Du conte traditionnel au conte détourné, une lecture en réseau autour d’Yvan Pommaux

Etat des lieux sur l’étude des contes à l’école élémentaire et intérêts pédagogiques

Recueil de données

Lors de ma recherche de terrain de stage, j’ai demandé aux différents professeurs s’il était possible qu’ils me parlent de leur utilisation des contes lors de l’année scolaire et si je pouvais venir dans leur classe mettre en place une séquence portant sur ce thème. Les réponses étaient similaires dans la majorité des cas : l’étude des contes ne fait pas partie de leurs habitudes.
Certains sont mêmes allés jusqu’à dire que mon sujet de mémoire n’avait strictement rien à voir avec la réalité du terrain.
Tout cela m’a poussé à réaliser un questionnaire d’enquête (annexe 1) auprès de plusieurs écoles afin de savoir si cette absence des contes dans les classes était ou non une généralité. Au final au vu des données recueillies, j’ai pu observer que l’étude des contes se fait de plus en plus rare et que très peu d’enseignants utilisent ces textes traditionnels. Ainsi sur un échantillon de 30 personnes interrogées, il apparaît que seulement cinq enseignants intègrent l’étude du conte dans leur programmation. Les travaux portant sur détournements des écrits traditionnels sont donc quasiment inexistants dans ces classes. Néanmoins, il apparaît que les enseignants qui traitent les contes traditionnels se tournent ensuite vers l’étude des détournements, notamment les parodies.
De plus, les enseignants m’ont fait part du fait qu’ils n’utilisent quasiment plus d’albums de jeunesse à l’école élémentaire, celui-ci se réservant aux élèves de maternelle. Ces aprioris me semblent erronés puisque l’album peut être utilisé à de nombreuses occasions comme notamment en support aux apprentissages. L’album de jeunesse peut par exemple servir à amorcer un thème travaillé en histoire comme celui de l’extermination des juifs avec Le Petit garçon étoile de Rachel Hausfater-Douieb, illustré par Olivier Latyk (éditions Casterman 2003-Les Albums Duculot) ou encore l’esclavage avec Un homme de Gilles Rapaport (édition Circonflexe). Utiliser l’album de jeunesse comme support aux apprentissages me semble pertinent car les élèves se sentent concernés, ils sont motivés par ce type d’entrée dans l’activité. Les enseignants peuvent ainsi s’éloigner des manuels scolaires, varier la façon d’entrer dans l’activité, de se familiariser avec les notions. C’est une façon qui apparaît plus ludique pour les enfants, ils vont être davantage investis dans la tâche demandée et attendue par l’enseignant.
Toutes ces recherches sur le terrain et ces désaccords avec les autres enseignants face à la littérature de jeunesse ont renforcé mon envie de faire de ce thème le sujet de mon mémoire.
Je me suis alors penchée sur l’analyse des intérêts pédagogiques issus d’un travail autour des contes dans une classe.

Les objectifs et intérêts pédagogiques visés dans ma séquence

Penchons-nous sur les objectifs et compétences visées à travers ma séquence d’enseignement. J’ai décidé de mettre en relation des textes afin de permettre la construction d’une culture littéraire commune. En effet, à travers les séances proposées les élèves vont pouvoir découvrir ou redécouvrir des contes traditionnels appartenant au patrimoine culturel.
De même, à travers l’étude du détournement de conte dans les albums d’Yvan Pommaux , les élèves seront amenés à identifier des singularités de reformulation. La lecture en réseau autour de cet auteur permet de travailler sur la transposition d’un genre (conte) à un autre (policier) et de surcroît de s’initier à ce dernier.
Tout au long de la séquence les élèves seront mis en situation de verbalisation avec des interactions orales autour des images de l’album par exemple.
A la fin de la séquence, les élèves auront eu l’occasion d’élargir leur répertoire d’œuvres littéraires grâce à la lecture en réseau autour d’Yvan Pommaux.
Lire et comprendre un conte détourné permet de reconnaître le(s) conte(s) source pour identifier et apprécier les clins d’œil. C’est donc l’occasion de renforcer la connaissance des contes traditionnels du patrimoine culturel. Dans un deuxième temps, cette séquence permet de passer du conte au récit policier. En effet, les albums d’Yvan Pommaux revisitent les contes traditionnels grâce au support qu’est l’enquête policière. En cycle 3, nous pouvons donc dépasser la simple comparaison du conte détourné au conte traditionnel et traiter le schéma, les étapes d’une enquête policière afin de créer un projet d’écriture allant dans ce sens. Celui-ci permet de finaliser le travail portant sur le détournement de contes, les élèves vont devoir mobiliser l’ensemble des connaissances acquises tout au long de la séquence afin de les investir dans ce projet d’écriture. C’est donc l’occasion ici pour l’élève de s’approcher du style de Pommaux. Pour ma part, cette activité me permettait de savoir si les élèves avaient cerné la composition d’un conte, les éléments pouvant se trouver dans les détournements. Il s’agit donc ici d’une évaluation sommative. Etudier les contes traditionnels permettrait ainsi d’élargir le champ culturel des élèves. Tâchons d’analyser de façon comparative le conte traditionnel et les contes détournés au sens d’Yvan Pommaux.

Du conte traditionnel au conte détourné, une lecture en réseau autour d’Yvan Pommaux

Les contes traditionnels : la question du conte source

J’ai choisi d’étudier lors de ma séquence des contes détournés ayant pour inspiration les contes de Perrault ou encore ceux des frères Grimm.
Le conte est issu de la tradition orale, les auteurs ont décidé de mettre à l’écrit ces histoires connues de tous. Les premiers écrits datent de l’Antiquité au temps d’Aristote, depuis de nombreux auteurs se sont succédé. Si l’on prend la période du XVIIème au XIXème siècle, nous trouvons Charles Perrault, Madame d’Aulnoy, Madame Le Prince de Beaumont, les frères Grimm, Hans Andersen…Encore aujourd’hui nous trouvons des auteurs de contes comme Pierre Gripari (Les contes de la rue Broca).
Nous pouvons faire une distinction entre le conte source et le conte traditionnel puisque le conte source est celui qui fait l’objet d’un détournement. Le conte traditionnel peut donc être un conte source mais il n’y a pas forcément réciprocité. Nous pouvons citer ici l’exemple du conte de la Belle au bois dormant parodié dans l’album Le grand sommeil d’Yvan Pommaux.
Le conte merveilleux va permettre d’aider l’enfant à se construire, puisqu’il va à la fois stimuler l’imagination de l’enfant, reconnaître ses angoisses et lui proposer, d’un point de vue symbolique, des solutions pour grandir. Bettelheim (1976) considère que le conte va faciliter une des tâches les plus difficiles qui incombe à l’éducation: faire que l’enfant trouve un sens à sa vie. Pour ce faire, les contes détiennent une morale que l’on trouve à la fin de chaque histoire. La morale va tirer une conclusion issue des faits de l’histoire, elle a pour but de mettre en avant une vérité. A sa lecture les enfants doivent saisir le sens multiple du conte. Les bons sentiments sont promus, les défauts et mauvais comportements sont dénoncés.

Le conte détourné dans les albums d’Yvan Pommaux

Intérêts de l’étude du conte détourné

L’auteur Christiane Connan-Pintado explique dans son livre Lire des contes détournés à l’école qu’il est nécessaire d’étudier les contes de Perrault afin d’enrichir la culture commune des élèves, ceci étant un objectif fondamental visé par les programmes officiels de l’Education Nationale. Comme nous l’avons déjà dit, l’étude des contes détournés permet d’inviter les élèves à revenir aux contes traditionnels et ainsi d’étudier une œuvre du patrimoine culturel. Il semblerait que le conte détourné tient un discours s’approchant de celui de Perrault dans le sens où il permet de divertir les enfants tout en les faisant grandir. Il est important de mentionner le fait que même s’il n’y a pas de morale à la fin du conte détourné, le message est toujours présent mais sous une forme implicite. Ceci apporte de la modernité dans la forme mais le fond reste bel et bien présent.
Christiane Connan-Pintado énonce également dans son livre les intérêts pédagogiques de l’étude des contes détournés. Ceux-ci se retrouvent dans cinq compétences qui sont les suivantes : la première relève de la linguistique, les élèves portent une attention aux formes des textes qu’il s’agisse du conte source ou du détournement. Les enfants vont donc s’attarder sur les éléments de comparaisons. La compétence encyclopédique est la deuxième, l’idée est que dans les détournements nous trouvons des références au monde et à divers ouvrages. L’élève va puiser dans son répertoire personnel d’œuvres afin de faire émerger les points communs et les différences entre le texte détourné qu’il étudie ou le conte source. Une fois ce travail effectué l’élève va mettre en lien ces éléments, cela fait appel à la compétence logique. La quatrième compétence est la rhétorique, celle-ci étant liée à l’expérience littéraire. La compétence idéologique qui est la dernière compétence est quant à elle en relation ave c les nouvelles orientations littéraires. En somme, l’étude des contes détournés va permettre de faire acquérirde nombreuses compétences aux élèves.

Intérêts de la lecture en réseau

J’ai décidé d’utiliser un réseau d’albums autour d’Yvan Pommaux. La justification de l’emploi de cette pratique se trouve dans le livre Lire la littérature à l’école : pourquoi et comment conduire cet apprentissage spécifique ? de la GS au CM (éditions Hatier 2009), dirigé par Catherine Tauveron. En effet, une partie portant sur la lecture en réseau a attiré mon attention. Utiliser cette pratique revêt selon l’auteur trois objectifs d’apprentissages en interaction dynamique qui sont les suivants : « construire et structurer la culture ; l’éducation d’un comportement de lecture spécifique supposant la mise en relation des textes déposés de la mémoire culturelle du lecteur ; pénétrer dans le texte plus facilement avec plus de finesse ». La lecture en réseau opère selon l’auteur comme un « révélateur ».
J’ai choisi d’utiliser la mise en réseau afin de créer un répertoire commun aux élèves et ce autour d’un même auteur. J’aurais pu choisir de mettre en place un réseau autour du thème du détournement à travers la parodie par exemple. Mon choix s’est orienté vers un seul auteur du fait de l’attrait que j’ai pour ses œuvres. Je pense que ce réseau est pertinent pour cette phase de découverte et qu’il répond à mon désir d’élargir la culture littéraire des élèves. Ces derniers savent désormais nommer et décrire plusieurs ouvrages de cet auteur et relie celui-ci aux thèmes que sont le détournement de contes et l’enquête policière. Une autre séquence pourrait être envisagée à la suite de celle-ci afin de confronter l’élève a d’autres formes de détournements avec par exemple un aspect comique. De même ce serait l’occasion de varier les supports en s’éloignant de l’album et en étudiant le roman, ou encore le genre théâtral…
Ma séquence repose sur l’étude de trois albums d’Yvan Pommaux. Ces derniers ont pour points communs l’auteur, le personnage principal (détective John Chatterton), la présence de références aux contes traditionnels et le détournement de ces derniers en ayant recours à l’enquête policière. En ce sens, je peux attester de la présence d’un r éseau d’albums comme support de ma séquence de littérature de jeunesse.
Présentons les albums d’Yvan Pommaux et regardons quelle a été l’utilisation de ces livres en classe.

Présentation détaillée de l’album de Pommaux

L’album John Chatterton détective d’Yvan Pommaux fait l’objet d’une étude approfondie avec les élèves. Une lecture en réseau autour de l’auteur est également proposée puisque j’utiliserai les albums Lilas et le Grand Sommeil. La particularité de ces livres est le détournement de contes traditionnels en prenant pour support de l’histoire une enquête policière. Le personnage principal et récurrent dans les trois albums est le détective John Chatterton. Ce dernier est un chat humanisé, ce choix d’animal par l’auteur est sûrement un clin d’œil envers le caractère rusé, malin, agile du félin. Cependant, nous ne trouvons pas derrière les choix de Pommaux l’intention d’insérer des messages implicites stigmatisant comme dans les contes traditionnels analysés par Bruno Bettelheim. Pommaux place ses histoires dans l’époque des années 50 en référence aux films policiers américains datant de cette période. Le fait de ramener les éléments des contes traditionnels dans un milieu urbain permet d’actualiser le conte et de le rendre plus accessible, les élèves peuvent se projeter dans cette histoire, ils sont moins dépendants du fantastique. A noter que le choix de mêler personnages humains et personnages anthropomorphes permet à l’élève de prendre un peu de recul face au livre.
Les albums d’Yvan Pommaux sont intéressants du fait de la variété dans la trame de l’album, nous trouvons une alternance entre pages sans texte, pages illustrées avec des onomatopées, avec du texte etc. Les illustrations sont très importantes car elles sont complémentaires au texte (lorsqu’il y a texte) et peuvent très bien parler d’elles-mêmes lorsque le texte est absent. Tout cela matérialise des facteurs importants servant à la compréhension de l’album par l’élève. Pour chaque album, il convient de mettre en relation le text e source et le texte détourné, de rechercher les ressemblances et différences pour s’interroger sur le sens et l’intérêt du détournement. Il est intéressant d’étudier avec les élèves les procédés utilisés par l’auteur pour aboutir à l’effet parodique. Passons à l’étude détaillée de l’album John Chatterton Détective.
Cet ouvrage fait référence au conte Le petit chaperon rouge et brièvement au conte Le petit poucet. La première de couverture nous permet de connaître le nom du personnage principal (John Chatterton), ainsi que l’univers dans lequel nous allons être plongés, c’est-à-dire le genre policier (détective). Certains éléments, récurrents dans les albums de Pommaux, sont présents dès les premières pages comme le livre « Affaires criminelles célèbres ». L’album mêle habilement le genre policier mais aussi celui de la bande dessinée. Nous trouvons des bulles de paroles, d’autres ayant un autre aspect afin de relater une pensée du personnage non prononcée, il y a aussi un grand travail sur les onomatopées. L’expression donnée aux visages des personnages est très caractéristique et permet de faciliter l’interprétation et la perception des sentiments par les élèves. Les habits et les lieux font références aux films policiers américains des années 50. L’auteur s’amuse à mêler personnages humains et animaux anthropomorphes.
Des clins d’œil culturels sont présents dans le livre pour permettre aux élèves d’identifier assez facilement le conte traditionnel de base. Il faut bien évidemment que ce conte soit co nnu des élèves, sinon la lecture de l’album peut s’avérer très réductrice.

L’album John Chatterton détective, analyse des messages implicites

La mère de la fillette vient annoncer à John Chatterton que sa fille a disparu et qu’elle était vêtue de rouge, elle demande au détective de bien vouloir la retrouver. La mère évoque la grand-mère de la jeune fille avec ici un jeu de mots portant sur les adresses de l’une et de l’autre, soit 12 rue Vieille pour la grand-mère et 21 rue Neuve pour la mère.
Le détective fait part des liens implicites pouvant être établis entre cette histoire et celle se déroulant dans le conte traditionnel « Une disparition… Une fille en rouge… Une grand mère…Ça rappelle cette sombre histoire où la fille et la grand-mère sont mangées par un loup… » . Il fait donc preuve d’anticipation en parlant de l’intervention d’un chasseur (référence au conte dans la version de Grimm). Le détective va chez la grand-mère mais elle est en vacances (intervention de Raton), il était donc sur une fausse piste. Il essaye alors de faire des hypothèses et des déductions, la fillette est peut-être passée par le square… Le détective s’y rend dans l’espoir de trouver des indices. Nous retrouvons ici la référence à la forêt, lieu de rencontre entre le loup et le petit chaperon rouge dans le conte. S’ensuivent deux doubles-pages sans texte dans lesquelles nous voyons un jeu de pistes s’opérer. John Chatterton découvre petit à petit l’ensemble des vêtements rouges que portait la fillette.
A noter ici l’allusion au Petit Poucet « autre affaire célèbre où la victime semait (…) de petits cailloux blancs » pour retrouver son chemin, la fillette kidnappée laisse derrière elle un foulard, un nœud, une ceinture, un bouton, etc pour qu’on puisse retrouver sa piste.
Cela mène le détective dans une ruelle sombre où il entend des cris s’échappant d’un bâtiment, le chat est alors surpris, ses poils sont hérissés. Il prend une brique et s’approche lentement de l’entrée de la pièce. Nous attendons puis voyons un loup en costume bleu occupé à faire du chantage à la mère de la fillette. Nous apercevons la fille vêtue de rouge, ligotée et apeurée. Le loup se trouve dans son musée personnel dans lequel nous pouvons voir un détournement d’œuvres célèbres où le loup est omniprésent. Il demande à la mère de la fillette de lui ramener l’œuvre « Le loup bleu sur fond blanc » sinon il dévorera la jeune fille.
Ce dernier apparaît égocentrique et sûr de lui (« je suis LE LOUP, le plus FORT, le plus MALIN des loups »), il explique à la fillette que lorsqu’il aura le tableau, il les dévorera toutes les deux. Alors que le loup s’esclaffe de joie, une brique vient lui heurter la tête. Le détective a réussi à assommer le loup, il libère ainsi la jeune fille. La mère arrive au même moment ave c le fameux tableau. En échange de ses bons services, la mère offre le tableau à John Chatterton qui l’accroche dans son bureau. A la fin de l’album, le détective est dans la même position qu’au début, l’air décontracté avec les pieds posés sur son bureau.
Je me suis surtout penchée sur le livre Textes et images dans l’album et la bande dessinée pour enfants et notamment le passage écrit par Jean-François Massol concernant les albums de BD chez Yvan Pommaux. Ce dernier apporte des explications quant au mélange du genre policier et de la bande-dessinée. Le travail de Pommaux sur le mélange de genres est qualifié par Massol de « pratique innovante ». Il explique que l’auteur-illustrateur intègre de l’humour et de la tendresse dans ses œuvres avec des références décalées, des jeux de mots.
L’auteur termine en disant que les pratiques artistiques de Pommaux correspondent à des entreprises contemporaines comme « l’enrichissement de l’album pour enfants dans sa complexité et son intertextualité / intericonicité qui fait entrer (…) ses livres dans la catégorie définie par C.Tauveron des textes « résistants » ».

Projet d’écriture : la rédaction d’un conte détourné à la manière d’Yvan Pommaux

Travail de rédaction autour de l’enquête policière

La finalité de ma séquence repose sur l’écriture d’un court conte détourné. Selon les instructions officielles de 2008, la rédaction de textes est une priorité du cycle des approfondissements. Les élèves vont pouvoir inventer une histoire tout en respectant une consigne. Ils vont également pouvoir corriger et améliorer leurs productions au fil des séances grâce aux outils mis à leurs dispositions (manuels, dictionnaires etc). De plus cette séquence est l’occasion de mettre en œuvre une interdisciplinarité du fait que les élèves vont écrire sur ordinateur leur texte finalisé. Nous sommes dans l’utilisation des Technologies de l’Information et de la Communication.

Séance 4

Lors de la quatrième séance, l’objectif était de préparer les bases permettant de construire le projet d’écriture. J’ai donné la consigne aux élèves concernant le travail attendu soit transformer un conte en un court récit policier dans lequel doivent figurer tous les éléments vus précédemment c’est-à-dire les ingrédients de l’enquête policière. J’avais prévu de leur donner au choix trois contes que sont : le Petit Poucet, Cendrillon, le Chat botté, de leur lire et de leur faire étudier ces derniers. J’ai fait ce choix de corpus en raison de leur popularité, je voulais que les élèves aient déjà des connaissances concernant le déroulement de l’histoire afin de ne pas devoir retravailler intensément chaque conte traditionnel. Faute de temps, j’ai décidé de ne proposer aux élèves qu’un seul conte soit celui de Cendrillon. Ce dernier a fait l’objet d’une adaptation par les studios Walt Disney. C’était l’occasion de voir si les élèves connaissaient bien le conte dans sa version traditionnelle. Après quelques interactions avec les élèves, j’ai lu le conte dans la version de Perrault et j’ai indiqué aux élèves qu’ils avaient le choix entre ce conte et les autres contes qu’ils connaissaient.

Séance 5

Lors de la cinquième séance, j’ai distribué aux élèves leur polycopié annoté afin qu’ils commencent le travail de rédaction. Je me suis aperçue qu’une grande disparité se mettait en place, d’un côté nous avions une partie de la classe qui était très bien lancée dans la rédaction mais d’un autre côté nous avions des élèves qui bloquaient et n’arrivaient pas à faire plus de deux ou trois phrases. Je me suis donc trouvée un peu désarmée…j’allais d’élève en élève pour leur venir en aide, leur donner des exemples de phrases et leur expliquer le déroulement de leur conte détourné. Je pense que les élèves ne savaient pas exactement ce que devait contenir leur écrit aussi bien sur la forme que sur le fond.
Avec le recul je pense que j’aurais dû davantage m’interroger sur la finalité, sur ce que j’attendais dans cet écrit et me pencher sur les difficultés que pouvaient rencontrer les élèves afin de prévoir une aide adéquate. Je pense que j’aurais pu leur apporter des fiches outils et une trame retraçant tous les éléments attendus dans leur production écrite.
Ainsi j’ai trouvé une solution à ce problème en me basant sur un cours donné à l’IUFM après l’élaboration et la mise en œuvre de ma séquence. En effet, j’aurais dû élaborer une grille d’aide à l’écriture. Celle-ci se serait composée d’une partie portant sur le fond et d’une autre sur la forme. Ceci aurait permis aux élèves d’être davantage fixés sur ce que j’attendais d’eux à l’issu de ce travail. L’écriture aurait été cernée, cadrée de sorte à aider les élèves en difficultés.
A l’issue de cette séance j’ai de nouveau ramassé leurs travaux sur lesquels j’ai par la suite mis des annotations. Il est important de montrer aux élèves qu’un travail d’écriture ne se constitue pas d’un seul jet et que les essais/erreurs permettent la construction de leur rédaction. Pour qu’un écrit soit pertinent il apparaît qu’il faille au moins deux ou trois jets retravaillés.

Séance 6

Lors de la sixième séance, les élèves ont également pu retravailler leur rédaction. A chaque début de séance les élèves devaient corriger leurs fautes. J’indiquais l’endroit où se situaient les erreurs et les élèves devaient s’aider du dictionnaire ou encore de leur cahier de grammaire ou de conjugaison afin de les corriger.
Une fois le travail d’écriture finalisée, les élèves se sont rendus en salle informatique afin de le taper sur ordinateur. Plusieurs travaux sont disponibles en annexe 4. La production d’écrit a donc été le support d’un travail interdisciplinaire. Nous pouvons ajouter qu’un prolongement aurait pu avoir lieu en demandant aux élèves d’ajouter des illustrations à leur texte. Ceci permettrait de lier le français à la discipline des arts visuels.
A noter que ce projet d’écriture servira d’évaluation sommative. Ce fut l’occasion pour les élèves de réutiliser toutes leurs connaissances relatives au détournement de contes et de les synthétiser à travers la production d’écrit.
A la fin de ma séquence, j’ai laissé le livre Lilas dans la classe pour une semaine afin que les élèves puissent le consulter librement. Avant de conclure cette troisième partie, il nous reste à faire une analyse critique de cette séquence.

Bilan de mes séances

Regardons quels sont les points positifs et les remédiations possibles face aux points faibles de ma séquence d’enseignement. J’ai élaboré mes séances dans le but d’étudier le détournement des contes en suivant « le mode d’emploi » d’Yvan Pommaux. Comme je l’ai dit dans l’introduction, j’ai effectué ce choix d’auteur du fait de mon attirance envers ces œuvres.
Je pense que les élèves ont été également enchantés par l’univers de cet auteur. A chaque moment de lecture, il régnait dans la classe un calme absolu, les élèves étaient captivés par l’histoire et par l’envie de connaître le dénouement des enquêtes de John Chatterton.
Le fait de choisir un tel réseau m’a ravie mais j’ai trouvé dommage de rester uniquement dans l’univers de Pommaux. Je pense qu’il aurait fallu que j’élargisse le corpus vers d’autres détournements prenant par exemple la forme de parodie.
De plus, le fait de mêler conte détourné et étude du genre policier a peut-être un peu trop compliqué le travail d’écriture attendu. En effet, je pense que ma rédaction autour du conte détourné en passant par l’enquête policière a davantage engendré un travail sur le genre policier que sur le genre du conte en lui-même. D’un autre côté, je trouve aussi que les outils donnés aux élèves ont pu être un atout pour simplifier un peu cette tâche complexe d’écriture.
Le niveau de la classe était favorable à ce degré de complexification, il faut pousser les élèves à se dépasser. Je veillais à bien rassurer les élèves sur le fait qu’ils soient capables de réussir et je félicite toujours les réussites aussi infimes soient elles. Favoriser la réussite de chaque élève est la mission prioritaire de l’école primaire.
Comme je l’ai déjà dit, je pense que j’aurais dû mettre en œuvre une grille d’aide à l’écriture. Celle-ci serait coécrite avec les élèves et contiendrait deux parties, l’une portant sur la forme et l’autre sur le fond. Une grille d’aide de la sorte permet aux élèves de savoir ce que l’on attend d’eux et de cadrer leur écrit. Ainsi nous trouverions des éléments comme : « je vérifie que je n’ai pas fait de faute en utilisant le dictionnaire », « j’utilise tous les « ingrédients » d’une enquête policière ». Etant convaincue de son efficacité, si j’ai l’occasion de mettre en œuvre ma séquence de nouveau au sein d’une classe j’élaborerais cet outil avec certitude. L’établissement de cet outil aurait pu m’aider à répondre à certaines questions des élèves auxquelles je ne m’étais pas forcément préparée comme « faut-il mettre la formule « il était une fois » ? ». Cette formule est présente dans le conte traditionnel, dans certains détournements de conte mais pas dans ceux de Pommaux. De même fallait-il imposer la présence du dialogue ou non ? Il y avait un décalage entre l’écriture sur leur feuille et la liberté dans la forme que nous pouvons retrouver dans un album. Je ne savais pas toujours quoi répondre aux questions des élèves, je leur ai laissé une grande liberté et peut-être qu’il aurait mieux valu contraindre davantage leur projet d’écriture… Les élèves avaient à leur disposition la fiche outil reprenant les « ingrédients » d’une enquête policière. En accompagnement de la grille d’aide à l’écriture j’aurais également pu donner aux élèves des fiches outils portant sur des thèmes précis. Nous pouvons trouver par exemple une fiche relative au dialogue (forme avec les guillemets etc).
J’ai dû apporter une modification quant au temps estimé à chaque séance. En effet, je me suis aperçue que j’ai sous-estimé le temps que prenaient réellement mes activités. Je dois ainsi compter environ une heure par séance au lieu des trente à quarante-cinq minutes initialement prévues.
Globalement je pense que ma séquence s’est bien passée, je suis contente d’avoir pu avoir de tels échanges avec les élèves. Ils étaient intéressés par mon thème et attendaient avec impatience ma venue. Je pense que cet enthousiasme repose en grande partie sur l’utilisation des albums de jeunesse et non des romans, documentaires ou autres auxquels ils sont confrontés habituellement… Cela fait déjà plusieurs années qu’ils n’ont pas étudié d’albums lors du temps de classe, ils étaient donc captivés par les illustrations et prenaient goût à parler autour d’images sans texte. De plus, lorsque je suis revenue dans la classe suite à ma séquence certains élèves m’ont fait part d’exemples de contes détournés dont ils ont eu connaissance depuis ma venue à travers des pièces de théâtre… Tout ceci est la preuve de leur intérêt envers le thème étudié.
Cependant ma séquence pouvait encore être améliorée. J’ai effectué une phase de bilan après chacune de mes séances afin d’analyser les lacunes inhérentes à la conception de ma séquence. Ce mémoire a donc été l’occasion de prendre du recul par rapport à ma pratique et d’y apporter des améliorations telles que la prévision des difficultés des élèves et les remédiations possibles.

Conclusion

Le séminaire de littérature de jeunesse m’a tout d’abord permis d’étoffer ma culture littéraire. Au fil de ces deux années j’ai pu enrichir « ma bibliothèque intérieure » (C.Tauveron 2009). J’ai appris à découvrir des œuvres, à remettre en cause mes perceptions de la littérature.
Je me suis ainsi retrouvée dans la position de l’élève et j’ai été subjuguée par la richesse des œuvres de littérature de jeunesse. Le livre n’est pas un simple objet destinant à être lu à voix haute par l’enseignant. De plus, il ne faut pas se contenter de penser qu’un album de jeunesse doit se contenter d’être étudié à l’école maternelle parce que « c’est un livre réservé aux petits ». Ces idées reçues s’avèrent être erronées…
En effet, j’ai pu saisir toute la richesse des albums lors de ce master SMEEF et grâce au séminaire de littérature de jeunesse. L’album de jeunesse peut permettre d’enrichir la culture littéraire de l’élève. Je me suis servie de ce support afin de revisiter des contes traditionnels datant du XVIIème au XIXème siècle. Les élèves étaient captivés par l’utilisation des albums de jeunesse et la thématique des contes est très appréciée par les élèves. Je trouve donc dommage de constater que dans plusieurs écoles les contes ont complétement disparu. Je ne me suis pas penchée de façon intensive sur l’étude des contes traditionnels en eux-mêmes avec les élèves car ils disposaient des connaissances de base.
Néanmoins j’ai étudié les détournements de contes à la manière d’Yvan Pommaux. Les contes détournés peuvent prendre diverses formes, je pense qu’il est intéressant d’utiliser des livres comme le recueil Contes à l’envers de Philippe Dumas (édition l’école des loisirs). Ces détournements revêtissent un aspect parodique qui plaira et suscitera l’attention des élèves.
L’étude des contes détournés permet d’apporter de la modernité aux contes traditionnels, les élèves sont confrontés à des œuvres du patrimoine, ils se constituent une culture littéraire de façon ludique. En effet, ils vont chercher à identifier les éléments implicites présents dans le conte détourné faisant directement références au(x) conte(s) traditionnel(s).
Je suis satisfaite de la séquence d’enseignement que j’ai pu mettre en place. Celle-ci m’a permis de mettre en œuvre ma première séquence de littérature de jeunesse, j’ai pris un réel plaisir lors de ces temps de prise de classe. Grâce aux bilans que j’ai pu faire à la fin de chacune de mes séances et au recul que j’ai pris par rapport à mon travail, je pense avoir trouvé les pistes me permettant de dépasser mes difficultés. Je sais comment organiser ma séquence, où se situent les faiblesses et quelles remédiations y apporter. Cette expérience a été la concrétisation de deux années d’hypothèses, de recherches et de travail. Je pense avoir les clefs nécessaires pour réussir à mener de façon pertinente l’étude de livres de littérature de jeunesse à l’école primaire. Ce mémoire a été l’occasion de m’enrichir à la fois sur le plan personnel mais aussi sur le plan professionnel.

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Table des matières
Remerciements
Introduction 
I. Etat des lieux sur l’étude des contes à l’école élémentaire et intérêts pédagogiques
A) Recueil de données
B) Le conte à travers les Programmes officiels et ses intérêts pédagogiques
 Evolution du conte à travers les publications officielles de 1970 à nos jours
 Les objectifs et intérêts pédagogiques visées dans ma séquence
II. Du conte traditionnel au conte détourné, une lecture en réseau autour d’Yvan Pommaux
A) Les contes traditionnels : la question du conte source
B) Relation entre le conte source et le conte détourné
C) Le conte détourné dans les albums d’Yvan Pommaux
 Intérêts de l’étude du conte détourné
 Intérêts de la lecture en réseau
 Présentation détaillée de l’album de POMMAUX
D) Analyse comparative lors de la prise de classe
III. Projet d’écriture : la rédaction d’un conte détourné à la manière d’Yvan Pommaux 
A) Travail de rédaction autour de l’enquête policière
B) Bilan de mes séances
Conclusion 
Annexes
Bibliographie
Résumé – mots clés

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