DYNAMIQUES DES RELATIONS VILLE-CAMPAGNE ET ENJEU DE GOUVERNANCE TERRITORIALE

CAMPAGNE

    La campagne comme la ville a des définitions nombreuses selon les auteurs. D’un pays à l’autre, elle change d’acceptation selon les réalités économiques et sociales. Dans le Dictionnaire Des termes Géographiques on définit la campagne comme tout ce qui ne correspond pas à la ville. Dans ce même dictionnaire on dit qu’en France la campagne représente un paysage de champs ouverts (openfield). La campagne est par excellence le lieu où l’on rencontre des activités agricoles par opposition à la ville. C’est un espace immense marqué par la présence de champs et d’animaux. Les habitations y sont très grandes et les personnes vivent en famille. Il arrive de trouver une maison avec plusieurs ménages. Dans le Dictionnaire Les mots de la Géographie de R (BRUNET), (R FERRAS) et H (THERY) on donne de multiples définitions de la campagne. Dans cet ouvrage selon l’étymologie, c’est une plaine dégagée. Au sens figuré c’est un espace libre, étendu. Un ensemble de champs mais métaphoriquement et avec demeures, personnes et activités ; espace rural par opposition à la ville. Au Sénégal, c’est un lieu où les services sont quasi inexistants, l’agriculture constitue la principale activité économique. Raison pour laquelle, la campagne entretient d’étroites relations avec la ville en vue d’écouler la production agricole et de bénéficier en retour des privilèges de celle-ci. Dans HYPERGEO la campagne appelée aussi milieu rural désigne : « l’ensemble des espaces cultivés habité, elle s’oppose au concept de ville, d’agglomération ou de milieu urbain. La campagne est caractérisée par une faible densité par rapport aux pôles urbains environnant, par un paysage à dominante végétale (champs, prairies, forets et espace naturel ou semi-naturels), par une activité agricole dominante, au moins par les surfaces qu’elle occupe et par une économie structurée plus fortement autour du secteur primaire. Les habitants sont dits ruraux ou campagnards ». Les définitions du concept « campagne ou rural » varient énormément selon les époques et selon les pays. Statistiquement un espace est considéré comme rural quand la petite division administrative n’a pas atteint un seuil de population ou de densité de population. En France une commune est dite rurale quand elle n’atteint pas le seuil de 2000 habitants. Ces communes rurales regroupent 25,3 % de la population française. D’autres critères peuvent être pris en charge pour définir la campagne comme la part de l’emploi allouée aux activités primaires ou le manque d’accès à certains équipements.

LA GOUVERNANCE TERRITORIALE

   La revue des définitions de la gouvernance (Rey valette al 2008) témoigne du caractère polysémique et flou de cette notion qui présente du coup d’avantage de permettre « des réceptions et usages différenciés à du bricolage » selon les termes de R. Pasquier et al (2007). Elle est également souvent présentée comme un gouvernement de compromis (TAICHET, 2007) ou comme un « processus de coordination multi niveaux et multi polaires » dans un contexte polycentrique et fortement asymétrique (GAUDIN, 1999). En continuité des innovations institutionnelles engendrées par la décentralisation et la contractualisation, les acteurs sont amenés à expérimenter de nouvelles formes d’actions publiques et de participation aux décisions, glissants comme l’évoque F. OST, de la pyramide au réseau. La notion de gouvernance est actuellement très exploitée soit à propos de la gouvernance rurale R WELCH (2002), qui confronte les théories et pratique de gouvernement à l’échelle locale ; soit à propos du développent durable, notamment la mise en œuvre des agendas locaux et la création en appui au développement durable des territoires. La gouvernance territoriale occupe donc une place importante avec la problématique prépondérant des jeux acteurs, de leurs modalités diverses de participation et de mobilisation aux problématiques de développement durable et à la recomposition des territoires. Il est important de noter la notion de gouvernance a été émise par des institutions financières que sont la BANQUE MONDIALE et le Fonds Monétaire International. Ils émiettent des idées relatives à la manière de gérer les affaires publiques dans la mesure où il y a parfois un manque de transparence. La gouvernance territoriale est une partie intégrante de l’aménagement du territoire qui vise une organisation rationnelle du territoire. Les collectivités locales étant de plus en plus intégrées à la gestion grâce à la décentralisation, la gouvernance territoriale est définie comme « un processus de coordination des acteurs notamment publics mais aussi de construction de la territorialité et de l’appropriation des ressources »15 (LEPOUP F ; MOYART L. et PECQUEUR B, 2005). Dans la gouvernance il faut des interactions entre acteurs afin de converger à plus de cohérence dans la gestion du territoire.

Les relations culturelles

   Les trois collectivités territoriales ont également des relations culturelles à travers le « fil » et le « xooy » des sérères de Touba Toul, les évènements religieux, les « simb » c’est-à-dire les faux lions durant les vacances. Le « fil » est une cérémonie traditionnelle qui marque la vie culturelle des sérères des villages de Touba Toul. C’est une cérémonie marquée par des danses et des chants qui durent du samedi au mardi/ Il s’agit d’un véritable carnaval où les mages sérères déguisés, prédisent publiquement les événements importants de l’avenir tels que : les épidémies, les famines, l’importance des pluies et de la récolte annuelle et donnent tous les moyens de conjurer les calamités naturelles. Le « xooy » des sérères de Touba Toul est une pratique de la divination pré hivernale des sérères de Touba Toul. Chaque année, le premier samedi du mois de juin se tient le « xooy » avec de tous les sérères des 39 villages et aussi des gens venant de Khombole et de Ndiène Sirakh pour assister à cette cérémonie de tradition sérère. Cette grande cérémonie de voyance des sérères est célèbre et le jour venu, beaucoup de gens de diverses localités ne ratent pas la cérémonie. Elle vient d’être inscrite au patrimoine culturel et  immatériel de l’humanité de l’UNESCO. Evénement traditionnel annuel, le « xooy » des sérères de Touba Toul est attendu et prend des allures de spectacle. Durant ce rite de prédiction, des « saltigués » de pur-sang du village de Réffane, de Keur Thiaff c’est-à-dire des divins et guérisseurs sérères perpétuent la mission de leurs ancêtre qui consistait à prédire l’avenir des rois, les conditions météorologiques pour les besoins de l’agriculture, et toute catastrophe naturelle ou politique qui pourrait s’abattre sur le pays. Les sérères pétris de ce savoir mystique, vont montrer à l’assistance composée des villageois de Ndiène Sirakh et des citadins khombolois l’importance de la médecine traditionnelle. Ces « saltigués » sont vêtus de costumes avec des accessoires constituées de morceaux de miroir, de gris-gris et autres objets divers. Ils paradent à tour de rôle pour délivrer leurs messages. De temps en temps ce sont des bravades et des défis qu’ils se lancent. Le spectacle se poursuit longtemps à ce rythme et se terme par des révélations et recommandations. Il y a également des séances de consultations, de vente des produits mystiques et de médicaments de la médecine traditionnelle. La cérémonie de la circoncision constitue également un événement révélant les relations culturelles entre les trois entités administratives. Chaque année, le « dougou leul » des sérères de Touba Toul et même parfois de Ndiène Sirakh est une fête de la vie traditionnelle des sérères. Elle est encore appelée « Ndut » liée à la culture sérère qui traduit un rite de passage commandée par la religion sérère que chaque sérère doit passer par une fois dans leur temps de vie. Ils désignent une bonne volonté résidant à Khombole pour ce dernier leur achète des bœufs, de la nourriture pour la réussite de la cérémonie. Ils font des groupes et sillonnent presque toute la ville. Pour manifester leur joie, accompagnée de griots sérères, ils chantent et dansent. La musique sérère des griots est très riche. Le chant est accompagné de la kora ou par des groupes frappés des mains. Ces chans sont dédiés à la mémoire d’un guerrier ou d’un grand chasseur. Le sérère est un excellant batteur de tam-tam. C’est un festival culturel sérère qui mobilise des habitants de Khombole et de Ndiène Sirakh en leur donnant l’opportunité de découvrir la culture des sérères de Touba Toul. C’est une occasion pour eux de découvrir la riche facette de la culture des sérères vu que c’est un rituel incontournable pour les jeunes sérères avant de prétendre une vie adulte bien épanouie Les relations culturelles entre ces trois entités administratives s’observent également à travers le « simb » (danse ou jeu du faux-lion) qui est un jeu traditionnel du Sénégal, organisé généralement pendant les grandes vacances. A Khombole, les « simb » sont organisés et beaucoup de ruraux viennent assister à ces jeux de faux-lion. Ces derniers sont des hommes terrifiants aux visages barrés de moustaches rugissant et dansant au rythme des tam-tams. Les activités théâtrales des oscars de vacances organisées dans le centre de verdure de la commune de Khombole constituent des événements culturels qui font appels aux villageois des communes de Touba Toulet de Ndiène Sirakh de venir participer à ces activités. L’association sportive et culturelle Wally daan qui est un village de la commune de Touba Toul participe à ces activités culturelles. Les sérères de cette ASC font découvrir à la population khomboloise la culture sérère. En termes clairs, ces trois entités administratives entretiennent de vives relations culturelles. Ces relations sont marquées par les cérémonies culturelles des sérères de Touba Toul en l’occurrence le « fil », le « xooy » et le « Ndut ». Les « simb », les activités théâtrales des oscars de vacances de la commune de Khombole doivent être prises en considération dans leurs relations culturelles.

Le projet agropastoral de Khombole

   Pour l’implantation de ce projet qui est bénéfique pour le développement territoriale de la zone, Ndiène Sirakh a accordé un lot de 20 ha à la commune de Khombole. C’est un projet ou on note l’implication des populations des trois collectivités locales. Le projet agropastoral de Khombole accueille aujourd’hui de nombreux groupements féminins de la localité et ceux des villages environnants de Touba Toul et de Ndiène Sirakh. Le projet est le fruit d’un partenariat déjà vieux de plus 15 ans entre la commune de Pontédéra en l’Italie et la cité aux fromagers. D’un coût de 200 millions de nos francs, le projet agropastoral accueille aujourd’hui 5 000 jeunes venant des trois communes. C’est une manière de lutter contre le chômage et la pauvreté dans le triangle intercommunal. Actuellement, les femmes villageoises et urbaines trouvées sur le périmètre de 5 hectares exploitent des parcelles avec des spéculations comme le chou, l’aubergine, la tomate, l’oseille, le niébé entre autres. Il est également prévu des activités connexes comme l’arboriculture et l’élevage. Pour le directeur général du Plan Réva, El hadji Malick Sarr, c’est plutôt un sentiment de satisfaction qu’il a ressenti en visitant cette exploitation agricole de 50 ha dans le cadre de coopération décentralisé. Les autorités communautaires des trois communes ont pris l’engagement d’accompagner les exploitants du périmètre maraicher notamment par la mise en place d’un système d’irrigation à basse pression pour alléger les travaux des femmes. Celles-ci utilisent des arrosoirs. Ils envisagent également de mettre à leur disposition du petit matériel destiné aux travaux du sol comme des pelles, arrosoirs, bèches etc. Ce qui permettra aux femmes et aux hommes de terminer en toute quiétude leur campagne. Egalement, pour la rentabilité de ce projet, ils juger nécessaire de créer une piste d’accès au périmètre pour faciliter le  transport des productions par les véhicules. Pour tirer profit de ce projet, il faut noter que les trois municipalités apportent leur pierre à l’édifice par la construction des infrastructures de qualité qui sont sorties de terre, à savoir, un forage d’un débit de 90 m3 et château d’eau de 100 m3 permettant aux exploitants ruraux et urbains de travailler la terre pendant deux campagne et d’avoir des gains substantiels pour toute l’année.

CONCLUSION GENERALE

    Ce travail d’étude et de recherche sur la dynamique des relations ville-campagne et enjeu de gouvernance territoriale des communes de Khombole, Touba Toul et de Ndiène Sirakh a permis d’étudier les dynamiques spatiales, d’identifier les différentes relations et d’expliquer la gouvernance territoriale à travers l’enjeu de l’intercommunalité au sein du triangle. La ville de Khombole de par sa position stratégique et carrefour, située sur la route nationale II se caractérise par croissance spatiale rapide liée à une augmentation de sa population et à une spéculation foncière au niveau du centre entrainant une multiplication de constructions nouvelles en termes de maisons au niveau de la zone périphérique. La densification des bâtis à ce niveau entraine des empiétements de la commune sur les terres voisines de Touba Toul et de Ndiène Sirakh. C’est ainsi que les deux mondes tentent à se rapprocher par l’extension des zones périurbaines et nouent des relations foncières. Celles-ci sont observées au niveau du besoin d’espace des khombolois pour des activés comme l’agriculture et l’élevage. A côté de ses relations foncières, le contact entre Khombole, Touba Toul et Ndiène Sirakh a entrainé des relations économiques liées à l’approvisionnement de subsistances, à l’animation des marchés de Khombole et de Touba Toul par les populations urbaines et rurales. D’autres types de relations sont en prendre en considération dans l’alliance urbain-rural entre ces trois entités administratives. Il s’agit des relations sociales, culturelles, sanitaires, éducatives, politiques et administratives. Les trois collectivités territoriales dans le but de promouvoir le développement territorial de l’espace intercommunale doivent mener une collaboration intercommunale comme instrument d’une gouvernance territoriale. Elles peuvent se fédérer pour la programmation et la mise en œuvre des actions de développement économique, éducatif, social et culturel aves l’implication des acteurs ruraux et urbains à la base. Cette collaboration favorise l’intercommunalité qui n’est très développée au Sénégal. La mise place d’une démarche intercommunale de planification leur permettra de reconnaitre les problèmes territoriaux, de favoriser une gouvernance territoriale et de mettre en place des stratégies pour pallier à ces problèmes. Mais le débat sur les relations ville-campagne ne peut pas être clos. En tout état de cause l’intercommunalité est la clé de développement territorial de ces trois collectivités vue qu’elle leur permet de se mettre à table pour discuter sur l’ensemble des projets de développement et une mode de gouvernance basée sur la compétence, l’équité et la démocratie. L’intercommunalité doit être aujourd’hui ce que la décentralisation est devenue de 1996 à nos jours.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION
1. Contexte
2. Justification
II. Problématique
1. Analyse conceptuelle
3. Objectifs et hypothèses de recherche
a) Objectifs de recherche
b) Hypothèses de recherche
4. Revue documentaire
5. Méthodologie
a) Les travaux de terrain
b) Les observations
c) Les entretiens
f) Le traitement de données acquises
PREMIERE PARTIE : PRESENTATION DU CADRE D’ETUDE : COMMUNES DE KHOMBOLE, DE TOUBA TOUL ET DE NDIENE SIRAKH
CHAPITRE I : LE CADRE PHYSIQUE
A. La zone urbaine : Khombole
1. Climat
2. Sols
3. La végétation
B. La zone rurale : Touba Toul et Ndiène Sirakh
1. Climat
2. Sols
3. La végétation
CHAPITRE II : LE CADRE SOCIO-DEMOGRAPHIQUE
A. La partie urbaine : Khombole
1. Evolution de la population de 1960 à 2013
1.1. La répartition de la population par quartier
B. La partie rurale : Touba Toul et Ndiène Sirakh
a) Touba Toul
1. Evolution de la population de la commune de Touba Toul de 1973 à 2013
b) Ndiène Sirakh
1. L’évolution de la population de la commune de Ndiène Sirakh de 1972 à 2013
CHAPITRE III : LES ACTIVITES ECONOMIQUES
A. La partie urbaine : Khombole
1. L’agriculture
3. Le commerce
B. La partie rurale : Touba Toul et Ndiène Sirakh
1. L’agriculture
2. L’élevage
3. Le commerce
CHAPITRE IV : LES INFRASTRUCTURES
A. La partie urbaine : Khombole
B. La zone rurale : Touba Toul et Ndiène Sirakh
1. Les infrastructures sanitaires
2. Les infrastructures scolaires
3. Les infrastructures routières
4. Les autres infrastructures
DEUXIEME PARTIE : LES DYNAMIQUES SPATIALES ET LES RELATIONS VILLECAMPAGNE AU SEIN DU TRIANGLE
CHAPITRE I : LES DYNAMIQUES SPATIALES DE LA VILLE DE KHOMBOLE
1. Le processus d’évolution du bâti dans la ville de Khombole
CHAPITRE II : LES RELATIONS SUR LE PLAN COMMERCIAL
1. Relations économiques à travers le marché de Khombole
2. Les relations économiques à travers le marché hebdomadaire de Touba Toul
CHAPITRE III : LES RELATIONS FONCIERES
1. Les relations foncières à travers les besoins de logement
2. Les relations foncières à travers les zones de pâturage et les champs des khombolois
CHAPITRE IV : LES RELATIONS SOCIO-CULTURELLES
1. Les relations sociales
2. Les relations culturelles
CHAPITRE V : LES FLUX SANITAIRES ET SCOLAIRES
1. Les flux sanitaires
2. Les flux éducatifs
Conclusion partielle
TROISIEME PARTIE : LE TRIANGLE KHOMBOLE, TOUBA TOUL ET NDIENE SIRAKH, UN ESPACE PIONNIER D’INTERCOMMUNALITE 
CHAPITRE I : LES ENJEUX DE L’INTERCOMMUNALITE
1. Pour la commune de Khombole
2. Pour les communes de Touba Toul et de Ndiène Sirakh
CHAPITRE II : LES PROJETS DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE COMMUNAUTAIRES
1. Le projet agropastoral de Khombole
2. Le projet agricole de Khombole
3. Le projet maraicher des femmes de Touba Toul
CHAPITRE III : LES DEFIS QUI EMPECHENT L’INTERCOMMUNALITE
Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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