Des pratiques orientées vers l’utilisation des déchets

Des pratiques orientées vers l’utilisation des déchets

Deux bassins versants

L’idée était de comparer les pratiques de gestion des déchets du café sur deux bassins versants du Costa Rica pour évaluer leur concordance ou leur divergence et ainsi discriminer les facteurs d’influence. Un bassin versant est défini comme la zone à l’intérieur de laquelle toutes les eaux alimentent un même fleuve (Meléndez Marín et Castillo Quesada, 2010). Deux bassins versants ont été choisis (figure 5) : celui du Rio Pirris, dans la région de San José côté Pacifique et celui du Rio Reventazon, dans la province de Cartago, côté Caraïbe, respectivement 1288 et 2818 km2. Le bassin versant du Rio Reventazon (figure 6) comprend deux zones caféière, celle d’Orosi, canton de Paraiso, et de Turrialba, canton du même nom.

Le café n’est pas la culture dominante puisque sont aussi implantées des exploitations laitières, de canne à sucre et de bananes (Rojas, 2011). Dans la région caféière de Turrialba, le café est cultivé entre 600 et 1400 m d’altitude sur 8500 ha. La récolte du café s’étend de juin à février, sans réel pic de production, et la saison sèche s’étend de décembre à avril. La pluviosité annuelle est de 2600 mm en moyenne. Dans la région d’Orosi, le café est cultivé entre 1000 et 1400 m d’altitude, et récolté entre août et février (ICAFE, s. d.). Le bassin versant du Rio Pirris (figure 7) comprend la zone caféière de Tarrazu, une des huit du Costa Rica, et plus particulièrement les cantons de Dota, Tarrazu et Leon Cortés, connus sous le nom de zone de Los Santos. La période de récolte du café s’étend de novembre à mars, durant la saison sèche, avec un pic de production entre décembre et février. La culture du café est la principale activité de la zone, avec 22000 ha cultivés à une altitude située entre 1200 et 1900 m, et une production moyenne de 780 fanegas par an (ICAFE, s. d.). La pluviosité annuelle est de 2400 mm environ.

Du fait de l’altitude et du climat, le café provenant du bassin versant du Rio Pirris est considéré comme de qualité supérieure qualité ce qui lui permet d’être vendu avec un différentiel de prix par rapport au prix de la bourse de New York d’environ 40 à 50 $ par fanega. Ceci explique également la prédominance de cette culture dans la zone, puisque sa production est plus rentable que dans les zones de Turrialba et Orosi par exemple. Les unités de transformation du café sont d’ailleurs les seules industries de la région.

Bassin versant du Rio Pirris Costa Rica (Source image : Melendez Marin et Castillo Quesada, 2010) Les deux zones d’étude sont caractérisées par la présence d’acteurs dans les territoires (figure 8) : dans chaque canton on note la présence de caféiculteurs et de transformateurs de café ainsi que des Mairies, qui représentent les habitants. Dans chaque région caféière on trouve un bureau régional de l’ICAFE, supposé apporter un appui aux transformateurs et aux producteurs, une agence régionale du Ministerio de Agricultura y Ganaderia (MAG), c’est-à-dire le Ministère de l’agriculture qui apporte un appui au secteur agricole, du Ministère de la Santé (Ministerio de Salud – MS), et de l’Instituto Nacional de Aprendizaje (INA), qui coordonne des formations en fonction des demandes. Sur les deux zones d’étude se situent des barrages hydroélectriques gérés par l’ICE, un barrage construit en 2007 sur le Rio Pirris et plusieurs barrages plus anciens pour le Rio Reventazon. Les opérateurs des barrages doivent faire face à des problématiques d’accumulation de sédiments et de polluants issus des activités agricoles et industrielles, ainsi que les effluents domestiques (Meléndez Marín et Castillo Quesada, 2010).

La différence entre les deux zones est que le secteur caféier, production et transformation, occupe une place plus importante dans la région de Tarrazu du fait de son ampleur sur le territoire. Par ailleurs, du fait des conditions climatiques, la région de Tarrazu présente un pic de transformation de café au moment où le débit du fleuve est au plus bas, c’est-à-dire que tout polluant émis sera présent en plus grande concentration ce qui augmentera son impact. D’autres acteurs ne sont pas situés sur les zones d’étude mais sont susceptibles d’intervenir avec les acteurs des deux bassins versants : les universités engagées dans des programmes de recherche, le CICAFE, soit l’organe de recherche de l’ICAFE, des certificateurs, des exportateurs et des vendeurs de matériel de transformation.

Une évolution positive pour le système écologique

Si dans la zone de Los Santos, depuis 2007, des relevés d’eau permettant de relever la qualité de l’eau sont effectués par l’ICE en période de récolte du café et hors période de récolte, il n’existe pas de suivis plus anciens. La constatation de l’amélioration de l’état écologique des corps d’eau passe par les dires des différents acteurs, comme le souligne ce transformateur de café1. « Il y a toujours de la pollution, mais pas dans les quantités d’autrefois. Nous avons une parcelle au pied du fleuve, et l’odeur était insupportable. » “Se ocasiona una contaminación siempre, pero no en esas magnitudes que uno le ha vivido. Que nosotros tenemos fincas al pie del rio, y era insoportable el olor. “ Ou cet autre gérant d’une unité de transformation2 : « L’activité caféière ici a plus de 100 ans, de même pour les unités de transformation, les grandes comme CoopeTarrazu, dans ces années là la technologie était très rudimentaire, par exemple, la raison pour laquelle les entreprises étaient situées en bord de fleuve et avaient besoin de quantités d’eau énormes pour le processus, de la fermentation pour le lavage du mucilage parce qu’ils n’avaient pas de machines adaptées, ils consommaient d’énormes quantités d’eau, et dans la majorité des cas les résidus allaient directement dans les fleuves .

En conséquent, il y a de nombreuses années, durant la période de récolte, d’ici cela sentait mauvais, et c’était le fleuve. » “La actividad cafetalera aquí tiene más de 100 años, y los mismos años tienen las plantas de beneficio, las grandes como CoopeTarrazu, en esos años las tecnologías eran muy escasas, por ejemplo la razón por la cual los beneficios de café eran a la par del rio es que necesitaban caudales enormes en ese momento para todo el procesamiento, lavado por fermentación porque no tenían maquinas, consumaba enorme cantidad de agua, y en la mayoría de los casos los residuos iban directamente a los ríos. Entonces hace muchos años durante época de cosecha, estabas aquí y olía mal, y era el rio.”

On note également que tous les acteurs mentionnent dans leur discours la nécessité de protéger l’environnement, au travers de la réduction de l’impact de leur activité. Dans la zone de Los Santos. Ce propriétaire d’une entreprise de transformation explique ainsi3 : « Et faire attention à l’environnement, nous savons qu’avant toutes ces eaux miel allaient dans les fleuves provoquant un très grand déséquilibre naturel. Nous détruisions la nature, et plus que tout le fleuve, le barrage est venu imposer le fait que nous devions prendre soin du fleuve. Ce n’est toujours pas une eau propre, mais les conditions se sont beaucoup améliorées. » “Y cuidar la naturaleza, que sabemos que antes todas esas aguas mieles aquí iban a los ríos provocando un gran desequilibrio natural. Porque estábamos destruyendo la naturaleza, más que todo el rio y la represa vino a revolucionar de que teníamos que cuidar el rio. Todavia no es un agua que tiene las condiciones pero si se ha mejorado muchísimo.” Finalement, c’est l’image de la caféiculture qui s’en trouve verdie, comme le souligne ce propriétaire d’une entreprise de transformation4 : “En général, par le passé, l’industrie caféière était synonyme de pollution, dans les fleuves il y avait une grande quantité de mucilage et de pulpe. » “Por lo general en el pasado, la industria de café era sinónimo de contaminación, en los ríos había un montón de broza y de miel.”

Une évolution des pratiques des transformateurs de café Avant 1992, le paysage des transformateurs de café était constitué de grandes usines situées en bord de fleuve, car utilisant des quantités d’eau énormes pour le processus, qui rejetaient directement les effluents, tous déchets confondus, dans les eaux. Ainsi, le gérant d’une usine de transformation créée il y a 100 ans indique5 : « Avant, c’était un fleuve qui passait dans l’unité de transformation. » “Antes era un rio por dentro del beneficio” En 1992 a été un accord multi-partite entre le Ministère de la Santé (Ministerio de Salud), l’Icafe et les autres acteurs du secteur caféier. L’objectif était de mettre en place un plan d’amélioration continue et de fixer les paramètres, DCO, DBO et pH, autorisés par une future loi. En 1997, une loi6 est signée pour réguler la pollution des eaux.

Les premières solutions portant sur la gestion des effluents se sont alors mises en place, il y a 20 ans et se composaient de filtres, permettant de retenir les déchets solides, tout en continuant à rejeter les phases liquides. Puis des bassins de décantation permettant de séparer solides et liquides de manière plus efficace ont été conseillés, avec l’utilisation de chaux pour abaisser l’acidité. Cette dernière a ensuite été remplacée par l’utilisation d’enzymes. L’eau utilisée au sein du processus a ensuite été recirculée ce qui a permis de diminuer considérablement les quantités utilisées. Ceci a été permis par des innovations technologiques dont sont en charge les vendeurs de matériel7 : “Parce que le Ministère de la Santé (Ministerio de Salud) n’a pas la capacité industrielle pour proposer des machines, nous si. Eux connaissent la loi, nous les machines. Le client connaît son café, donc nous nous sommes tous alliés et nous avons décidé qu’il fallait améliorer l’environnement, il fallait produire avec des systèmes respectant l’environnement pour pouvoir avoir une valeur ajoutée. » “Porque el Ministerio de Salud no tiene la capacidad industrial para proponer unas maquinas, nosotros si. Ellos sabían de la ley, nosotros de las maquinas. El cliente sabe de su café entonces nos juntamos todos y decidimos hay que mejorar el medio ambiente, hay que producir ante un sistema eco-amigable con el ambiente para que podamos tener un valor agregado. “

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport gratuit propose le téléchargement des modèles gratuits de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Résumé
Remerciements
Abréviations et acronymes
Glossaire
I Introduction
II Matériel et Méthode
Deux bassins versants
Méthodologie
Analyse des résultats
III Résultats
1)Une évolution progressive de la gestion des effluents dans les unités de transformation de café
1) Une évolution positive pour le système écologique
2) Une évolution des pratiques des transformateurs de café
IV.Des pratiques de gestion des effluents différenciées
1) Les déchets liquides : une stratégie commune d’optimisation de la consommation d’eau, différentes pratiques de gestion
2) Les déchets solides : des pratiques orientées vers l’utilisation des déchets
V.Des pratiques en réponse à un contexte contraignant
1) Une loi limitant le rejet de polluants qui s’applique en s’appuyant sur un jeu d’acteurs
2) Les transformateurs de café s’insèrent dans des jeux d’acteurs différents qui conditionnent leurs contraintes et opportunités
VI.Discussion
Des filières agricoles qui s’orientent vers l’écologie industrielle
L’intégration des contraintes environnementales, une stratégie de différenciation dans les filières agricoles
Perspectives du travail
Conclusion
Bibliographie
Annexe 1 : Questionnaire transformateurs de café
ANNEXE 2 : Questionnaire autres acteurs
Annexe 3 Analyses réalisées sous Infostat

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *