Discussion sur les croyances, perceptions et attitudes sur la vaccination

Discussion sur les croyances, perceptions et attitudes sur la vaccination

Hésitation vaccinale

Depuis que le Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination (SAGE) de l’OMS a été formé en 1999, différentes régions du monde lui ont rapporté qu’elles observaient de la méfiance et une diminution de l’acceptation de la vaccination (Schuster et al., 2015). Les inquiétudes par rapport à la sécurité et l’efficacité des vaccins seraient d’ailleurs une des raisons les plus fréquentes pour lesquelles les parents retardent ou refusent la vaccination de leurs enfants (Smith, Humiston, Parnell, Vannice et Salmon, 2010). Bien qu’auparavant, les parents étaient souvent catégorisés comme étant simplement « pour » ou « contre » la vaccination, il apparaît depuis plusieurs années que la réalité est plus complexe (Gust et al., 2005).
Afin de caractériser la position des parents au sujet de la vaccination, plusieurs classifications utilisant 4 ou 5 catégories ont été proposées (Benin, Wisler-Scher, Colson, Shapiro et Holmboe, 2006; Gust et al., 2005; Keane et al., 2005; Leask et al., 2012). Dans chacune de ces classifications, différents facteurs pouvaient avoir été utilisés pour distinguer ces catégories, tels que les attitudes, croyances et perceptions au sujet des vaccins; la façon d’obtenir ou de rechercher des informations sur la vaccination; la confiance accordée aux professionnels de la santé et les comportements vaccinaux. Par exemple, Leask et al. (2012) suggèrent 5 catégories : les « unquestioning acceptors (accepteurs inconditionnels) », qui font vacciner leurs enfants sans avoir de questionnement; les « cautious acceptors (accepteurs prudents) », qui tiennent compte du fait que les vaccins peuvent avoir des effets secondaires sévères, mais rares, et qui vaccinent en espérant que tout ira pour le mieux; les « hesitants (hésitants) », qui font vacciner leurs enfants, mais qui ont des préoccupations importantes sur les risques de la vaccination; les « late or selective vaccinators (vaccinateurs sélectifs ou en retard) », pour lesquels leurs préoccupations les amènent à retarder l’administration de certains vaccins ou à en refuser certains; et, finalement, les « refusers (refuseurs) » qui refusent tous les vaccins pour des raisons philosophiques, religieuses ou suite à des expériences négatives avec le système médical.
Bien que chacune des classifications ait ses particularités, il en ressort que la position d’une personne au sujet de la vaccination peut se placer sur un continuum allant d’une demande active de tous les vaccins à un refus convaincu de tous les vaccins (Dubé et al., 2013). Le concept d’hésitation vaccinale ferait référence au continuum se trouvant entre ces deux extrêmes (Dubé et al., 2013).
D’abord, MacDonald et le groupe de travail sur l’hésitation vaccinale du SAGE ont proposé de définir l’hésitation vaccinale principalement comme un comportement plutôt que comme une attitude. Selon ces auteurs (MacDonald et SAGE Working Group on Vaccine Hesitancy, 2015), « l’hésitation vaccinale » réfère à un délai dans l’acceptation ou un refus de la vaccination malgré la disponibilité des services. Ils précisent que « l’hésitation vaccinale » est complexe, qu’elle se présente selon des contextes spécifiques et qu’elle peut donc varier dans le temps, selon les lieux et selon le type de vaccin.3
Pour leur part, Peretti-Watel, Larson, Ward, Schulz et Verger (2015) ont plutôt défini l’hésitation vaccinale comme un processus décisionnel aboutissant à différents comportements selon, d’une part, le niveau d’engagement (ou d’indifférence) dans cette prise de décision qui a pour but de contrôler les risques à la santé et, d’autre part, selon le niveau de confiance envers les autorités de santé. Ce cadrage permet à ces auteurs de distinguer, entre autres, les personnes hésitantes à la vaccination qui sont très engagées sur le sujet et qui procèdent à une recherche d’information ainsi qu’à un processus décisionnel long et réfléchi, de celles qui sont plus passives, moins informées et qui peuvent prendre une décision en se basant sur des rumeurs, des réactions émotives et sur un manque de confiance envers les autorités (Peretti-Watel et al., 2015).
Les définitions précédentes n’ont cependant pas été retenues pour ce projet de mémoire. D’une part, il semblait préférable de considérer l’hésitation vaccinale comme étant d’abord et avant tout une attitude et non un comportement comme dans la première définition présentée (MacDonald et SAGE Working Group on Vaccine Hesitancy, 2015). En effet, considérant que l’attitude précède le comportement dans plusieurs théories de prédictions du comportement (Godin, 2012), une attitude hésitante peut être présente alors qu’un individu n’a pas encore refusé de vaccin. Il serait donc important de ne pas négliger d’inclure dans les études ces personnes qui peuvent avoir une attitude hésitante avant de refuser ou retarder l’administration de vaccins. De plus, afin que le concept d’hésitation vaccinale demeure relativement simple à opérationnaliser, la deuxième définition n’a pas été retenue non plus (Peretti-Watel et al., 2015).
La définition qui semblait la plus appropriée dans le cadre de ce projet de mémoire est plutôt celle qui a émergé d’un consensus d’experts en vaccination et de professionnels de la santé au Canada : « L’hésitation vaccinale fait référence à la réticence à recevoir les vaccins recommandés en raison de préoccupations et de doutes au sujet des vaccins qui peut ou non mener à des retards vaccinaux ou au refus d’un, de plusieurs ou de l’ensemble des vaccins. »4 (Dubé, Gagnon, Ouakki, Bettinger, et al., 2016, p. 6)
Il est difficile d’évaluer la prévalence de l’hésitation vaccinale avec précision. En effet, l’hésitation vaccinale peut être présente pour certains vaccins seulement, mais pas pour d’autres (Dubé, Vivion, et al., 2016; MacDonald et SAGE Working Group on Vaccine Hesitancy, 2015). De plus, comme l’hésitation n’aboutit pas nécessairement à un retard ou un refus vaccinal (Dubé, Gagnon, Ouakki, Bettinger, et al., 2016; Dubé et al., 2013; Salmon et al., 2015), et comme les retards vaccinaux peuvent survenir pour plusieurs autres raisons telles qu’une contre-indication temporaire ou un rendez-vous manqué (Peretti-Watel et al., 2015; Smith et al., 2010), les couvertures vaccinales ne peuvent pas être utilisées pour évaluer la prévalence de l’hésitation vaccinale.
Afin d’identifier les parents présentant de l’hésitation vaccinale, l’équipe d’Opel a développé le questionnaire Parent Attitudes about Childhood Vaccines (PACV) (Opel, Mangione-Smith, et al., 2011). Lorsque ce questionnaire a été validé auprès d’un échantillon aléatoire de parents de bébés inscrits à une grande coopérative de santé de l’État de Washington, il a révélé que 25 % des parents présenteraient de l’hésitation vaccinale (Opel, Taylor, et al., 2011). Ce résultat est cohérent avec des données sur la prévalence des préoccupations de parents américains au sujet des vaccins. Ainsi, dans un échantillon pondéré pour être représentatif de la population des États-Unis, 30 % des parents américains craignaient que les vaccins puissent causer l’autisme et 26 % croyaient que les ingrédients contenus dans les vaccins ne sont pas sécuritaires (Kennedy, Lavail, Nowak, Basket et Landry, 2011). De même, au Québec, 35 % des parents d’enfants de un an et deux ans auraient déjà hésité à faire vacciner leur enfant (Dubé, Gagnon, Ouakki et Direction des risques biologiques et de la santé au travail – Institut national de santé publique du Québec, 2016). Ces enfants étaient d’ailleurs proportionnellement plus nombreux à ne pas avoir une couverture vaccinale complète et à avoir cumulé des jours de retard par rapport au calendrier vaccinal recommandé lorsqu’ils étaient comparés aux enfants dont les parents n’avaient pas hésité à les faire vacciner (Dubé, Gagnon, Ouakki et Direction des risques biologiques et de la santé au travail – Institut national de santé publique du Québec, 2016).
À la lumière de la prévalence élevée de l’hésitation vaccinale et dans l’optique d’améliorer l’acceptation des vaccins afin de maintenir des taux de couverture vaccinale élevés, il semble donc plus profitable que les interventions de santé publique ciblent les parents présentant de l’hésitation vaccinale plutôt que les 3 à 7 % des parents qui sont inflexibles sur leur décision de ne pas faire vacciner leurs enfants (Leask, 2011).
Toutefois, l’hésitation vaccinale est un phénomène complexe, dont les déterminants varient selon le contexte et le vaccin en cause (Schuster et al., 2015). Les raisons pour lesquelles des parents sont hésitants face à la vaccination et peuvent refuser ou retarder l’administration de vaccins sont nombreuses et reposent entre autres sur diverses croyances (Williams, 2014). Par exemple, ces parents peuvent avoir des craintes sur la sécurité des vaccins, croire que la vaccination de leur enfant entraînera des effets secondaires importants ou des effets néfastes sur le système immunitaire, penser que les enfants reçoivent trop de vaccins, ou encore douter de la nécessité des vaccins ou de leur efficacité (Sadaf et al., 2013; Williams, 2014). Le vaccin contre la rougeole suscite particulièrement des craintes au niveau de sa sécurité. Les effets négatifs de la médiatisation d’un article de 1998 associant ce vaccin à l’autisme se font encore sentir aujourd’hui, bien que l’article ait été rétracté de la revue l’ayant publié (The Editors of The Lancet, 2010) et que l’absence de lien causal ait été démontrée par plusieurs études par la suite (Maglione et al., 2014; Taylor, Swerdfeger et Eslick, 2014). La crainte que ce vaccin cause l’autisme reste toujours associée au refus vaccinal des parents (McHale, Keenan et Ghebrehewet, 2016).
La communication avec les individus hésitants à la vaccination constitue un sujet prioritaire pour le SAGE de l’OMS (World Health Organization, 2011). Cependant, il n’y a pas de consensus sur les messages à utiliser afin de diminuer cette hésitation vaccinale chez les parents ainsi que les refus vaccinaux qui y sont associés (Dubé, Gagnon, MacDonald, et al., 2015; Sadaf et al., 2013). Ainsi, peu d’études ont testé des interventions destinées spécifiquement aux parents hésitants à la vaccination (Dubé, Gagnon, MacDonald, et al., 2015; Jarrett, Wilson, O’leary, Eckersberger et Larson, 2015). Dans une revue de revues de littérature récente, les évidences étudiées n’ont pas permis d’établir qu’un type d’intervention en particulier pouvait être recommandé (Dubé, Gagnon, MacDonald, et al., 2015). Les interventions fournissant un contenu informatif ou éducatif seraient les plus étudiées, mais les résultats des études évaluant leur efficacité sont partagés : certaines ont trouvé un effet positif de ces interventions, mais plusieurs autres n’ont trouvé aucun effet (Dubé, Gagnon, MacDonald, et al., 2015; Fu et al., 2014; Kaufman et al., 2013; Sadaf et al., 2013). De plus, les conclusions des revues systématiques évaluant ce genre de communication sont limitées par le fait que de nombreuses études sont de faible qualité (Dubé, Gagnon, MacDonald, et al., 2015; Fu et al., 2014; Kaufman et al., 2013; Sadaf et al., 2013). Il est possible aussi que l’exposition à une intervention en un seul moment plutôt que de façon prolongée ne soit pas suffisante pour avoir un effet sur les comportements vaccinaux (Fu et al., 2014). Enfin, il se peut que l’approche éducative ne soit tout simplement pas bien adaptée pour diminuer l’hésitation vaccinale, car cette approche ne tient pas compte du fait que de nombreux facteurs autres que cognitifs influencent la décision vaccinale, tels que des facteurs émotionnels, socioculturels, spirituels et politiques (Dubé et al., 2013).En résumé, une proportion non négligeable de parents présente de l’hésitation vaccinale pour différentes raisons, mais la littérature ne permet pas actuellement de déterminer quel type d’intervention et de message seraient les meilleurs afin de réduire cette hésitation et maintenir des couvertures vaccinales élevées.

Messages narratifs

Une stratégie de communication qui se distingue de l’approche éducative largement utilisée jusqu’à maintenant susciterait de plus en plus d’intérêt dans le domaine de la santé : soit la communication sous la forme d’une histoire, qu’on peut appeler aussi les messages narratifs (appelés « narratives » dans les articles anglophones) (Hinyard et Kreuter, 2007). En fait, simplement en considérant que, dans la vie quotidienne, les êtres humains interagissent souvent en utilisant un mode de communication narratif en se racontant différents événements (Hinyard et Kreuter, 2007), il semble pertinent de s’y intéresser.
Dans une revue de littérature décrivant des théories ainsi que des données empiriques soutenant l’utilisation des messages narratifs en santé, il est proposé de définir une communication narrative comme étant une « histoire cohérente avec un début, un milieu et une fin identifiables qui donne de l’information au sujet de scènes, de personnages et de conflits; qui soulève des questions sans réponses ou des conflits non résolus; et qui fournit une résolution. »5 (Hinyard et Kreuter, 2007, p. 778). Dans la littérature, il n’existe toutefois pas de définition universelle des messages narratifs adoptée par l’ensemble des chercheurs (Hinyard et Kreuter, 2007). Bien que chacune des définitions ait ses particularités, les trois concepts suivants en constitueraient généralement les fondements (Dahlstrom, 2014) : la causalité entre les événements rapportés, c’est-à-dire que les événements rapportés sont liés entre eux de manière séquentielle par des liens causaux, qu’il s’agisse de causes menant à l’événement de manière inéluctable (par exemple, en suivant les lois de la physique) ou de raisons pour lesquelles une personne a une réaction (Graaf et al., 2016); la temporalité, c’est-à-dire le fait que les événements surviennent durant une période de temps définie; ainsi que les personnages, c’est-à-dire qu’il y a un ou des personnages qui vivent les événements rapportés (Dahlstrom, 2014).
Pour les fins de ce mémoire, une définition qui indique plus clairement que cette communication est réalisée dans le but de transmettre un message au sujet de la santé, et non seulement dans le but de divertir, a été retenue. Un message narratif constitue donc « une représentation d’événements et de personnages liés, qui a une structure identifiable, est limitée dans le temps et l’espace, et qui contient des messages implicites ou explicites sur le sujet abordé »6 (Kreuter et al., 2007, p. 222). Cette communication sous la forme d’une histoire peut se faire via différentes formes, par exemple un téléroman, un article de journal ou encore un témoignage (Kreuter et al., 2007).
Ce type de communication diffère donc des messages de santé transmis de manière non narrative et plutôt didactique, ces derniers ne faisant qu’exposer des affirmations soutenues par des évidences scientifiques ou des raisons logiques (Kreuter et al., 2007). Différents mécanismes psychologiques ont été suggérés pour expliquer pourquoi les messages narratifs peuvent être plus efficaces que les messages didactiques pour influencer les attitudes et les comportements. Quelques éléments saillants au sujet de ces mécanismes et des théories les expliquant sont mentionnés dans les prochaines lignes.
D’abord, Dahlstrom (2014) a relevé quelques études empiriques suggérant que les messages narratifs seraient plus faciles à comprendre, plus rapides à lire et mieux encodés dans la mémoire que les communications logiques et scientifiques. Ensuite, plusieurs théories ont comme élément commun le fait que l’exposition à une communication narrative diminuerait la résistance à ce message comparativement à l’exposition à un message persuasif traditionnel (Green et Brock, 2000; Moyer‐Gusé, 2008; Slater et Rouner, 2002). Ainsi, comme le rapporte Moyer‐Gusé (2008), une des formes de résistance les plus importantes serait la réactance psychologique, soit une résistance qui s’éveille chez un individu quand il a la perception que sa liberté de choisir ses attitudes et ses comportements est menacée (Brehm, 1966; Brehm et Brehm, 1981, cités dans Moyer-Gusé, 2008). De ce fait, lorsqu’un individu remarque qu’un message essaie de le convaincre, ce message peut être perçu comme une menace à son indépendance et être rejeté d’emblée, même si les recommandations qu’il comporte visent le bien de l’individu (Moyer‐Gusé, 2008). Mais si le destinataire ne perçoit pas qu’il est exposé à une communication persuasive, il n’aura pas tendance à mobiliser ce genre de défenses (Moyer‐Gusé, 2008). Le fait d’être absorbé ou transporté par l’histoire pourrait faire en sorte que l’aspect persuasif du message serait moins perçu et pourrait prévenir la formulation de contre-arguments à ce message (Green, 2006; Slater et Rouner, 2002). En effet, lorsqu’une personne est transportée par une histoire, ses processus mentaux sont concentrés sur celle-ci et la personne porterait alors moins attention aux faits issus du monde réel, dont ses connaissances et ses croyances antérieures qui peuvent être en contradiction avec le message (Green et Brock, 2000). Elle serait donc plus réceptive au message. Également, une communication sous la forme d’une histoire est plus près des réalités des individus, peut amener le destinataire à se créer des images mentales et lui faire « vivre » ce qui est raconté comme si cela lui était arrivé personnellement (Green, 2006). Une certaine connexion avec un personnage peut aussi faciliter le phénomène de transportation en plus de faire en sorte que les propos et les actions du personnage en question puissent avoir un plus grand impact chez le destinataire (Green, 2006). L’identification avec un personnage qui vit un événement négatif pourrait aussi changer la perception d’invulnérabilité que certains individus peuvent avoir (Moyer‐Gusé, 2008). Finalement, une théorie avance aussi que les personnages peuvent amener une réponse émotive à un message narratif qui pourrait influencer l’adoption d’un comportement (Green, 2006).
Plusieurs résultats empiriques soutiennent différents éléments des théories mentionnées. Par exemple, Green et Brock (2000) ont testé l’effet la transportation : leurs résultats expérimentaux ont montré que les personnes plus transportées par une histoire seraient ensuite plus nombreuses à rapporter des croyances en accord avec le message véhiculé par l’histoire. Une étude ayant évalué l’effet d’une vidéo narrative portant sur les virus du papillome humain (VPH) a également montré que l’identification avec un personnage dans une histoire serait associée à l’acquisition d’attitudes congruentes avec celles du personnage (Murphy, Frank, Chatterjee et Baezconde-Garbanati, 2013).
En somme, les fondements théoriques sur l’efficacité des messages narratifs suggèrent qu’il s’agit d’un type de communication intéressant pour convaincre les parents des bienfaits et de l’importance de la vaccination.

Données probantes sur l’impact des messages narratifs en comparaison avec l’impact des messages didactiques

Plusieurs études ont été réalisées dans le domaine de la santé afin d’évaluer l’efficacité des messages narratifs7. D’abord, quelques méta-analyses et revues systématiques récentes portant sur la comparaison des messages narratifs avec des messages plus didactiques ou des statistiques ont pu être relevées (Bekker et al., 2013; Perrier et Martin Ginis, 2017; Shen et al., 2015; Winterbottom et al., 2008; Zebregs et al., 2015). Cependant, ces dernières étaient souvent limitées par un petit nombre d’études incluses ou de l’hétérogénéité, ce qui pouvait empêcher les auteurs de conclure définitivement qu’un type de message serait supérieur à l’autre. En effet, les messages narratifs testés ne constituaient pas nécessairement des interventions comparables. Entre autres, les communications étudiées portaient sur des sujets très variables (par exemple, la prévention de l’infection au VPH, le dépistage du cancer du sein ou la consommation d’alcool), le type d’informations fournies pouvait différer (par exemple, des informations seulement sur les facteurs de risque et sur les comportements préventifs, ou seulement sur les conséquences d’un comportement nocif), les messages étaient sur des supports différents (par exemple, imprimé ou vidéo) et leur longueur pouvait varier (Winterbottom et al., 2008; Zebregs et al., 2015). Malgré tout, il y a des données probantes en faveur d’une plus grande efficacité des messages narratifs par rapport aux messages didactiques ou statistiques dans certaines de ces méta-analyses et revues systématiques (Bekker et al., 2013; Shen et al., 2015; Zebregs et al., 2015).
Ainsi, deux méta-analyses ont trouvé que les messages narratifs peuvent être plus convaincants que des statistiques ou des messages non narratifs pour améliorer l’intention d’adopter un comportement (Shen et al., 2015; Zebregs et al., 2015), l’attitude envers le comportement ou le comportement lui-même (Shen et al., 2015), bien que les tailles d’effet trouvées étaient petites. Par contre, dans la revue systématique de Perrier et Martin Ginis (2017) qui ont étudié l’effet des messages narratifs pour promouvoir le dépistage de différentes maladies, les auteurs ont conclu que les données probantes étaient partagées en ce qui a trait à la supériorité des messages narratifs par rapport aux messages statistiques. Ces résultats sont cependant en opposition avec ceux de la méta-analyse de Shen et al. (2015). Dans cette dernière étude, il s’est avéré que les messages narratifs étaient plus efficaces que les messages non narratifs pour la promotion de comportements de dépistage et de prévention. Par ailleurs, il est intéressant de noter que Perrier et Martin Ginis (2017) ont quand même conclu que, dans toutes les études incluses ayant évalué l’effet des messages narratifs sur l’intention ou le comportement, mais sans les comparer avec d’autres types de messages persuasifs, l’intention de subir un dépistage ou le nombre de personnes ayant réalisé le dépistage augmentait.
Ensuite, les revues systématiques de Winterbottom et al. (2008) et de Bekker et al. (2013) ont étudié les messages narratifs dans la perspective de les intégrer à des outils d’aide à la décision, soit des outils présentant des informations balancées sur les avantages et désavantages de manière plutôt didactique et encourageant les individus à évaluer ces informations selon leurs croyances et leurs valeurs (Winterbottom et al., 2008). Dans la revue systématique de Winterbottom et al. (2008), les auteurs ont conclu que les évidences étaient limitées en ce qui a trait à l’efficacité persuasive des messages narratifs en comparaison avec soit des informations statistiques, soit aucune information additionnelle fournie (Winterbottom et al., 2008). Cependant, les auteurs ont remarqué que les interventions testées présentaient de grandes variations, par exemple en ce qui a trait à la longueur du message ou au type d’informations présentées, ce qui limite les conclusions possibles au sujet de l’efficacité de ces messages. Finalement, dans la revue de Bekker et al. (2013), des outils d’aide à la décision incluant un message narratif ont été comparés à des outils d’aide à la décision n’en comprenant pas. Il n’a pas été possible pour ces auteurs de déterminer si l’ajout d’une histoire personnelle à un outil d’aide à la décision pourrait amener les patients à prendre une décision plus éclairée que sans histoire personnelle. Malgré tout, certains résultats relevés dans leur revue systématique, tout comme ceux de la méta-analyse de Shen et al. (2015), suggéraient qu’il était possible que les messages narratifs puissent être bénéfiques pour les individus avec un niveau de littératie inférieur (Bekker et al., 2013; Shen et al., 2015).

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport gratuit propose le téléchargement des modèles gratuits de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie ?avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction
Chapitre 1- Problématique et revue de littérature
1.1 La rougeole
1.2 Hésitation vaccinale
1.3 Messages narratifs
1.3.1 Données probantes sur l’impact des messages narratifs en comparaison avec l’impact des messages didactiques
1.3.2 Caractéristiques modulant l’effet des messages narratifs
1.4 Conclusion de la problématique
1.5 Objectifs de recherche
1.5.1 Objectif général
1.5.2 Objectifs spécifiques
Chapitre 2- Cadre théorique
Chapitre 3- Démarche méthodologique
3.1 Type d’étude et justification
3.2 Contexte de l’étude
3.3 Sélection des participants
3.3.1 Population à l’étude et échantillonnage
3.3.2 Critères d’inclusion et d’exclusion
3.3.4 Recrutement
3.4 Collecte des données
3.4.1 Groupes de discussion
3.4.2 Questionnaires
3.5 Analyse des données
3.5.1 Analyse des données qualitatives
3.5.2 Analyse des données quantitatives (questionnaire PACV)
3.5.3 Analyse mixte (données qualitatives et quantitatives) : classification de l’attitude générale des participants sur la vaccination
3.6 Critères de rigueur
3.7 Considérations éthiques
Chapitre 4- Résultats
4.1 Portrait sociodémographique des participants
4.2 Croyances, perceptions et attitudes des participants sur la vaccination
4.2.1 Attitude générale
4.2.2 Perceptions et croyances des participants selon les construits du modèle des croyances relatives à la santé
4.2.3 Confiance envers les différentes instances impliquées dans la vaccination des enfants
4.2.4 Norme subjective
4.3 Perception des messages de promotion de la vaccination contre la rougeole 51
4.3.1 Histoire A : message narratif et émotif dans lequel une mère témoigne
4.3.2 Histoire B : message narratif et émotif dans lequel un médecin témoigne
4.3.3 Histoire C : message exposant des faits dans lequel une mère témoigne
4.3.4 Histoire D : message exposant des faits dans lequel un médecin témoigne
4.3.5 Comparaison de l’influence des histoires sur les construits au coeur du modèle des croyances relatives à la santé
4.3.6 Autres comparaisons
Chapitre 5- Interprétation et discussion
5.1 Discussion sur les croyances, perceptions et attitudes sur la vaccination
5.1.1 Considérations sur la catégorisation de l’attitude sur les vaccins en général
5.1.2 Dualité entre l’empowerment et la confiance
5.1.3 Utilité des concepts au coeur du modèle des croyances relatives à la santé
5.1.4 Norme subjective
5.2 Discussion sur la perception des messages de promotion de la vaccination contre la rougeole
5.2.1 Efficacité des messages narratifs et émotifs
5.2.2 Efficacité des messages factuels
5.2.3 Comparaison des deux messages les plus efficaces : un message narratif dans lequel une mère témoigne vs un message factuel dans lequel un médecin témoigne
5.3 Limites et forces
5.3.1 Limites
5.3.2 Forces
5.4 Implication des résultats pour la santé publique et pour la recherche
Conclusion
Bibliographie

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *