Écologie industrielle et territoire industriel : une relation étroite

Aujourd’hui, les dommages environnementaux liés au développement économique portent fortement atteinte aux écosystèmes naturels. Dans le même temps, de nombreuses démarches associées au développement durable et souvent rassemblées sous le terme d’économie circulaire sont présentées comme des alternatives possibles qui peuvent être initiées à l’échelle des territoires. Il en est ainsi de l’écologie industrielle, qui peut être considérée comme une voie possible à la mutation industrielle et économique. Elle vise à établir une analogie entre les écosystèmes naturels et les systèmes industriels afin d’aboutir au développement durable (Frosch, Gallopoulos, 1989). Elle repose sur quatre leviers d’actions : la valorisation systématique des déchets comme ressources, la minimisation des pertes par dissipation (énergie, émissions polluantes…), la dématérialisation de l’économie (qui se traduit par le remplacement des produits par des services) et la « décarbonisation » de l’énergie (Erkman, 2004). L’écologie industrielle comporte une dimension technique qui consiste à recenser et comptabiliser les flux de matières et d’énergie (appelée « métabolisme industriel ») et une dimension socio-économique qui consiste à étudier la mise en œuvre des flux et les interactions entre acteurs (on parle alors de « symbiose industrielle »). À l’origine de l’émergence des symbioses industrielles basées sur les échanges de flux entre les acteurs territoriaux, l’écologie industrielle se présente comme un projet territorial collectif. Dans cette première partie de la thèse nous nous intéressons à la relation qui peut s’établir entre l’écologie industrielle et territoire industriel. Nous nous interrogeons, d’une part, sur les atouts du territoire industriel pour le développement et la pérennité des projets d’écologie industrielle . Nous étudions, d’autre part, la contribution de l’écologie industrielle au développement et à la reconversion du territoire industriel .

Écologie industrielle et territoire industriel : une relation étroite

Définitions et fonctionnement de l’écologie industrielle

Dans cette première section, nous exposons l’évolution de la conceptualisation de la notion l’écologie industrielle. Jusqu’aux années 1980, la définition de l’écologie industrielle reste floue (point 1). Les premiers travaux ne font pas la distinction entre l’écologie industrielle et le métabolisme industriel. C’est à partir du début des années 1990, dans un contexte purement technique, que la définition se stabilise grâce à la publication de l’article de Frosch et Gallopoulos (1989). L’écologie industrielle est ainsi présentée comme un ensemble de pratiques permettant la réduction des rejets industriels polluants. À partir de là, de nombreux travaux se sont penchés sur le rôle de l’écologie industrielle dans la mise en la place du développement durable en transformant le système industriel traditionnel en un écosystème industriel viable. Ainsi, l’écologie industrielle se présente comme une solution alternative aux solutions traditionnelles dont la réponse aux problèmes environnementaux est jugée mineure.

Avec la multiplication des travaux sur l’écologie industrielle, les débats conceptuels se multiplient. Certains auteurs limitent le champ de cette nouvelle discipline à une dimension quantitative et technique, intégrant ainsi l’écologie industrielle dans une vision marchande du développement durable. Cette vision repose sur la confiance dans la technologie, et dans les mécanismes de marchés concurrentiels. L’écologie industrielle s’inscrit, dans ce contexte, dans une durabilité dite « faible ». D’autres auteurs insistent sur la nécessité d’élargir cette vision en soulignant ses limites pour intégrer les aspects sociaux et territoriaux de l’écologie industrielle .

Historique et définitions de l’écologie industrielle

À partir des années 1970, de nombreux chercheurs et spécialistes de disciplines différentes s’intéressent à la notion d’écologie industrielle. Néanmoins, elle ne se popularise qu’à partir de la fin des années 1980 suite à la publication de l’article de Frosch et Gallopoulos (1989). Nous présentons dans ce point l’évolution historique de l’écologie industrielle en mettant en avant les premiers travaux et expériences liées à celle-ci. Nous nous intéressons également au contexte de son institutionnalisation dans lequel cet article a joué un rôle clé (1.1). La présentation de littérature nous mène à exposer le rôle opérationnel potentiellement joué par l’écologie industrielle dans la réduction des problèmes environnementaux et la mise place du développement durable (1.2).

Émergence et institutionnalisation de l’écologie industrielle 

Les premières réflexions autour de l’écologie industrielle

La notion d’écologie industrielle est apparue au cours de la deuxième moitié du 20ème siècle. Certes l’expression est récente mais les pratiques qui y sont associées sont assez anciennes. Selon Desrochers (2002) « les pratiques liées à la transformation de sous-produits en intrants d’une autre industrie est aussi ancienne que le développement économique » (p. 1035). En effet, le plus ancien métier lié à ces pratiques est celui du chiffonnier. Le chiffonnier est un personnage qui : « parcourt les rues, lanterne à la main, hotte sur le dos, fouillant et piquant les tas d’ordures de son crochet, à la recherche de mille trésors insignifiants pour le commun des mortels » (Jugie, 1993, p. 117). Du fait de la nature de son activité, le chiffonnier véhiculait pendant longtemps une image négative auprès de la population qui le considérait comme « parasite, sale, dépenaillé, violent, alcoolique, inadapté, dégénéré, sans morale » (GonzalezLafaysse, 2010, p. 521). Paradoxalement, la population était consciente de l’importance de son activité indispensable à l’activité urbaine et industrielle (Béguin, 2013). Le chiffonnier participait au nettoyage des déchets de la ville mais alimentait aussi le système industriel par ses collectes « entre ses mains [le chiffonnier], une fois triés, stockés, et transformés, [les déchets]  retourner à l’industrie bon marché, au commerce de luxe » (Jugie, 1993, p. 117). À la fin du 19ème siècle, avec l’évolution de l’industrie, l’adoption des boites à ordures dans les villes et l’apparition d’autres métiers tels que le « placier », seul autorisé à fouiller dans ses boîtes à ordures, les déchets collectés par les chiffonniers sont de moins en moins demandés par les industries (Béguin, 2013). La baisse de la demande des récoltes des chiffonniers aboutit à la quasi-disparition de ce métier en laissant la tâche de « nettoyage » de déchets à des entrepreneurs privés et aux services publics.

Du côté de la recherche scientifique et technique, un nombre important d’ouvrages traitant de la question de l’utilisation et du traitement des déchets industriels, a été publié entre 1862 et 1920 (Desrochers, 2002). Dès 1905, de nombreuses publications ont vu le jour dans le Waste Trade Journal de l’Atlas Publishing Comany aux États-Unis pour faciliter l’établissement de liens inter-firmes en matière de déchets. Ces publications représentaient une sorte de répertoire fournissant des informations qui permettent l’achat ou la vente de différents types de déchets aux Etats-Unis mais aussi au Canada et en Europe (informations sur les acheteurs, vendeurs, types de déchets : ferraille, métal, caoutchouc, papier, etc.) (Desrochers, 2002). À la fin 19e siècle les liens inter-firmes étaient devenus suffisamment importants pour justifier la création de l’American Industrial Waste Trade Industry Association. À la date de sa création en 1913, l’association comptait une vingtaine de membres regroupant des entreprises de grande taille tel que General Electric, Western Electric, etc.), elle est passée à 450 membre en 1928.

À partir des années soixante-dix, des scientifiques s’intéressent à l’écologie industrielle sans forcément utiliser le terme . En effet, Erkman (1997) souligne l’importance des contributions du géochimiste américain Preston Cloud, l’un des premiers à avoir initié la notion « d’écosystème industriel » dans son article « Entropy, materials, and posterity » publié en 1977. Cet article est le texte d’une communication présentée au congrès annuel de l’Association géologique allemande sur le thème « Earth Sciences and the Future of Mankind ». Les travaux de Robert Ayres, un physicien économiste américain, sur le métabolisme industriel (voir section 1.2) et l’analyse des flux de matières ont également représenté une base pour le développement de la notion d’écologie industrielle (Ayres et al., 1989 ; Ayres, Simonis, 1994). Dans ces premiers travaux, plusieurs auteurs ne font pas la distinction entre les deux notions « jusqu’à présent, il n’existe pas de définition standard de l’écologie industrielle, un certain nombre d’auteurs ne font pas de différence claire entre le métabolisme industriel et l’écologie industrielle » (Erkman 1997, p.1 traduit par nous). Cependant, le métabolisme industriel a de plus en plus été interprété comme l’étude des flux de masse et des transformations dans le système industriel, alors que l’écologie industrielle est souvent considérée comme une démarche permettant de déterminer les transformations susceptibles de rendre le système industriel compatible avec un fonctionnement « normal » des écosystèmes biologiques (Ayres, 1997 ; Erkman, 2004).

Le premier ouvrage qui fait explicitement référence à l’écologie industrielle a été publié en 1983. Il s’agit d’un ouvrage collectif, inspiré par les débats autour du rapport Meadows du Club de Rome. Il a été écrit par des chercheurs belges (Centre de recherche et d’information sociopolitiques) et s’intitule « l’écosystème Belgique. Un essai d’écologie industrielle ». Ce groupe de chercheurs apporte une nouvelle vision du système économique belge en réalisant une synthèse à partir des statistiques industrielles de production, afin de cartographier l’économie belge par le biais des flux de matières et d’énergie à la place des traditionnelles unités monétaires abstraites (Erkman, 2004). L’idée de ce travail réside « dans la conviction que les concepts et les méthodes de l’écologie sont transposables à l’étude du fonctionnement des sociétés industrielles et permettent d’en éclairer certains aspects d’un jour nouveau » (Billen et al, 1983, p.11). Le groupe a étudié six grandes filières : le fer (schéma 1), le verre, le plastique, le plomb, le bois et le papier, les matières alimentaires.

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
CHAPITRE I : ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE ET TERRITOIRE INDUSTRIEL : UNE RELATION ÉTROITE
INTRODUCTION DU PREMIER CHAPITRE
Section 1 : Définitions et fonctionnement de l’écologie industrielle
1. Historique et définitions de l’écologie industrielle
1.1. Émergence et institutionnalisation de l’écologie industrielle
1.1.1. Les premières réflexions autour de l’écologie industrielle
1.1.2. L’institutionnalisation de l’écologie industrielle en tant que pratique et discipline
1.2. L’écologie industrielle : vers un fonctionnement plus durable des activités industrielles
1.2.1. Les premières définitions et la prise en compte des impacts de l’activité industrielle industrielles sur l’environnement
1.2.2. L’analogie entre écologie industrielle et écosystème naturel : l’écosystème industriel
2. Les modalités de fonctionnement et les approches de l’écologie industrielle
2.1. Une approche scientifique et technique de l’écologie industrielle : le métabolisme industriel
2.1.1. Définition du métabolisme industriel et rôle clé de la technologie
2.1.2. Le métabolisme industriel : une approche limitée pour l’analyse du changement des modes de production
2.2. Une approche socio-économique de l’écologie industrielle : la constitution de symbioses industrielles à l’échelle du territoire
2.2.1. Les symbioses industrielles : la création de réseaux à l’échelle des territoires
2.2.2. Les impacts environnementaux et économiques des symbioses industrielles
Section 2 : Les expériences d’écologie industrielle dans les territoires industriels
1. Définition et caractéristiques du territoire industriel
1.1. Le territoire dans l’analyse économique
1.1.1. Le territoire comme espace pertinent pour le développement des activités économiques
1.1.2. Du district au milieu innovateur : le rôle clé de la proximité
1.2. Le territoire industriel, le système productif local et rôle de l’unité motrice
1.1.1. Définition du territoire industriel comme un système productif local
1.1.2. Territoire industriel et importance de l’industrie motrice
2. Les territoires industriels : des caractéristiques clés pour l’écologie industrielle
2.1. Le développement de l’écologie industrielle dans les territoires industriels
2.1.1. Présentation des expériences d’écologie industrielle dans le monde
2.1.2. Les facteurs de développement de l’écologie industrielle dans les complexes industrialoportuaires
2.2. Le rôle du collectif d’acteurs et de l’unité motrice dans la constitution des symbioses industrielles
2.2.1. La présence d’un collectif d’acteurs diversifiés au sein du territoire industriel
2.2.2. Le rôle de l’unité motrice ou acteur pivot
CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE
CHAPITRE II : LE DÉVELOPPEMENT D’UN MILIEU « ÉCO-INNOVATEUR » À PARTIR DE L’ÉCOLOGIE INDUSTRIELLE ET LA DIVERSIFICATION DE L’ÉCONOMIE TERRITORIALE
INTRODUCTION DU DEUXIÈME CHAPITRE
Section 3 : Symbiose industrielle et milieu innovateur : vers un milieu éco-innovateur
1. Le milieu innovateur : un concept pertinent pour analyser les symbioses industrielles
1.1. Le milieu innovateur : origines et caractéristiques
1.1.1. Le milieu innovateur : genèse d’un concept
1.1.2. Les principales caractéristiques du milieu innovateur
1.2. Milieu innovateur et symbioses industrielles : des caractéristiques homothétiques
1.2.1. Un espace géographique déterminé par les synergies éco-industrielles et coordonné par un cadre institutionnel
1.2.2. Réseaux d’innovation et dynamiques d’apprentissage
2. Du milieu innovateur au milieu éco-innovateur
2.1. L’émergence de l’innovation au sein du milieu innovateur
2.1.1. Les formes de l’innovation et leur dimension collective
2.1.2. Les mécanismes favorisant l’émergence de l’innovation au sein du milieu innovateur : proximité, effets d’agglomération et économies externes
2.2. Symbioses industrielles et genèse des éco-innovations
2.2.1. Les éco-innovations : du changement technologique au changement non technologique
2.2.2. Les différentes formes de l’éco-innovation générées par la symbiose industrielle
Section 4 : De la spécialisation à la diversification économique du territoire : le rôle du milieu éco-innovateur
1. Milieu éco-innovateur et diversification économique du territoire : vers une variété reliée
1.1. Spécialisation versus diversification pour une modification de la trajectoire territoriale
1.1.1. La spécialisation industrielle : externalités de « MAR » et développement territorial
1.1.2. La diversification industrielle : externalités de Jacobs et développement territorial
1.2. La variété reliée et rôle du milieu éco-innovateur dans la diversification des activités économiques
1.2.1. Variété reliée et spécialisation intelligente : définitions
1.2.2. Milieu éco-innovateur et diversification du territoire : vers une variété reliée
2. Les limites à la constitution d’un milieu éco-innovateur et le rôle des activités de services et de la gouvernance territoriale dans leur minimisation
2.1. La constitution d’un milieu « éco-innovateur » à partir de l’écologie industrielle : un processus complexe
2.1.1. Les limites liées au fonctionnement des synergies éco-industrielles
2.1.2. Limites liées à l’organisation des synergies éco-industrielles
2.2. Le rôle des activités de service et de la gouvernance dans la constitution d’un milieu écoinnovateur
2.2.1. Les fonctions de service et leur rôle dans le fonctionnement de la symbiose industrielle
2.2.2. La gouvernance territoriale, les symbioses industrielles et le milieu éco-innovateur
CONCLUSION DU DEUXIÈME CHAPITRE
CHAPITRE 3 : LA CONSTRUCTION D’UN MILIEU ÉCO-INNOVATEUR AU SEIN DU COMPLEXE INDUSTRIALO-PORTUAIRE DE DUNKERQUE
INTRODUCTION DU TROISIÈME CHAPITRE
Section 5 : L’analyse de la trajectoire industrielle de Dunkerque : les actifs spécifiques et actifs secondaires
1. La constitution du complexe industrialo-portuaire de Dunkerque : une trajectoire industrielle lourde
1.1. Planification indicative et définition d’une trajectoire territoriale fondée sur l’industrie lourde
1.1.1. La planification indicative française : rappel historique
1.1.2. Les « plans de reconstruction et de croissance » et leur rôle dans l’industrialisation du territoire Dunkerquois
1.2. La constitution du complexe industrialo-portuaire de Dunkerque : des politiques de « champions nationaux » aux politiques d’attractivité
1.2.1. Les champions nationaux et la construction des principales filières industrielles
1.2.2. Les politiques d’attractivité des investissements étrangers et ses impacts sur le territoire dunkerquois
2. L’évolution de la trajectoire industrielle de Dunkerque : bifurcation ou dépendance de de sentier
2.1. État des lieux des filières industrielles de la région Flandres-Dunkerque
2.1.1. État des lieux des filières industrielles région Flandres-Dunkerque
2.1.2. Le tissu industriel de Dunkerque : une prédominance de l’industrie lourde
2.2. Caractérisation des actifs spécifiques et secondaires accumulés à Dunkerque
2.2.1. Actifs spécifiques immatériels et matériels à l’origine de la trajectoire industrielle
2.2.2. Les actifs secondaires à l’origine de la modification de la trajectoire industrielle
Section 6 : La symbiose industrielle comme milieu éco-innovateur au sein du complexe industrialo-portuaire de Dunkerque
1. L’analyse de la symbiose industrielle au sein du complexe industrialo portuaire de Dunkerque
1.1. Historique de l’écologie industrielle à Dunkerque et méthodologie suivie pour l’identification des synergies éco-industrielles
1.1.1. L’émergence des initiatives d’écologie industrielle à Dunkerque
1.1.2. L’identification des synergies éco-industrielles à Dunkerque : méthodologie
1.2. Présentation approfondie de la symbiose industrielle de Dunkerque
1.2.1. Présentation des acteurs et des principales formes des synergies éco-industrielles à Dunkerque
1.2.2. Les incitations liées à la mise en place de l’écologie industrielle dans la symbiose industrielle de Dunkerque
2. La symbiose industrielle de Dunkerque : observation des caractéristiques propres au milieu écoinnovateur
2.1. Les caractéristiques d’un milieu éco-innovateur à Dunkerque
2.1.1. Un espace géographique déterminé par un collectif d’acteurs et coordonné par un cadre institutionnel
2.1.2. Constitution de réseaux et dynamique d’apprentissage
2.2. Les éco-innovations et activités créées grâce à l’écologie industrielle
2.2.1. Les différentes formes d’éco-innovations créées dans la symbiose industrielle de Dunkerque
2.2.2. Du changement technologique au changement non technologique
CONCLUSION GÉNÉRALE

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