Dynamique des unités morphologiques dans les îles de Mar

Le changement climatique (avec la baisse de la pluviométrie et le réchauffement global de la terre) et les mouvements de marées ont profondément modifié le littoral Ouest africain. Le Sénégal disposant d’une frange littorale de 700km avec un espace maritime de 19800km² n’échappe à la règle. En effet les côtes du pays se divisent en trois types : les côtes sableuses, les côtes rocheuses et les estuaires à mangrove (Sall M, 1982). Ces derniers longs de 234km abritent l’estuaire du Saloum où se trouve notre secteur d’étude à l’occurrence les îles de Mar qui se trouvent dans la partie la plus septentrionale des îles du Saloum. Ces îles occupant la partie insulaire de la commune rurale de Fimela sous-ensemble du Département de Fatick subissent également les effets du changement climatique de ces dernières années. La sécheresse qui se manifeste par un déficit pluviométrique, l’avancée de la langue salée, la baisse du niveau piézométrique n’a pas épargné la région du Sine Saloum. Ainsi, la tendance générale de la pluviométrie enregistrée dans la station de Fatick évolue de 900mm à 450mm entre 1921 et 2003 (CSE, 2010). La rupture du Lagoba survenue le 27 Février1987 qui place désormais les unités morphologiques de la partie adjacente en situation de front de mer, vient compléter la liste des facteurs naturels. En effet la dynamique actuelle des unités porte la marque des fluctuations eustatiques et les variations climatiques du Quaternaire. Nous notons une inversion du fonctionnement du Saloum avec toutes ses conséquences dans la morphologie de l’estuaire qui est aujourd’hui une ria, car les apports d’eau douce étant insignifiants comparés aux apports d’eau marine. Du coup, la dégradation de l’écosystème s’avère une réalité incontestable vécue au quotidien. Les conditions hydrodynamiques ont une influence particulière sur la mutation des différentes unités morphologiques.

Localisation du milieu

Partie intégrante des îles du Gandoul qui appartiennent aux îles du Saloum, les îles de Mar se trouvent dans la commune rurale de Fimela sous ensemble du département de Fatick. Notre milieu d’étude occupe presque la moitié de la superficie de la dite commune rurale et se localise plus particulièrement au Sud de celle-ci constituant sa limite Sud. Situées entre les latitudes 14° 00 -14° 08 Nord, et les longitudes 16° 30 – 16° 45 Ouest, les îles de Mar regroupent principalement quatre villages: Mar Lothie, Mar Soulou, Mar Fafaco et Diamniadio. Le domaine est limité au Nord par le marigot de Faoye, au Sud et à l’Est par le bras de mer du Saloum et à l’Ouest par le marigot de Ndangane- Fimela -simal.

Les données géologiques et l’évolution paléogéographique 

Se trouvant dans le domaine littoral sénégalais, les îles de Mar font partie du bassin versant du Sine- Saloum. Ce dernier s’intègre dans le bassin sédimentaire Sénégalo- mauritanien. La géologie est marquée par des formations du Continental Terminal et des sédiments du Quaternaire Sadio S (1991). L’histoire géologique des îles du Saloum s’est déroulée durant le Quaternaire récent Diop E.S (1975). Comme le dit Pierre Michel « l’Afrique occidentale a connu de nombreuses fluctuations climatiques et le niveau marin a changé plusieurs fois au Quaternaire ». Le Nouakchottien constitue la plus importante phase dans la reconstitution de la configuration géomorphologique actuelle du littoral. Au maximum de la transgression marine (5500 ans BP), la mer a remonté les réseaux du Saloum déjà constitués au Tchadien jusqu’à Birkilane et a favorisé une sédimentation marine et un colmatage qui est à l’origine des terrasses (Soumaré A 1996). Ce comblement des basses vallées (sédimentation marine) est relayé dans les zones internes par une sédimentation de type lagunaire des fleuves qui apportent des sables fins et limons. Ce matériel s’est déposé pour former les terrasses sableuses ou argileuses. Au Taffolien (vers 4000 ans BP) la dérive littorale Nord-sud engendrée par les houles venant du Nord-ouest soit de Sud-ouest a permis la mise en place des cordons sableux. L’adjonction de ces derniers et le comblement des lagunes inter-cordons ont été à l’origine de la formation des îles de l’estuaire du Saloum (Diop S 1990). La sédimentation lagunaire qui s’est produite avec les dépôts plus ou moins argileux favorise le développement de la mangrove (Soumaré A 1996). Parallèlement au colmatage inter-cordon, les populations des îles ont consommé des arches et des huîtres et les ont déposés en amas sur les cordons sableux. C’est ce qui constitue les amas coquilliers ou Kjokkenmoddinger très répandus dans l’estuaire (Diop E.S 1975).

Le littoral Ouest-africain en général et le littoral du Saloum en particulier se présentent comme un domaine alluvial de topographie basse, plate et parcouru par de nombreux chenaux de marées anastomosés. Dans notre secteur, le bassin se présente sous forme de bas glacis d’épandage recouvert par un manteau sableux très discontinu (Diop S 1990). L’histoire géomorphologique de l’estuaire est dictée par la succession de phases transgressives et de phases de sédimentation et de colmatage. Une synthèse de l’évolution géomorphologique de l’estuaire du Saloum est faite par J.ausseil-Badie et al en 1991 et citée par Soumaré A en 1996. Ainsi nous avons les différentes phases d’évolution de l’estuaire :

– A, c’est la phase estuarienne, avec une formation d’un vaste golfe marin, le trait de côte est rattaché à la limite supérieure des formations du Continental Terminal.
– B, nous assistons à la formation des barrières littorales avec deux épisodes dont le dernier se situe entre 3150-2250 ans BP. Le Saloum alors se déverse vers le Sud.
– C, marqué par une première phase de sédimentation deltaïque qui voit le remaniement des barrières littorales, le Saloum est dans sa position actuelle, les bancs sableux et la mangrove émergent.
– D, c’est la seconde phase de sédimentation marquée par l’absence de la flèche de Dionewar et la faible extension de la pointe de Sangomar.

Ainsi les formations superficielles sont constituées de sable fin légèrement argileux en profondeur et se répartissent en ensembles :
– Un ensemble de cordons sableux sous l’action de la dynamique éolienne
– Un ensemble de terrasses basses sableuses anciennes.
– Un ensemble de terrasses sableuses récentes de caractère fluvio-deltaïque (Diop S 1990).

Les unités morphologiques 

Les unités morphologiques sont constituées essentiellement par les vasières à mangrove, les cordons sableux, les tannes et les amas coquilliers.

Les cordons sableux 

Ils apparaissent comme l’unité morphologique topographiquement la plus élevée des îles de Mar. Ils se localisent pour l’essentiel au Nord-ouest des îles et c’est sur eux que sont implantés les villages de Mar Lothie, Soulou, Fafaco et de Diamniadio. Les cordons sableux sont d’origine éolienne et d’orientation Nord-nord-ouest. Ils se positionnent derrière les tannes. Au point 14° 04 08 Nord-16° 41 56 Ouest se localise un cordon sablo-coquillier à baobab et à acacia. L’analyse sédimentologique faite par Diop E.S (1978) révèle un matériel sableux très homogène d’origine marine et éolienne. Les sols sont de type Deck ou ferrugineux tropicaux non lessivés. Le couvert végétal présente un faciès de savane dégradée avec quatre strates :
– Une strate herbacée dominée par les graminées : Andropogon gayanus, Sporobolus spicatus, Pennisetum pedicellatum, Cenchrus biflorus.
– Une strate buissonnante formée de ziziphus sporobolus, de Phoenix reclinata etc.
– Une strate arbustive et une strate arborée marquées par la présence d’Acacia seyal, Acacia ataxacantha, Cocos nucifera (Soumaré 1996).

Nous avons aussi les espèces Detarium senegalens (ditah) et Anacardieum occidental localisées entre Mar Lothie et Mar Fafaco qui s’étendent sur une distance de 6km selon le PLD de la CR de Fimela (2003).

Les amas coquilliers 

Moins élevés que les cordons sableux, les amas coquilliers s’individualisent néanmoins dans cette zone très basse. Ils se localisent à l’Est des îles de Mar. Dans ce secteur les amas coquilliers sont de petite taille, leur épaisseur varie entre 1m et 2m. Les huîtres et les arches consommés et déposés par les populations locales forment les amas de coquillages appelés Kojokkenmoddinguer. Pour Marius (1985), les amas rencontrés à Ndimsiroh s’agissent d’huîtres et datent de 5110 ans BP. Les sols développés sont de type calco-magnésique. Ils sont minces et assez bien pourvus en matière organique et très riches en carbonate de calcium (Diop E.S 1978). Les sols portent une végétation caractéristique Adansonia digitatta (baobab).

Les tannes 

Zone de contact des cordons sableux et des vasières à mangrove, les tannes correspondent à d’anciennes vasières et subactuelles. Situés à l’arrière des vasières, les tannes occupent la partie haute du domaine intertidal. Leur extension est aujourd’hui très importante du fait du changement climatique et hydrologique noté dans ce secteur. Les paysans interrogés confirment qu’ils ont perdu plusieurs champs à cause de l’avancée des tannes. Les sols sont de types sulfatés acides à jarosite salés sur les 50-70 premiers centimètres et potentiellement sulfatés acides en profondeur. Il s’agit de sable fin limoneux selon Thiam M.D (1986). La végétation, herbacée est constituée par Sesuvium portulacastrum et Philoxerus vermicalaris. Nous distinguons les tannes nus (photo1) et les tannes herbus (photo 2). Les tannes nus sont totalement dépourvus de végétation, leur surface est couverte par une couche de sel cristallisée de structure poudreuse. Nous recélons par endroits de tannes à faciès de moquette. Dans les tannes herbus le sol est inapte à l’agriculture. Au village de Diamniadio les tannes herbus sont colonisés par des acacias qui servent de pâturage au bétail (photo 3). Tout l’Ouest du village est occupé par la forêt à acacia qui constituait les champs.

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Table des matières

Introduction générale
Synthèse bibliographique
Problématique
Méthodologie
Première partie : présentation du milieu
Chapitre 1 : le cadre physique
Chapitre 6 : Le cadre humain
Deuxième partie : les facteurs de la dynamique
Chapitre 1 : Les facteurs physiques
Chapitre :2 : les facteurs anthropiques
Troisième partie : la dynamique des unités morphologiques et leurs impacts
Chapitre 1 : la dynamique des unités
Chapitre 2 : les impactes de la dynamique
Conclusion générale
Bibliographie
Annexe

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