DIOURBEL , ville escale : processus d’urbanisation et conflits fonciers de 1890 à 1980

Les mutations urbaines en Afrique et dans le monde sont devenues des sujets de réflexion qui préoccupent depuis un peu longtemps les chercheurs des domaines de l’urbanisme, de l’économie, du social mais également les historiens qui s’intéressent à l’histoire évolutive des grandes villes actuelles. Il est noté de nos jours, que les villes ont connu des transformations rapides sur l’ensemble des aspects qui les composent.

Le phénomène urbain est souvent expliqué avec les critères de démographie, l’existence des biens et services et l’emploi qui font que la ville est très accueillante. En effet, les transformations rapides et dynamiques que connaissent certaines villes en Afrique sont devenues des thèmes qui soulèvent le problème de la croissance démographique accélérée par un exode rural massif, dont la conséquence en est une densité assez forte dans les villes. Cette croissance urbaine « va jusqu’à 7% par an ». L’urbanisation reste un des faits qui ont marqué le monde au début du XIXe et surtout à la fin du XIXe siècle. Au cours de ce siècle, les centres urbains sont transformés en des lieux de concentration d’hommes et des biens.

En Afrique, le processus d’urbanisation ne cesse de continuer son chemin et de s’accélérer. Industrialisée ou non, la ville accueille des populations actives d’horizons divers et offre une diversité de main d’œuvre. Les actifs sont répartis dans tous les secteurs d’activité. Cependant, il faut remarquer que le secteur de l’informel regroupe le nombre de travailleurs le plus important, mais le moins qualifié. Ils mènent des activités du petit commerce et les petits métiers.

Par ailleurs, la dynamique urbaine n’est pas un fait récent. Les pays occidentaux ont amorcé leur urbanisation après la découverte des techniques. Elle y remonte selon J. Chapuisat, des années 1840. Pendant cette période dit-il « la gestion de l’espace devient le théâtre de profondes mutations. Dans la société européenne la bourgeoisie industrielle et commerçante entraine une remise en cause tant culturelle qu’économique la propriété foncière traditionnelle. Ainsi dans les institutions l’Etat s’octroie désormais un rôle dans le domaine de l’urbanisme qui devient une politique.» Dès lors, la révolution industrielle associée à celle des transports et des techniques agricoles, ont conduit en Europe à une urbanisation favorisée par le déplacement des ruraux vers les centres industriels pour la recherche du travail. Pour ce fait, afin d’alimenter leurs industries naissantes, les Européens, déjà présents sur les côtes africaines, ont senti le besoin de pénétrer l’intérieur du continent. C’est dans un tel contexte que certaines villes de l’intérieur sont nées. Elles sont créées et administrées par des Européens en vue de développer le capitalisme. Elles permettent de faciliter les échanges de produits entre les comptoirs et les métropoles. Désormais un nouveau bouleversement des rapports sociaux entre les colons et les populations survient. Ils leur apportent de nouvelles cultures de rente qui prirent une grande place au détriment des cultures vivrières. C’est en parlant de changement de rapports sociaux que P. Nicolas et M. Gaye écrivent : « la mutation économique et sociale fut fantastique: progressive, les esclaves passèrent de l’état de marchandises à celui de d’outils de production agraire » A partir de ce moment on peut dire que la spécialisation dans la production est mise en place dans les colonies françaises. Le Sénégal, pour sa part est reconnu comme producteur principal de l’arachide. Cette culture était pratiquement mise en œuvre dans les terres agricoles du bassin arachidier, situées dans le Sine et le Baol. Cette politique agricole des colonisateurs a également contribué à l’essor des villes traditionnelles. Ces villes de l’intérieur sont considérées comme des points de traite et d’acheminement des produits vers la métropole facilité par l’existence d’un chemin de fer traversant les villes appelées : « villes escales ». Parmi lesquelles villes nous nous intéressons à celle de Diourbel, qui est traversée par le chemin de fer. La voie ferrée permettait de relier les différents comptoirs qui servent de stock de marchandises locales.

Cependant la dynamique urbaine africaine n’est plus à nier certes, mais il faut reconnaitre aussi qu’il existait des cités urbaines en Afrique noire. Dans un travail de recherche Fatou Sow (1980) a montré que les sources arabes ont découvert de nombreux sites urbains dans les royaumes ouest africains comme Ghana, Tékrur, Aoudaghost, Gao, Silla Djenné et Tombouctou, etc. Tous les chercheurs reconnaissent que l’essor du commerce transsaharien a permis les échanges de produits entre l’Afrique et le monde méditerranéen et a joué un rôle déterminant dans le processus de mutation des villes en Afrique.

On ne peut parler de la ville sans évoquer les multiples problèmes sociaux, économiques, politiques et juridiques que celle-ci génère dans sa globalité. Dans la ville se retrouvent la pauvreté, l’insalubrité, l’insécurité, et la délinquance, etc. A cet effet, les pouvoirs publics et les organisations humanitaires sont interpelés pour un mieux-être des populations dans les cités fortement urbanisées.

DIOURBEL, VILLE ESCALE: LES DEBUTS DE L’HISTOIRE URBAINE 

PRESENTATION PHYSIQUE ET GEOHUMAINE DE LA VILLE

Les données physiques 

La situation géographique
La région de Diourbel couvre une superficie de 4359 km2 soit 2,2% de la superficie totale du pays. Elle est donc la plus petite région après la région de Dakar. Diourbel est située entre les parallèles 14°30 ET 15°02, et les longitudes 15°42 et 16°42. D’une façon générale, elle est limitée

– au nord par la région de Thiès et la région de Louga.
– au sud par la région de Fatick et la région de Thiès
– à l’Est, elle est limitée par les régions de Fatick et de Louga ;
– à l’Ouest par la région de Thiès.

Diourbel est une ville située à 150km de la capitale Dakar. Elle est totalement enclavée par les trois régions que sont Thiès, Fatick et Louga. La région est sans relief ni littoral connus. Elle est plutôt aride, car il n’y a aucun cours d’eau qui la traverse dans toute son étendue. Quant à la commune de Diourbel proprement dite, elle est limitée au nord par la commune de Touré Mbonde, à l’Est par la commune de Patar, à l’Ouest par la commune de Ngohé et au Sud par la commune de Toki Gare.

La végétation et le climat 

La situation géographique de Diourbel comme région centrale du pays avec absence de littoral et cours d’eau laisse observer une végétation de savane arbustive. La végétation herbacée existe dans l’ensemble de la région, mais disparait un peu après la saison des pluies. Le climat caractéristique de la région est le climat chaud et sec. Celui-ci joue un rôle capital dans le développement socio économique de la région. Ainsi c’est de son évolution que les activités de presque tous les secteurs d’activité dépendent. Elle connait une variation de température (chaud, humide) les températures élevées impactent directement ou indirectement sur la détérioration des constructions.

Le relief et les sols 

La région de Diourbel présente un relief relativement plat. Cependant elle dispose de quelques cuvettes et quelques formations dunaires. Sur le plan économique, Diourbel est une région à vocation essentiellement agricole. Les sols sont sableux, perméables et légers. Ces sols, surtout les sols « Dior » sont fertiles aux cultures de l’arachide, du mil, du niébé etc. par conséquent son espace agricole est d’un intérêt économique primordial. Ce qu’auraient compris les autorités coloniales en s’installant à Diourbel afin d’avoir le monopole garanti du contrôle économique du cercle. La commune regorge également des ressources en matériaux très utiles dans les constructions des bâtiments. On note les sables de dunes qui sont un matériau utilisé dans la maçonnerie et le calcaire dans la construction des grands édifices et dans la voirie. Tous les types de sols sont aptes à la construction.

Les données démographiques

La population du Baol ancien est en majorité wolof. Mais on y rencontre un nombre important de Sérères, Les Halpulaars sont aussi présents et représentés par les Peuhls, Toucouleurs et Laobés. Les mandingues surtout les Sarakolés ont également habité le pays. Cependant selon les sources de l’histoire, les premiers habitants du Baol étaient les Sossés qui ont été repoussés plus au sud par les Sérères venus du Fouta Toro fuyant l’islamisation des peuples du Nord entre le XIe et le XIIe siècle. Il est à noter que ces Sérères étaient concentrés à l’Ouest et au Sud près de la frontière avec le royaume du Sine.

Les origines des peuples du Baol 

Après la dislocation du grand Djolof en 1549 suite à la guerre de Danki, tous les Etats vassaux dépendants de ce royaume prirent leur autonomie. Le Baol, le Cayor, le Saloum, le Sine et le Walo devinrent indépendants et se développèrent à l’intérieur du pays. Mais avec l’arrivée du colonisateur, ces provinces changèrent et tombèrent sous la main des Français après plusieurs tentatives de résistance organisées par les rois gouvernant ces royaumes. Ainsi, le Français avec une volonté politique, derrière laquelle une exploitation économique des ressources, organise les grands centres en villes commerciales et administratives. A cet effet, le développement un peu poussé de la ville attira un nombre important de personnes. Les flux de migration vers les villes centres sont notoires.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : DIOURBEL, VILLE ESCALE: LES DEBUTS DE L’HISTOIRE URBAINE
CHAPITRE I: HISTOIRE ET FONCTIONS DE LA VILLE
I. HISTOIRE DE LA VILLE
A. PRESENTATION PHYSIQUE ET GEOHUMAINE DE LA VILLE
a. Les données physiques
1) La situation géographique
2) La végétation et le climat
3) Le relief et les sols
b. Les données démographiques
1. Les origines des peuples du Baol
2. La diversité ethnique
B. LES FAITS HISTORIQUES
II. LES FONCTIONS DE LA VILLE
A. LES FONCTIONS POLICO- ADMINISTRATIVE
B. LA FONCTION COMMERCIALE
C. LA FONCTION CULTURELLE
D. LA FONCTION RELIGIEUSE
I. Les facteurs de la naissance du centre urbain
A. Le chemin de fer
B. L’industrialisation
C. L’économie et le transport
II. La municipalité
DEUXIEME PARTIE : LE PROCESSUS D’EXTENSION URBAINE DE LA VILLE
Chapitre I : l’occupation de l’espace urbain
I. Naissance des premiers quartiers
II. L’extension de la ville
III. La structure urbaine de la ville
IV. La typologie de l’habitat
1. L’habitat moderne
2. L’habitat ancien
3. L’habitat périurbain
Chapitre II. Les équipements urbains
a) Les équipements administratifs et techniques
b) Les infrastructures éducatives
c) Les infrastructures sanitaires
d) Les équipements culturels et sportifs
e) Voirie et équipement des principaux quartiers
TROISIEME PARTIE : LA GESTION DU FONCIER URBAIN A DIOURBEL : ETAT DES FAITS ET PERSPECTIVES
CHAPITRE I : DOMAINE NATIONAL ET TERRES ANCESTRALES
I – la loi du domaine national et ses contraintes
II- l’appropriation des terres
a) Les règles coutumières
b) La Municipalité et des terres
CHAPITRE II : LES CONFLITS FONCIERS ET REGLEMENTS
I- Les causes des conflits
a) L’héritage
b) Les délinquants fonciers
II- Les instances de règlement des conflits
a) Le règlement à l’amiable
b) La saisine de la justice
Conclusion

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