Description de la belladone et place dans la classification botanique

La belladone, Atropa belladonna L., possédant les caractères botaniques des végétaux évolués (fleurs hermaphrodites à corolle gamopétale) est connue depuis l’antiquité pour ces propriétés hallucinogènes puissantes permettant en autre de prophétiser, d’ailleurs son nom de genre dérive d’Atropos, le nom de la dernière des trois Parques, qui coupe le fil de la vie, faisant passer de la vie à trépas. Déjà Circé, l’antique sorcière transforma les compagnons d’Ulysse en porcs grâce à un breuvage contenant de la belladone.

Au Moyen-Age, la belladone fait partie des « herbes du sorciers » et participe au rite du Sabbat, réunion mystique de l’époque comprenant orgie et locomotion aérienne, c’est à cette époque que l’image de la sorcière folle chevauchant un balai volant est apparue. Les fêtes païennes considérées comme contre-nature étaient punies de mort par l’inquisition lors des procès pour sorcellerie à partir XVIème siècle. Deux siècles plus tard, les connaissances accrues sur la chimie des plantes permettent d’isoler des molécules d’intérêt de la belladone dont la principale est l’atropine, un alcaloïde tropanique (dérivant du noyau tropane). De nos jours, de nombreuses molécules isolées de la belladone ont été identifiées et on sait que la structure de base provient d’une réaction d’estérification entre l’acide tropique et le tropanol, aboutissant aux trois molécules majeures : l’hyoscyamine et son mélange d’énantiomères l’atropine, ainsi que la scopolamine. La connaissance de la structure et la réactivité de ces molécules ont permis de mettre au point des méthodes de dosage standardisées.

Tous les alcaloïdes tropaniques possèdent des propriétés pharmacologiques particulières provenant de leur action antagoniste sur les récepteurs muscariniques du système nerveux parasympathique, de ce constat découle des utilisations médicales dans de traitement de nombreuses pathologies telles que l’asthme, le spasme gastro-intestinal, l’incontinence urinaire, la maladie de parkinson… La belladone est responsable chaque année d’intoxications parfois graves dont le tableau clinique est représenté par le toxidrome anticholinergique. Ces intoxications sont le plus souvent secondaires à l’ingestion de baies de belladone, et le type et la sévérité des symptômes sont dosedépendants.

Description de la belladone et place dans la classification botanique

Place de la belladone et des Solanaceae dans la taxonomie

Si initialement Linné classait cette famille dans la « Pentandrie » (5 étamines), les Solanacées ont été reconnues de longues dates dans les classifications naturelles comme des gamopétales à ovaires supères avec des fleurs à quatre verticilles [1]. La famille de Solanacea rassemble 147 genres et environ 2900 espèces réparties dans les régions chaudes et tempérées, avec un important centre de dispersion en Amérique du Sud, d’où sont originaires les Pommes de terre, les Aubergines, les Tomates, les Piments, les Tabacs. Le genre le plus important est Solanum avec près de 1400 espèces. La flore française ne possède que 8 espèces de Solanacea spontanées ou introduites depuis le 17° siècle ; réparties essentiellement dans les genres Solanum, Hyoscyamus, Datura et Atropa [2]. Le type de fruit et la fleur notamment la forme du calice, participent à la classification interne des Solanaceae, ainsi dans les classifications traditionnelles, on distingue 2 sous-familles : les Solinoïdeae et les Cestroïdeae. Dans les Solinoïdeae le calice est persistant à accrescent, la corolle est régulière, l’embryon est courbe, les graines sont aplaties et discoïdes. Le fruit est une baie pour les genres : Solanum, Atropa, Mandragora, Capsicum, Lycium, Physalis, Lycianthes, Salpichroa, Solandra, Anisodus, Scopiola, Withania, Cyphomandra. Dans les Cestroïdeae, le calice n’est pas acrescent, la corolle est irrégulière, l’embryon est droit, les graines prismatiques à globuleuses ; le fruit est une capsule presque toujours septicide chez Cestrum, Nicotiana, Petunia, Brunfelsia, Salpiglossis, Duboisia.

La dernière classification évolutionniste en vigueur incluant les données récentes issues du séquençage génétique correspond à l’APG IV 2016 [3], elle donne :
• classe : Equitopsida C. Agardh
• sous-classe : Magnoliidae Novàk ex Takht
• super-ordre : Asteranae Takht
• ordre : Solanales Juss ex Bercht et J. Presl
• famille : Solanaceae Juss
• genre Atropa L.

Du point de vu chimique on distingue deux groupes de solanacées, les solanacées à alcaloïdes nicotiniques et les solanacées à alcaloïdes tropaniques, ces derniers se caractérisent par les présence de molécules parasympaticolytiques dont la hyoscyamine et son racémique l’atropine, ainsi que la scopolamine .

La belladone : Atropa belladonna L.

La Belladone se retrouve fréquemment aux bords des bois montagneux, dans les fossés, au milieu des décombres, elle est commune autour de Paris et des grandes villes. Il s’agit d’une plante vivace herbacée, sa tige haute de 50 à 150 centimètres est robuste, cylindrique, finement pubescente et glanduleuse sur la partie supérieure par des dichotomes et des trichotomes (figure 1). Les fleurs solitaires ou géminées, pédonculées et penchées sont assez grandes et d’une couleur brun sale ferrugineux, un peu violacées à l’ouverture. Le calice est campanulé, un peu velu, persistant, à cinq lobes ovales acuminés, à pointe un peu réfléchie. La corole toujours gamopétale et régulière est aussi en forme de cloche, elle est rétrécie, blanchâtre à la base, plissée avec cinq lobes courts et obtus. On dénombre cinq étamines insérées à la base de la corolle, plus courtes que cette dernière, à filets subulés, courbés en dedans, un peu velus à la base terminés par des petites anthères cordiformes qui s’ouvrent longitudinalement, réfléchies sur les filets après l’émission du pollen. L’ovaire est ovoïde et très obtusément lobé, appliqué sur un disque jaunâtre, portant un style plus long que les étamines, grêle, cylindrique et un stigmate légèrement bilobé, papilleux. (figure 1) Le fruit est une baie entourée à la base par le calice en étoile, de la taille d’une petite cerise, globuleux, un peu déprimé, charnu, d’abord vert, puis rouge, enfin d’un noir luisant à deux loges contenant de nombreuses graines réniformes (figure 1 et 2). Les feuilles sont alternes, parfois géminées vers le haut, peu pétiolées, amples, ovales, acuminées, entières, superficiellement sinuée, glabres ou pubescentes, vertes, molles avec des nervures un peu pâles.

Culture de la belladone 

La belladone affectionne plus particulièrement les sols bien drainés et bien chaulés, exposés plein soleil ou légèrement ombragés ; un sol perméable et calcaire est nécessaire pour sa culture. Le sol doit être maintenu humide en permanence.

La belladone pousse naturellement dans les décombres mais en culture elle est fréquemment semée en intérieur, les graines mettent 4 à 6 semaines à germer. Quand les germes forment des pousses assez grandes, ils sont séparés, hydratés, transplantés puis mis à l’ombre durant plusieurs jours. La belladone peut aussi être propagée par bouturage. La culture de la belladone sur les flancs d’une colline donne de très bons résultats en terme de teneur en alcaloïdes. Les limites de culture de la belladone se situent entre 50° et 55° Nord de latitude pour une altitude de 100 à 200 mètres environ. La culture sur des terres situées au niveau de la mer est possible sur des terrains calcaires bien drainés et assez ombragés. La croissance peut être appréciablement stimulée par l’utilisation de fumier, ou d’un mélange de nitrate de soude, sable alcalin et sels de potasse. La première année la plante mesure généralement 3,5 centimètres de hauteur et les premières fleurs arrivent en septembre, dès lors, seulement les feuilles et les sommités sont cueillies puis les plants s’amincissent et grandissent jusqu’à 5 à 7,5 centimètres à l’approche de l’hiver. En juin, la seconde année, les plantes sont coupées à un pouce au dessus du sol et les bonnes années une deuxième culture peut redémarrer pour une récolte en septembre. Les racines peuvent être récoltées en automne de la quatrième année. Les parties récoltées sont rapidement séchées au soleil pour obtenir un mélange de feuilles décolorées et de petites parties de plantes contenant les alcaloïdes.

Histoire de la belladone

Origine du nom de belladone 

Le nom de genre Atropa et les trois Parques

A l’origine, la mythologie latine ne connaissait qu’une seule Parque, la déesse Parca, qui présidait aux naissances (son nom semble avoir la même racine que pario, parere, « enfanter, accoucher ») et aux destinées. Sous l’influence de la mythologie grecque, la religion romaine connut par la suite les trois Parques (Parcae), nom dont les Latins faisaient remonter l’étymologie au verbe parco, parcere, « épargner ». Comme les Moires, leurs homologues grecques avec lesquelles elles furent identifiées, chacune de ces divinités infernales, filles de Zeus et de Thémis, filait, dévidait et coupait le fil de la vie des humains. Mêmes les noms Nona, Decuma et Morta qu’on donnait à l’origine à ces Tria Fata (« Trois Destinées ») furent abandonnés pour celles des divinités grecques : Klotho (« la Fileuse »), qui tire de sa quenouille le fil de la vie, Lachésis (« la Fatidique »), qui le tient plus ou moins suspendu suivant la volonté du Destin, et Atropos (« l’Inflexible »), qui le coupe avec ses ciseaux d’or aussitôt que le terme fatal est arrivé. Elles avaient leurs statues sur le Forum, non loin du petit temple de Janus. En littérature la Parque, ou les Parques, désignent tantôt le destin, tantôt symbolisent la mort, comme dans le vers de Ronsard : « La Parque t’a tuée et cendre tu reposes ». Les poètes de l’Antiquité représentaient les Parques comme des divinités infernales, à l’aspect de vieilles femmes, tantôt filant toutes trois, tantôt portant un sceptre et une couronne d’or ; elles étaient décrites avec le visage noir, des dents meurtrières et des ongles crochus comme des griffes. Les artistes, au contraire, les représentaient le plus souvent comme des jeunes filles à l’aspect austère : Klotho tenant sa quenouille, Lachésis indiquant la destinée sur un globe, ou écrivant sur un rouleau, enfin Atropos portant un cadran solaire, une balance ou des ciseaux. Certaines œuvres modernes, telles les Parques de Michel-Ange (vers 1531, Palais Pitti, Florence) (figure 3), sont inspirées de la première conception. Des sculpteurs comme Germain Pilon (les trois Parques, 1585, musée national de la Renaissance, Écouen), ou des peintres comme Rubens, dans son tableau des Parques filant la destinée de Marie de Médicis (1623, Louvre), se sont ralliés à la seconde tradition .

Le nom d’espèce et les « belles dames »

Le nom d’espèce de la belladone rend compte de l’ambiguïté de cette herbe redoutable, en effet belladonna nous rappelle l’usage qu’en faisaient les belles italiennes dès le XVIII° siècle sous forme d’un fard de belladone dont l’application sur les paupières provoquait la dilatation de la pupille. Ainsi elles mirent à profits avant les ophtalmologues les propriétés mydriatiques de l’atropine leur donnant un regard perpétuellement étonné, vaguement ingénu, un peu flou, voire parfaitement inexpressif encore recherché de nos jours dans le monde la mode [9]. Certains auteurs prétendent que le nom d’espèce pourrait en plus dériver du caractère appétissant et attrayant du fruit de belladone semblable à des cerises d’apparence « belle » ou « bonne ».

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Table des matières

INTRODUCTION
1 Description de la belladone et place dans la classification botanique
1.1 Place de la belladone et des solanacea dans la taxonomie
1.2 La belladone : Atropa belladonna
1.3 Culture de la belladone
2 Histoire de la belladone
2.1 Origine du nom de belladone
2.1.1 Le nom de genre Atropa et les trois parques
2.1.2 Le nom d’espèce et les « belles dames »
2.2 Caractérisation en magie traditionnelle et antiquité
2.3 Utilisations magiques variées de la belladone
2.4 Associations de plantes magiques
2.5 Le Sabbat
3 Chimie des alcaloïdes tropaniques 
3.1 Généralités sur les alcaloïdes
3.1.1 Fonctions des alcaloïdes de la plante
3.1.2 Identification et tests qualitatifs généraux
3.2 Les alcaloïdes tropaniques
3.2.1 Chimie de la hyoscyamine et de l’atropine
3.2.2 Chimie de la scopolamine
3.2.3 Contrôle de la feuille de belladone
3.3 Autres méthodes analytiques
3.4 Rendement alcaloïdique de la belladone
4 Pharmacologie des alcaloïdes tropaniques
4.1 Généralités sur le système nerveux autonome parasympathique (SNP)
4.2 Actions sur les récepteurs du SNP et réponse pharmacologique
4.3 Effets muscariniques centraux
4.3.1 Réponses neurobiologiques centrales inhibitrices médiées par M2 et M4
4.3.2 Réponses neurobiologiques centrales stimulatrices médiées par M1, M3 et M5
4.4 Effets muscariniques périphériques
4.4.1 Réponses périphériques de la stimulation des muscles lisses
4.4.2 Réponses périphériques au niveau des glandes sécrétrices
4.4.3 Réponses périphériques cardiaques
4.5 Activités neuropharmacologiques spécifiques de la scopolamine
4.6 Pharmacologie comparée de l’atropine et de la scopolamine
4.7 Pharmacomodulation des alcaloïdes tropaniques
5 Utilisations thérapeutiques des alcaloïdes tropaniques sous leur forme native
5.1 Utilisation de l’atropine en collyre
5.1.1 Indications thérapeutiques de l’atropine collyre
5.1.2 Posologies
5.1.3 Contre-indications
5.1.4 Effets indésirables
5.1.5 Surdosage
5.1.6 Pharmacodynamie
5.2 Utilisations de l’atropine sous forme injectable
5.2.1 Indication du sulfate d’atropine injectable
5.2.2 Posologies
5.2.3 Contre-indications
5.2.4 Effets indésirables
5.2.5 Surdosage
5.2.6 Pharmacodynamie
5.2.7 Pharmacocinétique
5.3 Utilisation de la scopolamine en dispositif transdermique
5.3.1 Indications
5.3.2 Posologie
5.3.3 Contre-indications
5.3.4 Effets indésirables
5.3.5 Pharmacocinétique
5.4 Utilisation de la scopolamine en solution injectable
5.4.1 Indications
5.4.2 Posologie
5.4.3 Contre-indications
5.4.4 Effets indésirables
5.4.5 Surdosage
5.5 Spécialités pharmaceutiques allopathiques contenant de la belladone
5.6 Utilisations de la teinture de belladone
CONCLUSION

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