Description de l’usage du marquage épistémique 

DISTRIBUTION DU MARQUAGE ÉPISTÉMIQUE

Soixante-quinze des cent appels du corpus contiennent au moins un marqueur épistémique. Il ne s’agit donc pas d’ un procédé discursif marginal dans le cadre de l’ appel d’urgence. Dans les 100 appels d’ urgence de notre corpus, un total de 2 848 tours de parole produits par 115 différents appeiants30 ont été identifiés. De ces 2 848 tours de parole, 7 % (208 tours) contiennent au moins un marqueur épistémique. Ce taux ne peut être considéré comme faible ou élevé, car il n’ y a pas de moyenne comparative dans la littérature sur le sujet. Cependant, considérant le fait que ce marquage n’ est pas obligatoire et que la langue fonctionne habituellement à l’économie, il est surprenant de voir que 7 % des tours de parole de l’ appelant sont marqués d’une valeur de fiabilité. Ce qui est entendu par économie consiste à dire quelque chose en mobilisant le moins de ressources langagières possible. Par exemple, les pronoms sont utilisés pour remplacer les groupes nominaux afin d’ éviter la redondance. Un locuteur utilisera généralement la langue de manière économique, soit avec le strict nécessaire. Or, dans le contexte de l’ appel d’urgence, plusieurs appelants prennent la peine de marquer leur discours d’un degré de certitude ou d’un mode d’accès à l’ information.

LE TYPE D’INFORMATION

D’abord, mentionnons qu’un tour de parole peut porter sur différents types d’ informations, par exemple : « Je suis sûr que le voleur était en voiture, mais làje pense que je me suis cassé le bras ». Ce tour de parole traite à la fois de la description d’ un suspect et de l’ état de l’appelant. Pour cette raison, on ne peut calculer le total de tours de parole marqués selon le type d’ information: un tour de parole ne correspond pas toujours à un seul type d’ information. Puisqu’ il s’agit aussi de discours oral, la structure du discours est éclatée et rend difficile la segmentation du discours en fonction du type d’ information. Pour ces raisons, nous n’ aborderons pas la concentration des tours de parole marqués selon le type d’ information. Nous pouvons cependant aborder la variation du marquage épistémique selon les informations que les marqueurs accompagnent, en faisant abstraction des tours de parole .

Rappelons qu’ un marqueur accompagne un énoncé qUI commuruque un ou différents types d’ informations. À la suite d’ une analyse inductive et qualitative basée sur tous les énoncés contenant au moins un marqueur épistémique, les informations marquées ont été regroupées selon les catégories suivantes :

• Appelant: Description ou action de l’ appelant.
• Personne à aider autre que l’appelant: Description ou action d’une personne à aider autre que l’ appelant (abréviation : Pers. à aider if:. app.).
• Suspect: Description ou action d’une personne recherchée.
• Témoin: Description ou action d’ une personne qui a assisté à l’événement.
• Secours: Action des policiers, ambulanciers ou pompiers.
• Objet: Description d’ un objet (ex. voiture volée).
• Lieu: Emplacement géographique de l’ événement ou description des lieux.
• Temps: Moment auquel a eu lieu l’événement ou temps écoulé depuis l’événement.
• Autre: Informations ne pouvant être regroupées.

Nous avons ensuite regroupé les types d’ informations les moins souvent marqués afin de mettre en évidence les trois catégories les plus marquées. Le fait que ces catégories soient plus marquées que les autres relève certainement de notre corpus, car il ne comprend pas une représentation égale des types d’ événements. Par exemple, le fait qu’ il y a plusieurs vols avec violence dans notre corpus favorise le marquage des informations portant sur un suspect, car ces événements impliquent que le répartiteur questionne l’ appelant au sujet du suspect en question.

La relation entre le marquage général et le statut de l’appelant victime ou témoin ainsi que la relation entre la variation des marqueurs d’ évidentialité et la présence de l’appelant durant l’ événement rapporté relèvent selon nous du positionnement de l’appelant. Autrement dit, l’appelant aura recours au marquage d’une manière différente en fonction de son implication et de son positionnement physique par rapport à l’événement. Ce faisant, les appelants expriment du désengagement ou de l’ engagement au moyen des marqueurs épistémiques en fonction des ressources épistémiques à leur disposition.

En somme, le portrait de l’ usage du marquage épistémique que nous avons dressé dans ce chapitre permet de voir que l’ appelant marque davantage son degré de certitude que son mode d’ accès à l’ information. De plus, le marquage sert généralement à minimiser la responsabilité de l’ appelant et donc à exprimer un désengagement de sa part. L’usage du marquage varie faiblement en fonction du type de service, d’événement et d’ information, mais ces variations sont à notre avis liées au positionnement de l’appelant par rapport à toutes ces variables. Que l’ appelant soit en contact avec un répartiteur des services policiers ou ambulanciers, qu’ il rapporte un cas d’agression sexuelle ou un vol de voiture, qu’ il donne des informations au sujet d’un suspect ou d’ une personne à aider, le positionnement de l’appelant déterminera les ressources épistémiques à sa disposition et donc sa production de marqueurs épistémiques .

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Table des matières

Chapitre 1 – Mise en contexte de l’étude
1.1. Problématique
1.2. Objectifs
Chapitre 2 – État de la question et cadre théorique 
2.1. État de la question
2.1.1 . L’appel d’urgence en tant que genre de discours
2.1.2. Rôles interactionnels de l’ appelant et du répartiteur
2.1.3. La formulation de la demande d’ aide de l’ appelant au 9-1-1
2.1.3.1. Événements ambiants
2.1.3.2. Demande d’ aide directe ou indirecte
2.1.3.3. Description
2.1.4. Le cadre interprétatif de l’ appelant au 9-1-1
2.2. Cadre théorique
2.2.1. Rendre compte de l’ interaction et de la construction du sens
2.2.1.1. Analyse conversationnelle
2.2.1.1.1. Tour de parole
2.2.1.1.2. Structure de l’ interaction
2.2.1.2. Analyse goffrnanienne des interactions
2.2.1.2.1. Cadre
2.2.1.2.2. Protection des faces
2.2.1.3. Pragmatique gricéenne
2.2.2. Position du locuteur par rapport à son discours
2.2.3. Modèle d’analyse: interpréter les marqueurs épistémiques
2.2.3.1. Responsabilité énonciative
2.2.3.2. Marqueurs épistémiques
2.2.3.3. Modalisateurs épistémiques
2.2.3.4. Marqueurs d’ évidentialité
2.2.3.5. Modèle d’ analyse
2.3. Questions de recherche
Chapitre 3 – Démarche méthodologique 
3.1. Corpus
3.2. Méthode d’analyse
3.2.1. Identification des modalisateurs
3.2.2. Identification des marqueurs d’évidentialité
3.3. Facteurs de variation
Chapitre 4 – Description de l’usage du marquage épistémique 
4.1. Distribution du marquage épistémique
4.1.1. Modulation de la responsabi lité énonciative .
4.1.2. Combinaison des marqueurs
4.2. Variation du marquage selon quatre facteurs
4.2.1. Le type de service
4.2.2. Le type d’ événement
4.2.3. Le type d’information
4.2.4. Le type d’appelant
Chapitre 5 – Fonctions interactionnelles de la modulation de la responsabilité
énonciative 
5.1. Les fonctions interactionnelles du désengagement
5.1.1. Coopérer à l’ interaction
5.1.2. Protéger sa face
5.2. La fonction interactionnelle de l’engagement
5.2.1. Construire sa crédibilité
5.3. Rôle incarné par l’appelant
Chapitre 6 – Conclusion

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