Des stratégies marketing redoutables

Le Young Adult, genre phénomène de ces dernières années

Son apparition dans les librairies

A quand remonte l’apparition des livres YA dans les librairies ? On entend généralement dire qu’Harry Pottera ouvert la voie du YA et que Twilightl’a confirmé. C’est même ainsi que la FNAC présente la plupart de ses nouveautés YA sur son site internet :« Harry Potter a ouvert la brèche, Twilight s’y estengouffré, et c’estdésormais tout l’univers des romans young adult qui attire les cinéastes et les producteurs d’Hollywood. »
Le fait d’avoir été toutes deux des « titres passerelles » de la littérature YA leur a également attribué une place de références, presque de « classiques » de cette littérature. Ainsi, bien que les deux séries soient sorties il y a déjà plusieurs années, elles font encore partie des livres préférées des jeunes (post-collège) d’après l’étude « Les jeunes et la lecture » de l’IPSOS pour le CNL de juin 2016.
Depuis, de nombreuses nouvelles séries ont été publiées et certaines sont venues compléter la listedes références de cette littérature. Nous en retrouvons certaines dans les livres préférés cités parles collégiens de la même enquête de l’IPSOS pour le CNL. Nous ne pouvons passer à côté des livres tels que Divergente ou encore Percy Jackson. Pour rappel, ces derniers sont ceux de la série de Rick Riordan qui a été publiée dès 2006 chez Albin Michel Jeunesse. L’éditeur en avait vendu quasiment 6000 exemplaires de chaque tome lors de leurs sorties respectives. Après la sortie en 2010 de l’adaptation cinématographique (année de publication du cinquième tome), ce sont 500000 volumes qui se sont vendus en un an . Ce nombre conséquent explique sa place de favori pour toute une génération de jeunes.
L’implantation de cette littérature en librairie a été – et l’est encore un peu – compliquée puisqu’elle se définit par l’âge de la cible et non par son genre. C’est donc une littérature cross-age, ce qui complique sa place dans les librairies françaises, généralement composées d’espaces définis par genre ou âge.
Ainsi les librairies ont eu du mal à choisir l’emplacement idéal pour ces romans. Choisir le rayon jeunesse en prenant le risque que les adolescents, jeunes adultes et adultes ne s’y aventurent pas ? Ou plutôt le rayon adulte, laissant de côté tous les jeunes qui n’osent pas quitter le rayon jeunesse ? Certaines librairies se sont donc mises à revoir tout leur intérieur afin de créer des rayons spécialisés. C’est ce que nous pouvons lire dans de nombreux articles, dont un de la revue Lecture Jeune avec pour titre «l’implantation de rayons ” Ados & Young adults ” en librairie ».

Le poids des traductions anglo-saxonnes dans l’offre française

En parcourant les librairies et leurs rayons spécialisés adolescents & YA, nous remarquons facilement que la majorité des ouvrages proposés sont des traductions, venues des États-Unis. Pays d’origine où elle a déjà atteint son apogée, la France n’a pas encore atteint le niveau pour concurrencer ces traductions dominant l’offre française.
Dans les meilleures ventes, leur place est également incontestable. Sur les 50 titres du classement des meilleures ventes diffusé par Livres Hebdo lors d’un dossier dédié au YAen juin dernier (en page suivante), on ne compte que cinq livres français, les quarante-cinq autres sont des traductions de l’anglais. Les livres d’origine française représentent donc à peine 10% des meilleures ventes YA.
Ce chiffre très bas est représentatif de la place imposante des traductions dans l’offre et ventes françaises

La french touch s’impose peu à peu

Certes, le marché du YA n’est pas implanté depuis bien longtemps en France et les chiffres français sont mauvais mais de plus en plus d’auteurs français se lancent dans l’aventure. Deux séries françaises se sont démarquées récemment : le phénomène U4 (dont un des titres est en 41e position du classement précédent) et la saga Phobosde Victor Dixen, publiée chez la collection R de Robert Laffont.
Grâce à de telles séries, l’écriture de romans YA est en train de se démocratiser en France. Inspirés par la réussite de leurs collègues et par la demande accrue des jeunes, les auteurs français se multiplient et se lancent dans l’aventure YA.

U4 : un projet innovant, un succès à 8 mains… et plus

U4 n’est pas un mais quatre romans apocalyptiques, sortis le même jour et écrits par quatre auteurs différents. Chaque roman a pour titre le nom de son personnage principal mais qui retrouve les autres personnages principaux des trois autres romans. Il s’agit donc de quatre romans, écrits sur la même partition : la même histoire, les mêmes personnages, mais selon des points de vue différents avec des histoires complémentaires les unes aux autres.
U4 est la première série aussi particulière et innovante. Après avoir connu un succès monstre, les auteurs n’ont pas voulu s’arrêter ainsi. Un an après leur énorme succès, un cinquième tome est sorti :
Contagion, qui n’est pas une simple suite. L’ouvrage regroupe à la fois des nouvelles écrites par les quatre auteurs d’U4, des bonus exclusifs, mais également une fan-fiction.
Les éditions Nathan & Syros (éditeurs des romans précédents) ont lancé courant 2016 un concours d’écriture qui proposait aux lecteurs d’écrire leur fan-fiction. Certaines auraient l’honneur d’être publiées. Le concours a été largement diffusé sur le net et les réseaux sociaux. Du 7 mars au 1er juin, beaucoup de lecteurs se sont emparés de leur plume pour y participer.
Au final, ce sont quatre chanceux qui ont eu l’honneur d’avoir leur nom et leur texte dans le livre sorti en novembre 2016. Les autres textes sont toujours en consultation sur internet.
Ainsi, en plus d’être un phénomène qui a marqué par son aspect collectif avec sa rédaction à quatre auteurs, il a également fait parler de lui pour un autre aspect, cette fois-ci interactif grâce au concours pour faire participer les fans de la série.
Ci-dessous un tableau rapide du nombre d’exemplaires vendus de chaque tome de la série française.
C’est donc avec 22 375 exemplaires vendus (environ) que Contagiona obtenu la 41e place des 50 meilleures ventes YA de l’année 2016.

A la conquête du lectorat YA : le changement est activé

Le phénomène Harry Pottera complètement chamboulé et recomposé le paysage éditorial. Avec ses 26 millions d’exemplaires vendus en France, le monde de l’édition a du revoir ses techniques éditoriales afin de coller au plus près des nouvelles envies du lectorat. La mode des grands formats est apparue mais les jeunes ne veulent pas acheter des ouvrages estampillés « jeunesse ». Les maisons d’édition ont donc activé le changement afin de se moderniser et correspondre à la demande des lecteurs. En effet, les collections françaises n’étaient pas prêtes pour accueillir dans les bonnes conditions cette nouvelle littérature. Du moins, elles n’étaient pas prêtes pour plaire à ce nouveau public.
Un des exemples les plus parlants est celui de Pocket Jeunesse, collection créée il y a déjà une vingtaine d’années, en 1994. Depuis le début elle a pour but de faire découvrir aux jeunes, enfants et adolescents, le plaisir de la lecture. Elle propose donc des livres destinés aux 4-18 ans.
En 2012, la collection s’offre un nouveau logo et signe désormais ses livres PKJ, plutôt que Pocket jeunesse pour ne pas faire fuir le public YA avec le terme jeunesse sur les ouvrages.

Les stratégies marketing redoutables : vers une industrialisation de l’édition Young Adult

En 1990, Livres Hebdo faisait déjà un constat net : l’édition était déjà sous l’emprise du marketing.
Avoir des stratégies marketing n’est donc pas un fait nouveau pour vendre des livres. Le changement s’opère au niveau des stratégies en elles-même. Elles évoluent sans cesse au fil du temps et s’adaptent aux habitudes de société. Cette partie aura donc le but de déterminer les principales stratégies des éditeurs YA du moment afin de se rendre compte de l’évolution du métier d’éditeur.

Quand l’éditeur met de côté son flair pour des lecteurs conquis d’avance

Lors des cours dans les formations des métiers du livre, on nous apprend que le livre a toujours été un produit à part puisqu’il ne répond pas à une demande. Il est d’abord édité et seulement après on lui cherche son public. Or le premier point du marketing est de sélectionner un produit en fonction des attentes de la clientèle. Par définition l’édition et le marketing semblent donc s’opposer. Mais en pratique, les deux sont compatibles et nous allons en voir quelques exemples précis. Il arrive que l’éditeur ne choisisse pas un livre qui lui plaise mais parce que ce dernier va plaire et se vendre.

Le net comme comme découvreur de nouveaux auteurs

Rappelons rapidement qu’un éditeur gagne sa vie en éditant des livres. Plus il en vend, plus il gagne de l’argent. Le livre est donc un produit comme un autre. Pour assurer un certain nombre de ventes, l’éditeur doit proposer ce que les lecteurs ont envie d’acheter et de lire.
Certains professionnels déplorent le choix éditorial de certains éditeurs, déclarant qu’ils dégradent l’offre française et ne partagent pas de la culture aux français. Allons donc voir la description et les taches d’un éditeur pour s’en assurer. Sur le site de l’Onisep , la nature première d’un éditeur est de sélectionner des auteurs et d’assurer le suivi des manuscrits reçus. Rien n’est écrit quant aux choix et motivations pour les manuscrits ou auteurs. L’éditeur a donc par définition le champ libre.

Éditer les personnes influentes du web : l’assurance d’un best-seller

Avec l’avènement d’internet, les éditeurs jeunesse ou YA pourront ne plus choisir parmi les manuscrits reçus pour trouver leurs nouveautés à paraître. Avec le net et les réseaux sociaux, de nouvelles « stars » sont apparues et sont devenues de véritables idoles pour les jeunes. Ce sont les influencers, les blogueurs et les youtubeurs. Ces derniers sont suivis par des millions de jeunes et engendrent énormement de vues et de likes sur leurs chaînes Youtube, blogs ou autres comptes sur les réseaux sociaux. Ils sont généralement pris pour modèle par la plupart des membres de leur communauté, ce qui font d’eux des influencers. Chacune de leur action va être scrutée, analysée et souvent copiée. C’est pour ce dernier point qu’ils se font appeler – et s’appellent même eux même ainsi- influencers. La mode de ces dernières années chez ces derniers est de publier un livre. Adorés des jeunes, leurs livres se vendent généralement à des milliers d’exemplaires.
Le phénomène prend tellement d’ampleur qu’il existe même une catégorie spécialement pour eux sur le site Amazon : « Livres des blogueurs et Youtubeurs ». Ce changement prouve que la création est devenue fabrication. Lorsque nous nous intéressons à l’opposition éditer/marketing , nous remarquons qu’éditer des vedettes plutôt que des artistes/auteurs est une des grandes différences entre les deux. Ainsi, les éditeurs ont sans conteste changé leurs critères de choix lorsqu’il s’agit de publier pour le public YA.
A la page suivante, un tableau concernant trois des cinq titres présents dans le classement des 50 meilleures ventes présenté précédemment (page 16). Contrairement au titre de la série U4, ces livres ne sont pas de la science-fiction, mais des livres de deux youtubeuses et influenceuses du moment. La première, avec sa 10e place au classement est Andy (ou Andy Raconte). Personnalité de 30 ans, elle s’est faite connaître pour ses vidéos humour diffusées sur Youtube.
La seconde, Enjoy Phoenix, de son vrai nom Marie Lopez, est une jeune blogueuse youtubeuseinfluenceuse spécialisée en mode, beauté et lifestyle. Elle possède plusieurs chaînes Youtube : sa chaîne principale (utilisée pour le tableau de la page suivante), une chaîne pour ses vlogs et une chaîne pour ses vidéos de cuisine : Enjoy Vlogging et EnjoyCooking. Personnalité adorée des jeunes, elle a même participé à l’émission de TF1 Danse avec les stars, aux côtés d’acteurs et autres personnalités françaises. Deux livres à son actif et ils sont tous deux au classement des meilleures ventes 2016 avec une 12eet 18e place, alors que son premier (celui de la 18e place) est sorti en 2015.
Le statut de youtubeuse est maintenant un métier à part entière. Marie et Andy font partie des youtubeuses les plus suivies en France et elles font donc partie – sans surprise – des trois youtubeuses françaises les mieux payées en France . En 2015 , Enjoy Phoenix avait affirmé à la télévision toucher dans les 300 000 euros par an. Pour continuer d’être suivis et pouvoir vivre de leur activité particulière, les youtubeurs sont obligés de multiplier l’offre proposée à leurs abonnés : écrire un livre en fait partie. Dans le tableau suivant, des détails concernant leur chaîne Youtube et les ventes de leurs livres afin de comprendre leur place dans le classement des meilleures ventes.
Ci-dessus les couvertures des romans cités et un supplémentaire : Did I Mention I Love You. Leur analyse est essentielle afin de comprendre les stratégies éditoriales actuelles des éditeurs. Quelles sont les nouvelles tendances, sur quel(s) élément(s) misent-ils pour vendre leurs livres ?
La première de couverture est l’ambassadrice du texte, son rôle est crucial puisque c’est elle qui donne la première impression, voire la première émotion. Elle doit attirer l’œil et donner envie de tourner le livre à la découverte de la quatrième de couverture.

Trois des stratégies les plus redoutables

Un des points communs entre la plupart de ces couvertures des éditeurs YA est le fait d’avoir rajouté sur la couverture le terme « phénomène » (au sujet de la saga ou l’auteur) parce que cela rassure le lecteur. Il le voit comme un gage de qualité. Il lui donne directement l’impression qu’il s’agit du livre du moment, que tout le monde l’a lu, que son achat en vaudra le coup. Robert Laffont et Pocket Jeunesse optent donc pour cette même stratégie pour Follow me backet DIMILY(abréviation de Did I Mention I Love You).
Autre point commun, le fait de mettre en évidence l’origine de l’histoire : Wattpad. Sur la première couverture le nom de la plateforme est d’une couleur différente que le reste du texte et avec un effet de contour prononcé pour lui donner du relief.

Le cinéma, l’argument marketing par excellence des éditeurs

Que ce soient les éditeurs, les libraires ou les distributeurs de films et les producteurs : tous ces professionnels ont saisi l’importance de croiser cinéma et littérature. Le cross-marketing, ou campagnes croisées, devient ainsi la norme. Le cinéma fait vendre des livres, les maisons d’édition l’ont compris depuis des années, et ne comptent pas arrêter d’en profiter.
Ce lien littérature-cinéma est en effet vieux comme le monde. Déjà au siècle dernier une saga avait connu un énorme succès et avait suscité l’enthousiasme des écrivains, des éditeurs et du monde du cinéma : Fantômas.
Fantômas est à la base un personnage de fiction français créé vers 1910. Il devient une figure phare du monde de la littérature et trente-deux romans sont publiés. Peu de temps après, le cinéma s’empare du phénomène et Louis Feuillade en réalise cinq adaptations cinématographiques. Plus tard, André Hunebelle reprend le personnage en 1964 jusqu’en 1967 à l’occasion d’une trilogie d’adaptations cinématographiques.

Les campagnes croisées avec le cinéma : nouvelle habitude des éditeurs

Bien que s’inspirer de romans pour un film existait déjà au siècle dernier, les maisons d’édition n’ont jamais été aussi proches de l’industrie cinématographique qu’aujourd’hui. Il ne s’agit plus de simplement récupérer une idée, une histoire ou un personnage et en faire un film, non. Maintenant, les éditeurs font de la publicité et de la promotion pour les films en question, en plus de leurs ouvrages. C’est devenu monnaie courante pour tout éditeur, jeunesse ou non. La raison est simple:
plus le succès du film est grand plus la visibilité du roman qui est adapté le sera également. Voyons
maintenant que dans la plupart des cas les ventes d’un livre, suite à un film, explosent.
Un des livres qui était partout sur les réseaux cette année – et qui l’est encore – est Treize raisonsde Jay Asher. Ce livre est au catalogue d’Albin Michel Jeunesse depuis 2012 mais c’est lors de cette année 2017 qu’il s’est véritablement fait connaître à travers son adaptation en série télévisée, diffusée sur Netflix depuis le 31 mars 2017. Le succès monstre de la série a fait exploser les ventes du livre. Albin Michel a accumulé les posts à ce sujet sur ses différents réseaux sociaux pour profiter de l’engouement autour de la série. Voici quelques données et chiffres pour comprendre l’ampleur du phénomène.
Tout d’abord il s’agit de la série la plus populaire de l’histoire de Netflix sur les réseaux sociaux ,avec plus de 3,5 millions de tweets à propos du show sur Twitter et 3,4 millions d’abonnés pour le compte officiel de la série sur Instagram. En plus du sujet particulier et tabou dont la série traite (le suicide d’une adolescente harcelée et mal dans sa peau qui enregistre des cassettes de vengeance à écouter après sa mort), l’identité de sa productrice a sûrement joué dans son succès mondial : Selena Gomez, chanteuse et actrice suivie par plus de 123 millions d’abonnés rien que sur Instagram. J’ai analysé les posts des éditions Albin Michel pendant une semaine, du 30 avril au 9 mai 2017 afin de se rendre compte des contenus qui ont été le plus appréciés pendant cette période donnée. Ci-dessous les images postées et le nombre de j’aime et de commentaires pour chacune d’elles. On remarque aisément que les posts avec les meilleurs statistiques sont ceux concernant le roman adapté. Preuve supplémentaire que les adolescents vont plus facilement vers ce qu’ils connaissent,ou ont déjà vu ou entendu parler de..

Un outil qui s’est finalement bien intégré

Mais aujourd’hui, en 2017, nous pouvons dire que les éditeurs français se sont bien approprié ce nouvel outil et hésitent moins à l’utiliser. Le teaser vidéo ne s’est pas seulement développé dans le monde de l’édition, mais dans bien des domaines. Plusieurs termes sont utilisés en France, selon les entreprises : « trailer », « trailer vidéo », « teaser » ou encore « teaser vidéo ». Par exemple, les éditions Befond utilisent le terme de « trailer vidéo » et non de « book trailer ». La grande différence entre aujourd’hui et il y a quelques années est que les book trailerssont étudiés en classe, proposés comme devoir ou activité à réaliser . Des concours de book trailer ont également vu le jour sur le territoire français. En effet, plusieurs réseaux Canopé ont lancé des concours de book trailers, dont Albi, Toulouse. Il suffit de taper « concours book-trailer » sur n’importe quel moteur de recherche pour se rendre compte de l’ampleur de ces derniers. C’est ainsi que nous pouvons tomber sur plusieurs sites d’écoles ou collèges qui se sont lancés dans l’aventure, dont par exemple le Collège Hubertine Auclert de Toulouse.
L’intérêt pédagogique est évident : les élèves apprennent à suivre des règles strictes, découvrent les principales banques d’images, s’approprient la notion de libres de droit pour les images et sons utilisés et manipulent un logiciel montage vidéo. Ils apprennent alors à voir la lecture autrement.

Les mêmes codes qu’un trailer de film

Inspirés des bandes d’annonces, la ressemblance avec ces dernières semble donc évidente. Pour correspondre aux attentes d’un devoir de recherche, faisons la comparaison avec un film et un livre actuel pour en tirer des conclusions solides et fondées. Ci-dessous plusieurs captures d’écran de début et fin de vidéo. En première ligne, celles du book trailerde Les Coeurs Brisésécrit parAmelia Kahaney et publié aux éditions Robert Laffont dans la collection R en 2015. En dessous, celles du film Logan, un des derniers Marvel, sorti en mars 2017.
Les deux introductions sont similaires : fond noir avec texte blanc. Par contre, la conclusion est plutôt différente mais l’idée générale est la même. Les couleurs sont sombres dans les deux cas, la date de sortie est présente pour les deux. La différence notable est le visuel de couverture indispensable pour un livre. Au cinéma, il y a moins – voire aucun – intérêt à remettre l’affiche du film. Puisque l’exemple littéraire était un des ouvrages de la collection R, allons plus loin dans l’analyse de leur utilisation de ces vidéos. Nous remarquons facilement que les trailers de leur chaîne Youtube avec le plus de vues sont les anglo-saxons pour lesquels une simple traduction a été réalisée.
En éditant une grande part de traductions anglo-saxonnes, la maison d’édition n’a pas eu besoin de réaliser elle-même les vidéos de ces romans. La maison d’édition d’origine l’a déjà réalisé et s’est occupée de la recherche de scénario, de graphisme et de la musique pour son book trailer. La pratique veut que la maison d’édition française récupère la version originale en la traduisant pour le public français.

Se spécialiser dans le lien édition-cinéma

Des collections dédiées aux livres filmisés

La littérature et le cinéma entretiennent des liens étroits depuis plusieurs siècles, nous l’avons déjà évoqué lors de l’introduction à cette partie. Cette relation lointaine perdure au fil des siècles et ne semble pas être prête à s’arrêter. Cette dernière donne donc des idées de nouvelles collections à certains éditeurs : créer des collections spécialisées dans les romans adaptés au cinéma. Ainsi, Gallimard Jeunesse par exemple a lancé en octobre 2009 la collection « folio junior cinéma ». Il s’agit d’une collection proposant des coffrets DVD-livres commercialisés. Ils sont composés de livres filmisés (Charlie et la chocolateriepar exemple) et de films livrisés (dont Billy Elliot, novélisation de Melvin Burgess).

Une promotion à toute épreuve : chaque détail compte

D’après le SNE , la promotion du livre s’effectue à travers des actions particulières telles que la mise en place de publicité en lieu de vente (PLV), de manifestations comme un stand dans un salon ou une rencontre avec le public pour une séance de dédicace. Il faut également assurer sa présence dans les médias et les réseaux en ligne.
Faire la promotion d’un roman YA suit les mêmes bases que les autres romans, mais ont tout de même quelques spécificités. Ces dernières sont dues aux goûts de ce public jeune et particulier.

Les marque-pages

Le premier élément de promotion qui existe depuis aussi longtemps qu’existent les livres sont les marque-pages. Simples morceaux de papier ou de tissu, ils sont pourtant indispensables pour chaque lecteur pour que ce dernier puisse retrouver la page voulue plus facilement. Ce sont des outils imprimés de publicité destinés à lapromotion du livre, les éditeurs en raffolent et participent à leur élaboration avec plaisir. Ils sont généralement gratuits et leur production est souvent rentabilisée en les confectionnant avec les chutes de papier de l’impression des romans. Historiquement, ils étaient destinés aux libraires pour qu’ils puissent en faire cadeau au client lecteur, mais aussi aux éditeurs et auteurs eux-même pour leur auto-promotion. Amélie Haurhay, auteur d’un roman pour adolescents/jeunes adultes, raconte justement sur son blog comment elle les a utilisé pour promouvoir son roman à l’occasion du salon du livre de Bondues au mois de mars 2017. Cette pratique est donc toujours d’actualité, même pour les romans YA.

Les animations et les événements créés

Les événements littéraires, les salons, festivals, foires ou animations sont des outils promotionnels auxquels les éditeurs ont très souvent recours. Le YA s’impose peu à peu dans ces événements depuis quelques années.
Au salon du livre de Genève par exemple, un espace YA avait été inauguré en 2016. Suite à son « succès fracassant», il a été renouvelé pour l’édition de cette année 2017. Quant au salon du livre de Paris 2017, une heure était dédiée au sujet « Les jeunes adultes prennent le pouvoir » le samedi 25 mars 2017 où était discutée la possibilité que le YA prenne l’assaut les rayons des librairies. « Et si l’avenir était aux jeunes adultes ? »
Les événements dont nous n’entendons pas assez parler sont ceux où les blogueuses littéraires sont invitées. Nous avons vu précédemment que nombreux livres YA étaient adaptés au cinéma et nombreux événements sont justement organisés autour des sorties de livres ou de films.

Le public YA dans tout ça ?

Les produits dérivés sont devenus une action marketing de choix qui accompagnent chaque sortie de grosse production. Les éditeurs YA profitent de la médiatisation et la diffusion de masse de ces films quand ils sont l’adaptation de romans.
Les jeunes sont très friands des produits dérivés de leurs films, livres ou jeux préférés. Beaucoup de jeunes lecteurs se sentent proches des personnages mis en scène grâce à leur âge similaire aux leurs et ont besoin de faire continuer ce lien un peu spécial en faisant vive encore un peu les personnages de fiction.
Par exemple, une lectrice qui a lu et apprécié le livre Everything, everythinga proposé en ligne une reconstitution des tenues des deux personnages principaux (Maddy et Olly) tellement elle avait adoré le livre. Elle a cherché sur les sites en ligne les pièces qui ressemblaient le plus à celles décrites dans le livre, afin de proposer les visuels mais aussi les liens pour les acheter. Ceci n’est qu’un exemple, il existe des dizaines de recompositions de ce genre sur la toile.

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Table des matières

Glossaire
Introduction
I – Le Young Adult, genre phénomène de ces dernières années 
1) Son apparition dans les librairies
2) Le poids des traductions anglo-saxonnes dans l’offre française
a. La french-touch s’impose peu à peu
3) A la conquête du lectorat Y A: le changement est activé
II – Des stratégies marketing redoutables : vers une industrialisation de l’édition Young Adult
1) Quand l’éditeur met de côté son flair pour des lecteurs conquis d’avance
a. Le net comme découvreur de nouveaux auteurs
b. Éditer les personnes influentes du web : l’assurance d’un best-seller
2) Le cinéma, l’argument marketing par excellence des éditeurs
a. Les campagnes croisées avec le cinéma : la nouvelle habitude
L’impact d’une adaptation cinématographique sur les ventes du livre adapté
Les ré-éditions des couvertures suite aux adaptations cinématographiques
b. Imiter le 7e art
Quand les tomes deviennent des épisodes
Écrire un livre comme une série TV
Promouvoir avec des book trailer
c. Se spécialiser dans le lien édition-cinéma, le nouveau créneau
3) Une promotion à toute épreuve : chaque détail compte
a. Les marque-pages
b. Les événements et animations
c. Les produits dérivés
III – Le livre Y oung Adult peut-il vivre sans les réseaux sociaux ?
1) Retour sur la naissance des réseaux sociaux et zoom sur leur évolution
a. Les maisons d’édition deviennent ultra-connectées : zoom sur Instagram
b. Le métier d’éditeur est en pleine mutation numérique
c. L’éditeur devient l’ami des jeunes
2) L’extimité : s’exposer pour plaire et vendre
3) Le community management : la nouvelle casquette de l’éditeur
a. Le service de presse et l’épreuve non corrigée
b. Les concours
Projet éditorial
Bibliographie
Annexes

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