Flammette, que son infortune suscitera « quelques larmes piteuses » qui pourraient lui donner « quelque refrigeration medicamente ». Les deux narratrices instaurent un pacte de lecture en impliquant les lectrices dans leurs réflexions. Ce rapport entre narratrices et lectrices témoigne d’un processus d’identification dans la mesure où elles partagent en quelque sorte le même sort. Par ailleurs, bien que le sexe masculin soit exclu dans l’exorde, il émerge dans la péroraison comme l’implicite interlocuteur auquel sont destinés les deux récits. Flammette s’adresse initialement à un public exclusivement féminin et rejette avec fermeté le sexe masculin, incapable de comprendre sa détresse et son chagrin :Les douleurs des miserables croissent habondamment quand ilz congnoissent ou sentent que aucune a compassion. Et pource que j’ay plus grand desyr de me douloir que d’aultre chose/ Et affin que par longue usance accoustumee de ce faire, ne amoindrisse ma douleur/ Mais qu’elle se avance et croisse, il me semble, nobles dames, qui avez les cueurs en amours plus heureux que moy, que en vous racomptant mon miserable cas et infortune, prendrez de mon malheur quelque compassion, et ne me chault si mes parolles ne sont communiquees aux hommes/ Et en tant que je puis leur denie et refuse, pource que si aucune de mes ameres douleurs leur est descouverte, plusieurs en feront publicques preschemens/ risees et mocqueries, plus tost que larmes piteuses. (Fl., 2 r°) Hélisenne de Crenne met en garde les honnêtes dames contre les dangers de l’amour lascif et les exhorte à rester chastes et pudiques : « Je vous prie de vouloir eviter ociosité, et vous occupez à quelques honnestes escercices ». S’adresser aux dames est alors une pratique récurrente à la Renaissance. Plusieurs femmes écrivains vouent leurs livres aux lectrices pour s’insurger contre la misogynie masculine et pour revaloriser le sexe féminin. C’est ainsi que Louise Labé cherche une consolation et une « refrigeration medicamente » à sa désolation :
Et meintenant me suis encor contreinte
De rafreschir d’une nouvelle pleinte
Mes maus passez. Dames, qui les lirez,
De mes regrets avec moy souspirez.
Possible, un jour je feray le semblable,
Et ayderay votre voix pitoyable
A vos travaux et peine raconter,
Au temps perdu vainement lamenter. Jeanne Flore a voué aussi ses écrits aux femmes. Ses Comptes amoureux se donnent à lire comme un recueil féministe édifiant, destiné aux « jeunes Dames Amoureuses ». L’auteur défend le droit de la femme à l’amour et elle proteste contre l’iniquité d’un mariage « impareil » qui contraint les jeunes filles à vivre des rapports conjugaux forcés et voués à l’échec. Elle plonge ses lectrices dans un univers romanesque fictif, peuplé de figures mythologiques, de fées et de dragons ; et elle les exhorte à suivre les lois de l’amour afin d’éviter la colère de Vénus et d’échapper à une cruelle et redoutable punition. Ceci se concrétise dans son huitain liminaire :
Gardez vous bien du vray Amour offendre,
Lequel n’est pas comme on le painct, aveugle :
Sinon en tant que les Cruelz aveugle,
Qui n’ont le cueur entier, piteux, et tendre.
Le voilà jà tout prest de son arc tendre
Contre qui n’ayme usant du malefice
De Cruaulté : doncques au sainct service
D’amour vueillez de bon vouloir entendre.
Amour n’est donc pas aveugle. Mais il punit atrocement et rend aveugles ceux qui refusent d’aimer et méprisent leurs amant(e)s. En outre, bien que Jeanne Flore inculque à ses lectrices une doctrine qui s’oppose à celle de la littérature conventionnelle incitant les femmes à rester fermes et inaccessibles, elle dévoile dans son épilogue que ses Comptes sont une fiction de poésie dénonçant les récriminations masculines et l’institution du mariage :
Je t’ay voulu pour la conclusion
Bien advertir que tout ce est fiction
De poésie. […]
Je blasme icy l’impareil mariaige. 118
Toutefois, si les deux prologues font allusion à un univers nettement féminin, les deux épilogues ont marqué l’apparition d’un autre destinataire : les hommes. Flammette inclut le sexe masculin pour l’incriminer. En d’autres termes, la narratrice, désespérée, sollicite la sympathie féminine et accuse l’orgueil et la tyrannie masculines qui sont à l’origine de sa douleur et de ses écritures. Quant à l’épilogue du premier récit des Angoysses, il met en présence une hélisenne tripartite : elle est héroïne, narratrice et auteure. Enfermée, elle décide de réécrire son tourment à son ami. Elle aspire à ce que ses écritures tombent un jour entre les mains de son amant pour venir la délivrer. L’auteur transcrit ainsi l’expérience malheureuse d’Hélisenne pour avertir les femmes contre les répercussions de la passion adultérine. De plus, si le premier récit des Angoysses est voué aux « honnestes dames », le deuxième récit est adressé aux « lecteurs benevoles » : Apres vous avoir exhibé [o lecteurs benevoles] les vehementes passions que Amour venerienne peult es tendres et delicieux cueurs des amoureuses dames causer, il m’est prins vouloir de vous narrer et reciter les calamitez et extremes miseres, qui par indiscretement aymer les jeunes hommes peulent souffrir.119 Flammette et Hélisenne de Crenne, narratrices, destinent leurs histoires et expériences aux femmes pour chercher leur sympathie et pour se réconforter. Mais Boccace et Marguerite de Briet vouent leurs récits à un public plus vaste incluant l’homme. Toutefois, les deux textes témoignent visiblement d’une similitude au niveau de l’armature textuelle. En effet, l’architecture exégétique des Angoysses douloureuses qui procedent d’amours est marquée par l’omniprésence des péripéties traduisant le ballotement du couple entre conjonction et disjonction. Or, l’ossature textuelle de La complainte de Flammette est caractérisée par l’absence d’action. Elle est principalement bâtie sur le style oratoire. Le discours plaintif de Flammette se concrétise à travers le recours au dialogue et au soliloque. Les discours dialogiques mettent en présence aussi bien des interlocutrices réelles que fictives telles la nourrice et Vénus qui se manifestent au chapitre liminaire. Flammette fait intervenir, dans son imagination, une nouvelle interlocutrice « Vénus » afin de répondre aux arguments de la nourrice. Leurs discours s’opposent systématiquement pour traduire l’émoi intérieur de Flammette voire son dédoublement entre raison et passion. La nourrice s’évertue à dissuader Flammette de se soumettre à la folie du dieu Amour, perçu comme un tyran, voire une « Furie infernale » anéantissant toute forme de résistance alors que Vénus la persuade de s’adonner aux plaisirs de l’amour. En outre, les événements présentés sont soit imaginés soit rapportés par des tiers. Il est question souvent de fausses nouvelles, telles l’histoire du mariage de Pamphile qui a été divulguée par un marchand, la nouvelle passion de Pamphile pour une autre femme, propagée par un serviteur revenant de Florence ou le faux retour de Pamphile annoncé par la nourrice qui a confirmé que ce n’est qu’un homonyme. Par ailleurs, le texte hélisennien présente une progression exégétique novatrice par rapport au texte boccacien. Ceci se concrétise principalement à travers le rôle accordé au mari. Il est présenté, au début, comme un époux aimant et protecteur. Or, apprenant la passion lascive d’Hélisenne, il tente de séparer les deux amants et d’empêcher leur union. Il emprisonne Hélisenne dans sa chambre et l’empêche de voir son amant. Surprenant sa femme tenant entre les mains les lettres de son amant, il les brûle furieusement. Il a recours à la menace et à la violence verbale et il enferme, enfin, son épouse dans la tour du château du Cabasus. En revanche, le récit de Flammette ne présente aucun détail explicitant l’intervention du mari cocu, étrangement absent. L’héroïne n’a jamais recours à une stratégie pour déjouer la vigilance de son mari. Elle se contente de la présence de sa nourrice qui joue provisoirement le rôle du mari qui conseille et avertit à la fois. De plus, la chambre conjugale est accessoirement celle du couple d’amants. Toutefois, le récit d’Hélisenne privilégie la correspondance entre les amants. Or, La Flammette de Boccace se donne à lire comme une introspection psychologique car elle présente peu d’éléments romanesques. Elle lance un cri de douleur émouvant, suite au départ subit de son amant. De plus, son infidélité la conduit initialement au suicide raté ; ensuite à la résignation et enfin à l’attente désespérée d’une éventuelle union. Les deux récits restent ouverts. Hélisenne, séquestrée au château de Cabasus, écoute les conseils de sa vieille servante et consigne par écrit son malheur en aspirant à ce que ses « ecriptures » tombent un jour entre les mains de son amant pour la délivrer. Quant à Flammette, elle écrit pour éveiller la compassion de son amant et pour le convaincre de ne pas l’abandonner. D’un point de vue rhétorique, les deux œuvres présentent le même exorde mais elles n’ont pas la même péroraison puisque les deux narratrices ne partagent pas manifestement la même intention. Hélisenne, aspire à la communion avec son amant par le biais de l’écriture. Elle ne cherche pas le pardon mais une « refregeration madicamente ». Or, Flammette, en s’adressant à un public exclusivement féminin, écrit pour susciter la compassion de son amant. Elle pleure son absence et se lamente sur son sort. Son discours rétrospectif a une double entente : elle s’évertue à persuader les Dames de son malheur et à se persuader soi-même du retour de son amy qui l’a abandonnée. L’écriture d’Hélisenne est alors compensatoire, celle de Flammette est piteuse.

Deux « exemplarités expérientielles » discordantes

   La Complainte des tristes amours de Flammette a son amy Pamphile et Les angoysses douloureuses qui procedent d’amours constituent deux titres rhématiques confirmant l’appartenance de deux œuvres à l’élégie et au style piteux. En témoignent l’omniprésence de deux champs lexicaux : la plainte et la pathologie. Le premier dit les pleurs et les tourments de deux héroïnes, affligées par l’inconstance et la frivolité de leurs amants Guenelic et Pamphile ; le deuxième insiste sur les troubles et la maladie de l’âme colérique et désespérée perdant tout contrôle sur soi et devenant sadique. Hélisenne de Crenne emprunte à Boccace une rhétorique de l’amour. L’auteur reproduit l’histoire de Flammette pour repenser les matériaux verbaux. L’amour se donne à lire comme une fureur irrésistible et dévastatrice. Cette fureur met l’accent non pas seulement sur le sort tragique de deux héroïnes, mais aussi sur la perte de la rationalité et folie dont elles souffrent. En témoignent la répétition du mot « folie » dans les deux textes et l’itération du terme « fureur », employé métaphoriquement pour mettre l’accent sur les effets de la passion adultérine sur les deux héroïnes. Hélisenne et Flammette s’identifient à une figure féminine qui a eu une influence capitale sur leurs vocations et pensées : la reine virgilienne Didon. Mais, les deux protagonistes, à l’encontre de Didon, ont été prédestinées à vivre la souffrance suite à l’échec de leurs tentatives de suicide. En outre, Flammette et Pamphile constituent deux pseudonymes inventés pour permettre aux personnages d’exprimer librement leur passion. Les deux surnoms sont suggestifs car ils symbolisent la destinée de deux amants. Flammette signifie « petite flamme » et Pamphile « Tout amour ». Janine Incardonna a fait une intéressante réflexion sur la signifiance de l’onomastique. Le surnom Flammette revêt une double connotation : il traduit d’un côté la vivacité qui renvoie à la jeunesse de l’héroïne et à son ardente passion et de l’autre son affliction et sa souffrance dues à son amour pour Pamphile. Identifiée au feu et à la ferveur, elle rejoint le destin qui a été déjà inscrit à travers son prénom. Prédestinée à la souffrance et à la douleur, Flammette trouve son essence et son identité dans cette passion irrémédiable et irrésistible qu’elle a vécue. Elle s’adonne volontiers aux feux de l’amour et reste à jamais fidèle à son amant qui l’a pourtant trahie. Ceci est encore illustré par Flores : abandonnée par Pamphile, qui a refusé à trois reprises de céder à ses avances, Flammette met un terme à sa vie. Quant à Pamphile dont le surnom signifie « celui qui aime tout », il finit par se lasser et délaisser son amante. Dans les pages clausulaires de La Deplourable fin de Flammette, Pamphile choisit l’isolement et l’exil. Apprenant la mort de Flammette, il s’auto-accuse, se culpabilise et s’auto-punit en fuyant le monde et la société. À l’encontre de Flammette, Pamphile « qui aime tout » est condamné à la solitude et à l’anéantissement. D’un homme sociable, il devient misanthrope. Les surnoms sont alors connotatifs car ils sont révélateurs de deux expériences opposées et de deux visions de l’amour paradoxales : la première témoigne d’une passion adultérine dévorante conduisant la soupirante enflammée à la mort. Il s’agit en ce sens d’une reprobatio amoris. La deuxième expérience amoureuse découle sur le châtiment de Pamphile qui n’a jamais connu le vrai amour parce qu’il a abandonné son amante. La complainte de Flammette ne relève pas de l’évolution du personnage féminin. Aucune transformation intérieure ne s’est opérée. En revanche la conception de l’amour chez Hélisenne est devenue synonyme de caritas. L’infléchissement moral prédominant, dans le texte hélisennien et mentionné dès le titre où se matérialise la mise en garde « à ne suyvre folle amour », confirme une prise de distance délibérée vis-à-vis de la Flammette de Boccace. Le récit boccacien relève d’un fléchissement au niveau de l’entreprise de Flammette. La narratrice ne vise pas juste les femmes. Elle cherche, certes, leur sympathie ; mais elle sollicite aussi un autre interlocuteur : les hommes. En témoigne le dernier chapitre représentatif d’une prière à Dieu pour obtenir soit le retour de Pamphile soit la mort. En effet, l’histoire de Flammette s’achève au chapitre VII. Elle cesse de narrer ses déboires et se livre à l’attente : retrouver son amant, ou mourir. Mais, est-elle vraiment prête à réaliser l’un des deux serments ? Une question qui s’avère ambiguë tant que le principal interlocuteur de Flammette demeure absent. Flammette établit dans le dernier chapitre VIII une sorte de catalogue encyclopédique représentatif de toutes les figures féminines qui ont souffert en matière d’amour. Il est question des amantes malheureuses telles les héroïnes ovidiennes (Byblis, Thisbé…), celles du cycle troyen et de la tragédie grecque (Hécube, Phèdre), celle de l’Énéide (Didon) et les personnages historiques (Sophonisbe, Cléopâtre, Cornélie, l’épouse de Pompée). Ce catalogue est révélateur de l’entreprise de Flammette : elle cherche d’un côté à comparer ses déboires et ses peines à toutes les figures féminines citées ; et de l’autre elle s’escrime à montrer que sa peine est bel et bien supérieure. Ce chapitre se présente donc comme une péroraison représentative d’une hiérarchie discursive qui va des Dames nobles, susceptibles de la comprendre et d’adhérer à son histoire et à son expérience, à l’accusation des hommes qui sont à l’origine de son désarroi. Force est de noter que le dernier chapitre marque l’immersion d’un « je » autre que celui de Flammette : celui de la vraie voix auctoriale : Boccace. Le livre est alors dédié non pas seulement aux Dames, mais à une postérité plus vaste qui élèvera Flammette au rang des divinités. Mais l’expérience de Flammette est bien particulière et singulière. Elle se distingue des héroïnes antiques car elle ne partage pas le destin tragique de ses modèles (Phèdre, Hippolyte). L’expérience de Flammette prend un nouvel accent plus proche de la réalité que du fatum. La narratrice décrit sa passion adultérine non pas pour se culpabiliser et s’auto-accuser mais pour légitimer une passion vécue et confirmée par et à travers la parole et le verbe. Quand au récit de Juan de Flores, il constitue une réponse à la complainte du personnage boccacien. Mais le récit espagnol relève aussi d’une différence générique par rapport à la Flammette de Boccace. En effet, si Boccace privilégie la description et l’analyse psychologique du personnage féminin, subissant un double échec marital et extraconjugal et choisit de laisser la fin de l’histoire ouverte, Flores favorise l’action. Amour et aventure s’entrecroisent en ce sens, dans l’œuvre de Flores, pour mettre en parallèle deux genres distincts, en apparence, mais qui sont, en réalité, étroitement liés : la fiction amoureuse et le roman de chevalerie. Pour consoler Flammette, Grimalte essaye de la convaincre de ne pas se résigner afin de changer son sort et de retrouver le bonheur : Et pource si fortune vous est a ceste heure contraire, & que scavez desja endurer, elle pourra retourner la roe, comme celle qui esprouve les fortz, & avecques les foybles se desdaigne, & pourtant debvez vous vous efforcer d’avoir espe rance a ces prosperez biens, Car par adventure (comme contente de vous ennuyer) elle vous haulsera en quelque joye, tellement que mes pa rolles soient en voz oreilles aucune consolation voyant de quelle grand affection de vous povoir ayder, je le dis, tant pour adoulcir vostre dur cueur, comme pour amoindrir quelque chose de vostre douleur, Dont je vous en declaire tant doulcement qu’il m’est possible, ce qu’il m’en semble, & qu’il vous plaise d’y entendre. Le recours à la tradition chevaleresque est une constituante principale des Angoysses d’Hélisenne de Crenne. Elle rééquilibre l’apport entre amour et aventure en mettant en place une structure tripartite : le premier récit sentimental décrit la complainte d’Hélisenne, tourmentée par sa passion naissante et déchirée entre un mari violent et un amant nonchalant ; le deuxième récit chevaleresque est mené par Guenelic et son compagnon Quezinstra qui partent à la recherche d’Hélisenne ; et un troisième récit mêlant amour et chevalerie dans la mesure où il marque la fin de l’aventure de Guenelic et introduit une nouvelle aventure fictive, effectuée par Quezinstra, qui a pris en charge la publication du livre des Angoysses d’Hélisenne. Dans le récit de Flores, la quête du bien-aimé est entamée par Flammette. Elle abandonne son mari et quitte son pays natal à la recherche de son amant Pamphile. Grimalte, craignant la perte de sa bien-aimée, décide de l’aider à accomplir sa quête et se met à son service. Il se comporte comme un chevalier fidèle et dévoué même après la mort de Flammette. En témoigne son duel avec Pamphile. Grimalte a effectué en ce sens deux quêtes: la première qui n’est pas la sienne et qui consiste à retrouver Flammette afin de la concilier avec Pamphile et une seconde recherche pour retrouver Pamphile et prendre revanche contre lui.

Les sources des Epistres familieres et invectives d’Hélisenne de Crenne

   Les epistres familieres et invectives constituent le second livre d’Hélisenne de Crenne, publié un an après Les angoysses douloureuses qui procedent d’amours, en 1539. Ces épîtres ont été rééditées huit fois entre 1539 et 1560. Il s’agit du premier recueil français qui a pratiqué l’épistolographie en prose. Ayant la forme diptyque, il se compose de deux volets opposés aussi bien par le contenu que par la tonalité. La première partie contient treize Epistres familieres, la seconde cinq Epistres invectives. Jean-Philippe Beaulieu suggère un classement par thèmes : les neuf premières lettres relèvent de la régulation morale. Ces épîtres ont une fonction analytique voire didactique car elles traitent des sujets variés (mariage, adultère…) et elles débouchent sur des morales et valeurs humaines telles la vertu, la sincérité, la sagesse et l’abstinence… Les lettres X à XIII sont centrées sur les confessions d’Hélisenne de Crenne et sur la description de son expérience amoureuse. Quant aux lettres invectives, elles lancent un réquisitoire contre la misogynie masculine et une apologie du savoir féminin. Les Epistres familieres s’alimentent des Epistolae ad familiares de Cicéron et du De Conscribendis epistolis d’Érasme. À l’instar de Cicéron, les lettres d’Hélisenne de Crenne relèvent d’une apologie de l’amitié et elles reposent sur un parallélisme entre la vie privée et la vie publique. Nous mettrons en ce sens l’accent sur les points de convergence et de divergence entre l’écriture épistolaire cicéronienne et celle d’Hélisenne de Crenne. Le recueil hélisennien fait écho aussi à la typologie des genres épistolaires érasmiens. Les dix premières épîtres s’y conforment partiellement puisqu’elles relèvent manifestement des sous-genres suasoires ou délibératifs. La première lettre, envoyée à une Abbesse fait partie du sous-genre délibératif de la lettre de persuasion. Elle se rattache aussi aux sous-genres familier et judiciaire des lettres de remerciement et d’appel à la pitié. Les épîtres III, IV, VI relèvent visiblement du sous-genre délibératif de la lettre de consolation. Quant aux épîtres V, VIII et IX, elles appartiennent au sous-genre délibératif de la lettre de conseils. L’épistolière recourt dans ses premières lettres familières à la consolation (consolatoria), à l’encouragement et à l’exhortation (exhortoria). Elle s’adresse à un public féminin pour exposer les soucis auxquels les femmes sont confrontées dans une société phallocratique, refusant son intégration dans la vie sociale et culturelle. Elle les oriente et les met en garde contre les répercussions du désir lascif. Or, Hélisenne de Crenne change très vite de tactique. À la dixième lettre adressée à Galazie, elle éprouve le besoin de confier son tourment et d’avouer son désir libidineux. Elle recourt donc à l’information (nunciatio). Le désir d’informer s’intensifie dans la treizième lettre familière car Hélisenne de Crenne met en présence une missive hermétique, marquant le passage du lien amical à un rapport plus intime, révélateur des affres de la passion adultérine, qui a prédominé et détérioré l’épistolière. Cette lettre informative est représentative d’un travestissement générique dans la mesure où la lettre familière s’est transformée en une lettre d’amour. Il sera donc judicieux de voir en quoi Hélisenne de Crenne se conforme ou transgresse les règles énoncées par Érasme.Par ailleurs, l’épistolière s’écarte, dans les épîtres invectives, de la sphère domestique afin d’aborder des sujets universels permettant de repenser et de rétablir le statut de la femme écrivain au XVIème siècle. Hélisenne de Crenne recourt, dans la deuxième partie des Epistres, au discours judiciaire. Elle quitte le style conversationnel familier et pratique le discours oratoire. Ce changement est mentionné, d’emblée, à travers le « Preambule aux invectives » : Je derelinque le stile accoustumé des Epistres Familieres, considerant que ma fortune acerbe ne permet en icelluy perseverer: Certes sa crudelité intolerable me stimule de sorte qu’elle me contrainct, nonobstant mon naturel, au contraires qu’aux Epistres Invectives je donne commencement. Hélisenne de Crenne réfléchit dans cette deuxième partie sur des questions problématiques et universelles portant sur la condition féminine et sur la revalorisation du statut de la femme écrivain. Les trois premières épîtres invectives se donnent à lire comme un dialogue entre Hélisenne et son mari. Celles-ci portent principalement sur la passion adultérine habitant Hélisenne, ainsi que son accusation par son époux qui s’acharne contre elle et contre tout le sexe féminin. La quatrième épître invective se veut un plaidoyer de la femme et revendique son droit au savoir et à la création littéraire. Quant à la cinquième épître, elle est adressée aux habitants d’Icuoc. Elle constitue le prolongement de l’épître IV et elle se focalise sur le rôle de la femme écrivain à la Renaissance. Nous tenterons de déterminer à quel point les Epistres invectives d’Hélisenne de Crenne se conforment aux critères érasmiens, qui portent sur les sous-genres judiciaires des lettres invectives (invectiva), d’apologie (purgatio) et d’accusation (criminatoria). Nous montrerons aussi en quoi Hélisenne de Crenne déroge aux règles énoncées par Érasme afin de décrypter la spécificité de son écriture dans la pratique épistolaire de l’Ancien Régime. En ce sens, notre présent chapitre se focalisera sur les points de convergence et de divergence entres Les epistres familieres et invectives et les Epistolae ad familiares de Cicéron et l’Opus de Conscribendis epistolis d’Érasme. Nous tenterons de montrer si l’épistolière se conforme réellement à la pratique épistolaire classique, en s’inspirant des correspondances cicéroniennes et de la théorie érasmienne ou si elle déroge aux règles pour s’approprier une nouvelle pratique épistolaire féminine échappant à toute forme de codification.

L’exégèse allégorique dans les Songes d’Hélisenne de Crenne et de Guillaume de Lorris

   Le Roman de la rose est un long poème écrit au XIIIe siècle par deux auteurs consécutifs : il est commencé par Guillaume de Lorris (vers 1230) et achevé par Jean de Meun (quarante ans plus tard). Si le premier se manifeste sous les traits d’un amant songeur, le deuxième se présente comme commentateur du Songe. Jean de Meun « abandonne sans préavis la sente régulière de la progression narrative pour laisser place à des concentrés d’érudition ». Il quitte les abords de la fin’amor pour ancrer le récit de Guillaume de Lorris dans la réalité. (Le mari, agacé par l’inconduite de son épouse, utilise des propos hostiles et misogynes pour l’accuser et se plaint et honnit le mariage transformant le foyer en un véritable enfer). Notre étude portera principalement sur le premier volet. Il s’agit ainsi d’un songe allégorique représentatif de la conquête de la Rose, emblème de la bien-aimée. La quête de la Rose est une métaphore filée sur laquelle est bâti le texte de Guillaume de Lorris. La présence de la Dame aimée est en effet incontournable pour assurer la continuité de la trame narrative et pour donner aboutissement à la quête de l’amant : La matire en est bone e nueve
Or doint Deus qu’en gre le reçueve
Cele por cui je l’ai empris
C’est cele qui tant a de pris
E tant est dinë d’estree armee
Qu’el doit estre Rose clamée.
L’aventure du héros commence au prologue. Le narrateur fait un rêve prémonitoire et accède à un monde imaginaire. L’opposition entre « couvertement » et « apertement » est marquée, d’emblée, au Prologue pour confirmer la dualité voilement et dévoilement, caractérisant le texte. Ce parallélisme est un des motifs formels et typiques de l’allégorie. Cette pratique binaire de l’allégorie se concrétise aussi au cœur du texte et est décelée par le recours à la métaphorisation. La représentation de la Rose offre au texte sa dimension métaphorique. La Rose constitue l’objet de la quête amoureuse et elle se trouve, symboliquement, entre deux univers. Il s’agit d’un côté d’un extérieur immobile, hideux et hostile, marqué par la présence des figures malsaines peintes sur le mur du verger et traduisant les vices (Vilenie, Félonie, Haine, Convoitise, Envie, Tristesse, Vieillesse…) ; et de l’autre un intérieur représentatif des figures allégorique traduisant la vertu (Oiseuse, Courtoisie, Déduit, Doux regard, Beauté, Richesse, Franchisse,…). Cette opposition dissimule aussi le statut du héros qui oscille entre rapprochement et éloignement de l’objet de désir. En somme, Guillaume de Lorris met en présence un cadre fictif où le songeur rencontre plusieurs figures allégoriques, qui interagissent avec lui pour le soutenir (Amour, Bel-Accueil, Franchise, Déduit, Pitié…) ou pour l’empêcher de cueillir la Rose (Fauxsemblant, Jalousie, Dangier, Male-Bouche…). Ce parcours initiatique qu’entame le héros lui a permis de découvrir l’amour dans son sens le plus profond, en affrontant différents épisodes et digressions qui l’ont empêché de s’emparer de son objet de désir. De même, le Songe de madame Helisenne est représentatif d’un univers onirique. Endormie, elle observe et décrit un espace, imaginaire et mouvant, caractérisé par l’omniprésence des divinités en pleine euphorie et action. En revanche, si le Songe de Guillaume de Lorris met en présence un « je » lyrique racontant sa propre quête de l’objet de désir et son évolution tout au long des épisodes, Hélisenne de Crenne utilise plusieurs instances pour raconter et commenter sa vision. À l’instance éditoriale (le nom de l’auteur) s’ajoute le « je » de la narratrice qui transcrit le songe et le « je » de l’héroïne qui agit dans le rêve. Cette pluralité énonciative permet à Hélisenne de Crenne d’être simultanément témoin, personnage agissant et critique. Autrement dit, d’observatrice, Hélisenne devient un actant qui participe aux dialogues avec l’amant et les différentes figures allégoriques. En témoigne la formule « interlocution de la Dame Hélisenne ». La structure textuelle du Songe est tripartite. Le récit met en présence trois volets permettant de confronter des points de vue divergents sur la dualité entre amour charnel et amour spirituel et sur les rapports égalitaires entre les deux sexes. L’Amant et la Dame amoureuse échangent, dans le premier volet, et tentent de trouver les moyens qui leur permettent de parvenir au plaisir vénérien. L’héroïne confie à son Amant sa décision d’abandonner son époux afin de pouvoir satisfaire son désir, mais ce dernier a refusé de peur de la vengeance du mari jaloux et il lui a proposé de se contenter de l’échange des lettres. La confrontation de deux amants a entraîné l’apparition de trois divinités : Vénus, Cupidon et Pallas-Minerve. Vénus, touchée par les pleurs et les soupirs de la Dame, recommande à l’Amant de résister à toutes les contraintes et de défendre son amour. Or, Minerve-Pallas surgit pour inviter l’Amant à ne pas écouter les propos de Vénus et à quitter les lieux en sa compagnie. Le deuxième volet du Songe relève manifestement d’un débat cuisant entre Minerve-Pallas et Vénus. Elles tentent chacune de convaincre l’Amant d’accomplir ses préceptes. D’un côté, Minerve-Pallas l’exhorte à ne pas écouter la « deceptive et frauduleuse [Vénus] avec son artificielle eloquence » et de résister à sa passion lascive en faisant recours à la raison car : « tu es homme d’assez grand entendement remply, pour remettre ceste anxieuse fatigue. Et si par fantaisie en amour tu es entré, par sapience, tu en peulx yssir », dit-elle ; et de l’autre, Vénus l’incite à résister aux paroles persuasives de « l’audacieuse Bellone » qui sont « contraires à la propre inclination naturelle des jeunes gens de [son] aage » et elle lui propose non pas seulement son soutien, mais aussi le soutien de son fils Cupidon et de son ami Mars. Par ailleurs, l’apparition de Cupidon a provoqué un renversement de situation. Suite à la demande de sa mère, il décoche une première flèche pour que le jeune homme, indifférent initialement aux pleurs de sa Dame, soit amoureux et lance une deuxième flèche qui transformera l’amour de la Dame en haine et dédain. Dans le troisième volet, la Dame rejette son Amant, qui a disparu de la scène. Des nouveaux personnages entrent en jeu. Un dialogue entre Sensualité et Raison se met en place. La narratrice apparaît aussi sur scène pour converser avec Raison et lui demander pourquoi le « sexe viril » est supérieur au « sexe muliebre ». Ainsi, si l’Amant, influencé par les discours de Vénus et Pallas, obéit successivement à leurs injonctions, avant d’être captivé par les flèches de Cupidon, la Dame amoureuse demeure ferme devant les recommandations de la déesse Vénus, les reproches de Pallas-Minerve et les implorations de l’amant. Seul le discours persuasif de Raison l’influence et exerce un pouvoir sur elle. Le dernier volet laisse apparaître progressivement des entités abstraites traduisant la vertu telles Chasteté, Honneur, Charité, Humilité, Diligence, Abstinence, Vérité et Paix. De plus, ces personnages se manifestent pour s’opposer à d’autres figures allégoriques présentées au début du récit et qui ont constitué des obstacles empêchant l’évolution de l’héroïne comme Rapport, Honte et Sensualité. Ces figures allégoriques, personnifiant les valeurs morales, interviennent pour marquer l’aboutissement de la conversation entre la Dame amoureuse et Raison. L’héroïne se sent finalement soulagée, en ayant accès à la vérité et en résistant à toutes les calomnies, dont elle était victime. Elle entame donc un itinéraire initiatique comparable à celui de Guillaume de Lorris en passant de la quête de l’objet de désir à une quête spirituelle, qui lui a permis de se ressaisir et de confirmer qu’elle est capable d’être raisonnable et intellectuelle, tels les hommes. Par ailleurs, l’acheminement de Guillaume de Lorris vers la connaissance se réalise progressivement. L’armature générale relève de trois phases : la découverte de la Rose, les tentatives de s’en approcher et le baiser. L’épisode de Narcisse constitue un épisode important dans le déchiffrement de la « senefiance » du Roman de la Rose. Se trouvant dans le jardin Déduit, un espace paradisiaque animé, il aperçoit dans la fontaine de Narcisse un buisson de rose entouré d’une haie protectrice (orties, ronces et chardons) empêchant l’amant de parvenir à son appétit vénérien. Envoûté par un bouton, il s’approche pour le cueillir. Il subit, tel Narcisse, le même sort : il est victime du « mireors perilleus » (vers 1571). En voyant son reflet dans l’eau de la fontaine, Narcisse en est séduit et tombe amoureux. La connaissance de soi est étroitement liée à la mort. L’histoire de Narcisse sert “d’exemplum” contre la vanité et l’orgueil. Or, le songeur de Guillaume de Lorris ne se rend pas compte qu’il s’agit de son reflet. Limpide, l’eau ne donne pas à voir à l’amant son ombre, mais elle lui permet de percevoir deux pierres de cristal reposant au sein de la fontaine. Les deux cristaux se présentent comme un miroir convexe voire magique, permettant de voir le jardin dans son intégralité et dans tous ses petits détails. Le miroir reflète en ce sens non pas le visage de celui qui s’y regarde mais l’objet de son désir : le bouton de la Rose. L’amant est contraint à affronter des obstacles de plus en plus difficiles pour s’emparer de son objet de désir jusqu’à l’édification du château de Jalousie. Le trajet de la quête de l’objet de désir est interrompu par plusieurs obstacles. La Rose, elle-même, se dévoile et se retire constamment. Le narrateur est obligé de poursuivre un objet lointain en poursuivant son image. Il est attrapé par le piège du miroir. La quête de la « Rose » est alors compromise car l’Amant est invité à distinguer le paraître de l’être à la fin du Roman de la Rose.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE: L’HÉTÉROGÉNÉITÉ TEXTUELLE DU CORPUS HÉLISENNIEN: LE TEXTE ET L’INTERTEXTE
CHAPITRE1 : Entre Variante et invariants
1. La Flammette de Boccace et Les angoysses douloureuses qui procedent d’amours d’Hélisenne de Crenne: deux quêtes féminines piteuses
1.1. L’inscription de la quête amoureuse dans la trame narrative
1.2. Flammette et Hélisenne: deux héroïnes emblématiques
1.3. Deux « exemplarités expérientielles » discordantes
2. Le Pérégrin de Jacopo Caviceo et Les angoysses douloureuses qui procèdent d’amours d’Hélisenne de Crenne : deux récits chevaleresques iniatiques
2.1. L’architecture exégétique de deux récits: entre similitude et disparité
2.2. La quête de l’objet de désir : entre conjonction et disjonction
2.3. Le récit sentimental et/ ou le récit belliqueux : Le chevalier et/ou l’écrivain
3. Les sources des Epistres familières et invectives d’Hélisenne de Crenne
3.1. Les Epistulae ad familiares de Cicéron : entre voix privée et voix publique
3.2. La pratique du genre familier dans Les Epistres d’Hélisenne de Crenne et du DE Conscribendis epistolis d’Érasme
3.3. Les Epistres invectives de Dame Hélisenne et le De Conscribendis epistolis d’Érasme
4. L’esthétique de la mise en abîme dans Le songe de madame Helisenne: des récits allégorisés emboîtés
4.1. Le Songe de Scipion et les Écritures saintes : deux sources fondatrices
4.2. L’exégèse allégorique dans les Songes d’Hélisenne de Crenne et de Guillaume de Lorris
4.3. Les deux Songes de Madame Hélisenne et de Guillaume de Lorris : entre allégorie et allégorèse
CHAPITRE 2 : L’hybridation générique du triptyque hélisennien116
1. L’esthétique de varietas dans Les angoysses douloureuses qui procedent d’amours
1.1. De l’autobiographie fictive?
1.2. Le dialogue dans Les Angoysses
2. Les epistres familieres et invectives : une prérogative féminine protéiforme
2.1. Entre dédoublement fictionnel et travestissement textuel
2.2. Le parcours d’une persona en pleine mutation
3. L’allégorie : produit d’un débat discursif intellectualisé
3.1. La polyphonie discursive du Songe de madame Helisenne
3.2. La ʺsignifianceʺ du Songe de madame Helisenne
CHAPITRE 3 : Le texte hélisennien, un intertexte «redistributif»
1. La poétique du paradoxe
1.1. Le paradoxe sémantique
1.2. Le paradoxe constructif de la Fabula
2. Vers une unification du triptyque hélisennien : les Œuvres d’Hélisenne de Crenne
2.1. Le triptyque hélisennien : une relation de « coprésence »
2.2. Le triptyque hélisennien : une relation de « dérivation »
Conclusion
DEUXIÈME PARTIE : «LA VENUE À LA PAROLE, À L’ÉCRITURE ET AU SAVOIR» : ENTRE DIRE, ÉCRIRE ET ÊTRE
CHAPITRE 1 : L’analyse de la passion adultérine
1. Du « vivre pudicque » aux « trebuchantz appetitz »
1.1. La scène du coup de foudre
1.2. Le tiraillement intérieur entre pudicité et lubricité
1.3. L’exclusion progressive de l’époux
2. Parler d’amours
2.1. « Le style piteux »
2.2. L’amplification
2.2.1. L’amplificatio verborum dans les Angoysses
2.2.1.1. L’épithète
2.2.1.2. La répétition
2.2.1.2.1. La sémantique de la répétition
2.2.1.2.2. La répétition : sens et intérêt
2.2.2. La copia rerum dans les Œuvres d’Hélisenne de Crenne
CHAPITRE 2 : Les effets de la passion adultérine
1. Hélisenne, une héroïne en perpétuel danger
1.1. L’époux jaloux : une figure misogyne tyrannique
1.2. Guenelic : une figure textuelle inconstante et volage ?
1.3. L’impact de la parole diffamatoire dans le triptyque hélisennien
2. L’enfermement et le rejet d’Hélisenne
2.1. Le monologue intérieur
2.2. Hélisenne : seule contre tous
CHAPITRE 3: L’éclosion d’un livre-corps au féminin
1. L’érotisation du livre-corps
1.1. La célébration de la beauté féminine
1.2. La quête de l’objet du désir (approche narratologique)
2. Le parallélisme entre séduction corporelle et séduction scripturaire
2.1. La verbalisation du désir adultérin : l’érotisation du langage amoureux
2.2. Le « benifice littéraire »
2.3. Le dialogue amoureux dans les Angoysses et Le songe de madame Helisenne
Conclusion
TROISIÈME PARTIE : DE LA «MISE EN TEXTE» À LA «MISE EN LIVRE» DU TRIPTYQUE HÉLISENNIEN 
CHAPITRE 1 : Penser la production et la publication du triptyque hélisennien
1. La mise en écriture
1.1. Entre parole et écriture
1.2. Écrire pour (se) plaire ?
1.3. Écrire pour se libérer
1.4. Produire un livre « sutil »
2. L’intervention de l’instance éditoriale
2.1. Quelques éléments péritextuels
2.1.1. Les pages de couverture du triptyque hélisennien
2.1.2. Le discours prologal
2.2. L’éditeur, le premier lecteur du texte-manuscrit
2.2.1. Les angoysses douloureuses qui procedent d’amours
2.2.2. Les Epistres et le Songe
2.3. La collaboration de deux instances : auctoriale et éditoriale
CHAPITRE 2 : La construction d’une figure auctoriale féminine
1. Marguerite de Briet une autrice aux visages multiples
1.1. Marguerite Briet et/ou Hélisenne de Crenne
1.2. La fonction de l’auteur
2. Le « je » féminin, s’exerçant « aux œuvres viriles »
2.1. La mise en parallèle entre l’expérience féminine et l’expérience masculine
2.2. Entre le dire féminin et l’agir masculin : les marques de l’androgynie
CHAPITRE 3 : L’éthique du corpus hélisennien
1. La poétique de la digression
1.1. La bigarrure entre logique et disparité
1.2. Entre digression et exemplum
2. L’œuvre enfantée, une métaphore de l’être
2.1. Repenser le rapport entre les sexes dans les Angoysses
2.2. Revaloriser le sexe féminin dans les Epistres invectives et Le songe de madame Helisenne
2.2.1. Les Epistres invectives
2.2.2. Le songe de madame Helisenne
3. Et le lecteur ?
3.1. Le lecteur idéal d’Hélisenne de Crenne
3.2. Hélisenne de Crenne et l’avènement d’une trilogie « scientifiquement » féminine
Conclusion
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE

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