Distinctions entre les sous-types d’anorexie mentale

Définition de l’anorexie mentale

L’anorexie mentale est un trouble des conduites alimentaires qui se caractérise par un engouement pour la perte de poids, un plaisir excessif à refuser la nourriture, une poursuite acharnée de la minceur, un désir envahissant de maintenir cette minceur, une négation de l’état de maigreur aboutissant généralement à une malnutrition importante (APA, 2003; Fairburn et Harrison, 2003; Gilchrist, Ben-Tovim, Hay, Kalucy, et Walker, 1998; Wilkins, 2012). Selon le DSM-IV-TR2 , les quatre critères diagnostiques permettant d’établir la présence d’une anorexie mentale sont (1) le refus de maintenir le poids corporel au niveau ou au-dessus d’un poids minimum normal pour l’âge et la taille, (2) la peur intense de prendre du poids alors que le poids est inférieur à la normale, (3) l’altération de la perception du poids ou de la forme de son propre corps, une influence excessive du poids ou de la forme du corps sur l’estime de soi, ou déni de la gravité de la maigreur actuelle et (4) chez les femmes post-pubères, aménorrhée pendant au moins trois cycles consécutifs. On reconnaît deux sous-types d’anorexie mentale, soit (1) l’anorexie restrictive (au cours des trois derniers mois, la personne n’a pas présenté, de manière régulière, de crises de boulimie ou de comportement de purge soit des vomissements volontaires, des abus de laxatifs, de diurétiques ou de lavements ; la perte de poids survient principalement à la suite de diètes, de jeûnes, et/ou d’exercices physiques) et (2) l’anorexie avec crises de boulimie/vomissements ou prise de purgatif (au cours des trois derniers mois, la personne a eu des crises récurrentes d’hyperphagie boulimique ou des comportements de purge soit des vomissements volontaires, des abus de laxatifs, de diurétiques, ou de lavements).

Distinctions entre les sous-types d’anorexie mentale

Au plan clinique, les chercheurs s’entendent sur l’hétérogénéité des populations d’adolescentes présentant une anorexie mentale (Thompson-Brenner et al., 2008) sur le plan de leurs caractéristiques symptomatiques. Tel que spécifié dans la définition de l’anorexie mentale, le diagnostic se compose de deux sous-types principaux, soit le soustype restrictif (au cours des trois derniers mois, la personne n’a pas présenté, de manière régulière, de crises de boulimie ou de comportement de purge soit des vomissements volontaires, des abus de laxatifs, de diurétiques ou de lavements ; la perte de poids survient principalement à la suite de diètes, de jeûnes, et/ou d’exercices physiques (APA,2003)) et le sous-type boulimique avec purge (au cours des trois derniers mois, la personne a eu des crises récurrentes d’hyperphagie boulimique ou des comportements de purge soit des vomissements volontaires, des abus de laxatifs, de diurétiques, ou de lavements (APA, 2003)). Les deux sous-groupes diffèrent aux plans clinique, psychologique, social et familial. C’est-à-dire que le trouble tend à se déclarer plus tôt chez les adolescentes présentant une anorexie restrictive (Eddy et al., 2002 ; Salbach-Andrae et al., 2008) et les symptômes alimentaires s’avèrent plus importants (Bewell-Weiss et Carter, 2010 ; Eddy et al., 2002 ; Fassino et al., 2009; Jaite et al., 2012; Mattar et al., 2012; Salbach-Andrae et al., 2008; Vervaet et al., 2004) comparativement aux anorexiques de type boulimique avec purge. Les anorexiques restrictives tendent à être hospitalisées plus fréquemment, notamment en raison de l’enjeu relié au faible poids (Salbach-Andrae et al., 2008 ; Speranza et al., 2005). Toutefois, la durée de la maladie apparaît plus courte chez les adolescentes présentant un sous-type restrictif (Krug et al., 2009 ; Salbach-Andrae et al., 2008 ; Vervaet et al., 2004). Les deux sous-types présentent également des disparités au plan de leur personnalité et de leurs comorbidités psychiatriques (APA, 2006 ; 2013), de leurs relations interpersonnelles (Mond et al., 2005) et de leurs relations familiales (Casper et Troiani, 2000 ; North et al., 1995 ; Vidovic et al., 2005).

Prévalence de l’anorexie mentale

L’anorexie mentale touche de 0,2 % à 1 % des adolescents et des jeunes adultes (Alvin, 2001 ; APA, 2013 ; 2009 ; 2003 ; Bergh et al., 2002 ; Bulik, 2002 ; Fairburn et Harrison, 2003). On estime que cette maladie concerne 490 personnes pour 100 000 personnes par année (Smink, Van Hoeken et Hoek, 2013). Cette maladie se retrouve principalement chez les adolescentes de 14 à 19 ans (Steiner et al., 2003). Le ratio pour le genre est évalué à neuf à dix filles pour un garçon (Alvin, 2001 ; APA 2013 ; 2009 ; 2003; Black et Andreasen, 2011 ; Chambry et al., 2002 ; Gilchrist et al., 1998 ; Szabo, 1998).

Pertinence sociale et scientifique de la recherche 

L’anorexie mentale peut entraîner des nombreuses conséquences au plan biopsychosocial. Les principales complications physiques associées à cette maladie sont l’atrophie cérébrale, l’hypothermie, l’acrocyanose (trouble de la circulation sanguine) des mains, la bradycardie, l’hypotension artérielle, l’aménorrhée, ou l’anémie, pour n’en nommer que quelques-uns (Katzman, 2005). Sur le plan psychologique, la malnutrition entraîne notamment une baisse de la concentration, l’altération de la qualité de vie et la diminution de l’estime de soi. Enfin, les adolescentes présentant une anorexie mentale tendent à s’isoler de leur réseau d’amis et à se sentir incompétentes et inefficaces dans leurs relations sociales (Pauzé et al., 2008; Lacharité, 1991; Bruch, 1980). Chez les individus présentant une anorexie mentale, 35 à 40% vivent un rétablissement complet. 35 à 40% retrouvent un poids normal, mais continuent de présenter des vulnérabilités psychosociales et des symptômes importants et 20% évoluent vers la chronicisation du trouble (Jeammet, 2004). Les résultats de certaines études indiquent également, chez les individus ayant débuté une thérapie, un taux élevé d’abandon se situant entre 40 % à 46% tout particulièrement chez les adultes (Couturier et Lock, 2006; Dare, Eisler, Russell, Treasure et Dodge, 2001 ; Halmi et al., 2005). Enfin, il importe de noter que le taux de mortalité chez les individus présentant une anorexie mentale est le plus élevé parmi tous les troubles psychiatriques, se situant entre 0,1 et 21% (Fisher, 2003; Hoek, 2003). Les décès associés à l’anorexie mentale surviennent des suites de complications médicales dans 50% des décès (Fisher, 2003), du suicide dans 20 à 30% des cas (Papadopoulos et al., 2009) ou de l’abus de substances psychoactives (25% des décès selon Fisher, 2003).

Ainsi, malgré des avancées importantes au cours des dernières années concernant le traitement de l’anorexie mentale, force est de constater qu’un taux important d’individus persistent dans le trouble. Cette situation serait principalement attribuable à une approche trop globale de cette psychopathologie qui ne prend pas en compte l’hétérogénéité des profils cliniques de cette population, nuisant ainsi au développement d’interventions plus adaptées aux besoins des enfants et adolescentes anorexiques (Meilleur, 2012). Cette situation pourrait être corrigée si plus de recherches étaient consacrées à l’identification précoce de sous-groupes cliniques distincts chez les individus présentant une anorexie mentale et leur famille et si des programmes d’intervention étaient développés en tenant compte des caractéristiques de ces sous-groupes (Nicholls, 2007; Wildes et al., 2011 ).

La réalisation d’études portant sur l’identification de profils distincts chez les adolescentes anorexiques doit donc être privilégiée dans le but de poursuivre le développement des connaissances dans ce domaine. En outre, une meilleure connaissance des différents profils cliniques chez ces individus permettrait de développer des interventions plus ciblées et davantage ajustées aux besoins spécifiques des individus de chacun des profils identifiés.

Cette question de recherche est pertinente pour le service social puisque ce sont généralement les travailleurs sociaux dans les cliniques spécialisées pour les troubles des conduites alimentaires qui sont responsables du suivi des familles. De plus, la conduite d’une évaluation du fonctionnement social est un acte réservé aux travailleurs sociaux et demande la prise en compte de l’ensemble des facteurs biopsychosociaux de façon systématique et ce, pour chaque individu, famille, groupe ou communauté rencontrée.

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Table des matières

INTRODUCTION 
CHAPITRE 1 – ÉTAT DES CONNAISSANCES SUR L’ANOREXIE MENTALE
1.1 Définition de l’anorexie mentale
1.2 Distinctions entre les sous-types d’anorexie mentale
1.3 Prévalence de l’anorexie mentale
1.4 Pertinence sociale et scientifique de la recherche
CHAPITRE 2 -PROBLÉMATIQUE
2.1 La théorie de la famille « psychosomatique »
2.2 Constats plus récents sur l’étude du fonctionnement des familles d’adolescentes
anorexiques
CHAPITRE 3 – RECENSION DES ÉCRITS
3.1 Méthodologie de la recension des écrits
3.2 Résultats de la recension des écrits
3.2.1 Partie 1 : fonctionnement général des familles
3.2.2 Partie 2 : dimensions spécifiques du fonctionnement familial
3.3 Limites des études
3.4 Objectifs de l’étude
CHAPITRE 4- PRESENTATION DU CADRE D’ANALYSE
4.1 Le modèle « circomplexe » d’Olson
4.2 Le modèle du fonctionnement familial de McMaster
4.3 Intégration des modèles et synthèse
4.4 Dimensions du fonctionnement familial retenues dans la présente étude
CHAPITRE 5- MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE PRINCIPALE
5.1. Devis de recherche de l’étude principale
5.1.1 Population étudiée
5.1.2 Procédure de sélection des participants
5.1.3 Méthode de collecte des données
CHAPITRE 6 – MÉTHODOLOGIE DE LA PRÉSENTE ÉTUDE
6.1 Devis de recherche de la présente étude
6.1.1Critères de sélection du sous-échantillon
6.1.2 Principales caractéristiques de l’échantillon
6.1.3 Description des instruments de mesure retenus
6.1.4 Analyses statistiques
6.1.5 Aspects éthiques
CHAPITRE 7 – RÉSULTATS
7.1 Résultats de l’analyse de classes latentes
7.2 Relation entre la sévérité du trouble et le fonctionnement familial
CHAPITRE 8 – DISCUSSION
8.1 Rappel des principaux résultats
8.2 Discussion relative aux résultats obtenus
8.2 Retombées pour la pratique et la recherche en service social
8.3 Forces de l’étude
8.4 Limites de l’étude
CONCLUSION

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