Disponibilité et utilisation des latrines

MASTER DE SANTE PUBLIQUE
OPTION: SANTE ET ENVIRONNEMENT

Disponibilité et utilisation des latrines 

Accès à l’assainissement 

L’accès aux installations sanitaires est la clé du bien-être socio-économique et du développement durable de toute société. C’est pourquoi, le 25 septembre 2015, les États membres des Nations Unies en adoptant le Programme de développement durable à d’ici 2030, ont inclus des cibles qui visent à renforcer les normes des services WASH (cible 6.1 et cible 6.2). Cependant, en 2015 seul 39 % de la population mondiale (2,9 milliards de personnes) bénéficiaient d’un service d’assainissement géré en toute sécurité, c’est-à-dire duquel les excréta sont traités et gérés dans des systèmes d’assainissement autonomes sur site ou traités hors site. En Afrique subsaharienne, quelque 700 millions de personnes, soit environ 63,6% de la population, n’avaient pas accès à un assainissement amélioré en 2015.Alors que la population de la région a presque doublé entre 1990 et 2015, l’accès à un service d’assainissement amélioré n’a augmenté que de six points de pourcentage au cours de la même période, ce qui en fait la région où la couverture en assainissement est la plus faible du monde (37%). D’autres études menées dans cette région nous permettent d’avoir une estimation sur l’accès à l’assainissement des populations qui y vivent. On peut citer entre autres..

L’étude réalisée au Nigeria en 2017 par Abubakar. Cette étude indiquait que près de la moitié des ménages interrogés (44,2%) utilisaient des latrines à fosse ventilée améliorée, des latrines à fosse avec une dalle ou des latrines à fosse sans dalle / à ciel ouvert. La proportion de ménages qui utilisaient des latrines à fosses septiques était de 10,3%, alors que seulement 5,3% des répondants utilisaient des toilettes qui se connectent aux réseaux d’égouts et environ un tiers (31,5%) manquait d’installations d’assainissement et les 8,7% restants utilisaient d’autres types d’installations sanitaires. Obeng, dans une étude réalisée en zone peri-urbain ghanéenne en 2015, avait constaté que seuls 15% des ménages avaient accès à des latrines chez eux, les autres dépendant de latrines communes ou pratiquant la défécation à l’air libre [8]. Une étude de Faye (en 2011) réalisé dans la commune rurale de Ngohé à Diourbel, révélait que les latrines sont absentes pour 76% des concessions [9]. Un an avant (en 2010), Backiny-Yetna avait noté que la proportion de ménages qui vivaient dans un logement avec des installations sanitaires décents était passée de 57,2 % (en 2005) à 53,8 en (2008) [10]. En 2015, au Sénégal, 35,8% des ménages disposaient des latrines améliorées, contre 28,7% pour les latrines non améliorées. 35,5 % des ménages n’avaient par contre aucune latrine. Selon les données de l’EDS continue 2016, Seulement 45 % des ménages sénégalais disposent de toilettes améliorées, non partagées et 23 % disposent de toilettes partagées. Un peu moins d’un tiers des ménages (32 %) disposent de toilettes non améliorées et 14% n’ont pas de toilette. Ces différentes études menées en Afrique sub-saharienne indiquent une disponibilité en latrines améliorées qui varie entre 15 et 45%. Qu’en est-il de l’utilisation de ces latrines ?

Utilisation des latrines

La disponibilité de latrines ne signifiant pas leurs utilisations systématiques. En effet dans une étude commandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Garn et al.[12] ont rapporté que la couverture et la propriété des latrines ne se traduisaient pas nécessairement par une utilisation des latrines. Même parmi les ménages disposant de latrines, la défécation à l’air libre est souvent encore pratiquée. Une autre étude menée en milieu rural indien en 2013 auprès de villages ayant bénéficié de campagne d’assainissement total, a rapporté un taux de couverture en latrines de 72% (contre 10% dans les villages sans campagne d’assainissement). Cependant, parmi ces ménages avec latrines, plus d’un tiers (39%) n’étaient utilisés par aucun membre du ménage. Et Moins de la moitié (47%) des membres de ces ménages ont déclaré utiliser leurs latrines à tout moment pour la défécation. Compte tenu de la taille souvent importante des ménages, l’utilisation des latrines par l’ensemble des membres du ménage est loin d’être systématique. Ainsi, en Tanzanie, si 50% des ménages disposent de latrines améliorées, à peine 40% des membres du ménage les utilisent quand bien même il s’agit de latrines améliorées. Dans un district rural du nord de l’Ethiopie, le taux d’utilisation des latrines chez 801 ménages possédant des latrines a été estimé à 86,6% et 13,2 % des latrines n’était jamais utilisés. Les raisons de non utilisation des latrines étaient qu’ils avaient l’habitude de pratiquer la défécation à l’air libre (DAL) (60,4%) et que cela était confortable (18,6%). Une étude réalisée au Sénégal en 2015 avait noté que l’utilisation systématique des latrines par les répondants, que ceux-ci disposent ou non de latrines améliorées était de 78,3%. La proportion d’utilisation systématique des latrines en Afrique sub-saharienne varie entre 47 et 86%. La pratique de la défécation à l’air libre est une des causes de non utilisation systématique des latrines.

Pratique de la DAL 

Certains facteurs socioéconomiques, démographiques et géographiques ont été identifiés comme étant des facteurs liés à la DAL. Ainsi les résultats d’une étude menée au Nigéria indiquent des relations statistiquement significatives entre la DAL et les variables suivantes : lieu de résidence, région géopolitique, niveau de scolarité, richesse, appartenance ethnique, sexe, accès à l’électricité, au type de combustible de cuisine, aux propriétaires de terres agricoles et bétail, nombre total de pièces et source d’eau potable. La DAL est plus nombreux dans les zones rurales que dans les zones urbaines de nombreux pays en développement, notamment en Indonésie [18], en Inde [19], au Nigéria [20], au Mali et en Tanzanie. À l’échelle mondiale, seulement 2% de la population urbaine a pratiqué la DAL en 2015, contre 24% pour la population rurale [2]. Ainsi, sans mettre davantage l’accent sur les populations rurales, il serait extrêmement difficile de mettre fin à la DAL. En Inde, Barnard et al. Estimaient que 39% des adultes et 52% des enfants des ménages continuaient la DAL [15]. Une étude menée au Sénégal en 2015 montre que la pratique de la DAL était estimée à 54%. Les facteurs qui augmentaient la pratique de la DAL étaient : le score socio-économique bas, le fait de partager ses latrines avec d’autres ménages, la zone géographique autre que la zone Ouest du pays et le fait de ne pas écouter la radio tous les jours.

Les principaux facteurs qui influencent les pratiques d’acquisition et d’utilisation des services d’assainissement 

Facteurs associés à l’acquisition de latrine 

Une étude de 2007 retrouvait comme facteurs associés à l’acquisition de latrines le niveau d’éducation, une famille nombreuse et la présence d’enfant scolarisée.

Selon Shakya, Christakis et al., en tenant compte des prédicteurs standards de la propriété des latrines tels que la caste, l’éducation et le revenu, les individus sont plus susceptibles de posséder des latrines si leurs contacts sociaux possèdent des latrines [23]. Au Sénégal, les principaux freins déclarés sont le coût des latrines (59,3%) ainsi qu’une épargne insuffisante et/ou la difficulté d’obtenir un crédit (34,1%). La principale motivation à avoir des latrines est l’intimité que cela procure (74,0%) et la volonté de proposer des latrines aux invités (35,1%). Les principaux évènements susceptibles d’inciter les répondants à construire ou rénover leur latrine sont : une rentrée d’argent (58,6%), l’appui d’un projet de construction de latrines (40,0%) et l’occurrence d’un événement heureux (24,7%). L’agrandissement des villages et l’éloignement des forêts, les campagnes de sensibilisation et les programmes de subventions (qui créent la demande) ainsi que les échanges issus des migrations au sein de la famille sont autant de facteurs qui influencent positivement la demande en latrines [11]. Faye en 2011, avait constaté que la disponibilité des latrines étaient liée au revenu (OR= 2,37 IC à 95 % 1,31-2,63) et à l’instruction (OR= 3,05 IC à 95 % (1,31-4,29) [9]. Globalement, la revue de la littérature indique comme facteurs associés à l’accès à différents types d’installations d’assainissement le niveau d’instruction [24-27], le revenu [24-26, 28, 29], l’âge[26], le sexe [24, 26], la taille du ménage[24, 29], l’accès à l’électricité [28], les conditions de logement [30] et des facteurs géographiques tels que les régions [24] et le faite de vivre en milieu rural ou urbain [28].

Facteurs associés à l’utilisation des latrines 

Plusieurs facteurs sont associés à l’utilisation des latrines. On peut citer entre autres:

➤ Climat:
Le climat est facteur incriminé comme le montre l’étude d’A. Sinhaa et al. Selon cette étude, la probabilité déclarée de toujours / habituellement par rapport à ne jamais utiliser les latrines était significativement plus élevée pendant la saison froide sèche (OR = 1,50, IC 95% = 1,18, 1,89, p = 0,001) et pendant la saison des pluies (OR = 1,34, 95 % IC = 1,07, 1,69, p = 0,012), que pendant la saison chaude et sèche [31].
➤ Caractéristique de la latrine:
Antara Sinhaa, Corey L. Nagelb et al. estimaient que la présence d’une porte / fermeture de latrine augmentait significativement la probabilité que les membres du ménage déclarent toujours / habituellement utiliser la latrine par rapport à ne jamais l’utiliser (OR = 3.08, IC 95% = 1.80, 5.28, p <0.001) et aussi parfois (OR = 2,92, IC à 95% = 1,30, 6,58, p <0,010). Il a également été démontré que la présence d’un toit de latrines augmentait de manière significative l’utilisation toujours / usuelle de la latrine par rapport à la non utilisation (OR = 2.00, IC à 95% = 1.30, 3.09, p <0.002) et parfois non utilisée (OR = 2,92, IC à 95% = 1,77, 4,83, p <0,001) [31]. Une méta analyse indiquait qu’un meilleur entretien, l’accessibilité, la vie privée, le type d’installation, la propreté, les latrines plus récentes et un meilleur accès à l’hygiène étaient fréquemment associés à une utilisation plus élevée, tandis que des conditions d’assainissement plus mauvaises étaient associées à une utilisation moindre [32]. Selon Jenkins et Scott, l’utilisation des latrines a beaucoup plus à voir avec d’autres obstacles comme la commodité, le confort, la vie privée et la sécurité [33]. Le contrôle des odeurs est également préoccupant [34].
➤ Caractéristiques sociodémographiques:
Parmi les questions non liées à la santé qui agissent comme moteurs de l’adoption et de l’utilisation des installations d’assainissement au niveau des ménages, le rôle des sexes est important [35]. Selon Antara Sinhaa, Corey L. Nagelb et al., au cours des trois saisons, il y avait une probabilité accrue d’utiliser les latrines chez les femmes. A l’opposé, les groupes d’âge plus âgés, y compris ceux âgés de 41-59 ans et de 60 ans et plus, et l’augmentation de la taille du ménage étaient associés à une probabilité réduite d’utiliser les latrines [31].
➤ Type de latrine :
Les détenteurs de latrines améliorées avaient 1,47 fois plus de chance (odds ratio de 1,47 (IC: 1,12-1,92) d’utiliser systématiquement leur latrine que les détenteurs de latrines non améliorées. Les facteurs associés à l’utilisation systématique des latrines au Sénégal étaient les suivants : le score socioéconomique, la taille du ménage, la zone géographique, La fréquence d’écoute de la radio et l’existence de dispositif de lavage des mains à proximité de leur latrine.

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Table des matières

INTRODUCTION
1. ÉTAT DES CONNAISSANCES
1.1. DISPONIBILITE ET UTILISATION DES LATRINES
1.2. PRATIQUE DE LA DAL
1.3. LES PRINCIPAUX FACTEURS QUI INFLUENCENT LES PRATIQUES D’ACQUISITION ET
D’UTILISATION DES SERVICES D’ASSAINISSEMENT
1.4. CAPACITE ET LA VOLONTE DES MENAGES D’ACQUERIR DES STRUCTURES D’ASSAINISSEMENT
2. CADRE CONCEPTUEL
3. QUESTIONS DE RECHERCHES
4. OBJECTIFS
4.1. OBJECTIF GENERAL
4.2. OBJECTIFS SPECIFIQUES
5. CADRE D’ETUDE
5.1. DISTRICT SANITAIRE DE KEUR MASSAR
5.2. DISTRICT SANITAIRE DE GUEDIAWAYE
5.3. DISTRICT SANITAIRE DE MBAO
6. METHODOLOGIE
6.1. TYPE D’ENQUETE
6.2. POPULATION D’ETUDE
6.3. ECHANTILLONNAGE
6.4. COLLECTE DES DONNEES
6.5. SAISIE ET ANALYSE DES DONNEES
6.6. CONSIDERATIONS ETHIQUES
7. RESULTAS
7.1. ÉTUDE DESCRIPTIVE
7.2. ÉTUDE ANALYTIQUE BI-VARIEE
7.3. ÉTUDE ANALYTIQUE MULTI-VARIEE
8. DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE

Mots clés : Assainissement – Disponibilité – Utilisation des toilettes – Volonté de payer -Toilettes améliorées – Semi-urbain

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