Les barrières à l’adaptation et les risques de mal-adaptation

Les barrières à l’adaptation et les risques de mal-adaptation

S’il est clair qu’il faut commencer dès maintenant à penser à adapter nos sociétés au changement climatique, il n’est pas question d’agir avec précipitation, sinon cela risquerait d’engendrer de la « mal-adaptation ». Jared Diamond essaye de montrer dans ses travaux que l’adaptation spontanée des sociétés est insuffisante. On ne peut pas se contenter d’une adaptation réactive. Il faut une adaptation préventive et même transformatrice. C’est dans ce sens que Mark Pelling analyse la dimension sociale de l’adaptation au changement climatique . Il tente de nous montrer que jusqu’ici l’adaptation a été pensée comme l’identification de ce qui doit être préservé et ce dont on peut se passer plutôt que comme ce qui peut être réformé et ce que l’on peut gagner grâce à l’adaptation. Il nous prévient contre le fait que les politiques et pratiques de l’adaptation ne se réduisent à la recherche de la préservation d’un noyau économique plutôt que permettant d’encourager la prospérité des développements culturels, sociaux aussi bien qu’économiques. Il s’agit de comprendre l’adaptation comme un acte social et politique, un acte particulièrement contemporain, qui porte en lui la possibilité de donner une nouvelle forme au futur et aux relations de pouvoirs dans la société. Mark Pelling se réfère à Paulo Freire qui nous met en garde sur le fait que sans une conscience critique, l’adaptation risque de ne se limiter qu’à des efforts qui ne promeuvent que des actions pour survivre mieux avec, qu’à chercher à changer les structures sociales et politiques. Ainsi la forme la plus évidente de mal-adaptation au changement climatique est une adaptation prenant la forme d’une résistance à un nouvel événement qui survient et, par la même, d’une adaptation conservatrice en tant que volonté de retour à un état initial. La tentation de s’adapter à un changement de situation actuel sans penser à l’évolution potentielle de cette situation sur le long terme est si forte et paraît si naturel qu’il convient d’adresser le problème de la mal-adaptation.
La mal-adaptation est définie par le GIEC comme « un changement opéré dans les systèmes naturels ou humains qui font face au changement climatique et qui conduit – de manière non intentionnelle – à augmenter la vulnérabilité au lieu de la réduire » . En ce sens, la mal-adaptation est une adaptation ayant eu l’effet inverse que prévu.
La mal-adaptation peut prendre plusieurs formes. Elle peut résulter d’une utilisation inefficace de ressources comparée à d’autres options d’utilisation possibles. C’est le cas, par exemple, du recours massif à la climatisation individuelle au lieu de l’investissement dans l’isolation. La mal-adaptation peut également se présenter sous la forme d’une réduction de la marge d’adaptation future. Elle peut venir d’une erreur de calibrage, on parle alors de sous-adaptation. Cela se produit dans le cas de la construction d’une digue trop petite par rapport à l’augmentation du niveau de la mer résultant du changement climatique. Et la mal-adaptation est aussi un transfert incontrôlé de vulnérabilité d’un système à un autre, d’une période à une autre, d’un pays à un autre.
Dans le cas de la mise en œuvre d’une coopération transfrontalière pour favoriser l’adaptation au changement climatique, le type de mal-adaptation qui nous intéresse est celui du transfert de vulnérabilité. C’est dans cette perspective que Paul Vergès, président de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) , nous encourage à réfléchir sur l’apport de la coopération transfrontalière pour l’adaptation au changement climatique : « Le transfert de vulnérabilité au-delà des frontières d’un État n’est pas une option acceptable. L’adaptation d’un territoire ne doit pas conduire à fragiliser ses voisins » . Puisque les frontières naturelles ne correspondent pas aux frontières politiques et que donc les bassins de risques dépassent les frontières tracées par les États, l’adaptation au changement climatique des régions transfrontalières est un enjeu transnational. C’est pourquoi il est nécessaire d’intégrer la dimension transfrontalière dans les projets d’adaptation au changement climatique.

La coopération transfrontalière : un type de solution pour éviter la maladaptation.

Selon la Mission Opérationnelle Transfrontalière (MOT), « la coopération transfrontalière correspond aux relations de voisinage qu’entretiennent les collectivités territoriales et leurs groupements de part et d’autre des frontières. »
De plus, le but principal de la coopération transfrontalière est de réduire les effets négatifs des frontières en tant que barrières administratives, légales et physiques, de traiter des problèmes communs et d’exploiter des potentiels inexploités. À travers la gestion conjointe de programmes et de projets, la coopération transfrontalière est en charge d’une large gamme d’enjeux, incluant notamment l’amélioration de la gestion conjointe des ressources naturelles. De fait, si le changement climatique a des impacts sur les ressources naturelles communes aux régions transfrontalières, les mesures d’adaptation qui en découlent doivent également faire l’objet d’une coopération transfrontalière. C’est pourquoi la coopération transfrontalière apparaît comme un levier pour débloquer des situations où des régions transfrontalières ne peuvent pas bien s’adapter en le faisant individuellement puisqu’elles sont interdépendantes les unes des autres.
Dans cette perspective, la coopération transfrontalière peut permettre, aux États qui souhaitent s’adapter, d’éviter le transfert de vulnérabilité au changement climatique, et de se détourner d’une trajectoire menant à la mal-adaptation. Elle peut également contribuer à ce que les pays coopérant se partagent l’effort d’adaptation par la mutualisation des compétences. Et dans le meilleur des cas, la coopération transfrontalière peut être un levier pour que l’adaptation au changement climatique ne soit plus perçue comme une contrainte et qu’elle permette même de récolter des bénéfices qui dépassent le seul fait d’être adapté.

Les justifications de la méthode de travail

De par ma formation pluridisciplinaire en sciences politiques j’ai été amenée à réinvestir des connaissances et à utiliser des cadres de réflexion en provenance de différents enseignements. Ainsi ce mémoire a été réalisé selon une approche croisant la théorie des régimes internationaux, les politiques publiques internationales, le droit international public, la sociologie des organisations internationales, les négociations internationales sur le climat, la protection internationale de l’environnement et la coopération décentralisée des collectivités territoriales.
D’une part, la démarche avec laquelle j’ai abordé ce sujet de mémoire est un travail de recherche sous forme d’analyse, accompli à partir de l’étude de différents articles, rapports et ouvrages en lien avec les thématiques de l’adaptation au changement climatique et de la coopération transfrontalière.
D’autre part, le stage que j’ai effectué à l’ONERC m’a permis d’avoir accès à la plupart des données clés existantes aujourd’hui sur l’adaptation au changement climatique ; et grâce au suivi de l’équipe de travail dans ses nombreuses et diverses missions, j’ai eu l’opportunité d’observer et de participer à la construction pratique de l’approche nationale de l’adaptation au changement climatique. En effet, pendant toute la durée de mon stage, j’ai pu assister à des séminaires, à des conférences, et à des réunions de travail informelles sur la thématique de l’adaptation.
Par ailleurs, il m’a également été permis de rencontrer la plupart des acteurs clés des politiques d’adaptation. La méthode utilisée pour réaliser ce mémoire est donc d’allier à la fois des enseignements théoriques et empiriques. En outre, ce mémoire à été l’occasion de mobiliser le travail d’approfondissement spécifique que j’ai effectué dans le cadre de mon stage à l’ONERC, à savoir : l’étude comparative des processus d’adaptation au changement climatique dans les pays européens.
La France étant un des pays les plus en avance dans son processus d’adaptation au changement climatique aujourd’hui et l’ONERC étant le point focal de l’adaptation en France, il a semblé judicieux de prendre pour point de départ l’étude de la coopération en matière d’adaptation aux frontières de la France selon des axes complémentaires. Ceci implique d’explorer à la fois le pourtour métropolitain et les outre-mer afin de restituer au mieux la pluralité des enjeux d’adaptation en fonction de leurs lieux d’émergence. Par ailleurs, de l’analyse des différents processus d’adaptation existant dans l’espace européen, que j’ai menée dans le cadre de mon stage à l’ONERC, ressort une diversité et une richesse de solutions possibles pour s’adapter au changement climatique, qu’il a semblé opportun de mettre à contribution pour délimiter le périmètre géographique de la coopération transfrontalière en matière d’adaptation que je comptais traiter. De surcroît, la pertinence de cette démarche est confortée par la pratique. En effet, la plupart des réunions internationales d’échanges formelles et informelles sur l’adaptation auquel l’ONERC participe sont principalement des réunions entre pays européens, et qui plus est transfrontaliers, et semblent cristalliser depuis un certain temps une demande croissante d’aide à l’adaptation par mutualisation des compétences entre pays voisins.

Problématique

L’adaptation au changement climatique est aujourd’hui reconnue comme un enjeu de coopération internationale puisqu’elle vient d’être mise à l’agenda politique de la CCNUCC au même titre que l’atténuation. Cependant et puisque cette reconnaissance est récente, tous les aspects de l’adaptation ne sont pas encore pris en compte. La mutualisation des compétences des acteurs de l’adaptation reste majoritairement affectée à l’aide au développement tandis que la coopération aux frontières des États, comme option pour gérer un risque commun accentué par le changement climatique et les répercussions de ce risque d’un pays voisin à un autre, ne semble pas suffisamment étudiée, en regard de l’importance que ce volet recouvre dans le processus d’adaptation. Cela peut s’expliquer parce que l’adaptation elle-même est encore un concept mal compris et que la plupart des pays ne sont pas suffisamment avancés dans l’élaboration de leur stratégie et de leur plan d’adaptation pour comprendre l’intérêt de la coopération transfrontalière dans le processus d’adaptation. Ceci pose problème puisque, comme nous l’avons vu, la coopération transfrontalière est nécessaire dans certains cas, d’une part pour se prémunir d’un éventuel transfert de vulnérabilités d’un pays à un autre, et d’autre part, pour que les coûts d’adaptation du pays qui choisit de s’adapter ne soient pas plus élevés qu’ils ne le devraient parce que le pays voisin ne le fait pas, et donc pour éviter que l’adaptation de certains pays ne se traduisent par une mal-adaptation dans un ou plusieurs autres pays.
Si la coopération transfrontalière est une des clefs pour améliorer le processus d’adaptation au changement climatique, il s’agit alors de savoir comment développer ce type de coopération et quels sont les obstacles à l’intégration de la coopération transfrontalière dans les processus d’adaptation. En effet, même lorsque des pays réussissent à se mettre d’accord pour se lancer dans un projet de coopération transfrontalière, ils ne s’y engagent pas forcément pour les mêmes raisons et ne mettent pas en avant les mêmes priorités, cette divergence pouvant alors devenir un obstacle à la coopération. C’est pourquoi nous veillerons à ne pas négliger les intérêts et les attentes des différents acteurs quant à l’adaptation dans les projets de coopération transfrontalière que nous étudierons. Toute la question étant de savoir dans quelle mesure la coopération transfrontalière représente une opportunité pour s’adapter au changement climatique et de comprendre quels sont les moteurs et les freins à cette coopération.
Quel cadre serait alors propice pour que la coopération transfrontalière soit intégrée dans les processus d’adaptation et inversement comment mettre l’adaptation à l’agenda des initiatives de coopération transfrontalière ? Certains projets de coopération transfrontalière pour s’adapter au changement climatique fonctionnent bien, et ce, sans avoir eu recours à une convention de coopération, qui n’est pas obligatoire, certes, mais est l’outil de droit commun des collectivités et autorités locales pour les projets de coopération transfrontalière ; tandis que d’autres projets, qui se sont développés sous l’égide d’une convention ont des difficultés à engager des actions. Ceci pose la question de la pertinence des conventions, des traités internationaux et donc des régimes internationaux de coopération pour engendrer ou venir en appui des projets de coopération transfrontalière pour l’adaptation. En effet, si les orientations stratégiques d’adaptation ont une vocation strictement nationale et que la mise en œuvre des actions d’adaptation s’effectue à l’échelon local, on peut se demander en quoi un régime de coopération international serait un cadre pertinent pour développer des projets d’adaptation au changement climatique.

Le bassin Méditerranéen

Diagnostic de vulnérabilité menant à la coopération transfrontalière pour s’adapter au changement climatique.

Le Constat d’une vulnérabilité actuelle et de futurs impacts en prévision

La mer Méditerranée est une mer intercontinentale presque entièrement fermée, entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie, et qui s’étend sur près de 2,5 millions de kilomètres carrés. Elle a la particularité d’être bordée par deux rives comprenant des pays développés au nord et des pays en développement au sud.
Cette région du monde souffre d’importants problèmes de stress hydrique, de désertification, de pertes de biodiversité et d’évènements climatiques extrêmes tels qu’inondations et sécheresses. Elle est considérée comme un « hot spot » du changement climatique. Les scénarios du GIEC projettent une hausse moyenne des températures de 2 à 3°C à l’horizon 2050, et de 3 à 5°C à l’horizon 2100 pour la région, ainsi qu’une diminution des précipitations estivales de 35 % sur la rive sud et de 25 % sur la rive nord d’ici la fin du siècle.

Un vaste cadre international de coopération transfrontalière

La prise en compte de l’adaptation au changement climatique comme objet de coopération en Méditerranée commence à peine à voir le jour et passe d’abord par le biais de la protection de l’environnement marin contre la pollution et du développement durable.
En 1975, le Plan d’Action pour la Méditerranée (PAM) a été adopté sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) par seize pays méditerranéens et par l’Union Européenne pour aider les pays méditerranéens à évaluer et à contrôler la pollution marine, à formuler leurs politiques environnementales nationales, à promouvoir la capacité des gouvernements à identifier les meilleures options pour des modèles alternatifs de développement, et à optimiser les choix dans l’allocation des ressources.
Entre 1976 et 1978, laConvention de Barcelonepour la Protection de la mer Méditerranée contre la pollution est adoptée.
À la fin des années 1970, le Plan Bleu pour l’environnement et le développement en Méditerranée est créé dans le cadre du PAM. Le Plan Bleu est à la fois une association et un centre d’observation, d’analyse et de prospective. Il a vocation à être une interface entre la production de données scientifiques et la décision politique. Il est financé par la France, la Commission Européenne, le Fonds pour l’environnement mondial et la Banque mondiale. Le Plan Bleu a pour missions : le développement de bases de données sur l’environnement, l’économie et la société ; l’analyse et la prospective concernant les principaux enjeux de développement durable à l’échelle du bassin méditerranéen et de ses composantes écologiques ou géographiques, en utilisant des méthodes systémiques ; la publication et la diffusion des résultats de ses études et synthèses ; le développement et l’animation de réseaux d’experts dans les pays méditerranéens et l’aide à la construction des capacités ; et le soutien à la stratégie méditerranéenne pour le développement durable dans le cadre de la Commission méditerranéenne de développement durable.
En 1996 est créée la Commission méditerranéenne de développement durable dans le cadre du PAM avec pour mission de préparer une stratégie méditerranéenne de développement durable.
Entre 2007 et 2013, le Programme de coopération transfrontalière de Bassin Maritime Méditerranée est adopté. Il s’agit du Programme pour la mise en œuvre des activités de coopération transfrontalière dans le contexte de la Politique Européenne de Voisinage (PEV), en complément des efforts conduits dans le cadre du Partenariat EuroMéditerranéen. Son but est de développer une zone de paix, stabilité, prospérité et de bon voisinage entre les pays Méditerranéens de l’Union européenne et les pays partenaires méditerranéens.
En janvier 2008 est signé le Protocole de gestion intégrée des zones côtières (GIZC) qui entra en vigueur en mars 2011 et dont la mise en œuvre a été prévue dans le cadre d’un Plan d’action pour la période 2012-2019. Ce Protocole a été établi par nécessité d’un instrument juridique contraignant car les politiques de gestion intégrée des zones côtières mise en place dans le cadre de la Convention de Barcelone n’avaient qu’une valeur de « soft law », ne reposaient que sur une base volontaire, et leur application était quasi nulle en raison de leur caractère facultatif et non contraignant.
En septembre 2009 est organisée la 13e réunion de la Commission méditerranéenne du développement durable invitant les Parties contractantes à mettre en œuvre des mesures urgentes d’adaptation afin de renforcer la résilience de l’espace méditerranéen au changement climatique.
Et enfin, lors de la même année 2009, la déclaration de Marrakech est adoptée par les Parties contractantes à la Convention de Barcelone sur la protection du milieu marin et du littoral de la Méditerranée. À travers cette déclaration, les États parties mettent en avant le fait qu’ils considèrent le changement climatique comme un défi majeur pour l’humanité, et qu’il faille prendre en compte les impacts du changement climatique et l’adaptation au changement climatique. Ils s’engagent à renforcer les consultations entre les pays de la région ; à promouvoir la coopération méditerranéenne en matière de lutte contre les effets du changement climatique dans la région et à renforcer les mécanismes institutionnels ; à assurer l’intégration des questions de changement climatique dans les politiques de développement ; à faire en sorte que l’adaptation au changement climatique soit pleinement prise en compte dans la révision de la stratégie méditerranéenne de développement durable au cours du prochain exercice biennal ; à favoriser les synergies entre la Convention de Barcelone, l’Union pour la Méditerranée (UpM) et la Politique européenne de voisinage (PEV) ; et à renforcer la capacité du Plan d’Action pour la Méditerranée (PAM).

Le projet d’intégration de l’adaptation au changement climatique dans la stratégie méditerranéenne de développement durable

La promotion de l’adaptation au changement climatique par le biais de la coopération transfrontalière en est à ses débuts en Méditerranée et n’existe pour l’instant que par l’intégration de l’adaptation au changement climatique dans la stratégie méditerranéenne de développement durable. Cette stratégie méditerranéenne pour le développement durable, publiée en 2005, a intégré l’adaptation aux impacts du changement climatique dans ses sept domaines d’action prioritaires dès le départ et sa révision est en cours à l’été 2014 pour renforcer cette prise en compte de l’adaptation au changement climatique.
En parallèle avec le projet de révision de la stratégie méditerranéenne de développement durable, des séminaires sont régulièrement organisés par le Plan Bleu pour développer et maintenir un dialogue sur l’adaptation au changement climatique entre les pays riverains.
En 2012, par exemple, a été organisée une conférence au Caire sur l’adaptation au changement climatique en Méditerranée. Cette conférence a donné l’occasion à la présentation du système d’alerte précoce lié à la submersion marine de Météo France, le Plan Canicule, et le plan national d’adaptation au changement climatique français. Il en est ressorti que les pays méditerranéens avaient au moins une perception commune de leur priorité d’adaptation : la vulnérabilité des grandes zones urbaines au changement climatique. Et cette conférence a eu pour effet de donner une impulsion pour initier un travail commun sur la stratégie méditerranéenne pour le développement durable, sur un guide méthodologique, et sur une plateforme d’échange de données climatiques.

Analyse des facteurs de coopération transfrontalière favorisant ou entravant la promotion de l’adaptation au changement climatique

Opportunités

D’une part, la stratégie méditerranéenne de développement durable est en cours de révision afin de mieux y intégrer l’adaptation au changement climatique.
D’autre part, le projet d’adaptation au changement climatique du Delta du Nil dans le cadre de la gestion intégrée des zones côtières (GIZC) en cours pourrait à terme servir d’exemple et donner l’impulsion nécessaire pour le lancement de projets de coopération transfrontalière pour l’adaptation au changement climatique. Le projet a été lancé en 2009 pour une période de mise en œuvrede six ans. Ce projet a été développé par l’ Institut de Recherche sur les zones côtières et l’Autorité de Protection du Littoral du Ministère des Ressources en Eau et de l’Irrigation de l’Égypte a pour but d’intégrer la gestion de la montée du niveau de la mer dans le développement de la Zone côtière de Basse Élévation de l’Égypte dans le Delta du Nil. Il est attendu que ce projet permette le développement de la capacité d’adaptation des institutions responsables de la gestion des zones côtières ; la mise en œuvre de mesures d’adaptation proactives ; de tirer des leçons et des bonnes pratiques de ces projets d’adaptation. Ces résultats sont censés être atteints en renforçant le cadre de régulation et la capacité institutionnelle pour améliorer la résilience des aménagements côtiers et le développement des infrastructure ; en mettant en œuvre des mesures innovantes et respectueuses de l’environnement qui facilitent l’adaptation dans le Delta du Nil ; et en mettant en place un cadre de suivi et d’évaluation et des systèmes de gestion de la connaissance sur l’adaptation. Le projet a dors et déjà montré des résultats. En effet, des sites potentiels pour des aires pilotes et une liste des mesures d’adaptation ont été identifiés attendant d’être finalisés lors de la réception des résultats finaux en provenance d’études additionnelles.

Lacunes et barrières

Pour mener à bien des projets de coopération transfrontalière en matière d’adaptation au changement climatique il est nécessaire de s’accorder au moins sur des orientations stratégiques communes.
Or, d’une part l’harmonisation des priorités d’adaptation au changement climatique peut être rendue difficile par la différence d’avancement dans les stratégies et plans d’adaptation des pays méditerranéens, lorsqu’il y en a.
Et d’autre part, la mise en œuvre d’actions d’adaptation concrètes n’est pas encore amorcée dans la plupart des pays qui ont adopté une stratégie d’adaptation, ce qui ne crée pas un cadre stimulant pour le lancement de projets de coopération transfrontalière sur l’adaptation au changement climatique.
Enfin, les changements de régime récents sur la rive sud de la Méditerranée depuis les révolutions arabes et les tensions permanentes au proche-orient ne permettent pas de créer un cadre politique stable nécessaire à l’engagement des États dans des projets de développement de long terme et explique sans doute l’implication parfois très modérée de pays méditerranéens dans le processus d’adaptation au changement climatique.

Pistes d’amélioration

La prise en compte de l’adaptation au changement climatique dans la stratégie méditerranéenne de développement durable pourra servir de première étape vers une planification qui définira des actions et des mesures concrètes d’adaptation.
Le projet de plateforme n’a aujourd’hui pas abouti car les pays n’ont pas réussi à se mettre d’accord notamment sur la localisation et le développement de la plateforme. Ceci peut être l’occasion pour les pays partenaires du projet de choisir un autre médium de diffusion des données climatiques, qui soient moins contraignants, ou de prendre acte du fait qu’ils ne sont peut-être pas encore arrivés à un stade de coopération sur l’adaptation au changement climatique qui leur permette d’avancer plus loin pour l’instant.

Les îles de l’ouest de l’océan Indien

Diagnostic de vulnérabilité menant à la coopération transfrontalière pour s’adapter au changement climatique

Le Constat d’une vulnérabilité actuelle et de futurs impacts en prévision

Tout d’abord, les États et territoires insulaires de l’ouest de l’océan Indien sont déjà très vulnérables aux aléas climatiques actuels. D’une part, ils souffrent d’une vulnérabilité physique : ils sont fortement exposés aux catastrophes naturelles, leurs écosystèmes sont fragiles, et leur disponibilité de terres est faible (sauf Madagascar). D’autre part, ils font face à une vulnérabilité politique et socio-économique : par la concentration de la production économique, de la population et des infrastructures sur le littoral; par des économies peu diversifiées; par leur urbanisation souvent rapide; par la limitation de capacités institutionnelles, économiques, scientifiques et technologiques; et par leurs dynamiques démographiques fortement dépendantes des ressources naturelles.
Les phénomènes météorologiques seront plus intenses et pourront se traduire par une augmentation de la saison cyclonique, et de la fréquence des inondations et des sécheresses. La hausse du niveau marin se traduira par une plus forte salinisation des terres et des réserves d’eau douce, déjà limitées ; par une propagation plus rapide des maladies infectieuses comme le paludisme, la chikungunya, et la dengue; par des glissements de terrains ; et conduiront au blanchissement des coraux (conséquence de l’acidification et de la hausse de température de l’eau de mer).

Un cadre international de coopération transfrontalière

Le cadre de coopération dans lequel les projets de coopération transfrontalière pour l’adaptation au changement climatique dans la région de l’ouest de l’océan Indien ont émergé s’appuie, en premier lieu, sur la Commission de l’Océan Indien (COI). Elle a été créée en 1984 et l’adaptation au changement climatique fait partie de ses axes d’action stratégiques depuis. Elle regroupe cinq pays avec des niveaux de développement très différents : d’un côté les pays développés avec la France à travers La Réunion, et les pays émergents comme les Seychelles et l’Île Maurice, et de l’autre les pays les moins avancés comme les Comores et Madagascar. D’autre part, le cadre de coopération s’est bâti autour de la Convention de Nairobi créée entre 1985-1996 pour la protection, la gestion et le développement de l’environnement marin et côtier de la région de l’Afrique du Sud et de l’Est. Elle comprend les États parties à la COI. L’adaptation au changement climatique ne fait pas partie de ses axes d’action stratégiques mais deux de ses axes peuvent être reliés à une approche de l’adaptation basée sur les écosystèmes, à savoir, les récifs coralliens et leurs écosystèmes associés ainsi que les aires marines protégées.
Ces deux arènes de coopération semblent donc avoir la capacité d’influencer les politiques climatiques de différents pays dans la région de l’ouest de l’océan Indien.

Le chemin vers un réseau régional d’observation des effets du changement climatique et autres projets

Le chemin menant vers la création d’un réseau régional d’observation des effets du changement climatique a commencé d’abord avec la tenue de la conférence « L’Union Européenne et l’Outre-Mer : Stratégies face au changement climatique et à la perte de biodiversité » à La Réunion, en juillet 2008. Cette conférence a été initiée par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), le Conseil Régional de La Réunion, l’ONERC, en partenariat avec les Ministères français de l’Intérieur et de l’outre mer et des collectivités territoriales et s’adresse à l’outre-mer européen. La conférence avait pour objectif de proposer de nouvelles stratégies et programmes d’actions sur l’adaptation au changement climatique, les énergies durables, la conservation de la biodiversité et la gestion des écosystèmes. Cette conférence a réussi à susciter l’intérêt des États et territoires de l’outre-mer européen sur l’adaptation au changement climatique.

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
CHAPITRE 1 : COOPÉRATION TRANSFRONTALIÈRE, UNE DIMENSION PERTINENTE POUR
L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE ?
CHAPITRE 2 : APPROCHE EMPIRIQUE DE LA COOPÉRATION TRANSFRONTALIÈRE POUR
L’ADAPTATION À TRAVERS TROIS ÉTUDES DE CAS
SECTION1 : LE BASSIN DE LAMEUSE
SECTION2 : LE BASSINMÉDITERRANÉEN
SECTION3 : LES ÎLES DE L’OUEST DE L’OCÉANINDIEN
CHAPITRE 3 : ENSEIGNEMENTS POUR ENRICHIR UN PROCESSUS EN DEVENIR
CONCLUSION GÉNÉRALE
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES 
Annexe 1 – Présentation des missions de l’ONERC
Annexe 2 – La démarche d’adaptation de l’Union Européenne
Annexe 3 – Étude comparée des processus d’adaptation au changement climatique dans les pays de l’espace européen (printemps 2014)
Annexe 4 – Listes des personnes ayant contribué à ma réflexion
TABLE DES MATIÈRES

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