DIFFICULTES ET ENJEUX D’UNE EDUCATION AUX RISQUES

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Les grands concepts associés au risque – Eléments de réflexion et questionnements

Dans de très nombreux textes, le risque est vu comme une interaction entre un aléa et une vulnérabilité, ou plus simplement, une source de danger et une cible. Patrick Pigeon indique que ce partage remonterait à la Renaissance [PIGEON, 2005]. Ce couple distinguerait en effet deux approches : « la physicienne, voire naturaliste, qui étudie « le milieu physique » et l’humaniste, tournée vers les « sociétés humaines » » [ibidem, p. 39]. L’étude des risques est-elle encore aujourd’hui subdivisée entre le pôle physique consacré aux aléas et le pôle humain consacré plutôt à l’étude de la vulnérabilité ? L’objectif des deux premières sections consiste à apporter des éléments de réflexion et de questionnement autour des termes d’aléa et de vulnérabilité. La troisième section sera consacrée au terme de précaution en questionnant son lien avec celui de prévention. Enfin, la dernière section propose de porter la focale sur un terme en vogue dans le domaine des risques, celui de la résilience.

L’aléa ou la source du danger – Un premier « versant » du risque complexe

En première lecture, l’aléa est défini « par une probabilité qui prend en compte deux caractéristiques, l’occurrence et l’intensité du phénomène considéré » [DAUPHINE, 2005, p. 17]. Bernard Guézo va plus loin en définissant l’aléa technologique : « c’est en tous points du territoire connaître pour un type d’effet donné l’ensemble des événements qui peuvent toucher ce territoire »23. L’aléa fait partie de ces éléments qui entrent dans le cadre de l’identification du risque industriel majeur. Bien qu’il s’agisse de la source du danger, sa prise en considération se révèle complexe. Cette section propose de mener une réflexion sur ce premier « versant » du risque, pour reprendre la formulation de Vincent Boudières [2008]. La première sous-section traitera des écueils inhérents à l’emploi du terme d’aléa ; tandis que la seconde portera la focale sur la thématique de la défaillance humaine qui peut constituer la cause d’un accident industriel.

Est-il pertinent d’employer le terme d’aléa ?

Le premier écueil rencontré lorsque l’on parle d’aléa est la difficulté de le déterminer avec précision du fait de la « connaissance toujours incomplète du phénomène » [DAUPHINE, 2005, p. 18]. De plus, il semblerait que ce terme soit emprunté à la démarche employée dans le cadre de l’identification des risques dits naturels [MARTINAIS, 2010a, pp. 206-207]. En effet, le terme d’aléa naturel, d’usage plus ancien, renvoie à la probabilité que survienne un événement d’origine naturelle. Emilie Rioust revient également sur ce terme en développant l’exemple du risque d’inondation urbaine. Comme dans beaucoup de risque « naturel », l’aléa sera défini selon un aléa de référence qui permettra d’élaborer un zonage pour la mise en place d’une règlementation sur les usages du sol par exemple [RIOUST, 2012, p. 71]. Cette démarche semble plus difficile pour le risque industriel majeur. En effet, il semblerait que le calcul des probabilités est basé « sur la compilation d’événements survenus dans le passé. Or, dans le domaine des risques industriels, il n’existe pas de données statistiquement établis » [PROPECK-ZIMMERMANN, SAINT-GERAND & BONNET, 2007]. C’est le cas des dépôts localisés à Vitry-sur-Seine et à Montréal-Est qui n’ont pas connu d’accident majeur ayant dépassé leur périmètre d’installation. Il apparaît donc difficile de caractériser l’aléa selon une référence qui n’existe pas.

Des pistes de réflexion quant à l’erreur humaine – Les travaux de Corinne Bieder

La défaillance humaine, ou « erreur humaine », participe à expliquer dans de très nombreux cas la survenue d’accident industriel. Il pourrait sembler intéressant, à première vue, de rendre les systèmes techniques plus autonomes ou automatiques. Mais il apparaît difficile de se passer de la composante humaine : « L’homme a des qualités d’adaptation et de décisions irremplaçables en situation non prévue ou incertaine » [COLLEGE DE LA PREVENTION DES RISQUES TECHNOLOGIQUES, 1994, p. 72]. Il convient avant toute chose de décortiquer la question de la sécurité d’un système industriel. A première vue, il existe des pistes pour limiter autant que possible l’erreur humaine, telles les nombreuses formations pour le personnel ou bien l’amélioration des conditions de travail des opérateurs [Ibidem, p. 73]. Mais il semblerait que la question soit plus complexe qu’il n’y parait.
Pour Corinne Bieder, qui a écrit Les facteurs humains dans la gestion des risques : évolution de la pensée et des outils [2006], la sécurité d’un système industriel dépendrait de la fiabilité du système technique couplée à l’application stricte de procédures de la part des agents humains. Selon elle, la plupart des accidents résulteraient « de déviations par rapport aux procédures » [BIEDER, 2006, pp. 45-46]. Toutefois, cette auteure s’interroge dans la mesure où l’application de procédures laisse à l’opérateur la possibilité de certaines interprétations pour au final accomplir l’action attendue. « L’explication des erreurs humaines en termes de manque de formation, de discipline ou encore de sélection est souvent mise en avant pour interpréter les écarts à la procédure, et guide encore un grand nombre de décisions en entreprise » [ibidem, p. 52]. Dans ses réflexions, cette auteure propose une formule plus précise de la sécurité d’un système industriel [BIEDER, 2006, p. 67] :
– « conception technique garantissant l’existence d’un domaine sûr ;
– l’explication/l’exposition des frontières de ce domaine (et des marges restantes pour permettre d’anticiper une éventuelle excursion hors de ce domaine) ;
– le maintien par l’opérateur de son fonctionnement à l’intérieur de ce domaine ».
Ainsi, il semble préférable de parler d’un domaine, d’une enveloppe de chemins sûrs qui permettent de s’affranchir d’une conception bornée de la sécurité, où le moindre écart serait considéré comme une erreur humaine. « L’opérateur effectue par conséquent sans cesse des compromis, des arbitrages entre des objectifs conflictuels qui lui sont, pour certains, assignés de l’extérieur, comme ses objectifs professionnels, et d’autres qu’il s’assigne lui-même de façon consciente ou non » [Ibidem, 2006, p. 71]. Il n’est donc pas possible de détailler de manière précise les procédures dans le sens où il existe une variabilité de la performance dépendant de facteurs externes ou internes. Voici un exemple qui permet d’illustrer ce qui vient d’être dit :
Pour reprendre l’exemple tragique de la collision en vol au dessus du lac de constance en juillet 2002, si la première réaction et analyse des média s’est cantonnée à l’erreur humaine inacceptable du contrôleur de la circulation aérienne qui n’avait ce jour là que très peu d’avions à gérer, l’enquête s’est par la suite intéressée aux « circonstances » d’un tel accident. C’est alors que des dysfonctionnements dans l’organisation ont été mis au jour, à l’image de la présence d’un seul contrôleur sur une position sur laquelle deux sont normalement prévus. En d’autres termes, si au final l’erreur humaine du contrôleur, son instruction contraire à la procédure qui donne priorité au système automatique embarqué, a « conduit » à la collision en vol de deux avions, les conditions dans lesquelles il exerçait ce soir là étaient rendues, par des dysfonctionnements ou défaillances organisationnelles multiples, particulièrement favorables à la survenue d’une telle erreur et davantage encore à sa non récupération.

Le facteur urbain et démographique

Ce facteur regroupe en fait deux éléments : celui lié à la croissance démographique et urbaine ainsi que son accélération d’une part ; et les modes d’occupation du sol d’autre part. Ce facteur est essentiel à prendre en compte au sein de toute réflexion sur la gestion des risques en milieu urbain. En effet, dans le cas des risques industriels majeurs, la vulnérabilité sera qualifiée de faible si l’installation est placée dans un secteur vierge de toute construction, loin de la zone urbaine dense. Mais, et cela a été très souvent le cas, lorsque l’urbanisation rattrape ces zones faisant des terrains vierges des espaces destinés à la construction résidentielle ou commerciale, la vulnérabilité se met à augmenter brusquement. On se retrouve donc dans une situation paradoxale où le risque industriel majeur augmente, non pas du fait de l’entreprise, mais du fait de l’urbanisation de zones aux abords directs de cette entité.

Le facteur socio-économique

Ce facteur peut être lié au premier du fait des modifications du mode d’occupation du sol permettant l’installation de zones résidentielles. Dans certains cas, face à un exode rural massif, à une augmentation des prix du terrain dans certaines portions des espaces urbanisés, les populations à faible revenu peuvent se voir contraintes d’occuper des terrains plus en périphérie, parfois proches d’installations présentant un danger [DAUPHINE, 2005, p. 58]. Ainsi, non seulement les espaces urbains rattrapent les zones industrielles, mais ce serait les individus les plus pauvres qui résideraient dans ces lieux.
A ce niveau de la réflexion, plusieurs questions émergent. Que vont devenir dans le long terme ces constructions ? Font-elles l’objet d’une modification pour accroître leur résistance face à une déflagration par exemple ? Comment se comporte les prix du foncier et ceux de l’immobilier dans les espaces qui avoisinent les établissements industriels à risques ? Ce sujet est abordé par André Dauphiné qui affirme que les « personnes aisées sont moins frappées que les pauvres, car ils vivent dans des sites moins dangereux, à l’écart des aires inondables ou des zones industrielles ; ils vivent aussi dans des résidences plus solides » ; et qu’une « partie de leur richesse est préservée hors du site ravagé par la catastrophe, par exemple sous la forme d’un compte en banque ou d’actions » [DAUPHINE, 2005, p. 23]. Il s’agit toutefois d’une situation générale qui ne se retrouvera pas exclusivement sur l’ensemble des territoires concernés par un risque majeur. Ce peut être le cas des aires inondables au sein de la région parisienne. Les bords de Seine, pourtant inondables, sont des secteurs où il est fréquent de trouver des prix du foncier élevé, à la différence d’autres secteurs du territoire pourtant non concernés par le risque inondation.

Les facteurs psycho-sociologique, culturel et historique

Au regard des deux derniers facteurs mentionnés, des populations nouvelles ont pu s’installer à proximité d’établissements présentant un danger. Comment perçoivent-elles ce voisinage ? Sont-elles conscientes de la mitoyenneté d’une telle zone et des dangers qui lui sont inhérents ? C’est ce qui forme le facteur psycho-sociologique de vulnérabilité. C’est par ailleurs ce dernier qui fait l’objet de travaux de recherche, en sociologie notamment, portant la focale sur les conditions de construction d’une telle perception. Ces travaux vont en outre apprécier la sur-estimation ou la sous-estimation du risque industriel majeur sur les territoires qui y sont confrontés. De plus ce facteur semble pouvoir être lié au facteur culturel et historique de vulnérabilité. D’Ercole aborde surtout le cas de « la transculturation imposée par les colonisations et l’adoption de modèles occidentaux (comme les types de constructions), peu conformes aux besoins de sécurité des P.E.D.26 » [D’ERCOLE & alii., p. 89]. Le facteur historique peut toutefois être invoqué dans la démarche comparative franco-québécoise puisque, et nous y reviendrons, le Québec n’a pas connu sur son sol d’accidents industriels majeurs en site fixe comme ce fut le cas pour la France, notamment à Feyzin dans les années 60 ou à Toulouse en 2001. Ce constat explique en partie les différences observées de part et d’autre de l’Atlantique en matière de règlementation sur l’aménagement autour des établissements industriels sources de dangers.

Le facteur technique

Ce facteur fait référence aux matériaux de construction qui peuvent être inadaptés. En effet, les constructions ne possèdent pas toutes une protection adéquate. Lors d’un accident industriel et particulièrement lors d’une fuite toxique, la conduite à tenir est le calfeutrage chez soi (fenêtres, portes, aération fermées), plus communément appelé le confinement27. Concrètement, le confinement peut passer par l’identification d’une pièce « avec une façade qui ne regarde pas l’usine, à l’opposé du nuage » [TURKMEN, 5 décembre 2012].
Aujourd’hui, de nombreux individus rencontrés sur le terrain ont indiqué que cette démarche est plutôt nommée mise à l’abri, terme plus positif que celui de confinement. Cependant, si les fenêtres ne résistent pas à une déflagration (comme ce fut le cas à Toulouse en 2001), ou si le toit s’effondre, l’individu n’est plus du tout sécurisé. Malgré tout, peut-on concevoir une pérennisation des espaces résidentiels côtoyant les entités industrielles à risque si elles possèdent une protection efficace contre tout type d’accident ?

Le facteur fonctionnel

A la différence des facteurs précédemment mentionnés qui font plutôt référence à la dimension de la prévention, c’est-à-dire en amont de la concrétisation d’un risque en catastrophe, ce facteur touche aux dimensions plus en aval de l’intervention et du rétablissement. Il s’agit ici du registre de la gestion des crises tant abordé par Patrick Lagadec. Ce dernier fait apparaître, au sein de ses travaux, la grande difficulté qu’éprouvent les collectivités à répondre à ces perturbations ; car pour reprendre ses termes, il faut « travailler avec de l’exceptionnel ». Il est par conséquent difficile de prévoir l’imprévisible. Les crises, sans exception, apportent leur lot d’imprévus et les différents plans préparés, aussi complets soient-ils, ne pourront jamais donner les clés d’une gestion parfaite de crise. Aujourd’hui encore, à la vue des différentes crises de toute nature qui ont secoué certains territoires, il est possible de prendre la mesure de l’importance de ce facteur dans une démarche de diminution de la vulnérabilité.

Les facteurs institutionnel et politico-administratif

La puissance publique peut souvent être vue comme la garante de la sécurité concourant à la diminution de la vulnérabilité. Cependant, ne peut-elle pas faire l’objet de dysfonctionnements ? La gestion des risques peut se faire à plusieurs échelles (nationales, régionales, locales) ; mais des défaillances peuvent se produire en termes de relais, de communication, ou de coordination. Pour illustrer ce facteur, D’Ercole mentionne la présence de politiques laxistes dans les pays en voie de développement. Toutefois, les pays anciennement industrialisés ne sont pas à l’abri de défaillances institutionnelles et administratives. C’est particulièrement le cas lorsque la gouvernance du territoire est complexe du fait des niveaux scalaires de décision et de l’éventail d’acteurs devant se coordonner et communiquer pour faire face à une crise majeure. Les chapitres quatre et cinq reviendront sur l’exemple du Plan de Prévention des Risques Technologiques (P.P.R.T.) qui connait dans certains cas des difficultés importantes. Ces difficultés qui compromettent leur élaboration, voire leur application ne contribuent-elles pas à augmenter la vulnérabilité ? Selon Thouret et D’Ercole, « la qualité des facteurs institutionnels peut être évaluée de deux manières : directement par l’analyse des textes légiférant en matière de risque en milieu urbain ; indirectement par l’impact des textes réglementaires mesuré à deux pas de temps, en situation de crise latente et au moment de l’urgence et de la catastrophe » [THOURET & D’ERCOLE, 1996, p. 413].

Les facteurs géographiques et conjoncturels

A l’ensemble des facteurs abordés ci-dessus peuvent être ajoutés les facteurs géographiques et conjoncturels complexifiant la démarche d’identification de la vulnérabilité [THOURET & D’ERCOLE, 1996, pp. 413-415]. Bien que ces deux auteurs exploitent la thématique du risque « naturel », les paramètres spatio-temporels se révèlent importants à prendre en compte lors d’une catastrophe industrielle. « Le lieu et le moment précis de l’impact constituent les données primordiales d’extension et de durée d’une catastrophe » [Ibidem, p. 414]. En effet, il apparaît qu’un accident industriel dans un contexte de périphérie urbaine en pleine nuit, n’aura pas les mêmes conséquences que le même accident en centre-ville et en plein jour. A cela peuvent être ajoutés des paramètres qui vont aggraver les facteurs géographiques. « C’est la coïncidence entre les caractéristiques spatio-temporelles de l’impact et l’émergence des dysfonctionnements contingents, internes ou externes, qui provoque l’impact catastrophique d’un phénomène [naturel], c’est-à-dire soudain, violent et dévastant une grande surface » [ibidem, p. 415]. En d’autres termes, si en plus d’avoir lieu en pleine nuit l’accident prend place dans un contexte où le personnel de l’urgence a été réquisitionné ailleurs, il est possible de prendre la mesure de la crise qui en découlera.

Une relation ambigüe entre précaution et prévention

Au premier abord, la prise de mesures de prévention et la prise de mesures de précaution semblent constituer des synonymes. Néanmoins, une distinction est nécessaire. De manière juridique, il apparaîtrait que la précaution, à la différence de la prévention, trouve sa place dans des textes internationaux auxquels se réfère la France notamment [LARROUY-CASTERA & OURLIAC, 2004, p. 18].
Tel qu’énoncé plus haut, la notion de précaution sous-entend une incertitude scientifique à propos d’un danger. Charbonneau rappelle qu’une démarche préventive vise à adopter des mesures fondées sur des certitudes scientifiques ce qui correspondrait donc à l’inverse d’une démarche de précaution [CHARBONNEAU, 2001, p. 14]. Pour autant, cet auteur précise que l’incertitude scientifique est déjà inscrite et sous-entendue dans la démarche de prévention : « La prévention classique a, à vrai dire, depuis longtemps intégré l’incertitude scientifique, généralement révélée par le retour d’expérience, grâce à des procédures administratives adéquates prévoyant par exemple, la réactualisation des études préliminaires de risque et des autorisations préalables qui en découlent » [Ibidem, pp. 14-15]. L’auteur trouve d’ailleurs « absurde » de distinguer ces deux notions puisque la précaution implique une démarche de prévention.
L’acception de la précaution comme une exigence forte de la prévention se retrouve dans les écrits de la revue Préventique sécurité d’avril 2001 [SEILLAN, 2001, pp. 4-9]. La nouveauté se situerait dans le fait qu’il faille aujourd’hui accorder une attention particulière aux situations d’incertitude à la différence de la prévention « traditionnelle » qui « visait des phénomènes connus dans leurs causes et effets » [ibidem, p. 7]. Ainsi, il semble qu’une démarche de précaution ne puisse se concevoir sans une démarche de prévention. Certains auteurs proposent même de lire la précaution comme un principe d’action et non un principe d’abstention [NOIVILLE, 2003, p. 73 ; GODARD, 2011].
Cependant, il convient de préciser de quelle prévention l’on parle. En effet, au sein de l’ouvrage collectif de Godard, Henry, Lagadec et Michel-Kerjan, il est possible de lire que le terme de prévention repose sur deux sens. Le premier, qualifié d’englobant par les auteurs, « recouvre toute démarche visant à empêcher la survenue de certains événements jugés indésirables » [GODARD, HENRY, LAGADEC & MICHEL-KERJAN, 2002, p. 119]. Cette première acception est peu satisfaisante dans le sens où il s’agirait d’empêcher la survenue de l’événement. Est-il possible, notamment dans le cadre du risque industriel majeur, d’empêcher la survenue d’un événement ? Le risque zéro n’existant pas, les mesures de prévention dites techniques ne pourront supprimer l’éventualité d’un accident. C’est pourquoi les auteurs dégagent un deuxième sens à la prévention qui « vise des risques collectifs avérés et [qui] s’adosse à l’appréhension statistiques des risques » [ibidem, p. 123]. Bien que celle-ci semble correspondre à ce que l’on observe sur le terrain, cette seconde acception peut également faire l’objet d’une discussion, notamment sur la possibilité d’appréhender statistiquement un risque qui par définition est immatériel. Cette deuxième acception de la prévention se retrouve dans les propos de Rychen et Pivot pour qui cette dernière « n’a de sens que dans une perspective d’anticipation, postulant que l’on peut prédire, au moins en probabilité, les différentes conséquences possibles » [RYCHEN & PIVOT (dir.), 2002, p. 33].
Alors que la prévention s’appliquerait dans un cadre statique, la précaution semble se placer dans un contexte dynamique et évolutif [TREICH, 2001, p. 30]. Cette recherche tentera de montrer que les réponses mises en oeuvre pour faire face aux risques industriels majeurs ont évolué au cours de l’histoire. Est-il concevable d’y voir une illustration du principe de précaution, ou bien s’agit-il d’une évolution dans les mesures préventives adoptées ?
Selon Patrick Peretti-Watel [2000], le principe de précaution ferait perdre le monopole des ingénieurs au regard de la gestion des risques. En d’autres termes, il s’agirait d’une reconnaissance de l’insuffisance de la réponse technicienne : « […] la mise en oeuvre concrète du principe de précaution reste extrêmement complexe : elle dépend de l’appréciation et de l’acceptabilité des risques, qui ne peuvent être seulement l’affaire d’experts et de scientifiques, mais qui devient l’affaire du monde politique et de la société toute entière […] » [LARROUY-CASTERA & OURLIAC, 2004, p. 16]. Pour Valérie November [2002, p. 3], « […] la prévention s’inscrit plutôt dans un idéal d’ingénieur et de perfection technique, la précaution incorpore la dimension de la fiabilité humaine et de dynamique sociale » [NOVEMBER, 2002, p. 3]. Sans négliger pour autant la réponse technicienne, il semblerait que les réponses apportées pour faire face aux risques industriels majeurs notamment doivent être élargies, au même titre que le débat, à un éventail d’acteurs plus large. La suite de cette recherche aura l’occasion de montrer cet aspect à de multiples reprises, notamment au sein du chapitre trois. D’une manière générale, outre la réponse technique de réduction du risque à la source, d’autres réponses ont été mises en oeuvre mobilisant un panel d’acteurs plus large que l’industriel, l’ingénieur et la municipalité. Ce peut être l’exemple de la maîtrise de l’urbanisation (chapitre quatre) ou bien celui de l’éducation aux risques (chapitre sept).
La précaution et la prévention entretiennent une relation ambigüe ; et il est complexe d’en identifier une frontière claire. C’est la raison pour laquelle dans cette recherche, les termes de prévention et de précaution seront peu mobilisés. A ces derniers sera préféré le terme de réponse qui semble plus approprié pour parler des mesures mises en oeuvre de part et d’autre de l’Atlantique pour faire face à un risque industriel majeur. La chapitre trois y reviendra plus en détail.
La dernière section de ce chapitre abordera un vocable qui se révèle de plus en plus employé par un éventail d’acteurs sans cesse plus large (urbaniste, politique, associatif), celui de la résilience.

Le succès de la résilience

Au cours des dernières décennies, la vulnérabilité a été au coeur d’un grand nombre de travaux de recherche. Il est possible d’observer le même phénomène sur un terme qui lui est en partie lié, celui de la résilience. Après avoir retracé les origines du terme, quelques éléments de définition seront apportés. Puis, la focale sera portée sur quelques facteurs qui, comme pour la vulnérabilité, permettraient de faire évoluer la résilience à la hausse comme à la baisse. Enfin, comme dans les sections précédentes, des éléments d’interrogation seront avancés tout en en ne manquant pas de rappeler les débats en cours dans la plupart des travaux de recherche.

Aux origines de la résilience – Un terme venu des sciences « dures »

La résilience trouve son origine dans les sciences dites dures. Dans la physique en effet, ce terme désigne la « capacité d’un objet à retrouver son état initial après un choc ou une pression continue »30. Il a par ailleurs des origines latines puisque resilio signifie « faire un bond en arrière » ou « rebondir » [REGHEZZA, 2006 ; DAUPHINE & PROVITOLO, 2007, p. 116]. Cependant, c’est un autre terme latin que l’on retrouve dans les propos d’Antoine Le Blanc : re-salire qui aurait la même signification [LE BLANC, 2012, p. 64].
Serge Tisseron associe plutôt le terme à celui de résiliation [TISSERON, 2009, p. 8]. En effet, cette notion de bond en arrière y est présente ; et au Moyen Âge, on parlait plutôt de se rétracter ou de se libérer d’obligations contractées. La langue anglaise, tout en gardant l’idée du bond en arrière, va avoir tendance à porter la focale sur « l’importance du choc et le fait de reculer pour mieux sauter » [TISSERON, 2009, p. 8]. Par ailleurs, cet auteur ne manque pas de rappeler que la résilience est également utilisée en psychologie où elle désigne la capacité de surmonter et de se reconstruire après un traumatisme.

Eléments de définition applicables dans le domaine du risque

De nombreux auteurs peuvent avoir leur propre définition de la résilience [TISSERON, 2009]. En première lecture, elle pourrait se définir comme « la capacité des territoires vulnérables à réagir, à […] absorber le choc ou à […] atténuer les effets » [DUBOIS-MAURY & CHALINE, 2004, pp. 27-28].
Au niveau international, les Nations Unies la définissent comme « l’aptitude d’un système, d’une collectivité ou d’une société potentiellement exposé à des aléas à s’adapter, en opposant une résistance ou en se modifiant, afin de parvenir ou de continuer à fonctionner convenablement avec des structures acceptables. La résilience d’un système social est déterminée par la capacité de ce système à s’organiser de façon à être davantage à même de tirer les enseignements des catastrophes passées pour mieux se protéger et à réduire plus efficacement les risques » [NATIONS UNIES, 2005, p. 9]. Cette définition est donc assez large puisqu’elle révèle une résilience pouvant se traduire par une résistance ou bien par une adaptation.
Dans un registre plus proche du génie urbain, certains auteurs définissent la résilience comme « la persistance des relations à l’intérieur d’un système » [BARROCA, SERRE & YOUSSEF, 2012, p. 3]. Ces auteurs ajoutent par ailleurs que les systèmes sont en constante évolution et qu’ils se caractérisent non pas par un état d’équilibre mais par une stabilité générale qui permet de maintenir son fonctionnement.
Dans la langue anglaise, il est possible de lire que la résilience est « the ability to persist and the ability to adapt » [ADGER, 2003, p. 1]. Outre le terme d’adaptation que l’on retrouve encore ici, il ressort également de cette définition celui de persistance. Est-il souhaitable néanmoins de persister dans l’état préexistant ? Toujours dans la langue anglaise, Antoine Le Blanc fait un retour sur une autre définition : « Resilience is the capacity of a social system (e.g., an organization, city or society) to proactively adapt to and recover from disturbances that are perceived within the system to fall outside the range of normal and expected disturbances »31 [LE BLANC, 2012, p. 65]. L’auteur reconnaît à cette définition la prise en compte de la dimension subjective qui participe à l’équation du risque sus-mentionnée.

Le dépôt Canterm à Montréal-Est

Canterm est une compagnie canadienne composée du groupe pétrolier Olco et de la compagnie Neste Canada. Outre son terminal de la Ville de Québec, cette entreprise possède une importante installation à Montréal-Est à l’intérieur de laquelle oeuvrent trente salariés. « Les produits entreposés chez Canterm sont vendus sur les marchés québécois (environ 55%), ontarien (35-40%) et du nord des Etats-Unis (5-10%). Ils sont acheminés principalement par camions-citernes ou par oléoduc » [BAPE, 2006, p. 2]. Les réservoirs sont plus nombreux que ceux du dépôt Delek puisque Canterm en comptait 45 en 2006 d’une capacité totale de 1 506 621 barils58. A ce jour, une douzaine d’autres réservoirs ont été construits d’une capacité allant de 70 000 à 150 000 barils chacun. Cet important épisode fera l’objet d’une focale au sein du chapitre cinq. Tous les réservoirs sont réunis au sein de cinq terminaux portant tous la lettre K. En outre, la palette de produits stockés est plus importante que celle concernant le dépôt français. Les réservoirs de Canterm stockent en effet de l’éthanol, du méthanol, de l’essence, du mazout, du diesel, du bitume, de l’engrais liquide, etc. Ainsi, en plus des phénomènes d’incendie et d’explosion, l’entreprise est susceptible de connaître un événement lié à une fuite toxique (du fait de la présence d’éthanol).

Répondre à un risque – Pour un prisme de lecture

Eléments de définition – Première approche

Emilie Rioust, en citant les travaux de Christine Wamsler60, revient sur l’équation classique du risque à laquelle il serait possible d’y inclure la capacité (ou le manque de capacité) de réponse de la part d’un individu ou d’une organisation [RIOUST, 2012, p. 48]. Elle complètera d’ailleurs son propos en stipulant que deux conceptions de la gestion des risques peuvent s’affronter. D’une part, le risque pourrait être géré selon une conception « interventionniste » qui se traduirait par la construction de « politiques publiques qui se donnent pour objectif d’améliorer la cohabitation de tous les individus avec les risques » [RIOUST, 2012, p. 48]. D’autre part, il pourrait être géré selon une conception plus « libérale », cette dernière insistant sur « la responsabilité de chacun, de manière individuelle [Ibidem]. En conséquence, il appartiendrait à tout un chacun de réduire soi-même sa vulnérabilité. Nous remarquerons que les cas français et québécois peuvent s’inscrire simultanément dans l’une ou l’autre de ces deux conceptions.
Jean Viret distingue deux grandes familles de réponses complémentaires [VIRET, 2011, p.40] : celles qui vont diminuer le risque en amont et celles qui s’inscrivent post-accident (mais qui peuvent toutefois se préparer en amont). Ainsi, cet auteur spécifie quatre étapes dans une démarche de sécurité civile : la prévention, la prévision, la gestion opérationnelle et la gestion post-opérationnelle. Alors qu’il considère la prévention comme des normes techniques auxquelles les bâtiments doivent se fier, ou à des procédures de déclaration ou d’autorisation, la prévision consisterait à informer et à mettre en place des systèmes de surveillance, des dispositifs et des procédures d’alerte [VIRET, 2011, p. 46]. Les documents élaborés par les industriels présentant les mesures d’urgence sont des exemples de planification opérationnelle que cet auteur intègre dans la prévision. En effet, bien que ces mesures seront mises en oeuvre en cas d’accident, elles font l’objet d’une préparation en amont. A noter qu’il prend en compte la dimension post-opérationnelle à comprendre comme la dimension du rétablissement, terme mobilisé, entre autres, par le Centre de sécurité civile de Montréal. Il s’agira de prendre en charge la population sinistrée, de mettre en place des mécanismes d’indemnisation, et des démarches de retour d’expérience [ibidem, p. 48]. Cette typologie se révèle intéressante dans le sens où elle opère un classement des réponses selon que l’on se situe en amont ou en aval de la concrétisation d’un risque.
Jérémie Robert opère également une distinction entre les actions de prévention des risques et celles relatives à la préparation à la gestion de crise [ROBERT, 2012, p. 50]. Bien qu’il reconnaisse que ces champs se situent avant la concrétisation d’un risque, il nomme réponse les actions qui se mettront en place uniquement en cas de crise. Néanmoins, les autres actions de prévention ne peuvent-elles pas être vues comme des réponses participant à diminuer un risque en présence, en agissant notamment sur son équation (aléa, vulnérabilité, représentation) ?
Quelques années auparavant, l’ouvrage Les risques urbains distinguaient quatre familles de réponses [DUBOIS-MAURY & CHALINE, 2004, pp. 33-34] :
– ces dernières peuvent être techniques, relevant des sciences de l’ingénieur. En dépit du fait que le risque ne peut être éradiqué, il semble néanmoins possible d’en atténuer l’intensité ou la probabilité de survenance par des mesures de réduction du danger à la source, appelées mesures de mitigation au Québec. Le terme de mitigation veut en effet dire atténuer ou adoucir [IAURIF, 2003, p. 10]. Des ouvrages améliorant la qualité du bâti industriel, des bassins de rétentions, des matériaux d’isolations spécifiques, peuvent constituer des exemples pertinents de ce type de mesures.
– elles concernent ensuite les réponses de l’aménagement spatial consistant à « limiter la vulnérabilité des territoires qui sont sous la menace éventuelle d’un danger ». Il peut s’agir par exemple de dispositifs limitant l’urbanisation à proximité des installations à risque ou bien d’interventions sur les logements et les infrastructures afin de diminuer leur fragilité.
– l’intervention en situation d’urgence constitue la troisième famille de réponses. Bien que primordiale, elle n’en est pas moins dénuée de difficultés du fait des imprévus propres aux situations de crise qui amputent les capacités d’interventions. Malgré tout, il importe d’identifier les structures mobilisables en cas de crise, ainsi que de préparer les modalités de déplacement, d’aide aux personnes, de transmission d’informations, etc.
– la réponse dite assurantielle constitue la dernière famille. Initialement, l’assurance peut être vue comme un moyen d’indemniser les victimes d’un accident. Dubois-Maury et Chaline insistent sur la grande diversité des formes d’assurances corrélativement à la grande diversité des risques urbains. Il peut être intéressant de s’interroger sur le rôle de l’assureur dans le cas des risques industriels majeurs. Par la modulation de leurs primes en fonction du danger, par leurs exigences sur le plan technique, comme par exemple des normes de sécurité incendie, les assureurs ne participent-ils pas à la réduction des risques ? Il est aussi possible d’y inclure les dispositions financières et fiscales pouvant prendre la forme de taxes ou de pénalités incitant les industriels, par exemple, à entreprendre certains travaux sur leurs installations [MSP, 2008c, p. 59].
En première lecture, le large éventail de réponses abordées ci-dessus pourrait s’appliquer sur tous les territoires confrontés à un risque industriel majeur. Pourtant, l’exploration des cas français et québécois révèle une hétérogénéité dans leur mise en oeuvre. Malgré tout, lorsqu’une réponse est identifiée, il importe de caractériser l’éventail des acteurs qui participent à sa mise en oeuvre.

Une large palette d’acteurs intervenant dans la mise en oeuvre de réponses

La puissance publique n’est pas la seule à apporter des réponses pour faire face aux risques industriels majeurs. Cette section présentera brièvement les types d’individus qui peuvent jouer un rôle dans leurs mises en oeuvre.
– L’industriel tout d’abord, « créateur du risque, […] est le premier agent sur lequel on puisse compter pour la maîtrise du danger » [LAGADEC, 1981, p. 119]. Autrefois à part ou isolé [DUCLOS, 1991, p. 12], l’industriel, sur une base volontaire ou contrainte, ne fait plus cavalier seul et participe de manière significative à la réduction des dangers inhérents à son installation. Il est particulièrement concerné par la mise en place de barrières de sécurité, ainsi que par la transmission d’informations à un public extérieur.
– Le Maire constitue aussi une personne importante de par les nombreux pouvoirs qu’il possède au sein de son territoire. C’est lui qui informe ses administrés de la présence d’un risque, qui autorise certaines constructions ou au contraire les restreint, qui participe à la préparation des mesures à mettre en oeuvre en cas d’urgence, etc.61.
– L’Etat possède un rôle différent selon le pays d’investigation. Par exemple, il incombe aux préfets des départements français d’autoriser ou non l’installation d’un établissement source de dangers. Ce sont également les préfets qui prescrivent, aux territoires municipaux occupés par un établissement Seveso « seuil haut », l’élaboration d’un Plan de Prévention des Risques Technologiques (P.P.R.T.). L’Etat peut même se substituer aux Maires en cas de carences de leur part62.

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Table des matières

PARTIE I – UN RISQUE, DES TERRITOIRES, DES REPONSES 
CHAPITRE 1 : DE QUOI PARLONS-NOUS ? LE RISQUE INDUSTRIEL MAJEUR – DISCOURS, TERMES ET IDENTIFICATION
CHAPITRE 2 : D’OU PARLONS-NOUS ? VITRY-SUR-SEINE ET MONTREAL-EST, DEUX TERRITOIRES, DEUX DEPÔTS PETROLIERS
CHAPITRE 3 : REPONDRE AUX RISQUES INDUSTRIELS MAJEURS -LA CONSTITUTION DE COLLECTIFS ET LA DIMENSION DE L’INTERVENTION
PARTIE II – VIVRE AVEC LES INDUSTRIES ?
REFLEXIONS AUTOUR DE LA MAITRISE DE L’URBANISATION
CHAPITRE 4 : LA PRISE EN COMPTE DU RISQUE INDUSTRIEL MAJEUR DANS L’AMENAGEMENT UNE DIFFERENCE SIGNIFICATIVE DE PART ET D’AUTRE DE L’ATLANTIQUE
CHAPITRE 5 : DELEK ET CANTERM – DEUX ETABLISSEMENTS QUI PESENT DIFFEREMMENT SUR LEUR TERRITOIRE RESPECTIF
PARTIE III – MIEUX VIVRE AVEC LE RISQUE INDUSTRIEL MAJEUR ?
REFLEXIONS AUTOUR DE LA CULTURE DU RISQUE ET DE L’EDUCATION AUX RISQUES
CHAPITRE 6 : DISCUSSIONS AUTOUR DE LA « CULTURE DU RISQUE »
CHAPITRE 7 : DIFFICULTES ET ENJEUX D’UNE EDUCATION AUX RISQUES
CONCLUSION GENERALE 
BIBLIOGRAPHIE

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