DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE DES BACTERIEMIES 

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Bactériémies d’origine thromboembolique :

A partir d’un foyer initial cutané (plaies, infection de brûlures…) ou muqueux (rhino-pharynx, appareil génital) se développe localement une réaction inflammatoire à l’origine d’une thrombophlébite (inflammation d’une veine accompagnée d’un caillot sanguin au siège de l’inflammation). Certains germes comme S.aureus peuvent même contribuer à la formation de ce caillot en produisant une coagulase.
Les microorganismes migrent à l’intérieur du caillot et s’y multiplient à l’abri de la phagocytose. Sous l’action d’enzymes microbiennes protéolytiques comme les fibrinolysines, le caillot est ensuite dissocié en embols septiques qui suivent le courant sanguin.
Ces embols sont suffisamment petits pour être rapidement phagocytés mais quelquefois certains y échappent et développent des foyers infectieux secondaires (pulmonaires, ostéoarticulaires, endocarditiques).
Dans ce type de bactériémie, la fièvre est irrégulière : chaque décharge bactérienne se manifeste par l’apparition d’un clocher thermique [16].
Ces bactériémies sont les plus fréquentes. Les germes en cause sont très nombreux :
 Cocci Gram positif : les staphylocoques notamment S.aureus, les streptocoques, le pneumocoque
 Bacilles Gram négatif : les entérobactéries, Pseudomonas aeruginosa
 Cocci Gram négatif : Neisseria meningitidis
 Bactéries anaérobies strictes : Clostridium perfringens, Flore de veillon(Bacteroides fragilis++)

Bactériémies d’origine lymphatique :

La porte d’entrée est souvent digestive. Au niveau de la lumière intestinale, les bactéries pathogènes telles que Salmonella Typhi traversent la muqueuse intestinale sans provoquer de lésion, puis gagnent les ganglions mésentériques ou certains germes résistent à la destruction par les macrophages, se multiplient et rejoignent la circulation générale par le canal thoracique.
La décharge bactérienne est continue, la fièvre plutôt régulière. Les bactéries restées au niveau des ganglions mésentériques, sont souvent lysées ce qui libère leur endotoxine dans le sang. Le risque de choc endotoxinique est fréquent [17].
Ce schéma pathogénique est typique de la typhoïde (Salmonella Typhi, S.Paratyphi A, B) et de la brucellose (Brucella spp ).

Bactériémies d’origine endocarditique :

L’endocardite infectieuse résulte de la colonisation, par des bactéries circulant dans le sang, d’une végétation fibrinoplaquettaire initialement stérile qui s’est développé sur un endocarde lésé.
Ces bactéries se fixant sur l’endocarde proviennent d’une bactériémie dont le point de départ est un foyer infectieux (bucco-dentaire, obstétrical, pelvien…) le plus souvent discret cliniquement.
La population bactérienne au sein de ces végétations infectées, est très élevée et les bactéries les plus profondément enfouies sont métaboliquement peu actives (défectives) et peu accessibles à l’action des antibiotiques.
La végétation septique constituée de fibrine, de plaquettes et de bactéries peut se fragmenter en embols qui vont se disséminer dans l’organisme. L’infection se généralise, les complications sont multiples : risque d’embolies (obstructions de vaisseaux notamment au niveau du SNC), d’infections à distance (foyers secondaires : SNC, viscères abdominales, os, articulations..) de vascularites (dépôts de complexes immuns induisant une inflammation de la paroi des vaisseaux sanguins) … [13].
Les principaux germes en cause sont : les streptocoques et les staphylocoques [18].

Bactériémies par effraction :

Le plus souvent, le germe est introduit dans la circulation par le biais de dispositifs intra vasculaires tels que les cathéters, par le biais de matériel (sonde, drains, endoscopes…) ainsi que lors d’interventions dites « septiques » comme la chirurgie digestive.
Les micro-organismes les plus fréquemment impliqués dans ces bactériémies nosocomiales sont : les staphylocoques, les entérobactéries, et Pseudomonas aéruginosa [19].

Bactériémies néonatales :

Le foetus et le nouveau-né peuvent être contaminés par l’intermédiaire du système vasculaire placentaire ou au moment de l’accouchement. Les principaux germes responsables de bactériémies sont Streptococcus agalactiae, E. coli K1 ou Listeria monocytogenes [20].

Conditions de culture :

Il est classique pour une même hémoculture d’ensemencer un jeu de deux flacons, l’un incubé en aérobiose, l’autre en anaérobiose.
Les milieux de culture peuvent être liquides (Bouillon trypticase soja= aérobie , Bouillon thioglycolate= anaérobie) ou biphasique (Flacon de Castaneda).
 Atmosphère aérobie et anaérobie :
Le flacon aérobie présente une atmosphère aérobie enrichie en CO2 pour favoriser la croissance de nombreux germes tels : Haemophilus, Streptococcus, Neisseria, Campylobacter et Brucella. Le flacon anaérobie contient une atmosphère anaérobie composée de CO2 et de N2.
Considérant la diminution importante de la fréquence des bactéries anaérobies, l’intérêt du flacon anaérobie pourrait être remis en question mais :
 obligatoire dans les services de chirurgie digestive et gynécologique
 Développement plus rapide bactéries aéro-anaérobies comme les Streptocoques et Entérocoques
 Permet de doubler le volume de sang mis en culture ce qui accroit la sensibilité de l’hémoculture [6].
 Le polyanéthol sulfonate de sodium (SPS) :
C’est l’anticoagulant très généralement utilisé dans les bouillons pour hémoculture à une concentration de 0,025 à 0,05 % [28].
Il Inhibe l’activité bactéricide du sérum, la phagocytose cellulaire, l’activité du complément et du lysozyme ainsi que certains antibiotiques (aminosides) [28].
Mais risque d’inhibition de certaines souches de Neisseria, Peptostreptococcus anaerobius, Streptobacillus moniliformis… [23].
 suppléments en facteurs de croissance :
Ces milieux sont supplémentés en nutriments et facteurs de croissance (vitamines, hémine, hydrate de carbone, cystéine…) pour permettre la culture de presque tous les germes retrouvés en pathologie humaine [6].
 Neutralisation des antibiotiques :
Certains flacons contiennent des résines adsorbeuses de cations ou du charbon activé qui ont un effet neutralisant des antibiotiques.
Une étude réalisée en 1993 a mis en évidence une diminution partielle de l’activité de la ticarcilline, de I’aztreonam, de la ceftriaxone, de I’imipenème et de la teicoplanine. [22].
Il est surtout conseillé de réaliser les prélèvements pour hémocultures, “à la vallée”, à distance de l’administration des antibiotiques [23].
 Incubation des flacons d’hémoculture :
Pour les méthodes conventionnelles une incubation de 7jours, au minimum, à 37 °C est recommandée.
Pour les systèmes automatisés, une incubation de 5 jours à 37 °C est suffisante. Au-delà de ce délai les bactéries détectées sont généralement des contaminants qui étaient présent en très faible quantité dans le prélèvement. [29][30].
Cependant, quelque soit le système utilisé, un temps d’incubation plus long est nécessaire Lorsque une bactérie de culture difficile est suspectée (brucella, legionella..) ou dans des contextes cliniques particuliers (endocardites, patients sous antibiothérapie) [31].

Méthodes de détection et d’identification bactérienne:

Les méthodes conventionnelles :

 Examen macroscopique :
Ces méthodes reposent sur l’examen, deux fois par jour au cours des 48 premières heures puis une fois par jour, de l’aspect macroscopique des flacons à la recherche de signes de croissance bactérienne.
Un flacon négatif montre en général un dépôt d’hématies recouvert d’un bouillon transparent jaune pâle.
La croissance bactérienne se manifeste par une turbidité, hémolyse, production de gaz ou coagulum…
Il est possible en fonction de l’aspect d’un flacon de pressentir l’identité de la bactérie en cause. [23].

Résultats et interprétation :

Hémocultures positives :

hémocultures mono microbienne :

La difficulté de l’interprétation réside souvent dans la distinction entre les vraies bactériémies et les souillures au moment du prélèvement.
Pour tenter de faire la différence, on se base sur :
 l’espèce du germe isolé :
L’isolement d’un germe ayant un pouvoir pathogène spécifique confirme son implication dans une véritable bactériémie. Par contre l’isolement d’un germe présent naturellement sur la peau ou dans l’environnement est en faveur d’une souillure. L’interprétation est beaucoup plus délicate pour des germes qui peuvent aussi bien être responsables de vraies bactériémies que de simples contaminations.
 le nombre de flacons positifs :
Si un même germe est isolé de plusieurs flacons, on peut conclure à une véritable bactériémie. Si sur plusieurs prélèvements, un seul flacon est positif, il faut tenir compte de l’espèce isolée (tableau ci-dessus)
 la présence de signes cliniques :
Il est primordial de confronter les résultats microbiologiques obtenus au laboratoire avec le contexte clinique que connait le médecin en charge du patient.
 la présence du même germe sur un autre site infectieux :
L’isolement d’un même germe au niveau d’une hémoculture et d’un foyer infectieux (urine, prélèvement broncho-pulmonaire, pus abdominal, LCR …) est un argument en faveur d’une bactériémie.

Hémocultures poly microbiennes :

Les bactériémies polymicrobiennes sont peu fréquentes et sont surtout rencontrées dans un contexte clinique particulier :
 infection grave chez l’immunodéprimé (cirrhose, cancer colique..)
 bactériémie à point de départ cutanée : brûlures, escarres..
 bactériémie à point de départ digestif : chirurgie abdominale avec effraction
La présence de plusieurs germes sur les milieux de culture doit cependant être interprétée avec prudence car la plupart des bactériémies sont monomicrobiennes et le plus souvent un des germes retrouvés est une souillure apportée au moment du prélèvement. L’interprétation des résultats tient compte de l’identification des germes isolés, du nombre de flacons positifs sur le nombre total d’hémocultures réalisées et du contexte clinique [38].

Recueil des données :

Le recueil des données s’est fait à partir des registres et des fiches d’antibiogramme du laboratoire de Bactériologie du CHNU FANN
Les variables recueillies sont : – Mois et année du prélèvement
– Age et sexe du patient
-Service de provenance
– Indication de l’hémoculture
– Bactérie isolée
– Sensibilité aux antibiotiques des isolats

Exploitation des données :

Les données ont été saisies puis exploitées avec les logiciel EPI.INFO dans sa version 3.5.4 et Excel, afin d’obtenir des résultats statistiques.

Pratique de l’hémoculture au laboratoire :

Réception des ballons d’hémoculture :

-vérification du bulletin d’analyse (identité du malade, diagnostic clinique, éventuel traitement reçu, date et heure du prélèvement, service, prescripteur)
-enregistrement des ballons d’hémoculture sur le registre de paillasse [39].

Etude de la sensibilité aux antibiotiques :

L’antibiogramme a été réalisé par la méthode de diffusion sur gélose Mueller Hinton (MH) en réalisant un écouvillonnage selon les normes du comité de l’antibiogramme de la société française de microbiologie (CA-SFM)
Un inoculum standard 0.5 McFarland (108 UFC/ml) est préparé à partir d’une culture de 18-24 h sur milieu gélosé non sélectif par dilution en solution saline (0,9 % NaCl)
Le choix des disques d’ATB à tester dépend de la bactérie isolée et s’est fait, également, selon les normes du CA-SFM
La lecture s’est faite après 18-24 h d’incubation à 35-37° C
Les différents résultats ont été classés en sensible (S), intermédiaire (I) ou résistant (R). Pour faciliter la lecture interprétative, les souches intermédiaires ont été considérées comme résistantes.
 Staphylocoques :
Les disques d’ATB utilisés sont les suivants :
E : Erythromycine ;L : Lincomycine ; PT : Pristinamycine ; TE : Tétracycline ; C : Chloramphénicol ; SXT : Cotrimoxazole ; PEF : Péfloxacine ; VA: Vancomycine ;FA : Acide fusidique ; K: Kanamycine ; TM: Tobramycine ; GM: Gentamicine ; PG : Pénicilline G ; CIP : Ciprofloxacine ; OXA : Oxacilline ; FOX : Céfoxitine [40].
La résistance à la méticilline a été recherché par un disque d’oxacilline chargé à 5 μg sur gélose MH hypersaléé incubée 24h à 37° C et/ou par un disque de cefoxitine chargé à 30 μg dans les conditions standards de l’antibiogramme [40].
 Streptocoques :
Les disques d’ATB utilisés sont les suivants :
E : Erythromycine ;L : Lincomycine ; PT : Pristinamycine ; TE : Tétracycline ; C : Chloramphénicol ; SXT : Cotrimoxazole ; VA: Vancomycine ; K: Kanamycine ; TM: Tobramycine ; GM: Gentamicine ; PG : Pénicilline G ; CIP : Ciprofloxacine ; OXA : Oxacilline ; FOX : Céfoxitine ;AMX : amoxicilline [40].
 Entérobactéries :
Les disques d’ATB utilisés sont les suivants :
AMX : Amoxicilline ; TIC : Ticarcilline ; CTX : Céfotaxime ; CF : Céfalotine ; FOX : Céfoxitine ; AZT : Aztréonam ; AMC : Amoxicilline + acide clavulanique ; CAZ : Ceftazidime ; IMP : Imipénème ; PIP : Pipéracilline ; CRO : Ceftriaxone ; FOS : Fosfomycine ;C : Chloramphénicol ; K : Kanamycine ; GM : Gentamicine ; TM : Tobramycine ; AN : Amikacine ; NET : Nétilmicine ; TE : Tétracycline ; LVX : Lévofloxacine ; CS : Colistine ; NA : Acide nalidixique ; NOR : Norfloxacine ; PEF : Péfloxacine ; CIP : Ciprofloxacine ; SXT : Cotrimoxazole ; NI : Nitroxoline [40].
La recherche des entérobactéries productrices de beta-lactamases (BLSE) a été effectué par le test de synergie entre un inhibiteur de beta-lactamase (AMC) d’une part et une C3G ou l’aztreonam d’autre part dans les conditions standards de l’antibiogramme [40].

Profil des bacilles à Gram négatif :

Les BGN étaient majoritaires avec 54.4% des isolats.
Le rapport BGN/CGP = 1.2 en faveur des BGN.
Ils ont représenté 54.4% des isolats soit 346 souches avec une prédominance des entérobactéries ( 218 souches soit 34.3% de l’ensemble des isolats).
Parmi les entérobactéries K.pneumoniae était le germe le plus fréquemment retrouvé (15%) suivi d’Enterobacter spp (9.3%) et d’E.coli (6%).
Parmi les non fermentaires P.aeruginosa était en tête (8.5%) suivi d’Acinetobacter spp (6.3%). L’analyse de la cinétique des isolements durant les 5 années d’étude a montré qu’il y’a eu une baisse du taux d’isolement des BGN qui est passé de 66.9% en 2012 à 48.9% en 2016.
On a assisté à une diminution de la fréquence des isolements de K.pneumoniae et P.aeruginosa. En contrepartie la fréquence des isolements d’Enterobacter spp a augmenté.

Profil des cocci à Gram positif

Les CGP ont représenté 45.5% des isolats (289 souches) et sont constitués essentiellement de SCN et S.aureus avec des taux respectifs de 20.6% et 17.5% de l’ensemble des isolats.
Les streptocoques n’ont représenté que 7.4% de l’ensemble des isolats.
L’analyse de la cinétique des isolements durant les 5 années d’étude a montré qu’il y’a eu une augmentation du taux d’isolement des CGP qui est passé de 33.1% en 2012 à 51.4% en 2016
On a également noté une augmentation de la fréquence des isolements des SCN qui est passé de 13.4% en 2012 à 31.5% en 2016.

Profil épidémiologique :

Le sexe des patients :

Dans notre étude, le sex-ratio est en faveur du sexe masculin avec un taux de 1.2, ce taux est comparable avec ceux obtenus dans plusieurs études qui ont été réalisés au Sénégal, au Burkina-Faso, au Maroc, en Tunisie, et ayant enregistré des taux respectifs de 1.07, 1.16, 1.25 et 1.65 [41][42][43][44].
Les hommes sont plus exposés au risque de septicémies que les femmes. Ceci serait dû à une différence dans l’immunité, en effet, il a été démontré que les hormones sexuelles mâles (androgènes) ont un effet suppresseur sur la réponse immunitaire à médiation cellulaire. En revanche, les hormones sexuelles féminines présentent des effets protecteurs contre les infections [45].

L’âge des patients :

L’âge moyen de nos malades était de 41,7ans. La majeure partie de nos malades (21.1 %) étaient âgées de plus de 60 ans ce qui est conforme à la littérature ou il a été constaté que les bactériémies surviennent le plus souvent chez les personnes âgés de 60 ans et plus [46]. Cela peut s’expliquer par la fréquence des pathologies sous-jacentes (HTA, diabète) et de l’immunodépression qui sont considérées comme des facteurs de risque de survenue de bactériémies chez cette tranche d’âge [47].

Le service d’hospitalisation :

Dans notre étude, 47.1% des hémocultures positives provenaient du service des maladies infectieuses, 15.8% du service de neurologie, 15.6% du service de neurochirurgie et 11.6% du service de pneumologie.
G.A. KI-ZERBO et al [41], dans une étude menée au CHNU de FANN à Dakar, ont également trouvé que la majeure partie des bactériémies provenait des services des maladies infectieuses et de neurologie mais avec des taux respectifs différents de 95.25% et 2.5%
Ces résultats sont différents de ceux qui ont été enregistrées par NGOYI et al à Brazzaville [3] qui ont trouvé que 56.14 % des bactériémies provenaient du service d’Hépato-Gastro-Entérologie, 20.17 % du service de cardiologie et 16.66 % du service des Maladies Infectieuses.
Selon Baudat, dans une étude menée en Suisse [48], les services qui ont le plus fort pourcentage de positivité des hémocultures sont ceux de médecine (56,1%), suivi des soins intensifs (19,5%), des services chirurgicaux y compris la gynécologie et l’obstétrique (16,1%) et de la pédiatrie (8,3%).

Profil bactériologique :

Le profil bactériologique des bactériémies était marqué par la prédominance des BGN (54.5%) par rapport aux CGP (45.5%).
Ce résultat est très proche des données de la littérature obtenues dans les pays africains. Ainsi, une étude tunisienne a trouvé un taux de BGN de 60% et un taux de CGP de 39,4% [2]. Une étude marocaine a également trouvé des taux très proches 59,63% % pour les bacilles Gram négatif et 39,13% % pour les cocci Gram positif [43]. Au Cameroun les BGN sont également les germes les plus retrouvés avec 76% contre 24% de CGP [49].
Par contre, dans d’autres études multicentriques réalisées en France et aux Etats unis, on a rapporté une prédominance des CGP (54% et 78.1%) [50][51].
Les différences sont évidentes avec ces pays qui se sont engagés depuis longtemps dans des programmes de surveillance et de prévention des infections nosocomiales ; les différences dans la prise en charge du risque d’infection nosocomiale et une meilleure maitrise de l’antibiothérapie sont des éléments déterminants dans ces écarts [2].
Dans notre étude, les entérobactéries sont dominées par K.pneumoniae (15%), et Enterobacter spp (9.3%) ce qui est largement supérieur à l’étude française (3.6% pour K.pneumoniae et 5.1% pour Enterobacter spp) [50].
Dans les études camerounaises et marocaines K.pneumoniae était retrouvé à des taux, respectifs, largement supérieur au nôtre : 40.9% et 20.49% [49][43].
Dans l’étude multicentrique tunisienne, K .pneumoniae vient au 2éme rang (14%), après E. coli (14.7%), suivie par Enterobacter spp (7.8%) [2].
Par ailleurs, Acinetobacter spp (6.3%) et P. aeruginosa (8.5%) sont représentés avec des taux proches de ceux des études Tunisienne [2] et Marocaine [43] qui ont trouvé des taux respectifs de 4.5% et 5.7% pour Acinetobacter spp et 7.6% et 9.6% pour P.aeruginosa.
Nos taux sont différents de ceux de l’étude française où A. baumannii et P.aeruginosa représentaient respectivement 1,7 % et 12,1 % [50].
La fréquence d’Acinetobacter spp et de P. aeruginosa est liée au caractère nosocomial fréquent des bactériémies, elle suggère une transmission manuportée et un problème de maîtrise de l’environnement hospitalier [1].
Par ailleurs, dans notre étude, les isolats de cocci Gram positif sont constitués essentiellement de SCN dont la proportion est de 20.6% de l’ensemble des isolats alors qu’ils ne représentent que 1.9%, 4.09% et 16.3% respectivement dans les études tunisienne, marocaine et française. Une étude américaine a retrouvé un taux de SCN supérieur au notre soit 42% de l’ensemble des isolats [51].
En revanche les S.aureus ne représentent que 17.5% dans notre étude mais 18.5%, 21% et 27.66 % dans les études tunisienne, marocaine et française.
Ces différences entre les différentes études témoignent de la difficulté d’interpréter les hémocultures positives à bactéries commensales.
L’analyse de la cinétique des isolements montre que le rapport des isolements des CGP et des BGN s’inverse progressivement en faveur des premiers.
Cette tendance épidémiologique a été constaté dans les pays industrialisés depuis les années 1980 [52][4], elle est probablement liée à l’introduction de plus en plus des techniques invasives et l’utilisation de l’imipénème et des C3G dans les habitudes thérapeutiques.

Etude de la sensibilité aux antibiotiques :

Les bacilles à Gram négatif :

 Entérobactéries :
Dans notre étude, les entérobactéries étaient résistantes aux C3G dans 68.9% des cas. Ce taux est supérieur aux données de la littérature [2][43][49][51][53].
De grandes variations ont été observées selon les espèces bactériennes.
Dans notre série, le taux le plus élevé de résistance aux C3G a été observé chez K.pneumoniae (87.5%). Cette résistance serait liée à la production d’une BLSE (85.3% des souches de K.pneumoniae étaient sécrétrices de BLSE). Comparativement à d’autres études, le taux de résistance aux C3G de K.pneumoniae est nettement supérieur à celui observé en Tunisie, en Europe et aux Etats-Unis [2][54][55].
Une étude similaire réalisée au CHNU de FANN entre 1985 et 1987 a trouvé que les entérobactéries étaient sensibles à la ceftriaxone dans 100% des cas.
63.8% de nos entérobactéries étaient des BLSE ce qui est largement supérieur aux taux retrouvés dans les études tunisienne, camerounaise, européenne et d’Amérique du nord [51][53].
Ces résultats sont alarmants car les C3G sont considérées comme les antibiotiques les plus actifs sur les BGN et particulièrement les entérobactéries [2] d’autant plus que la résistance croisée à d’autres familles d’antibiotiques (aminosides, fluoroquinolones) est très fréquente ce qui complique la prise en charge thérapeutique [1].
Ceci pourrait s’expliquer par l’importance des infections nosocomiales associées à l’effet de pression de sélection des antibiotiques inhérent à certaines activités de soin et l’absence de mesures d’hygiène face à un porteur de bactéries multi résistantes [2].
La résistance de nos entérobactéries à la ciprofloxacine a été de 32.3%, ce taux est proche de ceux retrouvés dans les séries camerounaise et algérienne (35.8%, 28%) [49][56].
L’amikacine a été l’aminoside le plus actif avec seulement 2.6% de résistance ce qui est conforme à la littérature [49][2][56].
Les carbapénèmes étaient les plus actives sur les entérobactéries aussi bien dans notre étude que dans la littérature. La seule souche résistante à l’imipenème dans notre série était en réalité de sensibilité intermédiaire
Face à l’émergence continue et imprévisible de nouveaux mécanismes de résistance chez les entérobactéries, notamment aux carbapénèmes, le développement de nouvelles alternatives thérapeutiques serait une priorité de santé publique [37].
 Les bacilles non fermentaires :
Le taux de résistance des isolats de P.aeruginosa à l’imipénème (14.6%) était comparable à ceux observés en France (16%) [57] et aux états unis (14.3%) [58]. Cela dit des taux inferieurs ont été rapportés en Tunisie (10%), au Cameroun (9.5%) et au Maroc (11.1%) [2][49][43].
La résistance à la ceftazidime s’élevait à 26%. C Okalla et al, au cameroun, [49] et S.Mahmoudi et al en Iran [59] ont trouvé des résultats similaires avec des taux respectifs de 30.4% et 25%. Par contre ce taux était supérieur à ceux observés en France (12%), aux états unis (15.5%) et en Tunisie (15%) [57][58][2].
L’activité des fluroquinolones sur Pseudomonas varie d’une étude à l’autre : dans notre étude le taux de résistance à la ciprofloxacine n’est que de 6.5 % ce qui le situe parmi les taux les plus faibles comparativement à d’autres études marocaine, tunisienne et américaine respectivement (22,2 %,17%, 20.8 %) [43][2].
La résistance des BGN non fermentaires, particulièrement d’Acinetobacter spp, aux bêta-lactamines pose un problème au niveau des centres hospitaliers. En effet le taux de résistance d’acinetobacter spp à l’imipenème et à la ceftazidime étaient très élevés (40.6% et 75.9%). El mouali et al [43] ont trouvé des résultats similaires au Maroc (50% et 68.7%) par contre Ben Jemaa et al, en Tunisie, ont trouvé un taux de résistance à l’imipenème de seulement 4% [2].
Cette différence est probablement lié à la prescription empirique et non contrôlée de cette molécule.
La ciprofloxacine a été inefficace sur 56.3% des d’Acinetobacter spp ce qui est inférieur aux résultats trouvés dans les études tunisienne et algérienne (73% et 75%) [2][56].
Parmi les aminosides, l’amikacine est la molécule la plus active que ce soit pour Pseudomonas ou Acinetobacter. Ceci est conforme aux résultats trouvés par Ben jemaa et al en Tunisie [2].
La capacité de ces 2 BGN non fermentaires à persister au niveau de l’environnement hospitalier et à cumuler des facteurs de résistance aboutissant rapidement à une impasse thérapeutique expliquent les taux de résistance constatés [1][60][61].
L’évolution prévisible vers la multi résistance indique la nécessité d’intensifier les efforts afin d’élucider les problèmes de maitrise de ces infections et de fournir de nouvelles alternatives thérapeutiques [61].

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
CHAPITRE 1 : DEFINITIONS
1.1-Bactériémie
1.2-Septicémie
1.3-Hémoculture
CHAPITRE2 : PHYSIOPATHOLOGIE DES BACTERIEMIES
2.1-Bactériémies d’origine thromboembolique
2.2-Bactériémies d’origine lymphatique
2.3-Bactériémies d’origine endocarditique
2.4-Bactériémies par effraction
2.5-Bactériémies néonatales
CHAPITRE3-DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE DES BACTERIEMIES 
3.1-Le prélèvement
3.2-Conditions de culture
3.3-Méthodes de détection et d’identification bactérienne
3.3.1-Les méthodes conventionnelles
3.3.2-Les méthodes automatisées
3.3.3-La détection et l’identification bactériennes Par amplification génique (PCR) universelle et détermination de la séquence de I’ARNr 16S
3.4-Résultats et interprétation
3.4.1-Hémocultures positives
3.4.2-Hémocultures négatives
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
CHAPITRE 1 : CADRE ET PERIODE D’ETUDE
CHAPITRE 2 : MATERIELS ET METHODES
2.1-Echantillonnage
2.2-Recueil des données
2.3-Exploitation des données
2.4-Pratique de l’hémoculture au laboratoire
2.4.2-Protocole opératoire des hémocultures au laboratoire
2.5-Etude de la sensibilité aux antibiotiques
CHAPITRE 3 : RESULTATS
3.1-Profil épidémiologique
3.1.2-Répartition des bactériémies selon le sexe
3.1.3-Répartition des bactériémies selon l’âge
3.1.4-Répartition selon le statut interne-externe
3.1.5-Répartition des bactériémies en fonction des services cliniques
3.1.6-Répartition des bactériémies en fonction des années
3.2-Profil bactériologique
3.2.1-Profil des bacilles à Gram négatif
3.2.2-Profil des cocci à Gram positif
3.3-Etude du profil de résistance aux antibiotiques
3.3.1-Bacilles à Gram négatif
3.3.1.1-Entérobactéries
3.3.1.2- Bacilles non fermentaires
3.3.2-Cocci à Gram positif
3.3.2.1-Staphylocoques
3.3.2.2-Streptocoques
CHAPITRE 4 : DISCUSSION
4.1-Profil épidémiologique
4.1.1-Le sexe des patients
4.1.2-L’âge des patients
4.1.3- Le service d’hospitalisation
4.2-Profil bactériologique
4.3-Etude de la sensibilité aux antibiotiques
4.3.1-Les bacilles à Gram négatif
4.3.2- Les Cocci à Gram positif
CONCLUSION
REFERENCES

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