Diagnostic de la situation économique de Tenkodogo

Diagnostic de la situation économique de Tenkodogo

Situation et poids de l’artisanat dans l’économie locale

Que désigne-t-on par le terme artisanat ?

Cette question est le prélude à la différenciation entre le secteur formel et le secteur dit informel. Il est intéressant pour y répondre de reprendre la définition qu’en donne le ministère de la jeunesse et de l’emploi : « L’artisanat se distingue des autres secteurs de l’économie par un mode de production de biens et de services dont le processus de transformation est principalement manuel. L’arrêté ministériel sur la classification des métiers de l’artisanat dénombre neuf corporations et répertorie au moins une centaine de métiers artisanaux . L’artisanat est souvent assimilé au secteur informel parce qu’une grande majorité des artisans sont fiscalisés sous le régime de la Contribution au Secteur Informel (CSI) » [étude des métiers de l’artisanat, 2007].  Sont présents, à Tenkodogo, trois types d’artisanats répertoriés par le ministère de l’économie que sont l’artisanat d’art, l’artisanat de production ou utilitaire et l’artisanat de service. L’artisanat d’art regroupe les activités de poterie, vannerie, bijouterie, forge et maroquinerie. La sculpture sur bois, inexistante localement, est également considérée comme un artisanat d’art affilié à la menuiserie. On ne trouve que peu d’artisans d’art dans la ville de Tenkodogo, la faiblesse de cette production serait liée à un manque de professionnalisation et d’organisation des artisans. L’artisanat utilitaire regroupe les activités de cordonnerie, forgeage, et menuiserie bois et métallique. Enfin l’artisanat de service rassemble les coiffeurs, tailleurs, maçons, réparateurs et mécaniciens, restaurateurs, transformateurs alimentaires, etc. [étude des filières, 2009].

Hormis les principaux garages (automobiles) et quelques soudeurs, tous les artisans sont considérés comme appartenant au secteur informel car ne gérant pas une entreprise formelle [entretien avec M. Hema YAYA – inspecteur des impôts, 2009].

Généralités sur l’artisanat tenkodogolais 

Les artisans de Tenkodogo réalisent une production couvrant, à peu de choses près, l’ensemble des produits et services d’artisanat disponibles au Burkina Faso. La qualité de leur production est satisfaisante, au regard de la moyenne burkinabè, car ils doivent se démarquer des produits véritablement de basse qualité arrivant de Ouagadougou . Leur clientèle étant très locale, voire régionale au plus, il leur est nécessaire de montrer aux clients que leurs produits sont plus fiables, car ils doivent également assurer le service après vente ; cela concerne les soudeurs, tailleurs, menuisiers, … Les marchandises venant de la capitale sont également moins chères car ce qui est produit là-bas n’est pas affecté par un surcoût de transport des matières premières. Les artisans tenkodogolais ne peuvent donc pas jouer la carte de la concurrence sur les produits de basse qualité pour lesquels leurs prix seraient, en moyenne, plus élevés et verraient leurs clients se retourner vers eux en cas d’imprévus ou de malfaçons.

L’offre artisanale est trop souvent limitée à des produits basiques et, bien que de qualité satisfaisante, peu innovants ; notamment dans les domaines de l’artisanat d’art et de l’alimentation. Il y a très peu d’artisans d’art à Tenkodogo et les artisans qui pourraient occasionnellement diversifier une partie de leur production en tant que tel (couturier, menuisier, menuisier métallique/forgeron) ne s’y risquent pas. Les raisons principales à cela sont un manque récurrent de fond de roulement, qui limite la prise de risque, et l’absence, à l’heure actuelle, de clientèle à satisfaire faute de reconnaissance touristique de la région.

Il y aurait, malheureusement, une demande locale et nationale à satisfaire dans certaines productions, en particulier alimentaires, où les importations nord-africaines et asiatiques de basse qualité semblent aisément concurrençables. La transformation alimentaire de la ville de Tenkodogo, à titre d’exemple, se limite le plus souvent à la production de soumbala ou de petits gâteaux, mais ne concerne pas ou si peu le travail des fruits ou des produits laitiers. Tout cela concoure à rendre l’artisanat local fragile, car sous la menace de produits moins chers, moins fiables et plus diversifiés, mais également disposant d’un potentiel de développement intéressant car reposant sur de bonnes bases en termes de capacités de production et de qualité [PCD, 2009 ; entretiens avec les artisans, 2009].

Concurrence au sein du marché burkinabè : offre et demande

Le marché burkinabè repose autant sur l’achat/vente de produits en stock, entendons par là comme étant ayant été produits très récemment et étant immédiatement disponibles, que sur la commande de produits actuellement inexistants. La quasi-totalité des secteurs artisanaux du pays s’approvisionnent en flux tendu, même pour des matières non périssables. Ceci met les artisans sous la menace directe des aléas du marché (rupture de stock, hausse des prix, etc.). Les quelques stocks qu’ils réalisent sont liés à des achats en gros dont l’intérêt premier est une économie d’échelle. Ce système d’approvisionnement et de vente en flux tendu généralisé occasionne des retards importants sur l’ensemble des chaines de production, et de manière « continue et indolore » participe à maintenir l’économie dans un état de fragilité.

De nombreux artisans interrogés ont expliqué se fournir plus ou moins régulièrement à Ouagadougou car la moitié au moins des matières premières dont ils ont besoin ne se trouve pas à Tenkodogo, ou est moins chère ou de meilleure qualité dans d’autres villes (Ouagadougou, Koupéla,…). Cela déséquilibre les capacités de négociations entre les vendeurs et les acheteurs au détriment de ces derniers. En effet, le marché n’est pas pur et parfait car, dans la chaine de transaction, l’offreur est en mesure de faire pression à tout point de vue sur le demandeur ce qui est complètement contraire à la logique de marché capitaliste qui s’applique dans les pays occidentaux par exemple. Le demandeur (artisan vis-à-vis de son fournisseur) est dépendant de lui car :
• Il y a une pénurie généralisée de toutes les marchandises sur le marché.
• Certains artisans ont des difficultés à entrer sur le marché (se déplacer jusqu’à Ouagadougou ou faire venir les marchandises à eux).
• La négociation des prix opacifie le jeu de la concurrence dès lors qu’on ne connaît pas le prix minimum auquel le vendeur est prêt à céder sa marchandise. De même, les prix de départ ne sont que rarement connus à moins d’engager la négociation avec le vendeur (hors de Ouagadougou les prix sont rarement étiquetés sur les produits).
• Tous les fournisseurs ou presque fournissent strictement les mêmes produits sans chercher à se diversifier et l’absence de connaissance du marché (pas de publicité, pas de comparaison des produits) ne permet pas aux fournisseurs « créatifs » de faire connaître leur produits.
• Les demandeurs et les fournisseurs ne communiquent pas en dehors des relations de marché (se limitant au négoce).

Cela étant, les artisans des provinces (hors de la capitale) ont du mal à se montrer concurrentiels. Ils déplorent unanimement un coût de la vie trop élevé à mesure que l’on s’éloigne de Ouagadougou et parallèlement une obligation pour eux de vendre plus cher que les artisans de la capitale. Ce surcoût leur est très défavorable en raison de leur faible capacité à innover, amenant globalement l’ensemble des artisans burkinabè à produire les mêmes articles (exception faite des artisans d’art dans certains centres d’artisanat). Par conséquent, le rapport qualité/prix devient le seul élément de comparaison entre les produits. Le prix joue en la défaveur des artisans tenkodogolais, ceux-ci doivent donc se tourner vers une production « de qualité » pour pouvoir exporter et supporter l’épreuve de la concurrence.

Malheureusement les artisans burkinabè, et tenkodogolais plus particulièrement, s’ils annoncent souvent leur volonté de produire des biens ou des services de meilleure qualité n’en ont souvent pas les moyens financiers et se retrouve tous à produire plus ou moins les mêmes articles. Ainsi le prix devient, en définitive, le critère de décision premier des consommateurs. Celui-ci est fortement impacté par le surcoût d’importation des produits depuis la capitale lorsqu’ils ne sont pas disponibles sur place. L’étendue du marché d’une ville détermine donc le prix des marchandises que l’on y vend : plus il est grand, moins les artisans ont besoin de se déplacer, moins cela se répercute sur leurs prix. A ce jeu, force est de constater que Tenkodogo s’en sort moyennement sans tirer son épingle du jeu. Les artisans, au même titre que les clients, classent trop souvent les produits en deux catégories : mauvaise qualité et bonne qualité, et ne maîtrisent pas bien le concept de rentabilité et de meilleur rapport qualité/prix ; qui pourrait permettre un meilleur positionnement de la production tenkodogolaise. Une production offrant un bon rapport qualité/prix se destinerait parfaitement au marché local, tandis qu’une production de qualité supérieure permettrait de percer sur les marchés plus éloignés [PCD, 2009 ; entretien avec les artisans, 2009].

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Table des matières

Introduction
1 Diagnostic de la situation économique de Tenkodogo
1.1 Situation et poids de l’artisanat dans l’économie locale
1.1.1 Que désigne-t-on par le terme artisanat ?
1.1.2 Généralités sur l’artisanat tenkodogolais
1.1.3 Concurrence au sein du marché burkinabè : offre et demande
1.2 Photographie des professions artisanales à Tenkodogo
1.2.1 Bijoutier
1.2.2 Dolotière
1.2.3 Fabricant de savon au beurre de karité
1.2.4 Fabricant de savon liquide
1.2.5 Maroquinier
1.2.6 Mécanicien automobile / mécanicien 4 roues
1.2.7 Mécanicien moto / mécanicien 2 roues
1.2.8 Mécanicien moulins et pompes
1.2.9 Menuisier (bois)
1.2.10 Soudeur / Menuisier métallique
1.2.11 Tailleur / couturier
1.2.12 Tapissier
1.2.13 Tisserand
1.2.14 Transformatrice
1.3 Importance de l’activité commerciale
1.4 Problèmes rencontrés par les artisans et les commerçants
1.4.1 Les difficultés au développement artisanal
1.4.2 Les difficultés pesant sur l’activité commerciale
2 Synthèse des projets et programmes appuyant la commune
2.1 Les acteurs locaux du développement économique à Tenkodogo
2.1.1 Acteurs institutionnels et acteurs privés (financeurs)
2.1.2 Acteurs associatifs
2.1.3 Les acteurs et projets de la coopération nationale et internationale
2.1.4 Synthèse des relations entre l’ensemble de ces acteurs
2.2 Les politiques récentes mises en place par la commune
2.2.1 Les préconisations en termes d’urbanisme
2.2.2 Renforcement des activités agro-pastorales
2.2.3 Renforcement de l’artisanat et au commerce
2.2.4 Renforcement du tourisme et de l’hôtellerie
2.2.5 Renforcement de la position nodale de Tenkodogo comme plaque tournante du transit routier
2.2.6 Renforcement des capacités de gestion communale des problématiques économiques
3 Propositions et préconisations pour un renforcement de l’économie tenkodogolaise
3.1 Généralités sur les leviers d’appui à l’artisanat
3.2 Les chaines de production locales
3.3 Les actions urbaines pouvant être menées
3.3.1 Stratégies économiques urbaines et concept de co-localisation
3.3.2 Les espaces à forte potentialité à Tenkodogo
3.4 Plan d’action à court et moyen terme
3.4.1 La valeur de Tenkodogo sur le marché burkinabè
3.4.2 Synthèse des axes d’appui à l’artisanat tenkodogolais
3.4.3 Exemples d’actions précises à court terme
Annexe I : Nomenclatures des activités artisanales
Annexe II : Données statistiques sur les productions agricoles
Annexe III : Réponses des camionneurs enquêtés transitant par Tenkodogo du 28/07 au 07/08/2009
Annexe IV : Questionnaire aux artisans tenkodogolais
Annexe V : Questionnaire aux associations
Annexe VI : Questionnaire aux camionneurs transitant par Tenkodogo
Liste des abréviations
Bibliographie

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