Diagnostic de l’EAC sur le territoire de la CAPV

Rappels concernant l’éducation artistique et culturelle

L’Education nationale a établi comme une priorité, dans la loi du 8 juillet 2013 d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école , le développement de l’EAC ; cette dernière est désormais entendue comme une composante à part entière de la scolarité de tous les enfants. En effet, partant du double constat d’un accès très inégal des élèves aux domaines de l’art et de la culture et de l’importance de cet accès pour le développement personnel de chacun d’entre eux, l’État s’est saisi de la question en incluant dans leur formation générale le parcours d’EAC.
Politique publique partenariale par essence, l’EAC « nécessite une ouverture de l’école à des partenaires variés, aux compétences reconnues, qui enrichissent les ressources de l’institution scolaire. Elle nécessite aussi une ouverture de l’école sur le territoire de vie des élèves, son patrimoine artistique, ses structures culturelles, qui permet de mieux s’approprier ce territoire, en résonance avec la découverte d’œuvres et d’artistes universels issus d’époques et de cultures diverses. »

La notion de parcours

Le parcours d’EAC est un outil de coordination des enseignements et des actions éducatives proposées tout au long de la scolarité qui a pour objectif de lutter contre les inégalités de tous ordres, notamment socioculturelles et géographiques, pour permettre à tous les élèves de se former une culture personnelle plus riche et par là favoriser un meilleur vivre-ensemble. Cette dimension paraît particulièrement importante car le système scolaire français présente des difficultés a combler ces inégalités, comme le montre sa 27ème place mondiale en termes d’équité scolaire, selon le classement du Programme international pour le suivi des acquis des élèves de l’OCDE ; la France rencontre ainsi plus de mal que d’autres pays à compenser, en particulier, les effets des appartenances sociales sur les résultats des élèves, notamment en matière de capital culturel. Adossé aux enseignements scolaires généraux, dont les enseignements artistiques, le parcours d’EAC est construit grâce à la mise en réseau de nombreux acteurs locaux (opérateurs privés comme publics, culturels ou non) dans le but d’ancrer les enfants dans leur environnement culturel proche, et s’articule autour de trois piliers :
– l’organisation de rencontres, directes et indirectes, avec des œuvres et des artistes,
– l’encadrement de pratiques, individuelles comme collectives, dans divers domaines artistiques,
– l’appropriation de connaissances permettant de construire un jugement construit.
La démarche par projet est privilégiée, mais la notion de parcours vise à mettre l’accent sur la continuité et la cohérence des actions éducatives. Aussi l’Education nationale parle-t-elle de « continuum de formation » , dans lequel les acquis de chaque projet doivent s’appuyer sur ceux des projets précédents. Au sein de cette formation, trois éléments sont particulièrement à développer :
– la mise en œuvre d’actions dans les territoires prioritaires (quartiers politique de la ville et territoires ruraux),
– le développement de partenariats avec les instituions culturelles du territoire et la formation des acteurs,
– l’utilisation de ressources numériques.
La cohérence du parcours repose également sur la complémentarité à construire entre les actions élaborées sur les temps scolaire, périscolaire (immédiatement avant ou après l’école, dont la pause méridienne et le mercredi après-midi) et extrascolaire (le soir, le week-end et pendant les vacances).
Ces éléments issus du référentiel de l’Education nationale mettent ainsi en lumière le caractère intrinsèquement territorialisé de l’EAC, politique publique basée sur des partenariats entre structures locales, éducatives et culturelles ; en découle la nécessité de développer des complémentarités entre actions et entre structures pour former un ensemble pédagogique cohérent adossé aux enseignements généraux dispensés à l’école. Dans cette perspective, la loi de juillet 2013 sur la refondation de l’école a également joué un rôle important, en proposant une refont du socle commun de connaissances qui intègre le parcours d’EAC, et en instaurant la possibilité pour les communes de mettre en place des temps d’activités complémentaires (temps d’activités périscolaires) ; ces derniers représentent une opportunité de développer des actions d’EAC en complémentarité sur les différents temps de l’enfance. Ainsi en 2014, 84 % des communes ayant adopté un Projet éducatif territorial, dispositif contractuel mise en œuvre dans le cadre de cette même loi, proposaient des activités artistiques et culturelles.

Intercommunalité et culture

Préfiguration de l’intercommunalité culturelle

Si la proximité de la communauté d’agglomération avec la métropole GrenobleAlpes lui permet de profiter du dynamisme, notamment économique, de son environnement immédiat, elle pose également une difficulté liée à l’affirmation de son identité en tant que territoire. Dans cette perspective, la culture joue un rôle prépondérant.
La vitalité de la vie culturelle locale contribue en effet à affirmer les spécificités du Pays Voironnais vis-à-vis de son encombrante voisine de 450 000 habitants. Aussi, par exemple, l’extension en 2013 du label Pays d’art et d’histoire du Pays du Lac de Paladru – les Trois Vals (obtenu dès 1991) à l’ensemble de la communauté d’agglomération (plus la commune limitrophe de Virieu) a-t-elle pu participer de la construction d’une identité territoriale symbolique par l’affirmation d’un patrimoine propre qui distingue le Pays Voironnais de l’agglomération grenobloise. De même, l’attractivité de la programmation d’un équipement tel que le Grand Angle permet très ponctuellement d’inverser les flux de déplacement en drainant une partie du public habituel des équipements grenoblois.
Bien que la CAPV ne se soit formellement dotée de compétences culturelles que depuis janvier 2017, plusieurs actions menées par la direction des affaires culturelles (DAC) de Voiron ont préparé le terrain à un passage à l’échelle intercommunale, comme me l’a exposé Marie-Lys lors d’un entretien.
Lorsqu’elle dirigeait la salle du Grand Angle notamment, le choix de développer un axe fort autour du développement culturel a été déterminant pour permettre à l’équipement de devenir structurant pour un territoire plus large que la seule commune de Voiron. La création de la Semaine Tous Créateurs, lors de laquelle les projets d’EAC portés sur temps scolaire et périscolaire par l’équipement sont valorisés sur scène, symbolise bien cette volonté de rayonner sur le territoire et de créer des liens entre pratiques professionnelles et en amateur (notamment par le biais du dispositif des Compagnons de route sur lequel on reviendra plus tard). La création du festival Livres à vous en 2009, d’abord piloté par la municipalité de Voiron avant d’être transféré au Grand Angle, devenu établissement public de coopération culturelle (EPCC co-piloté par la CAPV et la ville de
Voiron d’abord, puis le Département depuis le 1 er janvier 2017) en 2013, participe de la même dynamique, préfigurant la prise de compétence lecture publique par l’intercommunalité autour des liens tissés entre les médiathèques de Voreppe et de Voiron. Cet événement dépasse le cadre du simple festival, caractérisé par des actions circonscrites dans le temps, en proposant des animations sur l’ensemble du territoire et tout au long de l’année.
L’Observatoire des Politiques Culturelles résume cette construction atypique : « au regard des éléments les plus singuliers de sa situation, la CAPV s’est dotée d’une organisation originale en matière culturelle. Sans attendre une prise de compétences formelle, elle a mis en place des dispositifs qui préfigurent une politique communautaire : la transformation de la salle de spectacles le Grand Angle en un Établissement Public de
Coopération Culturelle co-piloté et cofinancé par la ville-centre et l’EPCI, et la création d’un service mutualisé par les deux partenaires (ville-centre et CAPV) en matière de patrimoine. Cette construction atypique est le reflet d’une volonté visant à conforter les ressources de la ville de Voiron pour en accentuer le rayonnement sur le territoire intercommunal tout en réduisant les charges de centralité reposant sur la ville-centre . »

Un territoire aux fortes disparités

D’importantes inégalités territoriales…

La carte ci-dessus présente la délimitation des territoires nord et sud de la CAPV ; on dénombre, dans la partie nord, 17 communes cumulant un peu plus de 20 000 habitants, pour une densité moyenne de 88 habitants environ par km², alors que la partie sud présente 14 communes pour 75 000 habitants environ, présentant ainsi une densité de moyenne bien plus élevée (autour de 400 habitants par km²). Comme on l’a vu plus haut, cette opposition s’explique par la présence dans la moitié sud des cinq principaux pôles urbains (Voiron, Moirans, Tullins, Voreppe et Rives, en bleu foncé sur la carte), alors que la moitié nord est principalement composée de communes rurales de plus petite taille.
Ainsi, et malgré le rayonnement important des équipements CAPV situés à Voironmême, ceux-ci demeurent relativement difficiles d’accès pour les habitants de la partie nord du territoire, notamment ceux des communes situées sur les contreforts du massif de la Chartreuse. Cette situation peut faire craindre une vie culturelle à deux vitesses : les actions décentralisées telles que les Escales du Grand Angle en Pays Voironnais, les concerts du Voiron Jazz Festival que le Conservatoire organise sur le territoire ou les différents événements relatifs à Livres à vous manifestent certes une volonté de toucher des communes éloignées de l’offre culturelle, mais la faiblesse de l’offre de transport en commun et les difficultés de mobilité qu’elle induit représentent tout de même un obstacle majeur pour la politique culturelle ambitieuse de la CAPV, obstacle qui ne saurait être surmonté par des actions seulement ponctuelles.
Alors que des communes du sud se trouvent entre des pôles urbains à la vie culturelle dynamique (Voiron, Voreppe et Tullins pour citer les communes les mieux équipées) et bénéficient ainsi d’un choix important dans le recherche de partenaires pour les actions d’EAC qu’elles pilotent, notamment dans le cadre de l’organisation de leurs activités périscolaires, toute une partie du territoire doit faire face à de nombreux obstacles, qu’ils soient d’ordre financiers, humains ou logistiques ; on reviendra plus en détail sur ces difficultés dans la partie présentant les résultats du diagnostic, et plus particulièrement dans les éléments de synthèse des entretiens passés avec les élus et agents des communes.

… reflétées par un maillage culturel inégal

Logiquement, ces disparités engendrent des inégalités relativement importantes dans l’aménagement du territoire ;deux équipements communautaires se trouvent dans la partie nord du territoire, le musée archéologique à Charavines et la Grange Dîmière dans les Villages du lac de Paladru. Si le nombre d’équipements culturels gérés ou cogérés par la CAPV est limité, les plus grandes communes que sont Voreppe, Tullins, Moirans et Rives comptent un certain nombre d’équipements qui rendent le maillage culturel de la partie sud du territoire bien plus resserré.
On peut citer parmi ces ressources le cinéma municipal « Art et Plaisirs » de Voreppe, classé salle Art et Essai, ainsi que les nombreuses MJC du territoire, quasiment toutes situées en sa partie sud, qui sont des relais importants en termes de politiques culturelles (celle de Tullins accueille par exemple depuis de nombreuses années des compagnies en résidence) ; elles représentent des partenaires de qualité dans le cadre de l’EAC, mais leur place s’est néanmoins réduite au sein du paysage culturel local, en raison de difficultés financières liées à des baisses de subventions parfois brutales ces dernières années, ainsi que le démonte la liquidation judiciaire, fin 2016, de la Fédération des MJC de Rhône-Alpes. Les MJC ont donc parfois dû resserrer leur champ d’intervention, comme celle de Voiron, qui a été forcée de renoncer à la co-construction d’un certain nombre de projets pour se recentrer sur l’accompagnement à la scolarité.
Cependant, le présence de 19 bibliothèques et médiathèques sur le territoire, dont 9 dans la partie nord telle que définie dans le PDU de 2005, présente un atout de premier plan dans une perspective de rééquilibrage du maillage culturel du territoire. Une telle perspective suppose toutefois une redéfinition des missions de ces équipements au-delà de la seule animation du réseau de lecture publique.

Implantation des MJC et MPT

En effet, les bibliothèques représentent le premier équipement culturel de proximité pour toute une partie du territoire. Selon les chiffres fournis par la médiathèque de Chirens, anciennement MTR, elles touchent, à 19, 25 des 31 communes du territoire et proposent pour la plupart de nombreux accueils de classe sur temps scolaire ainsi que des interventions sur temps périscolaire pour certaines d’entre elles, comme ont permis de le souligner les entretiens passés dans les communes ; la grande majorité des personnes rencontrées ont en effet cité la bibliothèque de leur commune (ou la plus proche) parmi les principaux intervenants sur temps scolaire. Les éléments chiffrés fournis par les bibliothèques font état d’une moyenne de 92 accueils de classe sur temps scolaire par bibliothèque et par année scolaire (11 réponses sur les 19 bibliothèques).
Au nord du territoire, la médiathèque de Chirens ainsi que la bibliothèque de SaintEtienne deCrossey accueillent des classes de plusieurs communes alentour (Bilieu, Massieu, Velanne et Saint-Bueil pour Chirens, Saint-Aupre et Saint-Nicolas de Macherin pour Saint-Etienne de Crossey), sur les temps scolaire et périscolaire et permettent ainsi de compenser quelque peu le déséquilibre du maillage des équipements culturels. Surtout, la MTR de Voiron rayonne largement sur le territoire, et l’ancienne MTR de Chirens dans toute la moitié nord ; son ancienne convention la plaçait à la tête d’un réseau de 8 bibliothèques et les usages montrent qu’elle a conservé un fort potentiel d’attraction (l’école de Saint-Bueil, à l’extrême nord-Est, la fréquente par exemple).

L’inscription dans le volet culturel du Projet de territoire…

La version actualisée en janvier 2015 du Projet de territoire présente la politique culturelle intercommunale comme l’une de ses « 8 macro-politiques en évolution », dans le cadre de laquelle il définit deux grandes orientations : d’abord, l’étude des modalités de transfert de certains équipements et services à la CAPV, certains de ces transferts ayant depuis été actés (Grand Angle, musée Mainssieux et bibliothèques et médiathèques), d’autres demeurant encore aujourd’hui en discussion (écoles de musique).
La seconde orientation concerne les « modalités de déploiement à l’échelle intercommunale d’un certain nombre de grandes politiques culturelles favorisant l’accès à la culture et l’égalité des chances », dont l’EAC ; le document affirme que si la réforme des rythmes scolaires présente certes une opportunité pour la généralisation de l’EAC en Pays Voironnais, l’organisation des activités périscolaires a amplifié les inégalités de situations sur le territoire au détriment des communes rurales déjà moins bien dotées et éloignées des réseaux culturels. La CAPV se saisit donc de l’EAC comme d’un outil de démocratisation culturelle, et, plus largement, de lutte conte les inégalités.

… et dans le Schéma départemental des enseignements artistiques et de l’éducation culturelle

Cette conception rappelle le Schéma départemental 2014-2018 pour les enseignements artistiques et l’EAC, qui érige parmi ses principaux enjeux « la généralisation de l’éducation artistique et culturelle », et, plus précisément, « la nécessité d’un accès de tous à un enseignement artistique et/ou une pratique culturelle de qualité et de proximité, et le rééquilibrage territorial en faveur des territoires sous-dotés ».
C’est dans cette perspective que la CAPV a débloqué au printemps 2017 une enveloppe de 10 000€ destinée à soutenir les déplacements de classes du territoire jusqu’à un équipement de Voiron, sous réserve que le trajet se fasse dans le cadre d’un véritable projet EAC. Si cette aide financière manifeste la prise de conscience de l’intercommunalité en ce qui concerne le frein que représentent financièrement les déplacements des classes, une telle mesure paraît seulement palliative et son efficacité demeure limitée, le coût moyen d’un aller-retour en car jusqu’à Voiron pour les communes étant de près de 300€. La rapidité avec laquelle les aides ont été demandées et attribuées est cependant le signe que ces frais constituent pour les écoles l’obstacle principal au développement de partenariats avec des structures culturelles voironnaises, comme ontpu le confirmer les entretiens menés.

Diagnostic de l’EAC sur le territoire de la CAPV

Méthodologie de l’état des lieux

L’analyse quantitative

La première représente une analyse quantitative s’appuyant sur des éléments chiffrés fournis par les équipements culturels du territoire du Pays Voironnais, principalement concernant leurs actions, de l’année ou saison dernière, en direction du public scolaire, sur les trois temps (scolaire, périscolaire et extrascolaire). Ces chiffres sont utiles pour cerner de grandes tendances mais ne sont pas à prendre comme des valeurs absolues,pour les raisons suivantes :
✗ les différents concepts utilisés dans la nomenclature des actions (tels que les notions de projets, ateliers, parcours, animations…) ne sont pas toujours définis de la même façon selon les structures et présentent donc souvent des difficultés dans leur classement ;
✗ une autre difficulté provient des unités à choisir pour la comptabilisation des actions : les principales différences résident dans le décompte par années civiles ou par saisons, mais aussi entre le décompte par heures d’intervention ou par entrées dans l’équipement. Ce dernier point est le plus problématique : peut-on, par exemple, mettre sur le même pied un atelier organisé pour 60 enfants sur une après-midi et un dispositif comportant 3 interventions de 2h à destination de 10 enfants ? J’ai essayé plusieurs méthodes de calcul, notamment en séparant les actions relatives au spectacle vivant, comptabilisées par heures d’intervention, avec les autres actions, comptabilisées en nombre d’enfants touchés, dans le but de prendre en considération la répétition des interventions. Il m’a cependant semblé plus cohérent de raisonner uniquement par nombre d’enfants touchés, l’objectif de la politique intercommunale d’EAC étant de généraliser ces actions à l’ensemble des enfants du territoire. Si la répétition des interventions est indéniablement garante d’un plus grand impact sur les élèves, la prise en compte de leur volume horaire m’a paru fausser quelque peu les données ; le choix que j’ai fait est bien entendu discutable, mais les écarts constatés entre les deux méthodes de calcul étaient de tout de façon relativement faibles.
✗ Enfin, chaque équipement présentant un mode de décompte particulier, les informations collectées ne sont pas uniformes et souvent parcellaires : certaines structures renseignent par exemple la provenance des enfants selon un mode binaire « CAPV / hors CAPV » alors que d’autres en indiquent la commune de provenance, toutes ne précisent pas l’âge des élèves concernés, etc.

L’analyse qualitative

Pour la seconde phase du diagnostic, des entretiens ont été menés auprès d’élus le plus souvent, d’agents parfois, des communes membres de la CAPV . Avant de rencontrer ces représentants communaux en personne, les rendez-vous ont été préparés en consultant les documents conventionnels de référence, tels que les PEDT, les Projets Educatifs Locaux (PEL) ou autres, qui ont notamment permis d’adapter la grille d’entretien au contexte de chacune des communes.
L’objectif de ces entretiens était à la fois de mettre en perspective les données chiffrées, nécessaires mais pas suffisantes à la compréhension de la façon dont les communes se sont saisies de la réforme des rythmes scolaires pour intégrer l’EAC à la formation générale des élèves, mais surtout d’échanger autour de leurs difficultés et ainsi de dégager les points sur lesquels l’intervention intercommunale pourrait les accompagner au mieux.
J’ai fait le choix de centrer mes entretiens sur les communes en tant qu’acteurs de l’EAC, et ce pour plusieurs raisons ; la première étant que, comme préconisé par les textes de loi et souligné dès 2003 dans un rapport interministériel, « les déclarations sont unanimes, l’école primaire, dont la compétence est exercée au niveau communal, représente l’enjeu majeur » . L’EAC ayant comme ambition in finede créer pour tous les enfants un environnement dans lequel les arts et la culture sont présents, le plus tôt cette acculturation est entamée, le plus de chance elle a d’être féconde. L’école républicaine est ainsi le lieu par excellence de la lutte contre les inégalités de tous ordres. De plus, l’EAC étant un domaine aux frontières floues, saisir la question par l’entrée des PEDT a fourni à mon travail d’état des lieux un cadrage bienvenu.

Par communes touchées

Il est difficile de tirer de réels enseignements des chiffres concernant la provenance des élèves touchés : ils ne concernent que l’année scolaire écoulée et beaucoup de dispositifs fonctionnant par « roulements », touchent différentes communes chaque année.
De plus, parmi les communes les moins citées dans les chiffres fournis, certaines ne sont pas moins actives en matière d’EAC mais leurs classes sont simplement moins présentes dans les équipements CAPV car leur offre locale est déjà importante, comme Voreppe notamment.
Les autres communes les moins touchées l’année dernière ont été Charavines, Charnècles, La Buisse, La Sure en Chartreuse, Réaumont, Saint-Aupre, Saint-Jean de Moirans et Vourey.
Les communes dont les classes ont le plus été présentes dans les équipements CAPV ont été : Moirans, Saint-Blaise-du-Buis, Coublevie, les Villages du lac et Chirens, ce qui confirme que la proximité géographique de la ville-centre demeure un atout primordial dans la capacité des communes à profiter de ses principaux équipements ; 70 % des actions des équipements CAPV touchent d’ailleurs des classes de Voiron
En raisonnant par équipements, ce sont les bibliothèques qui proposent le plus d’actions sur les temps péri- et extrascolaires, avec une répartition de l’ordre de 60 % sur temps scolaire, 25 % sur temps périscolaire et 15 % en extrascolaire, en raison de la souplesse de leur offre d’activités et de la proximité avec les écoles, à la fois géographiquement et parce qu’elles sont habituées à développer des projets ensemble (dans certaines communes, les bibliothécaires gèrent par exemple la BCD de l’école). Les bibliothèques pourraient ainsi représenter des « variables d’ajustement » en fonction des spécificités de leur environnement proche et de leurs propres caractéristiques ; on reviendra plus en détail sur leur rôle présentant la synthèse des préconisations du diagnostic.

Conclusion du diagnostic et préconisations

Faire de l’EAC un champ d’action à part entière

Ce point, très large, est le plus important en tant que tous les autres n’en sont finalement que des déclinaisons plus précises. Certaines mesures y sont cependant plus spécifiquement liées.
Ainsi, l’harmonisation de la nomenclature des actions (les notions d’atelier, de projet, de parcours…) paraît représenter un préalable important pour permettre un suivi et une évaluation plus éclairés des actions d’EAC développées sur le territoire. L’identification de référents EAC communaux également. J’ai pu me rendre compte tout au long de ma mission que l’EAC était une notion pas toujours bien définie par les élus, notamment en raison des nombreux allers et retours des politiques nationales en la matière. Il semble ainsi important de travailler avec les élus locaux à sa définition pour permettre d’en faire un champ d’action à part entière.
Dans ce cadre, mener une réflexion au niveau intercommunale sur la définition de publics prioritaires semble aussi une étape préliminaire d’importance pour le déploiement d’une politique communautaire d’EAC favorisant une plus grande égalité des chances pour les enfants du territoire. Si les communes du sud sont déjà bien dotées en propositions culturelles et souhaitent de plus conserver une certaine indépendance en matière de développement culturel, les communes de taille plus modeste au nord du territoire ont davantage besoin d’accompagnement. Un système d’aides fléchées à l’échelle infraterritoriale pourrait ainsi être envisagé.
Dans cette perspective, la question des quartiers politique de la ville est à traiter (quartiers Grand Brunetière, Croix-Maurin et Baltiss à Voiron et Bourg-Vieux à Voreppe).
Si certains dispositifs tels que le Jules Ferry Brass Band mis en œuvre par le Conservatoire va dans ce sens, la politique d’EAC en développement pourrait être intégrée plus lisiblement au prochain contrat de ville.

Pérenniser les collaborations entre écoles et structures culturelles

L’identification de référents EAC au niveau communal pourrait permettre de faire entrer de façon plus pérenne la culture dans les écoles. Le rôle des référents périscolaires est aussi important à ce titre, tout comme celui des animateurs, qui sont parfois malheureusement peu considérés dans leur travail malgré des compétences certaines.
Jouer des proximités entre écoles et bibliothèques représente une autre piste à explorer, comme dans le cas où les agents des bibliothèques s’occupent de la gestion des BCD ; un tel procédé est intéressant en ce qu’il développe un lien continu entre les deux structures et complète par là la logique de projets.
Un des principaux points d’achoppement que j’ai constaté lors de mes entretiens est la mauvaise communication entre les écoles et les communes. Les situations varient certes beaucoup d’une commune à l’autre, mais il s’avère primordial d’intégrer au mieux les chefs d’établissement scolaire dès les premières phases de réflexion de la politique d’EAC au risque de demeurer bloqué dans la situation actuelle, dans laquelle énormément de choses dépendent du volontarisme des enseignants et de leur tropisme artistique éventuel. La rédaction des projets d’établissement scolaire pourrait être l’occasion de réunir les acteurs de l’éducation et de la culture, mais beaucoup d’élus communaux m’ont fait part des réticences des écoles à intégrer leurs agents aux conseils d’école. La présence d’un référent EAC identifié pourrait être à généraliser dans chaque école sur le modèle des référents culture des collèges.
Pour citer la première partie des préconisations du rapport Les territoires de l’éducation artistique et culturelle de Sandrine Doucet :
« L’élaboration du volet culturel du projet d’établissement en concertation avec les institutions culturelles et les collectivités territoriales, est inscrite dans la circulaire de 2007. Le volet culturel du projet d’établissement, dont l’importance est réaffirmée depuis son instauration, est apparu, dans les observations menées sur le terrain, comme un élément essentiel à la définition du parcours, mais encore insuffisamment mobilisé. Pour y prendre toute sa place, il doit rendre compte d’une réflexion engagée et partagée par l’équipe éducative, notamment au sein du conseil pédagogique (collège) ou du conseil d’école (premier degré) autour de la définition d’une ambition de formation en matière d’EAC, nourrie des besoins spécifiques de la population scolarisée tels qu’ils sontidentifiés par l’équipe éducative.
La mise en place du PEAC accentue cette nécessité. Dans la démarche de coconstruction conduite avec les institutions culturelles et les collectivités territoriales, le projet d’établissement constitue l’outil explicite d’un dialogue informé sur les axes forts du parcours.Cette présentation structurée de ce que recouvre, au sein de l’établissement, l’éducation artistique et culturelle sur le temps scolaire, oriente l’élaboration du parcours conçu sur l’ensemble des temps de l’élève. Cet outil permet de formaliser la démarche de projet entre les différents partenaires. Il apporte également un gain certain à la rédaction des PEDT . »
Plusieurs dispositifs peuvent permettre de développer une acculturation douce desélèves aux milieux des arts et de la culture : le développement des résidences d’artistes dans les écoles (avec par exemple l’accompagnement du dispositif national « Création en cours » pour le cycle3), qui pourrait être particulièrement pertinent pour les écoles les plus éloignées des propositions culturelles, tout comme des jumelages entre écoles etstructures culturelles. La CAPV qui pourrait exercer un rôle de conseil et orienter lescommunes vers les types d’actions les plus adaptés à leur situation.
Plus largement, il semble important de s’appuyer sur des documents tels que les projets d’école ou les PEDT pour inscrire les relations entre écoles et structures culturelles dans la durée. Ces documents peuvent également permettre une meilleure coordination entre actions sur temps scolaire et périscolaire et ainsi participer d’un réel parcours EAC, notion qui trouve un très faible écho dans la réalité des enseignements aujourd’hui. La CAPV pourrait proposer un accompagnement pour l’ingénierie des PEDT, qui, en l’état, organisent seulement les activités périscolaires sans les articuler au temps extrascolaire.
Ainsi que le résume le rapport Brouët-Desplechin : « La refondation de l’École repose par ailleurs de manière générale sur une plus grande ouverture de l’établissement sur son environnement ; l’éducation artistique et culturelle doit ainsi s’appuyer sur un partenariat de l’école avec les collectivités territoriales, les structures culturelles, le monde associatif, des artistes. » Œuvrer à une plus grande équité sur le territoire…

…en affirmant les bibliothèques comme premier équipement culturel de proximité…

Si le maillage culturel est très inégal sur le territoire du Pays Voironnais, les équipements apparaissent cependant complémentaires. Chacune des bibliothèques pourrait voir son rôle repensé en fonction de ses caractéristiques (de son emplacement particulièrement) dans le cadre d’une réflexion globale. Les bibliothèques pourraient jouer un rôle de médiateur des propositions culturelles de la CAPV : dans ce cadre, des liens sont à tisser avec les autres équipements culturels pour développer leur rôle de prescripteur ; les réunions des bibliothèques du réseau auxquelles j’ai assisté ont effet souligné le décalage qui existe entre celles d’entre elles qui manquent de moyens humains et étouffent parfois sous le nombre d’accueils de classe et le fait que d’autres équipements sont parfois plus adaptés pour répondre aux demandes des enseignants.

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Table des matières
Introduction
A- présentation de la missions
B- rappels concernant l’éducation artistique et culturelle les textes de référence
I- La CAPV
A- présentation générale
B- intercommunalité et culture
C- un territoire aux fortes disparités
II- Diagnostic de l’EAC sur le territoire de la CAPV
A- méthodologie de l’état des lieux
B- éléments chiffrés : les grandes tendances
C- les bibliothèques, premiers équipements culturels de proximité
C- conclusion du diagnostic et préconisations
Conclusion

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