Économie et stratégie éditoriale

Exemples détaillés

« Mes premières découvertes »

Fin 89, les premiers titres de la collection « Mes premières découvertes » sont publiés, aux éditions GALLIMARD.
Cette collection s’adresse aux enfants à partir de trois ans.
Son principe est révolutionnaire: chaque livre est composé de 24 « pages » d’acétate, certaines d’entre elles sont transparentes et imprimées recto et verso.Les « transparents » se confondent au toucher et à la vue avec des feuilles opaques.
Chaque fois que l’enfant tourne une page transparente, il se passe quelque chose: il peut ainsi assister à l’éclosion d’un bourgeon, découvrir l’intérieur d’un fruit…
Ce choix de |l ‘ aérographe) carme technique graphique a des conséquences stylistiques; on peut parler d’hyperréalisme. Les illustrations se détachent sur un fond blanc, ce qui leurs donnent une grande netteté mais aussi une grande froideur.
Les pages ne sont ni collées ni cousues, mais reliées grâce à une spirale dissimulée. P. Marchand dira quelques années plus tard avoir réinventé la spirale pour les besoins de cette collection.
Parmi les neuf premiers titres publiés, se trouveront les bestsellers: La panne, La coccinelle, L’arbre, et surtout L’oeuf. Le succès de la collection est immédiat. Son prix de lancement est aussi très modique: 46F. (1)
La collection compte aujourd’hui une centaine de titres. Sur le mare principe sont nées les « Premières découvertes de l’art », les « Premières découvertes du dessin », et les « Premières découvertes atlas ».
Le principe du transparent imprimé n’était pas neuf » en soi. Il était fréquent de le trouver dans des ouvrages de vulgarisation médicale (planches anatomiques des vaisseaux sanguins, du squelette.. .le tout superposé). Ce qui est nouveau, c’est l’impression recto-verso. Douze passages de couleur sont nécessaires, ainsi qu’une extrême précision dans le montage des pages afin que le film transparent recouvre exactement, au millimètre près, la page précédente et la suivante.

« Demi-Page »

Cette collection s’adresse aux enfants à partir de 5 ans. Chaque album est composé de doubles-pages, alternées avec une demi-page, dont le recouvrement sur la page de droite ou de gauche offre des surprises, des découvertes, « offrant ainsi deux temps de lecture ».
Le livre est fabriqué avec du papier, le style est narratif.
On trouve à la fin de l’album un complément strictement informatif.
Deux aspects novateurs sont ici associés:
-la structure narrative de l’album
-la manipulation et l’effet de surprise.
Les illustrations sont réalisées par des dessinateurs différents, certains sont même très connus comme H. Galeron. Elles sont très réalistes, la personnalité des auteurs est corrme gommée, du moins fortement atténuée. D’un album à un autre, on ne sent pas une empreinte réellement différente.
Ce phénomène est singulièrement accentué par le format standard, (25,5 cm x 21 cm pour 44 pages ). De plus aucune mention des noms des auteurs n’est faite sur la couverture.
Le principe de la collection « Archimède » est ainsi systématisé, compartimenté.
Ce qui fait son intérêt, c’est la diversité des thèmes étudiés: thèmes inconnus dans l’ensemble de l’édition jeunesse, comme la corrida, la fabrication d’un tonneau, les griots africains, le tournoi…en plus des thèmes classiques sur la nature.

« Les yeux de la découverte »

Aspect scripto-visuel

Si « Archimède » est une création originale, et si « Mes premières découvertes » sont une forme de compromis entre le talent d’un illustrateur et un procédé mis au point par l’éditeur, les « Les yeux de la découverte » ne laissent pas de place à la fantaisie.
Tous les livres de cette collection ont une organisation scripto-visuelle très semblable. Bref, ils sont construits sur le mène modèle.
Le texte et les illustrations sont disposés sur une double page thématique. On ne tient plus compte de la pliure centrale. (voir figure n°l)
Ce qui frappe au premier regard c’est l’importance crue l’éditeur a accordé aux illustrations. Elles sont nombreuses et détourées.
Il apparaît vite évident qu’elles conditionnent la place du texte.
Cette j subordinatjon_du tè^’^’arT’ximgefèst la principale caractéristique de la série.
Deux éléments permettent cette constatation:
La surface occupée par les illustrations est supérieure à celle occupée par le texte.
Le texte est très souvent collé aux illustrations. Cet habillage* va jusqu’à épouser la forme des photographies détourées.
Si ce n’est par le thème, les illustrations ne semblent pas reliées entre elles. Aucune ne semble primer sur les autres autrement que par leur taille respective, c’est à dire par le nombre de cm2. Il n’y a entre elles aucune relation d’échelle.
L’emplacement qu’elles occupent (en haut, à droite etc…) et leur format paraissent tout à fait arbitraires.
De là, peut-être, 1 ‘impression pour certains lecteurs d’une information dispersée et éparpillée. Cette impression est renforcée par le fait que le texte n’est pas cadré ou encadré, et encore moins disposé en colonne.
Toutefois, les différents morceaux du texte semblent bien ordonnés, grâce à des caractères typographiques de différentes tailles; qui entraînent une hiérarchisation de l’information.
Le caractère encyclopédique, donc exhaustif de la collection nécessite cette organisation.
Les doubles pages s’organisent de la façon suivante;
-En haut à gauche un titre très explicite sous forme d’une phrase complète, ou d’un groupe nominal. Il est imprimé en caractères gras. En général, il résume bien le sujet de la double page. ex: « Installons-nous au coin du feu », La Maison des hommes,
« Des plumes par milliers », Le Nid, l’oeuf et l’oiseau,
« Les nuages naissent de l’humidité », Le Temps qu’il fera.
-En dessous, un texte assez dense contient l’essentiel des informations.

« Mes premières découvertes »

Ce qui fait l’originalité des « Premières découvertes », c’est l’utilisation de pages d’acétate transparentes illustrées à des fins éducatives. C’est ce que GALLIMARD appelle: « une technique novatrice, une pédagogie active ». Les enfants parlent le plus souvent de « livres magiques ».
Avec cette collection, le simple fait de tourner les pages est devenu une activité ludique. Et c’est là sa caractéristique essentielle: |l’association du jeu et du savoir.!

La manipulation

Toutes les manipulations des pages transparentes n’ont pas une valeur égale. Dans certains cas, le recours à ce procédé est plus riche que dans d’autres.
-Ou doit on penser que tous les sujets ne permettent pas une utilisation pertinente de ce procédé?
En effet, sur certaines pages d’acétate, le jeu 1 ’emporte nettement sur la transmission du savoir.
A travers plusieurs exemples choisis, nous allons énumérer les différents traitements de l’image qui sont proposés. Cela va d’un simple changement d’angle de vue, à la transformation de l’illustration de la page précédente.
La richesse de ce procédé est tel, qu’il a fallu chercher en dehors du corpus des exemples.

Quelque soit le cas de figure, les deux illustrations occupait la TTTpmF» surface.

Il y a une analogie morphologique entre les dessins des deux faces qui autorise une continuité. Quand on tourne la page transparente, il s’opère un « glissement » d’une face à l’autre.
L’analogie est donc utilisée ici afin de transmettre des connaissances. L’enfant, s’aidant de ce qu’il connaît ou de ce qu’il peut voir, peut comprendre ce qu’il ne voit pas dans la nature.
L’intérieur de l’oeuf, de l’arbre ne lui semble pas étranger.
Le transparent offre à l’enfant, une aide à l’abstraction. Véronique Hadengue qui a consacré plusieurs articles à l’étude de ce nouveau support exprime clairement cette idée:
« L’enfant manipulateur du transparent « annule » la discontinuité angoissante des images, accédant mieux de ce fait à la continuité de la pensée. Le support, par sa transparence mène, disparaît aux yeux de l’enfant qui ne perçoit que l’objet j dessiné. Il inscrit dans l’espace réel ce qui appartient au domaine de l’abstrait. IL met en volume. En tournant la page, le lecteur lit « l’objet » en continu, il lui restitue sa troisième dimension, celle des réalités. » (1) >
Selon elle, les illustrations sur pages transparences offrent « une lecture continue d’ordre logique (déduction d’une image une autre image) et temporel (la lecture des images n’étant simultanée). »
Pour expliquer des phénomènes plus complexes, les auteurs ont préféré scinder une phrase en deux et la répartir sur deux doubles pages, plutôt que de charger les illustrations.
Le papillon en offre un exemple. Il existe en effet, deux classes de papillon, le papillon de jour et le papillon de nuit. Sur la première double page, on peut voir des papillons de jour dans un jardin, et sur la seconde double page des papillons de nuit autour d’une suspension lumineuse.
Il faut tourner la page pour terminer la phrase commencée sur la première double page.
Le texte n’est bien sûr jamais imprimé sur une page transparente.
Mais, imprimé sur une page opaque, il peut apparaître par transparence. Une certaine habitude de lecture (propre aux adultes?) enchaîne l’action de tourner une page et celle de la lire. Une phrase visible sous un transparent est donc lue deux fois: avant et après avoir tourné celui-ci.
Cette répétition est elle voulue par les concepteurs de la collection, dans un souci de mémorisation plus efficace? Ou ne se sont ils pas plus préoccupés du jeu des transparents que de la plaœ du texte?
En clair, la place du texte a t’elle toujours été réfléchie?
Relire la mène phrase devient gênant quand celle-ci ne « colle » plus à l’illustration, il y a alors un dysfonctionnement.
La parade peut être alors de cacher sous la partie opaque, une phrase, qui crée ainsi un effet de surprise.
Ces textes sont en plus petits caractères que les autres.
La nécessité de les cacher peut amener l’auteur à leur donner une forme telle, qu’ils épousent la forme du dessin qui les recouvre. Une phrase courte peut donc être disposée sur plusieurs ‘ lignes. ex: transparent n°4, le temps, (voir figures n°5 et 6)
L’ information textuelle peut donc se prêter au jeu, tout comme l’illustration. Ces textes cachés ont quelquefois une forte densité informative. Ils peuvent parler de phénomènes complexes que l’enfant a peu de chances de connaître… Carme celui de la métamorphose de la chenille en chrysalide, puis en papillon…
S’il y a bien information, il n’y a pas d’explications… Il est difficile de savoir si cacher ces informations importantes permet de jouer sur l’effet de surprise, le texte découvert prenant aux yeux du lecteur un intérêt particulier.
Ou si ces informations jugées trop complexes sont reléguées, en quelque sorte au second plan.

« Les racines du savoir » et « Secrets »

Similitudes et différences

Ces deux collections seront traitées conjointement pour plusieurs raisons. Malgré un premier aspect très différent, elles colportent de nombreux points communs.
Outre le fait qu’elles s’adressent à la mène tranche d’âge, (les huit ans et plus), leurs doubles pages sont de deux couleurs différentes. Mais les similitudes de la maquette ne s’arrêtent pas là.
Quelques titres, traitant de sujets voisins, contiennent les mânes illustrations. Il y aurait donc un « recyclage » d’images.
Il est vrai, dans un format différent:
-20,5 X 23, pour « Racines du savoir »,
-13,4 X 15, pour « Secrets ».
exemple:
Secrets de la métérologie publient plus de 27 illustrations de Vents et nuages, le temps qu’il fait (« Racines du savoir »). (« Secrets » a été publié après « Les Racines du savoir^. Certaines sont agrandies, mais la plupart sont dans un format plus petit.
Elles peuvent passer de 13,5 X 7,5 cm à … 4X2 cm!
Des illustrations sont donc crées, indépendamment du format dans lequel elles vont être publiées. On peut s’interroger sur les conséquences que cela entraîne.
-Avec de nombreuses similitudes, deux ouvrages différents peuvent ils être complémentaires — Quand commence la redondance?
-Ces images sont elles toujours traitées de la mène façon, selon le format, et viennent elles illustrer la même information?
D’autant plus que quelques illustrations, publiées avec un cache, un autocollant ou un pliage, dans « Racines… », paraissent sans ces éléments précités dans « Secrets ».

Les objets dans « Secrets »

GALLIMARD a voulu privilégier ce que l’on pourrait appeler|une mise en situation du lecteur face au sujet/.
Corme dans les « Premières découvertes » la part du ludique n’est pas négligeable. Les doigts sont associés à la découverte du savoir.
Dans « Secrets », le noyau de l’apprentissage se trouve dans l’objet à construire. £% fjes Déjà dans les « Racines du savoir » des éléments étrangers avaient^ ^ ^ été introduits. Des échantillons étaient présents chaque fois que) le sujet le permettait; le plus remarqué fut le morceau de papyrus dans L’invention de la peinture.
Le relief ne concernait pas seulement la couverture. Le lecteur pouvait découvrir sur certaines pages, des reliefs en formes d’écorœs d’arbre, car chaque arbre est différent au toucher.
(Des forêts et des arbres) Dans « Secrets », il faut monter, fabriquer un objet. Bref, expérimenter ce que l’on vient de lire. « Secrets du charpentier » permet à l’enfant de tester ce qu’il vient de lire en imbriquant les différents éléments qu’on lui propose. Il dispose des explications suffisantes pour réaliser cet objet. La manipulation, lui fera comprendre l’intérêt des tenons et des mortaises.
« Secrets de la météorologie » est différent. L’enfant possède les éléments nécessaires pour faire une expérience, cette fois-ci.
Monter les différents éléments ne lui apportera pas un savoir.
Mais l’objet une fois construit, lui permettra d’expérimenter ce qu’il vient de lire.

Aspects scripto-visuels

Ces documentaires qui choisissent une structure narrative, utilisent les « recettes » habituelles de la fiction. Certains plus que d’autres.
Si Sauve toi, papillon! joue de façon ponctuelle sur_le jregistre de _1 ‘ aventure, La chenille en danger? utilise les ressources de ce genre tout au long de l’album.
Cette histoire s’apparente à celle d’une quête. La chenille affamée, inconsciente des dangers de la circulation automobile, s’engage sur la route. Elle n’a qu’une idée en tête, atteindre son but. « La chenille poursuit son petit bonhomme de chemin, comme tirée par un fil invisible. Elle ne regarde pas autour d’elle, elle ne s’arrête pas. Mais elle continue d’avancer, plus loin, toujours plus loin. »
Elle fera plusieurs rencontres lors de son périple: des guêpes, une fourmi, mais aussi un merle contre lequel elle devra se défendre.
L’auteur cherche à la rendre attendrissante:
« Qu’elle est belle, dans son habit vert rayé de noir et taché de rougeI »
Très souvent désigné par « la petite chenille », elle devient « notre petite chenille » à la page 26. Elle a toute les qualités d’une héroïne attachante. Aidée par un suspens entretenu, elle atriène 1e r lecteur jusqu’à la fin de l’histoire. j Les illustrations de type réaliste, occupent une surface plus ! importante que le texte. Leur degré de réalisme est poussé assez loin, l’enfant peut y découvrir d’autres animaux ou insectes dont l’histoire ne parle pas. A travers les nombreux détails, l’auteur offre un anale de vue très larae à celui qui prend le temps d’observer.

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Table des matières

INTRODUCTION 
chapitre 1 ANALYSE DU MARCHE 
Introduction: 3 formules en présence
1) Le modèle DK
2) Au-delà du papier
3) Innover dans la tradition
4) Récapitulatif des innovations
Conclusion
chapitre 2 ANALYSE DES CONTENUS 
Introduction: définition du documentaire
1) « Les yeux de la découverte »
2) « Mes premières découvertes »
3) « Les racines du savoir » et « Secrets »
4) « Archimède »
Conclusion
chapitre 3 ECONOMIE ET STRATEGIE EDITORIALE 
Introduction: spécificité du produit-livre
A/ Aspects économiques et marchands
1) Tableau générale de l’édition française
2) Caractéristiques de l’édition jeunesse
B/ Stratégie éditoriale
1) Théorie économique
2) Notions de marketing
3) Coût de fabrication
4) Coédition
5) Conséquences
Conclusion 
CONCLUSION 

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