Devenir des brochets (Esox lucius L.) issus de pisciculture

Analyses des données

   Les moyennes employées sont des moyennes arithmétiques. Elles sont suivies de ± l’écart type à la moyenne (ou erreur standard). La notion d’erreur standard, ou écart type de la moyenne, dépend du nombre de données dans l’échantillon, plus il est grand et plus l’erreur standard est petite. Elle donne l’estimation de la qualité de la moyenne. Les valeurs moyennes sont donc suivie de la valeur minimale enregistrée (« min ») et le la valeur maximale (« max ») qui permettent d’estimer l’étendue des valeurs recueillies. Les analyses statistiques ont été réalisées avec le logiciel XLstat. Les tests statistiques ont été réalisés au seuil de significativité 0.05. La distribution des données n’étant pas normale (vérification avec le test Shapiro-Wilk) ou le nombre d’individus n’étant pas suffisant, les tests utilisés ont été des tests non-paramétriques : test Mann-Whitney (test bilatéral) pour comparer 2 échantillons et test de Kruskal-Wallis et comparaisons multiples par paires suivant la procédure de Dunn (test bilatéral) pour comparer plus de 2 échantillons. Des Boites à moustaches (boxplot) ont parfois été utilisées pour représenter les données. Ces figures représentent les valeurs caractéristiques d’un échantillon, sans intégrer les valeurs extrêmes (Figure 12).

Débit et taux de capture

Remarque : les faibles nombres d’années et de captures ne permettent pas de réaliser une analyse statistique robuste de corrélation entre taux de capture et débit du cours d’eau. L’influence de ce paramètre sera donc estimée par description graphique. Les captures ont eu lieu en moyenne à des débits de 98,6 m3/s (± 92,1 ; min=14,6 ;max=592). Il apparait que plus le débit au moment du lâcher est élevé plus le taux capture des poissons, en particulier des 50 +, est faible. La précocité et l’intensité du premier coup d’eau semble limiter le taux de capture des poissons, en particulier les <50. (Tableau 2).Bien qu’en 2009 les poissons aient été déversés à un débit relativement faible (équivalent au débit lors du lâcher de 2011), les valeurs de captures sont différentes entre ces années. La chronique de débits montre qu’un coup d’eau a eu lieu avant le lâcher (moyenne : 110m3/s sur 9 jours). Ce phénomène n’a pas eu lieu en 2007 et 2010. Il est probable que cette augmentation du débit ait engendré une augmentation de la quantité de matières en suspension qui a alors perturbé les captures de poissons, notamment de <50. Les captures après un hiver semblent liées au passage de l’onde de crue. Ainsi, plus la crue est caractérisée par un débit élevé et une forte intensité, moins le nombre de poissons capturés est important. Il semble que les 50+ soient plus sensibles la valeur maximale du débit (et à l’amplitude de cette variation) et les <50 à la moyenne du débit hivernal (janvier à mai) (Tableau 3). Les variations de débits ne semblent pas être un paramètre très limitant ; des prises ont eu lieu quelque soit la tendance d’évolution du débit (augmentation, stagnation, diminution)(Figure 16).

Durée du séjour dans la rivière

  Les poissons passent en moyenne 180 jours (± 179 ; min=3 ; max= 788) dans le cours d’eau avant d’être capturé. Cette valeur dépend des années (Test de Kruskal-Wallis : K= 38,548 ; ddl=4 ; p<0,001)(Figure 17a) et de leur taille au moment du lâcher (Test de Mann-Whitney :U= 3206,00 ; p= 0,003). Les captures des années 2007 et 2008 étant significativement plus rapides qu’en 2009 et 2010 (années pour lesquelles un nombre plus important de poissons a été capturé après un hiver) (procédure de Dunn : p<0,001). Cette valeur de temps de séjour dans le cours d’eau est, en effet, dépendante de la survie post-hivernale qui va influencer le nombre de captures après le mois de mai. Les poissons 50+ sont capturés plus vite que les <50 : la moitié des poissons de 50+ ayant été capturée avant la fermeture de la pêche des carnassiers. (Figure 17b). Les poissons capturés une seconde fois le sont en moyenne 108 jours après leur première capture (±82 ; min=3 ; max=197). Nb : l’un des ces poissons a été capturé 5 jours après le déversement puis 3 jours après sa relâche.

Sens de déplacement

Les poissons déversés ne semblent pas avoir eu   de préférence quant à leur sens de déplacement. En effet, 46% des poissons ont été capturés à l’amont de leur point de déversement, 46% à l’aval de celui-ci et 8% sont restés sur la zone de lâcher (+/- 100m). Cette tendance générale semble s’observer quelque soit l’année, mais la répartition des poissons dépend de leur classe de taille au lâcher et de la période de capture (Test de KruskalWallis : K= 9,116 ; p=0,028). Sur la période précédant la fermeture de la pêche, les brochets <50 se retrouvent proportionnellement plus en amont du point de lâcher qu’à l’aval (moyenne=59% ; ± 6,3 ; min=50% ; max= 62,5) bien que la différence ne soit pas significative (procédure de Dunn : p >0.106). La dispersion amont-aval des brochets après le lâcher ne semble donc pas suivre de patron précis. Sur la période suivant l’ouverture de la pêche, la majorité des 50+ est capturée à l’aval du point de lâcher (moyenne= 73,3% ; ± 20 ; min= 60% ; max=100%) (procédure de Dunn : p<0,05)(Figure 22).

Captures

   Le taux de capture des poissons marqués est influencé par les paramètres abiotiques (débit, températures, etc.) et biotiques, tels que la mortalité directe des poissons après le lâcher. Un poisson fut, par exemple, retrouvé mort 23 jours après le lâcher, sans blessure apparente. La rétention d’informations peut être une raison de non retour des captures. Le nombre de 89 pêcheurs ayant participé à l’étude est convenable, mais constitue une proportion relativement faible au regard du nombre d’adhérents aux AAPPMA alentours (2100 adhérents à l’AAPPMA de Cahors, par exemple). Il est dommage que la distribution des carnets de captures, à remplir par les pêcheurs, n’ait pas pu être maintenue. Ce mode de collecte de données apparait comme très difficile à mettre en place, notamment car l’analyse des données ne peut être fiable que si les pêcheurs remplissent de façon précise et assidue le carnet. Le choix a donc été fait de ne recueillir que les informations données par les pêcheurs après une capture, pour ne pas ajouter une contrainte supplémentaires aux participants, bien que les informations sur l’effort de pêche et la comparaison des captures de brochets marqués et non marqués auraient été très intéressantes. Dans cette partie, les résultats seront discutés avec pour pré-requis que sur les 5 années, l’effort de pêche a été homogène, le taux de perte de marque est resté constant, la mortalité directe des poissons a été identique (pas d’épizootie par exemple) et le taux de retour des informations est resté constant. Le taux global de captures des poissons déversés est relativement faible, avec moins d’ 1/10 des poissons capturés après le lâcher. Cette valeur est située dans l’intervalle observé dans la littérature pour des études par marquage-recapture : 17,5% (Roosell et MacOscar, 2002) et 2% (Schwarz, 2005, Schwarz, 2006), pour des poissons capturés dans le milieu naturel (lac). Ce dernier auteur observe le meilleur taux de recapture pour des brochets de 60-70cm. De plus, Baird et al. (2006) reportent pour des déversements de truites un plus grand nombre de reprises pour les gros individus et Johnson et Margenau (1993) observent, pour des lâchers de Maskinongé Esox masquinongy, une mortalité d’autant plus grande que les poissons lâchés sont petits. Ceci est en accord avec nos résultats. Il est probable que les petits sujets soient moins robustes, plus sensibles aux manipulations et que leur taille ne les protège pas de la prédation, ce qui réduit donc le taux de retour d’informations sur ces poissons en comparaison avec les individus plus gros. Les informations sur les captures globales de brochets (marqués et « sauvages ») n’ont pas pût être recueillies mais les résultats de pêche du concours carnassiers de Puy l’Evêque donnent des indications intéressantes. Cette partie du Lot, située à une trentaine de kilomètres en aval de Cahors, reçoit des déversements annuels de brochets à la même époque que ceux réalisés à Cahors. Le nombre de prises observé lors de cette manifestation suit la même tendance que le taux de capture global de brochets à Cahors (Figure 29)

Déplacements

   Les lâchers ont un effet, sur les captures enregistrés par les pêcheurs, vers l’amont et vers l’aval à proportion équivalente mais concentré à proximité du lieu de déversement. Le nombre de captures décroît avec la distance par rapport au point de déversement, quelque soit la taille au moment du lâcher, avec plus de la moitié des poissons capturés à moins d’un kilomètre du lieu de lâcher. Certains individus ont parcourus plus de 10 km avant d’être capturés. Ces résultats sont en accord avec Koed et al. (2006), Ovidio et Philippart (2003) et Roosell et MacOscar (2002) qui reportent des déplacements jusqu’à 16 km et une variabilité interindividuelle avec des poissons qui restent dans une zone très restreinte (+/- 300 m) et d’autres qui peuvent réaliser plusieurs kilomètres en quelques jours seulement. Les distances parcourues entre le lâcher et la fermeture de la pêche (avant la reproduction) sont parfois très supérieures à ce qui a été observé sur des poissons « sauvages » (déplacements de 0-2 km). Les poissons lâchés arrivent sur une zone inconnue où ils ne connaissent pas les zones de repos et de nourrissages et où la concurrence pour l’espace est élevée (en lien avec le nombre de poissons déversés) ce qui peut engendrer des déplacements erratiques de certains poissons vers des zones plus favorables. Ceci est conforté par l’analyse de l’évolution des vitesses de déplacement, qui montre que les déplacements ne sont pas constant dans le temps et que la dispersion semble plus grande juste après le lâcher. Ainsi, les poissons restés le plus longtemps dans le cours d’eau ne sont pas les poissons capturés les plus loin de Cahors. Ces mouvements sont vraisemblablement accentués vers l’aval car le coût énergétique des déplacements est plus réduit en allant dans le sens du courant et les différents seuils gênent les déplacements, en particulier vers l’amont. La double capture de certains individus, permet de penser que la prise d’un poisson n’est pas le déclencheur d’une émigration vers un autre site. La capture induit une réduction des déplacements sur une courte période (moins d’une semaine) qui peut être attribuée à l’exhaustion et à un comportement anti-prédateur de réduction des mouvements à court terme. Ce phénomène est suivi par une reprise des déplacements semblable à ceux observés avant la capture (Klefoth et al. 2008). Les suivis sur le Brochet montrent que ce poisson entreprend des déplacements longs (plusieurs kilomètres) vers l’amont à partir du mois de février pour se rendre sur les sites de reproduction. La différence entre la distance parcourue vers l’amont avant et après la période de fermeture de la pêche peut donc s’expliquer par un phénomène physiologique de rhéotaxie liée aux variations de débit et de température, qui entrainent une migration de reproduction. Pendant les hautes eaux, l’effet de frein mécanique créé par les seuils est réduit car ces ouvrages sont parfois submergés et deviennent ainsi plus franchissables. L’individu 2929/2930 a, par exemple, été capturé en 2011 en amont d’un seuil, juste après une forte augmentation du débit. Les poissons capturés après le mois de mai ont pu remonter le cours d’eau pour accéder à des zones de reproduction puis redescendre à proximité de la zone de lâcher sans que les déplacements réels du poisson ne puissent être estimés. De plus, Koed et al. (2006) ont montré que les femelles, plus grosses que les mâles à un âge donné, se déplacent plus que les mâles. Ceci pourrait expliquer la plus forte proportion de 50+ capturée à l’aval de leur point de lâcher. En effet, il est possible que ces poissons aient cherché des zones de reproduction vers l’amont, puis soient redescendus en augmentant leur zone de déplacement, comme mentionné par Ovido et Philippart (2003). Toutefois, l’analyse des déplacements de poissons par technique de marque-recapture est délicate après la période de reproduction. L’effet des seuils semble important sur le Lot en constituant les principaux lieux de captures des poissons. La carte de localisation des captures met en évidence l’influence des « chaussées » sur les captures de brochets. Ces ouvrages, en plus de bloquer les poissons lors de leur déplacement vers l’amont, peuvent constituer des zones d’abris au courant durant l’hiver et des zones pus oxygénées en été. De plus, les carnassiers profitent certainement de l’effet barrage créé par les chaussées sur les espèces proies et ainsi utiliser les abords des seuils comme zone de chasse.

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Table des matières

Remerciements
Résumé
Sommaire
Introduction générale
PARTIE I: DEVENIR DES BROCHETS DE PISCICULTURE DEVERSES DANS LE MILIEUX NATUREL
I-I Introduction
I-II-1 Site d’étude
Localisation
Climat et Hydrologie
I-II-3 Marquage des poissons
I-II-3 Collecte des données
I-II-4 Analyses des données
I-III Résultats
I-III -1 Captures
Taux de capture
Répartition des prises au cours de l’année
Débit et taux de capture
I-III-3 Mouvements
Distances parcourues
Sens de déplacement
Vitesse de déplacement
I-III-5 Perte des marques.
I-IV Discussion
Captures
Capture et débit
Temps passé dans le cours d’eau
Déplacements
Croissance
Devenir et technique de pêche
Taux de perte de marques
Cas de Cahors
I-V Conclusion
PARTIE II: LE BROCHET DANS LA COMMUNAUTE DE TOP-PREDATEURS DU LOT
II-I Introduction
II-II Matériel et Méthode
II-II-1 Sites d’étude
II-II-2 Généralités sur les Analyses des Isotopes Stables (AIS)
II-II-3 Collecte des données
Echantillonnage
Traitement des échantillons
II-II-4 Analyse des données
II-III Résultats
II-III-1 Structure du réseau trophique
II-III-2 Positions trophiques
II-IV Discussion
Structure de la communauté de top-prédateurs
Evolution de la communauté de top-prédateurs
Place des poissons déversés
II-V Conclusion
Conclusion générale
Bibliographie
Listes des figures et tableaux
ANNEXE

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