Impact des politiques protectionnistes sur le développement de l’élevage laitier

POLITIQUES COMMERCIALES ET DEVELOPPEMENT : LES LEÇONS DU PASSE

Politiques d’import-substitution des années 60

La plupart des pays en développement ont opté à partir des années 50 et particulièrement dans les années 60 et 70 pour la stratégie d’import-substitution. Cette stratégie repose sur la substitution aux importations, au lieu de la promotion des exportations, comme moteur de la croissance. Elle s’accompagne d’une politique protectionniste avec la mise en place d’un système de quotas, de droits de douane et des taux de change multiples qui doivent filtrer les importations en fonction des besoins prioritaires de l’industrialisation. Cette approche repose aussi sur des investissements dans le secteur manufacturier, plutôt que dans les produits primaires. L’idée de base est de remplacer les biens précédemment importés par des biens produits localement.

On attend de cette stratégie qu’elle diminue la dépendance des pays sous-développés envers les importations de produits finis, qu’elle diversifie la production intérieure, qu’elle favorise la formation de la main d’oeuvre et l’acquisition de technologies modernes, enfin qu’elle diversifie, à terme, la structure des exportations. Au fur et à mesure que la substitution s’opérera dans un secteur, on s’attend à ce qu’apparaissent de nouvelles occasions de substitution (Fontaine, 1994). Cette stratégie d’import-substitution s’inspira largement des recherches conduites en vue d’accroitre le potentiel économique de certains pays d’Europe occupés. En particulier, la France et l’Allemagne ont construit leur développement industriel dans un contexte fortement contrôlé et ont pu tirer profit d’un haut niveau de protectionnisme afin de construire des dynamiques de croissance forte (Assidon, 2003). L’expérience d’industrialisation rapide entamée par l’ex-URSS dans les années 30, par la Chine et la plupart des ex-pays du bloc socialiste, avait exercé un grand attrait sur les pays en développement.

L’argument théorique qui est avancé pour justifier cette stratégie, est l’argument de l’industrie naissante développée par F. List au 19ème siècle. Il sera repris par les économistes classiques comme J. Stuart Mill. Cet argument justifie le recours à la protection par un pays dans les premiers stades du développement industriel afin d’aider ses industriels à atteindre le niveau de savoir-faire moyen dans l’industrie. La détérioration des prix des produits de base exportés par les pays en développement depuis la crise des années 30 va renforcer l’argumentaire de la politique d’import-substitution. Cet argument a été mis en avant par R. Prebish qui recommande fortement le recours à l’industrialisation afin de transformer localement les produits auparavant exportés.

Cette stratégie d’import-substitution se concrétisera donc par le développement d’activités industrielles de biens de consommation finale grâce au financement international, notamment sous forme de prêt. Parmi ces industries, on peut noter la présence d’industries alimentaires. On a également noté dans certains pays la construction de quelques unités sidérurgiques grâce au développement des aciéries électriques de petite dimension. Enfin, on enregistre également le développement d’autres activités industrielles comme la fabrication de petit matériel agricole, d’articles de quincaillerie, d’industries de peintures et de vernis, et d’ateliers de mécanique et de montage (Hammouda, 2004). Ces industries nationales étaient protégées de la concurrence étrangère grâce à la mise en place d’instruments protectionnistes comme les droits de douane et les restrictions quantitatives ou quotas. Les droits de douane mis en place étaient ad valorem ou spécifiques. Avec un droit de douane ad valorem, l’Etat prélève un pourcentage donné du prix à l’importation. Avec un droit spécifique, l’Etat retire une valeur monétaire fixe par objet ou par unité de poids, indépendamment du prix à l’importation. Les restrictions quantitatives consistent plutôt à limiter les achats de produits étrangers en fixant les quantités maximales ou les valeurs maximales à l’importation.

La politique d’ajustement structurel

Les politiques d’ajustement structurel s’inscrivent dans un cadre idéologique libéral. Elles englobent deux types de mesure : une mesure à court terme, la stabilisation, qui doit rétablir les grands équilibres, et une phase de moyen-long terme, la transformation structurelle, qui doit poser les bases d’un modèle de développement auto-entretenu en rupture avec les pratiques précédentes. La première mesure vise donc à rétablir les grands équilibres macroéconomiques et à résorber les déficits internes et externes. Elle est constituée d’un ensemble coordonné de mesures qui doit préparer le terrain à la transformation structurelle. Une des mesures centrale dans le processus de la stabilisation est la réduction du déficit public. Il est perçu comme étant à l’origine des déficits extérieurs et des tensions inflationnistes. En plus de cette politique d’austérité, une hausse du taux d’intérêt permet de décourager les investissements et d’encourager l’épargne domestique. La philosophie de la transformation structurelle s’appuie sur l’idée que le bilan de l’intervention étatique dans l’économie a été globalement négatif.

Les politiques volontaristes ont entraîné des déficits, et l’intervention de l’Etat a engendré une série de distorsions qui ont désorienté et bridé l’investissement privé. Par conséquent, les formes d’intervention de l’Etat doivent changer. Ce dernier n’interférera plus, ni dans les décisions ni dans la production. Les marchés intérieurs devront être libéralisés : l’Etat devra cesser de fixer ou de contrôler administrativement les prix, ou de les modifier par le jeu des subventions. Les entreprises publiques devront être privatisées. Parallèlement, les modalités d’investissement privé devront être simplifiées et allégées, et tout monopole public aboli. La libéralisation doit s’étendre au commerce extérieur. Le dispositif de contrôle des importations doit être levé, les taxes à l’exportation et le monopole à l’import ou à l’export supprimés.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : POLITIQUES COMMERCIALES ET DEVELOPPEMENT : LES LEÇONS DU PASSE
Politiques d’import-substitution des années 60
La politique d’ajustement structurel
L’hétérogénéité des résultats des grands modèles de développement
Dépasser le débat politique libérale et politique protectionniste
Conclusion
CHAPITRE II : LE SECTEUR LAITIER SENEGALAIS : FORTE DEPENDANCE DE LA DEMANDE AUX IMPORTATIONS ET SYSTEMES DE PRODUCTION EXTENSIFS
1.Une production locale déconnectée des marchés urbains
2.Une demande satisfaite par des importations de plus en plus importantes
2.1 Une longue tendance à l’importation de produits laitiers
2.2 Le lait en poudre : principale produit laitier importé
2.3 Le lait en poudre comme substitut du lait naturel dans les systèmes de transformation
2.3.1 Micro-entreprises artisanales
2.3.2 Les petites et moyennes entreprises (PME) de transformation du lait en poudre
2.3.3 Les industries de transformation du lait en poudre
2.3.4 Les entreprises de reconditionnement du lait en poudre
2.4 Lait en poudre et lait caillé à base de lait en poudre, principaux produits laitiers consommés
2.4.1 Niveau de consommation en produits laitiers
3 Des systèmes de production extensifs et évoluant dans un environnement contraignant54
3.1 Des systèmes de production qui restent extensifs
3.2 Des systèmes de production évoluant dans des zones diversifiées
3.3 Une diversité d’exploitations agricoles dans les zones éco-géographiques
3.4 Le risque climatique : une productivité sujette à une forte variabilité
3.5 Les contraintes de financement des systèmes de production agricole
3.5.1 Le sous secteur élevage : parent pauvre des politiques d’investissement public dans le secteur agricole
4 Conclusion
CHAPITRE III : QUEL (S) OUTIL(S) DE MODELISATION POUR EVALUER L’IMPACT DES POLITIQUES ECONOMIQUES
1.La nécessité de la prise en compte du risque et de la dimension spatiale et temporelle
1.1 La dimension spatiale
1.2 La dimension temporelle
1.3 Le risque et de l’incertitude
2.Les méthodes d’analyse et d’évaluation des politiques
2.1 Analyse des effets d’une filière
2.2 La matrice d’analyse des politiques (MAP
2.2.1 Principes d’utilisation de la MAP
2.2.2 Procédure d’élaboration de la MAP
2.2.3 Etablissement des comptes financiers
2.2.4 Etablissement des comptes économiques (situation de référence
2.2.5 Calcul des indicateurs et analyse des politiques
2.3 Matrice de comptabilité sociale (MCS
2.4 Modèles multi-marchés et modèles d’équilibre général
2.4.1 Modèles multi-marchés
2.4.2 Modèles d’équilibre général calculables
3.Conclusion
4.Notre approche méthodologique : une approche filière avec la programmation mathématique pour décrire la complexité du comportement des unités de production (unités de transformation et producteurs)
4.1 La filière comme cadre d’analyse
4.2 La programmation mathématique (PM
4.2.1 Programmation mathématique : une souplesse d’utilisation
4.2.1.1 La théorie de la production
4.2.1.2 La programmation mathématique, une autre façon de définir les fonctions de production
4.2.1.3 Présentation succincte de la programmation mathématique
4.2.2 Programmation mathématique et théorie de la production
4.2.2.1 Programmation mathématique et coût d’opportunité – analyse de la solution duale
4.2.2.2 Programmation mathématique et loi des rendements décroissants
4.2.3 La programmation mathématique : une approche adaptée au contexte des pays en développement
5.Conclusion
CHAPITRE IV : LE MODELE DU SECTEUR LAITIER DU SENEGAL : UN ENJEU METHODOLOGIQUE
1.Modèle sectoriel organisé en trois sous-modèles en interaction
1.1 La dimension spatiale du modèle
1.2 La dynamique récursive du modèle
1.3 La prise en compte du risque dans le modèle
1.4 Structure générale du modèle sectoriel
2 Le sous modèle de consommation
2.1 Fondements théoriques des préférences et la spécification du système des équations de demande
2.1.1 Théorie néoclassique de la demande
2.1.2 Spécification du système d’équations de demande
2.1.3 Modèle LES : spécification et caractéristiques
2.2 Spécification du comportement des ménages sénégalais à la consommation finale de produits laitiers
2.2.1 Les données
2.2.2 La Procédure d’estimation
2.2.3 Les résultats des estimations
2.2.4 La fonction de demande des produits laitiers selon le quintile à Dakar et dans les autres villes
3 Le sous modèle de transformation et de reconditionnement
3.1 Unités de reconditionnement
3.2 Micro-entreprises artisanales
3.3 Les unités industrielles de transformation du lait en poudre
3.3.1 Les hypothèses
3.3.2 Programme de l’unité industrielle
3.3.3 Les équations du comportement d’une unité industrielle
3.3.4 Le prix aux producteurs : le fruit d’une négociation
4 Le sous-modèle producteur
4.1 Présentation générale du modèle
4.2 Les gammes d’activités
4.3 Les équations du modèle production relatives aux systèmes extensifs
4.4 Les équations du système intensif des Niayes
4.5 Conclusion
5 La validation du modèle
5.1 Conclusion
CHAPITRE V : IMPACT DES POLITIQUES PROTECTIONNISTES SUR LE DEVELOPPEMENT DE L’ELEVAGE LAITIER
1.La simulation de référence
2 . Les politiques de taxation pénalisent les consommateurs et favorisent les unités intensives
3.Les politiques basées sur les subventions à l’investissement favorisent le développement du système paysan extensif ; mais à quel prix pour l’Etat
4.La combinaison des politiques tarifaires et des subventions à l’investissement : une meilleure option
Conclusion générale
Annexes

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