Développement d’une relation d’attachement avec le parent d’accueil

La théorie de l’attachement

tire son origine d’observations réalisées par John Bowlby sur de jeunes délinquants ayant vécu une rupture des liens avec leur mère, marquant ainsi un point de départ pour des études sur la rupture dans la relation mèreenfant et le développement de psychopathologies (Bowlby, 1944). Afm de mieux comprendre les impacts de la séparation entre l’enfant et sa mère, Bowlby a élaboré la théorie de l’attachement en s’ appuyant entre autres sur des concepts issus de l’éthologie, de la psychanalyse, de la psychologie développementale et de la psychologie cognitive (Bowlby, 1969/1982). L’accent sur les bases biologiques des comportements d’attachement est d’ ailleurs un aspect primordial de la théorie de l’ attachement. Bowlby (1969/1982) soutient que l’enfant est biologiquement préparé à rechercher et à maintenir une proximité physique auprès de ses principaux donneurs de soins à l’aide de comportements d’ attachement, tels que pleurer, sourire, crier, s’agripper et suivre. Ces comportements chez l’ enfant sont organisés en système comportemental d’attachement et ils ont comme fonction biologique d’assurer la protection, la survie et la reproduction de l’ espèce.

Le système comportemental d’attachement s’ active principalement lorsque l’enfant ressent de la peur, du stress ou lorsqu’ il croit être en danger et qu’ il cherche à se rapprocher de sa figure d’attachement (George, 1996). Contrairement au concept d’attachement, qui est défini comme un lien affectif durable et permanent, les comportements d’attachements permettent de répondre de façon flexible et adaptée à l’environnement. En effet, Bowlby propose la notion d’équivalence fonctionnelle afin d’expliquer la notion de comportement « orienté vers un but» (goal corrected manner). Ainsi, un comportement peut avoir plusieurs fonctions, de même qu’un but peut être atteint par plusieurs comportements (Cassidy, 2008). L’ utilisation flexible des comportements d’attachement par l’enfant, selon les circonstances, augmente les probabilités d’une « réponse orientée » émise par la figure d’attachement. Par exemple, un enfant recherchant la proximité de sa mère pour se sécuriser peut l’appeler ou s’ approcher d’ elle; si le comportement échoue, l’enfant peut changer son comportement et se mettre à pleurer afin d’obtenir une réponse plus adaptée de la mère à son besoin. Les comportements d’attachement ne forment donc pas un patron uniforme et constant; ils peuvent être utilisés et organisés en fonction du contexte, des besoins de l’ enfant et des réponses de la mère (Sroufe & Waters, 1977).

Les modèles opérants internes Bowlby (1969/1982, 1973, 1980) a postulé qu’au fil des interactions et des expériences émotionnelles passées et actuelles vécues avec sa figure d’attachement, l’enfant va graduellement intérioriser les caractéristiques de ce lien d’attachement et en développer des modèles de représentations de soi (valeur personnelle) et de l’autre (disponibilité et intérêt de l’autre à son égard). Ces modèles de représentations, appelés modèles opérants internes, reflètent les règles conscientes et inconscientes permettant à l’enfant d’organiser l’information qu’ il possède de ses relations d’attachement (Bowlby, 1969/1982, 1973; Bretherton, 1985; Main et al., 1985; Sroufe, 1988). Il s’agit donc de représentations mentales permettant à l’enfant d’ interpréter les situations actuelles et d’élaborer sa compréhension du monde, ainsi que de guider ses interactions sociales. En effet, sur la base de son vécu, l’ enfant peut anticiper les comportements des autres et il peut moduler ses pensées, ses émotions et ses comportements à leur égard (Bretherton & Munholland, 1999, 2008). Le contenu des modèles opérants internes de l’enfant inclut de l’information sur les relations interpersonnelles (ce qui s’ est passé, avec qui et où) et sur les émotions associées à ces relations, tels que la peur ou la colère (Bretherton, 1985). Le contenu des modèles opérants internes est donc lié à la qualité du lien qui s’est développé entre l’enfant et sa figure d’attachement. Ainsi, l’enfant ayant vécu une relation sécurisante avec une figure d’attachement sensible et réconfortante développera des modèles opérants internes de soi comme étant une personne aimable, compétente et digne de recevoir ce support. Parallèlement, la figure d’attachement sera représentée comme étant accessible, aidante et digne de confiance. Inversement, une relation vécue comme insécurisante avec une figure d’ attachement peu sensible amènera l’enfant non seulement à percevoir les autres comme inaccessibles, insensibles ou rejetants, mais les représentations de lui-même qu’ il développera seront celles d’une personne qUI ne mérite pas l’ attention et le respect d’ autrui (Bowlby, 1973; Thompson, 2008).

Caractéristiques familiales.

Il est maintenant reconnu que certaines caractéristiques parentales et environnementales augmentent les risques de maltraitance, problématique familiale à l’origine d’un placement en famille d’accueil. D’abord, la pauvreté et le non-emploi sont des caractéristiques très souvent associées aux familles maltraitantes (Berger, 2004; Brown, Cohen, Johnson, & Salzinger, 1998; Cicchetti & Toth, 2000; Trocmé et al., 2010). Il est maintenant reconnu que des conditions économiques difficiles accroissent le niveau de stress familial et peuvent devenir indirectement un facteur précipitant de l’occurrence de la maltraitance (Huston, 1991 ; McLoyd & Wilson, 1991 ; Waldfogel, 2000). D’ ailleurs, des études exposent les difficultés d’adaptation de ces parents face aux évènements de vie stressants et les impacts sur leurs capacités parentales (Cicchetti & Lynch, 1995; McCanne & Milner, 1991 ; Milner, 2000). Des études qui se sont attardées plus spécifiquement aux parents négligents (qui omettent de répondre aux besoins fondamentaux de l’ enfant aux plans physique, affectif et/ou éducationnel) constatent qu’ ils présentent également un faible niveau de scolarité, une estime de soi négative, une immaturité psychologique et que la majorité dépend de l’aide sociale (Éthier, 1999; Éthier, Lacharité, & Couture, 1995). Des études ont aussi démontré qu’un revenu familial se trouvant sous le seuil de la pauvreté serait un prédicteur important de placement en famille d’ accueil (Barth, Wildfire, & Green, 2006; Lindsey, 1991). D’autres études ont identifié la faiblesse d’un réseau social comme un facteur de risque de maltraitance, dû au manque d’aide et de soutien disponibles et au fait que les comportements de maltraitance ne sont pas observés par l’entourage (Annerback, Svedin, & Gustafsson, 2010). Une étude canadienne récente sur l’ incidence des cas de violence et de négligence envers les enfants a d’ ailleurs soulevé que le manque de soutien social était le facteur de risque le plus élevé d’un placement en famille d’ accueil ou en foyer de groupe (DuRoss, Fallon, & Black, 2010). Cela peut être expliqué entre autres par le fait qu’en l’absence d’un réseau social, les parents n’ont pas accès à du soutien social dans l’ exercice de leur rôle parental et l’ enfant n’a pas l’opportunité d’ être placé chez une personne de l’ entourage lorsque la situation exige qu’ il soit retiré de son milieu familial.

La présence de difficultés d’ adaptation et de problèmes de santé mentale chez les parents maltraitants est également supérieure à celle retrouvée dans la population normale. Ces parents souffrent davantage de dépression et d’anxiété (Burke, 2003 ; Éthier et al., 1995, Hollingsworth, 2004), ainsi que d’alcoolisme et de toxicomanie (Nair, Schuler, Black, Kettinger, & Harrington, 2003; Smith et al., 2007; Windham et al., 2004). Aussi, les parents souffrant de manie, de schizophrénie ou d’un trouble de la personnalité (antisociale ou limite) sont plus à risque de maltraitance envers leurs enfants (De Bellis et al., 2001 ; Shears, Robinson, & Emde, 2002; Verlaan & Schwartzman, 2002; Walsh, McMillan, & Jamieson, 2002). D’ ailleurs, une étude a démontré la prévalence de l’occurrence combinée de problème de santé mentale et de dépendance aux drogues chez les parents pris en charge par le système de protection de l’enfance (Stromwall et al., 2008). Des liens ont également été observés entre la négligence des enfants et la présence de troubles cognitifs ou de lenteur intellectuelle chez les parents (Aunos, Goupil, & Feldman, 2003; Éthier, Couture, & Lacharité, 2004; McGaw, Shaw, & Beckley, 2007; Vig et al., 2005). En effet, les parents présentant des limites intellectuelles démontreraient des déficits sur le plan des compétences parentales (Feldman & Case, 1999) et auraient un réseau social déficitaire, accroissant ainsi les risques de négligence (Glaun & Brown, 1999; Mayes, Llewellyn, & McConnell, 2008). De plus, les parents d’ enfants maltraités ont souvent eux-mêmes vécu de la maltraitance au cours de leur vie (Tourigny et al., 2002; Trocmé et al., 2010), ce qui est associé à l’ adoption de conduites négligentes et violentes à l’âge adulte, contribuant ainsi à un cycle intergénérationnel de maltraitance (Berlin, Appleyard, & Dodge, 20 Il; Dixon, Browne, & Hamilton-Giachritsis, 2005).

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Table des matières

Sommaire
Liste des tableaux
Remerciements
Introduction
Contexte théorique
Attachement et représentations mentales
Fondement théorique de l’attachement
Le développement des relations d’attachement
Le concept de sensibilité parentale
Les modèles opérants internes
Caractéristiques des enfants placés en famille d’accueil
Portrait de la situation au Québec
Facteurs de risque antérieurs au placement en famille d’accueil
Caractéristiques périnatales
Caractéristiques familiales
L’attachement chez les enfants maltraités
Placements et adaptation de l’enfant
La rupture des liens d’attachement
Impacts au plan physiologique
Impacts au plan psychosocial
Les placements multiples
Développement d’une relation d’attachement avec le parent d’accueil
Représentations mentales, maltraitance et placement en famille d’accueil
Représentations mentales et maltraitance
Représentations mentales et placement en familles d’accueil ou adoptives
Objectifs et hypothèses de recherche
Méthode
Participants
Déroulement
Instruments de mesure
Représentations mentales de l’enfant
Habiletés verbales
Données sur le placement
Qualité de la communication socioaffective mère-enfant
Résultats
Plan d’analyses
Comparaison des enfants placés et non placés sur les variables d’intérêt
Relations entre les variables sociodémographiques, les habiletés
verbales et les représentations mentales de l’ enfant
Régressions multiples sur l’ effet de placement
Analyses de régression sur l’effet de placement et l’effet modérateur du sexe de l’enfant
Représentations de soi
Représentations de la mère
Représentations du père
Matériel traumatique et blocage
Cohérence
Analyses de régression sur l’effet modérateur de l’âge de l’ enfant
Analyses de régression sur l’ effet modérateur des interactions mère-enfant
Relations entre les caractéristiques liées au placement et les représentations mentales de l’enfant
Discussion
Placement et représentations mentales de l’enfant
Caractéristiques de placement et représentations mentales de l’ enfant
Qualité des interactions mère-enfant et représentations mentales
Âge de l’enfant et représentations mentales
Sexe de l’enfant et représentations mentales
Monoparentalité et représentations mentales
Contribution et limites de l’étude
Conclusion
Références

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