Discours des acteurs de la GCRN et présentation du contexte d’intervention

« Une organisation, phénomène sociologique, est toujours un construit social, qui existe et se transforme seulement si d’une part elle peut s’appuyer sur des jeux permettant d’intégrer les stratégies de ses participants et si d’autre part elle assure à ceux-ci leur autonomie d’agents libres et coopératifs. L’acteur est donc engagé dans un système d’action concret et doit découvrir, avec la marge de liberté dont il dispose, sa véritable responsabilité » ( Friedberg,p.388)

Nous partons du postulat que la Gestion Communautaire des Ressources Naturelles (GCRN), objet de ma recherche, est un construit social, une organisation qui se caractérise par un système d’action collectif dans lequel s’établit une structuration d’acteurs qui interagissent, lesquels sont à la source de la création de ce système, en l’occurrence la GCRN. (Bernoux, 2009). En effet, la GCRN implique un jeu d’acteurs incessant, qui est à la base de l’action collective, et qui lui-même nous le verrons détermine dans une certaine mesure le bon fonctionnement de ce système.

Il s’agit donc ici à travers ma recherche, de me pencher sur un programme de Gestion Communautaire des Ressources Naturelles dans le sud du Bénin, dans le Parc Naturel de la Vallée du Sitatunga, une aire protégée créée en 2007 par le Centre Régional de Recherche et d’Education pour un Développement Intégré, au sein duquel j’ai effectué un stage de cinq mois, stage qu’il s’agira de présenter au fil de ce mémoire, particulièrement à travers la présentation de mes activités et de ma position de chercheur.

Ce programme de GCRN dans la Vallée du Sitatunga intervient donc dans un espace où il s’agit à travers le programme de mobiliser la communauté et des acteurs clés de cette gestion pour une cause commune, celle de la conservation de la nature.

A travers le programme donc, la collaboration concerne notamment la communauté et les membres des « organes de gouvernance » que l’organisation a mis en place pour guider cette gestion communautaire. Ces organes de gouvernance sont composés de représentants de pêcheurs et de chasseurs de la Vallée du Sitatunga, d’élus locaux et communaux, des services techniques des communes en charge de l’environnement, des administrations forestières et représentants du Ministère en charge du Cadre de vie et du Développement Durable qui participent donc eux mêmes au programme de GCRN initié par l’organisation.

Discours des acteurs de la GCRN et présentation du contexte d’intervention

Le premier jour, lors de mon trajet vers le village de Kpotomey, là où se situe l’organisation, j’ai aperçu une grande pancarte sur laquelle était écrite en grande lettre « Bienvenue dans la Vallée du Sitatunga », avec la mention de CREDI-ONG sur celle-ci. Il ne m’en a pas fallu plus pour comprendre que la GCRN dont CREDI se charge en partie était considérable . L’organisation, qui a créé le Parc Naturel Communautaire de la Vallée du Sitatunga, une aire protégée de plus de 670 km2 met en place et dirige ses activités à travers une société rurale complexe, qui nous le verrons allie logiques d’acteurs et mutations socio-économiques incessantes.

Il me semble dès lors intéressant de cerner la façon dont se réalise cette gestion communautaire dans la Vallée su Sitatunga, et de comprendre ce qu’elle représente pour les acteurs sur le terrain avant d’aller plus loin dans ma deuxième partie. Pour cela il me semble dès lors essentiel de me pencher sur la vision de la gestion communautaire et de me focaliser la notion de « communauté » à travers les représentations des initiateurs du programme de GCRN dans la Vallée du Sitatunga, en l’occurrence CREDI-ONG, organisation dans laquelle j’ai réalisé mon stage d’une durée d’un peu moins de cinq mois, du mois d’août au mois de décembre 2018. Je profiterai de cette présentation pour présenter brièvement la manière dont j’ai abordé mon terrain et la méthodologie utilisée.

Il s’agira donc dans ma première partie, de poser les bases du discours des acteurs chargés du programme de GCRN et ainsi analyser le contexte d’intervention qui constitue un enjeu majeur de la mise en place de la GCRN, cela à travers mon terrain de recherche. Pour cette première partie, je me suis focalisé en grande partie sur mes entretiens informels que j’ai réalisés tout le long de ma recherche avec les membres de l’organisation, et ainsi que plusieurs documents officiels que j’ai étudiés au sein de l’organisation qui m’ont aidé à mieux comprendre la mise en place du programme et le point de vue des acteurs, et que je présenterai au fil de mon étude. En effet, ayant évolué en tant que stagiaire en gestion de projet, et ayant travaillé avec l’un des deux principaux créateur de l’organisation tout le long de mon stage, j’ai pu très vite cerné les tenants et les aboutissants du discours de l’organisation, qu’il s’agira donc premièrement d’étudier, avant de focaliser davantage sur le contexte d’intervention, et l’analyse des mutations socio-économiques de l’espace concerné qui orientent conséquemment le programme de l’organisation.

Une présentation générale de la GCRN dans la Vallée du Sitatunga

« Ne faites jamais ça ! Ne vous engagez jamais la dedans ! Ne travaillez jamais dans le monde associatif ! (Rires) ». J’ai encore ces mots de Damien, le directeur technique de CREDI-ONG qui résonnent encore dans ma tête. Ce sont des mots qu’il a souvent dit en riant, mais qui n’en cache pas moins la rudesse de la gestion d’une organisation que celle de CREDI-ONG. C’est un « combat perpétuel » que mène Damien et toute son équipe dans la Vallée du Sitatunga. Face aux difficultés quotidiennes que connaît l’organisation, Damien n’en demeure pas moins déterminé. Il vit au Benin depuis maintenant plus de 15 ans. Il est marié et a deux enfants. « Je ne me vois plus retourner en France. J’ai tout construit ici et je ne pourrai jamais me sentir mieux qu’ici ». (Damien, Zinvié, 2018) .

Damien a été un informateur privilégié à travers mon enquête car c’est en grande partie avec luimême que j’ai réalisé mes activités et c’est lui-même qui m’a initié en grande partie à la gestion de projet. Je me suis donc appuyé sur lui pour récolter une partie des informations dont j’avais besoin pour construire ma recherche. Il a été déterminant dans ma recherche car c’est avec lui que j’ai passé le plus de temps au sein de l’organisation. Le fait qu’il soit à l’origine de la création de CREDI-ONG m’a permis d’avoir un large aperçu de l’historique ainsi que des activités de l’organisation et ainsi m’a permis d’enrichir ma collecte de données. C’est un privilège que j’ai eu de travailler avec lui, alors je tiens encore une fois à le remercier tout particulièrement.

Pendant mes cinq mois de stage, il n’a pas été si simple pour moi de gérer mon statut de stagiaire en gestion de projet avec celui du jeune chercheur qui découvre son terrain. Tout le long de stage, j’ai ainsi essayé de jongler entre mon temps de travail au sein de l’organisation et celui de mon enquête. En effet, à peine arrivé, le responsable chargé du suivi-évaluation, qui était mon tuteur de stage de l’organisation au départ, a démissionné de ses fonctions. Par la suite, mon statut au sein de l’organisation a changé, puisque c’est Damien, le directeur technique de CREDI qui est devenu mon tuteur. Pendant plus de quatre mois, j’ai donc découvert avec lui la gestion de projet. J’ai pu avoir une expérience riche en gestion de projet, et pu m’imprégner de bien de ses aspects.

Cependant, la charge de travail que j’ai eu au sein de l’organisation ayant été assez conséquente, je me suis alors mis d’accord avec le directeur technique de CREDI-ONG qui était aussi mon tuteur de stage, afin qu’il m’accorde un temps de recherche chaque semaine, qui correspondait à un jour ou je pouvais me consacrer entièrement à mon terrain de recherche. Cela semblait insuffisant, mais les travaux que j’opérais au sein de CREDI était conséquent, du fait que l’on comptait sur moi pour reprendre les travaux du Responsable du Suivi-évaluation de l’organisation qui a démissionné peu de temps après mon arrivée.

Cependant, l’avantage qui s’est dressé à moi est que mon terrain fut proche de mes activités qui m’ont été confiées au sein de l’organisation. Réalisant mon enquête sur la dimension collective et participative dans la gestion des RN, j’ai eu accès à un grand nombre de ressources sur le programme de GCRN. Ainsi j’ai pu avoir à mon niveau, des informateurs précieux que je côtoyais tous les jours durant le déroulement de mes activités en tant que stagiaire, aspect capital dans ma recherche. Je me suis aussi rapproché un maximum des situations qui mêlaient les acteurs de la GCRN du PNCVS. Cela m’a permis de m’imprégner des pratiques et ainsi de rendre compte du point de vue de tous les acteurs.

Tout a donc commencé au début des années 2000. Damien, après avoir décroché en BTS en aquaculture décide d’aller au Bénin et rencontre Martial avec qui ils ont un projet de création d’une entreprise piscicole, dans le village de Kpotomey. Il ont alors aménagé un bassin piscicole et débuté leurs activités dans le village mais le projet entrepreneurial n’a pas vraiment fonctionné. Alors ils ont décidé de créer une association, « la Ferme Aquacole Pantodon » dont la 1ère mission fut la promotion de l’aquaculture intégrée. A travers cette mission, ils s’agissait selon le discours, « d’améliorer le contexte entrepreneurial dans le secteur piscicole » (Damien, Zinvié, 15/08/2018). « La ferme Aquacole Pantodon » fut donc créée dans ce but et a « servi de site de démonstration, d’expérimentation, de formation et de production ». (ibid) Par la suite, en 2007, est née « la seconde mission de protection de l’environnement en réponse aux menaces qui pèsent sur les écosystèmes humides environnant la ferme de l’organisation ». Par la suite et dans la même année, « une aire protégée communautaire est créée : la Vallée du Sitatunga ». (ibid) En 2010, c’est autour de la mission de promotion de l’agriculture paysanne de voir le jour. « Celleci s’impose à l’organisation qui doit influencer les pratiques agricoles du territoire de l’aire protégée. Ceci afin de mieux impacter les conditions de vies des populations riveraines (à 70% agricoles) et la qualité de l’aire protégée ». (ibid)

Le Parc Naturel Communautaire de la Vallée su Sitatunga, créé en 2007, à l’initiative de CREDIONG, présente un double objectif selon l’organisation, celui de contribuer à la sauvegarde du patrimoine naturel et culturel et contribuer à l’amélioration des conditions de vie des communautés dans la Vallée du Sitatunga. La population cible de CREDI-ONG est la communauté elle-même du Parc Naturel Communautaire de la Vallée du Sitatunga . Il s’agit des environs 10 000 ménages ruraux que compte la Vallée du Sitatunga selon le rapport d’évaluation externe de 2017. (Rapport d’évaluation externe, CREDI-ONG, 2017) Le présent projet est donc mis en œuvre dans la « Vallée du Sitatunga », qui doit son nom à la présence d’une antilope aquatique, le guib d’eau ou Sitatunga, qui est un animal emblématique de la localité. Démarrée initialement dans la commune d’AbomeyCalavi , le parc naturel s’est étendu en 2014 sur la commune voisine de Sô-Ava dans le département de l’Atlantique. Elle couvre officiellement à ce jour une superficie de 15 000 ha. Située à une trentaine de Kilomètres de Cotonou, capitale économique du Bénin, elle devrait s’étendre dans les mois à venir vers la commune de Zè et sa superficie passerait alors de 15 000 à 67 000 ha toujours dans la basse vallée de l’Ouémé .

Il est évident que le projet de GCRN ne faisait pas partie à la base du projet des deux directeurs de CREDI-ONG, Damien et Marital. Il est apparu au fil du temps comme une nécessité au vu du contexte d’intervention et où le projet de GCRN a pris tout son sens à la suite de la création de l’aire protégée.

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Table des matières

Introduction
1. Discours des acteurs de la GCRN et présentation du contexte d’intervention
1.1. Une présentation générale de la GCRN dans la Vallée du Sitatunga
1.2. Les mutations socio-économiques et l’influence de l’occidentalisation dans le monde rural
2. L’ « arène communautaire » : Entre Jeux de stratégie et de pouvoir
2.1. Les « préférences collectives au-dessus de l’intérêt général
2.2. Une instabilité partenariale des décideurs de la GCRN
3. Quelles pistes de réflexion pour améliorer la collaboration des acteurs dans la gestion communautaire ?
3.1. Renforcer l’ancrage de l’organisation sur sa zone d’intervention
3.2. Mieux comprendre et aborder l’hétérogénéité des communautés dans la GCRN
Conclusion

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