Distribution et utilisation des medicaments veterinaires en cote d’ivoire

La Côte d’Ivoire, a basé son économie sur les cultures végétales, le café et le cacao en particulier. Cette volonté politique, qui a contribué à la renommée de ses performances agricoles s’est faite en reléguant souvent la question de l’élevage au second plan. Ce fait explique au moins en partie que la Côte d’Ivoire a toujours été confrontée à un déficit de production de viande.

Pour combler son déficit, la Côte d’Ivoire recourt aux importations de viande en provenance des pays sahéliens (LABEY, 2003). Mais avec la grande sécheresse de 1973 qui a décimé une grande partie du cheptel bovin de ces pays, les importations ivoiriennes de viande ont connu une baisse notable aggravant davantage le déficit. Dans le souci de se prémunir des aléas climatiques et de réduire les sorties de devises inhérentes à l’importation, les autorités ivoiriennes ont désormais opté pour qu’un accent particulier soit mis sur l’élevage.

Le cheptel ivoirien est maintenant relativement important (OIE, 2001):
– 1,4 million de bovins ;
– 2,4 millions de Petits Ruminants ;
– 0,3 million de Porcins ;
– 26 millions de Volailles.

Ce cheptel est confronté entre autres aux problèmes sanitaires rendant sa productivité faible. Les principales actions menées par les autorités nationales ont permis l’éradication de certaines maladies telles que la peste porcine africaine (PPA), la peste bovine (PB), la fièvre catarrhale du mouton (OIE, 2001). Mais il existe d’autres maladies encore à l’état enzootique telles que les colibacilloses, la trypanosomose, la coccidiose, les maladies respiratoires chroniques des volailles. La maîtrise de ces maladies nécessite une bonne couverture médicale. Or cette couverture médicale suppose une distribution rationnelle et une bonne utilisation des médicaments vétérinaires, en particulier, par des personnes qualifiées. Le problème est qu’en Côte d’Ivoire, comme dans les autres pays d’Afrique au Sud du Sahara, il y a un marché illicite de médicaments vétérinaires. Ce secteur informel est animé par divers acteurs, sans formation vétérinaire appropriée, poussés par le gain matériel, exploitant les habitudes et le manque d’information des éleveurs ou la mauvaise répartition des professionnels vétérinaires (AKODA, 2002 ; LY, 2002 ; BA, 2001).

MARCHE DES MEDICAMENTS VETERINAIRES EN AFRIQUE AU SUD DU SAHARA 

Importance du marché

Le marché des médicaments vétérinaires en Afrique est d’environ 1,25 milliard de FF = 190 millions d’Euro, soit 1,6% du commerce mondial de ce secteur d’activité (75 milliards de FF = 11,43 milliards d’Euro). L’Afrique de l’Ouest et du Centre représentent 10% de ce marché africain, soit 110 millions de FF (ABIOLA, 2001 ; AIRAULT, 2001). Dans les pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), le chiffre d’affaire des médicaments vétérinaires a été estimé à près de 14 milliards de Francs CFA (21,34 millions d’Euro) en 1998 , soit 14% de la part du marché africain (TCHAO, 2000).

Le marché des médicaments et produits vétérinaires en Côte d’Ivoire est passé de 3,5 milliards de F CFA   en 1999 à 2,7 milliards de FCFA en 2000 soit une régression de 22,86% en raison de l’environnement sociopolitique mouvementé du pays (KOUMI, 20001).

Répartition par classes thérapeutiques 

Le marché des médicaments vétérinaires en Afrique au sud du Sahara est inégalement réparti sur le plan des classes de médicaments commercialisés. En effet, dans l’espace UEMOA, ce marché est dominé par les médicaments antiparasitaires regroupant les anthelminthiques, les anti-parasitaires externes et les trypanocides (AKODA, 2002 ; KOUMI, 2001 ; BA, 2001) .

Acteurs du marché des médicaments vétérinaires en Afrique Subsaharienne 

Les marchés africains de médicaments vétérinaires sont animés par divers acteurs. Les services étatiques, les acteurs légaux et les acteurs illégaux se partagent ce marché (LY, 2002 ; AKODA, 2002 ; ALIOUNE, 1989). Les acteurs légaux sont composés de grossistes importateurs répartiteurs et des détaillants qui sont des vétérinaires ou des pharmaciens. On y trouve aussi les organisations professionnelles d’éleveurs. Les acteurs illégaux sont constitués des commerçants et des para-vétérinaires. Ces derniers sont le plus souvent peu ou pas qualifiés et poussés uniquement par l’appât du gain (NGUIMFACK, 2000).

Les fabricants 

Il existe très peu de firmes pharmaceutiques vétérinaires en Afrique. Les médicaments vétérinaires sont donc pour la plupart importés des pays développés (COLY, 1999. En République Centrafricaine, les principaux fabricants sont européens (MERIAL, LAPROVET, SANOFI, AVITEC, BAYER etc.). Toutefois, le Laboratoire National Vétérinaire (LANAVET) au Cameroun est le principal laboratoire africain fournisseur de vaccins contre la peste bovine (PB), le charbon symptomatique et la pasteurellose (NAMKOISSE, 1999). Au Bénin et au Togo, outre les fabricants européens de médicaments vétérinaires et le LANAVET, le Laboratoire National de l’Elevage et de la Recherche Vétérinaire (LNERV) du Sénégal fourni les vaccins aviaires, antirabiques, contre la peste des petits ruminants (PPR) et les vaccins du gros bétail (SONHAYE et DJANKLA, 1999 ; AKODA, 2002).

En Côte d’Ivoire, KOUMI (2001) rapporte qu’en dehors des fabricants cités plus haut, les fournisseurs de produits vétérinaires sont originaires des Etats Unis d’Amérique, d’Afrique du Sud, du Mali (Laboratoire Central Vétérinaire), du Zimbabwe, de la Chine et de l’Inde. Le Sénégal dispose d’un laboratoire local (LNERV) pour la production de vaccins. Quant aux autres produits vétérinaires, ils sont importés de pays développés (COLY, 1999; BA TOURE, 1989).

Les représentants de laboratoires 

Il existe dans les Etats africains au Sud du Sahara des représentations des laboratoires pharmaceutiques. On peut citer parmi eux les plus importants tels Mérial, Céva santé animale, Vétoquinol, Laprovet, Virbac, Pantex (AKODA, 2002 ; BA, 2001 ; KOUMI, 2001) .

Les importateurs

Avant la libéralisation de la profession vétérinaire dans la plupart des pays africains au Sud du Sahara, l’importation des médicaments vétérinaires est assurée uniquement par des structures étatiques. C’est le cas de la pharmacie GTZ au Togo et de la PHARNAVET au Bénin (AKODA, 2002; ASSOGBA, 2001). Par contre depuis le désengagement des Etats de ce secteur de l’économie, l’importation des produits vétérinaires est assurée par des structures privées gérées par des docteurs vétérinaires, des ingénieurs agronomes ou d’élevage mais aussi par de simples opérateurs économiques. C’est le cas de :

– AGROVET, TOCOMAGRI, PHAVEKOD, PROVET et l’officine PHAVEKOD au Togo (SONHAYE et DJANKLA, 1999; AKODA, 2002) ;
– la société VETO LABO DIFFUSION (VLD), la société ANIMALIA et la société SIK SARL au Bénin (ASSOBGA, 2001) ;
– la Générale Vétérinaire Africaine (GVA), le cabinet et pharmacie vétérinaire (CAPHAVET), la Société Privée Camerounaise d’Importation et Distribution Vétérinaire (SODISVET) et l’ALIVET-CAMEROUN au Cameroun (HAMADOU et BANIPE, 2001) ;
– les sociétés AGRITECH et AFRICHEM au Rwanda (MUHINDA, 2001).
– de MEDIVET, SAHELVET et les officines PROMEL et PROVET au Niger (VIAS, 2001) ;
– la SOPELA, la VETAGROPHARMA International les officines LABOREX et SODIPHARM au Sénégal (COLY, 1999) ;
– les projets et groupements d’éleveurs agréés sous la direction d’un vétérinaire conseil dans certains pays en Afrique au sud du Sahara tels que la Côte d’Ivoire.

Les distributeurs

Tout comme l’importation, plusieurs acteurs interviennent dans la distribution des produits vétérinaires. Au Sénégal, la distribution est réservée aux vétérinaires et aux pharmaciens mais dans la réalité il existe une diversité d’intervenants (DIAGNE, 2001). La distribution de produits vétérinaires au Niger est assurée par les pharmacies, les dépôts, les salles de soins et cliniques vétérinaires. En dehors de ces structures, il existe d’autres clients composés des services d’élevage, des projets, des auxiliaires d’élevage et des éleveurs. Les services d’élevage assurent plus de la moitié de la distribution des produits vétérinaires et représentent les principaux intermédiaires entre les grossistes et les éleveurs (VIAS, 2001).

Au Tchad, outre les vétérinaires privés, les commerçants autorisés, les groupements d’éleveurs et les auxiliaires d’élevage, les commerçants patentés et les éleveurs sont autorisés à distribuer les médicaments vétérinaires (ADOUM et DAOUNAYE, 1999). La distribution des produits vétérinaires au Mali est assurée par des officines dirigées par des docteurs vétérinaires et ingénieurs d’élevage, par des techniciens et agents techniques d’élevage sous la tutelle d’une officine (SOW, 1999). En République Centrafricaine par contre, la distribution des produits vétérinaires se fait suivant un mode capillaire (NAMKOISSE, 1999). Les dépôts pharmaceutiques régionaux, provinciaux et ceux de Bangui sont ravitaillés à partir du magasin principal de Bangui. Les dépôts sont gérés par le Département des intrants [dépôts Fédération Nationale des Eleveurs Centrafricains (FNEC)] et les Fédérations Locales des Groupements d’Intérêts Pastoraux (FELGIP) Selon AKODA (2002), outre les structures étatiques, les acteurs de la distribution des produits vétérinaires au Bénin et au Togo se composent de cabinets et cliniques vétérinaires,de pharmacies vétérinaires privées, de commerçants et de para-vétérinaires.

Au Maroc, le dispositif général de distribution des médicaments vétérinaires est constitué, selon ASRI (1999) des :
– grossistes qui veillent à la répartition des produits auprès des détaillants (pharmaciens et vétérinaires). On peut citer entre autres LABOVETO, SOMADIET, VETOSERVICE ;
– vétérinaires autorisés à exercer la médecine et la chirurgie vétérinaires qui détiennent et cèdent à titre onéreux ou gratuit les médicaments vétérinaires. Leur nombre élevé (340 en 1999) est selon ASRI (1999) à l’origine du développement de la pharmacie vétérinaire car ils contrôlent plus de 2/3 du volume global de la pharmacie vétérinaire ;
– pharmacies d’officine, les services et organismes de l’Etat dépendant du Ministère de l’agriculture et les groupements d’éleveurs agréés.

Les utilisateurs
Les utilisateurs de produits vétérinaires sont constitués par des professionnels (vétérinaires privés ou agents vétérinaires de l’Etat), les éleveurs, les bergers, les détenteurs d’animaux, les conseillers en nutrition animale, les industries de l’alimentation animale (DIALL, 2001et BOISSEAU, 1999). Au total, on note une diversité de fabricants, d’acteurs de distribution et d’utilisation de médicaments et produits vétérinaires. L’organisation rigoureuse de ces divers acteurs est une urgence au risque de desservir les productions animales. Cette organisation doit être faite à partir de lois et règlements adaptés.

Le marché parallèle ou illicite

Une partie des médicaments vétérinaires dont l’importance du volume n’est pas connue est introduite frauduleusement et se retrouve sur le marché (LY, 2002, AKODA, 2002). Au Burkina et au Niger, les professionnels estiment à des volumes équivalents le marché officiel et le marché illicite (TCHAO, 2000). Cet auteur rapporte que dans la zone UEMOA, le chiffre d’affaires du marché illégal des médicaments vétérinaires a été estimé à plus de 35% soit 5 milliards de F CFA en 1997 du marché des médicaments. Selon AKODA (2002) ce marché est animé par des agents non professionnels notamment les commerçants de bétail, des vendeurs ambulants et des commerçants de médicaments.

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Table des matières

INTRODUCTION
Partie I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE : GENERALITE SUR LE MARCHE DES MEDICAMENTS VETERINAIRES EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE ET REGLEMENTATION
Chapitre I : MARCHE DES MEDICAMENTS VETERINAIRES EN AFRIQUE AU SUD DU SAHARA
I- Importance du marché
II- Répartition par classes thérapeutiques
III- Acteurs du marché des médicaments vétérinaires en Afrique Subsaharienne
III-1- Les fabricants
III-2- Les représentants de laboratoires
III-3- Les importateurs
III-4- Les distributeurs
III-5- Les utilisateurs
III-6- Le marché parallèle ou illicite
IV- Qualité des médicaments vétérinaires en Afrique Subsaharienne
Chapitre II : IMPORTANCE DE LA REGLEMENTATON DANS LA PRODUCTION, LA DISTRIBUTION ET L’UTILISATION DES MEDICAMENTS VETERINAIRES
I- Quelques définitions
I-1- Médicament vétérinaire
I-2- Législation
I-3- Réglementation
I-4- Production de médicaments vétérinaires
I-5- Distribution de médicaments vétérinaires
I-6- Utilisation des médicaments vétérinaires
I-7- L’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM)
I-8- Inspection de la profession et de la pharmacie vétérinaires
II- Principes généraux d’utilisation des médicaments vétérinaires
II-1- Principaux usages des médicaments vétérinaires
II-2- Utilisation non prévue par l’étiquette d’un produit
II-3- Choix du médicament
II-4- Calcul de la dose
II-5- Traitement
II-6- Délai d’attente
III- Problèmes liés à l’utilisation des médicaments vétérinaires
III-1- Problèmes des résidus
III-2- Phénomènes de chimiorésistance
IV- Les textes relatifs à la gestion des médicaments vétérinaires
IV-1- Les lois
IV-2-Les textes d’application
IV-2-1- Les décrets
IV-2-2-Les arrêtés
Partie II : DISTRIBUTION ET UTILISATION DES MEDICAMENTS VETERINAIRES EN COTE D’IVOIRE : CAS DE LA REGION DES LAGUNES
Chapitre I : MATERIELS ET METHODES
I- Période et lieu d’enquête
II- Collecte et analyse des textes existants
III- Echantillonnage et enquête
III-1- Mode d’échantillonnage
III-2- Méthodes d’enquête
III-2-1- L’enquête questionnaire
III-2-2- L’observation participante
III-2-3- Les entretiens individuels et interviews informels
III-3- Le traitement des données
Chapitre II : RESULTATS
I- Textes existants
I-1- De la profession vétérinaire
I-2- De la fabrication de médicaments vétérinaires
I-3- De la distribution des médicaments vétérinaires
I-4- De l’utilisation des médicaments vétérinaires
II- Fabrication, distribution et utilisation de médicaments vétérinaires
II-1- Fabrication
II-2- Distribution
II-2-1- Les acteurs publics
II-2-2- Les acteurs privés
II-2-2-1- Les sociétés privées vétérinaires
II-2-2-2- Les officines
II-2-2-3- Les groupements d’éleveurs
II-2-3- Le marché parallèle des médicaments vétérinaires
II-3- Utilisation
II-4- Synthèse du système de fabrication, de distribution et d’utilisation des médicaments vétérinaires
Chapitre III : DISCUSSION
I- Méthodologie
II- Les textes
III- Problèmes de fonctionnalité dans les circuits de distribution des médicaments vétérinaires
IV- Problèmes d’harmonisation des textes dans la sous-région UEMOA
Chapitre IV : Recommandations
I-Sur le système juridique
II- Sur la distribution des produits vétérinaires
II-1- Au niveau sous-régional
II-2- Au niveau des praticiens et services de l’élevage
II-3- Au niveau de l’Etat
III- Sur l’utilisation des médicaments vétérinaires
CONCLUSION
References BIBLIOGRAPHIques

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