Des enjeux multiples en aménagement et environnement

Des enjeux multiples en aménagement et environnement 

Selon le ministère de la transition écologique et solidaire, ce sont 17,1 millions de résidents permanents exposés en 2017 aux diverses conséquences des inondations par débordement de cours d’eau. En effet, l’aléa inondation affectait près de 4% du territoire national en 2012 d’après l’IFEN (Institut Français de l’Environnement). Ce risque est en perpétuelle évolution, de par des causes naturelles mais également anthropiques. Le Conseil d’Analyse Economique évoquait en 2012 plusieurs conséquences envisageables du fait des changements climatiques actuels. La fonte accrue des glaciers devrait mécaniquement accroître le débit des cours d’eau et donc la fréquence et la gravité des inondations (Renard et al, 2006). Il va être possible d’observer une méditerranéisation des rivières européennes, à savoir plus de sècheresses en été, mais également davantage d’inondations fortes et intenses. Les facteurs anthropiques constituent des facteurs aggravants en ce qui concerne le risque inondation (Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable, 2004) ; plusieurs éléments peuvent être mis en cause. Tout d’abord, le développement de logements, d’activités ou de réseaux dans des zones inondables est une pratique courante, malgré l’aspect irrationnel du choix de s’implanter dans un territoire à risque. En effet, les villes se sont historiquement étendues le long des cours d’eau et il est difficilement envisageable de déplacer l’ensemble des personnes et des biens exposés à l’aléa inondation. Néanmoins, ce phénomène s’est aggravé au cours du temps ; à titre d’exemple, de 1999 à 2006, plus de 200 000 logements supplémentaires ont été implantés dans des zones inondables (Ministère du Développement Durable, 2012).

Puis, il est possible de constater une disjonction entre les écosystèmes et l’aménagement des cours d’eau. L’ensemble des réseaux d’évacuation et systèmes d’irrigation modifient les écoulements naturels, de même que les processus de déboisement des bassins versants, de tassement des sols par les engins agricoles ou l’artificialisation des sols (Le Quentrec et al., 2009). Les champs d’expansion de crues sont réduits par l’urbanisation ou l’édification de digues, et de nombreux cours d’eau sont aménagés sans envisager les conséquences à long terme ; de ce fait, les crues les plus violentes sont encore plus difficiles à maîtriser (Conseil d’Analyse Economique, 2012). Par ailleurs, les divers ouvrages de protection (digues, déversoirs) ont montré leurs défaillances au court du temps.

Au cours du temps, diverses études ont montré que certaines formes de nature en ville sont associées à des enjeux multiples. Les intérêts sont d’abord sociétaux ; ils se reflètent à travers un désir certain des habitants à pouvoir se promener dans des espaces verts. Ils sont également environnementaux, en réduisant les îlots de chaleur au cœur des agglomérations comme cela sera détaillé par la suite. A cela s’ajoute une certaine volonté politique, poussée par les intérêts sociétaux, à développer la présence d’espaces naturels au sein des villes. De ce fait, comme évoqué dans les paragraphes précédents, se posent à l’heure actuelle de nombreuses questions à propos des inondations (augmentation de la fréquence et de l’intensité des crues dans un contexte de changement climatique, mauvaise organisation de l’urbanisation, limites des mesures de prévention et de protection), mais aussi sur les divers enjeux liés à la présence de la nature en ville, tant sociétaux qu’environnementaux. Ainsi, il existe un réel intérêt à joindre ces deux thématiques, à savoir utiliser la nature dans la perspective de limiter les effets des inondations.

Définition des termes du sujet 

Il est tout d’abord nécessaire de définir la notion de service écosystémique puisqu’elle renvoie au sujet même de cette étude. Les services écosystémiques correspondent à l’ensemble des bénéfices que les humaines retirent des écosystèmes (Evaluation des Ecosystèmes pour le millénaire, 2002). Ils se distinguent des « fonctions écologiques » qui sont les processus naturels de fonctionnement des écosystèmes. Ainsi, les services constituent les résultats de ces fonctions. Cette notion de « service » est particulièrement essentielle en matière de prévention des crues par l’utilisation de la nature ; cette démarche utilitariste (anthropocentrée) vise à définir « l’ensemble des biens et services produits par les écosystèmes qui ont un impact positif sur le bien être humain » (CRéDOC, 2009). En effet, comme cela sera détaillé par la suite, l’un des services rendus par la nature à l’Homme est la régulation des flux d’eau, dans le but de prévenir les phénomènes d’inondation par exemple. Le Conseil d’Analyse Economique définit l’inondation comme la « submersion d’une zone, lente ou rapide, alors qu’elle est normalement hors des eaux » (2012) ; ce phénomène correspond au croisement entre aléa, enjeux et vulnérabilité. L’aléa est un phénomène naturel relativement imprévisible s’exerçant sur un territoire et caractérisé par une intensité, une récurrence, une étendue et une durée. Les enjeux constituent tout ce qui se trouverait affecté par les dommages et qui présente de la valeur sociale (personnes, biens, activités) alors que la vulnérabilité est le degré auquel les enjeux sont susceptibles d’être endommagés par la réalisation de l’aléa. Plusieurs types d’inondations peuvent être considérés (Allens et al. 2013):
– Les inondations de surface, à savoir lorsqu’un cours d’eau déborde de son lit mineur (comprennent les inondations de plaine et les crues torrentielles) ;
– Les inondations par remontée de nappe ;
– Les inondations liées à la saturation des réseaux d’eaux usées et d’eaux pluviales.

Ces notions de « service écosystémique » et de « prévention des inondations » sont des thématiques plus ou moins traitées par les pouvoirs publics. Il apparait nécessaire de préciser que les politiques publiques font référence à l’action des autorités publiques au sein de la société (Mény et Thoenig, 1989). Aussi, le programme d’une politique publique correspond à « l’ensemble des décisions prises par le système politico-administratif relatives aux procédures, à l’organisation, aux financements et aux instruments permettant d’orienter les décisions concrètes visant directement le comportement des groupes cibles » (Corinne Larrue, 2000). Selon elle, les décisions peuvent relever de documents à valeur juridique (lois, circulaires) ou de documents d’orientation générale.

L’efficacité des zones naturelles quant à l’écrêtement des crues

L’Institut Français de l’Environnement a identifié plusieurs services rendus par les écosystèmes en s’appuyant sur l’Evaluation des Ecosystèmes pour le millénaire (Millenium Ecosystems Assessment, CRéDOC, 2009),  :
– Les services de support (préservation des habitats, des sols, de la biodiversité, etc.) ;
– Les services de régulation (régulation du volume des écoulements d’eau, de l’érosion, pollinisation, régulation du climat, cycles des nutriments, etc.) ;
– Les services de production ou d’approvisionnement désignant les biens consommés par l’être humain (nourriture, eau, combustibles, fibres, etc.) ;
– Les services culturels, à savoir les bénéfices immatériels que l’être humain tire de la nature (récréation, tourisme, éducation, attachements culturel et religieux, etc.) .

En 1998, Raymond Burby évoque l’intérêt de « coopérer avec la nature » pour développer la résilience des territoires. En 2013, l’ONEMA préconise de s’inspirer des systèmes écologiques pour gérer les crues en évoquant plusieurs grands principes. Tout d’abord, il s’agit de diminuer le ruissellement et de ralentir au maximum les écoulements le plus en amont des bassins versants. Aussi, la conservation et le développement des zones d’expansion des crues (figure 3) à l’amont des zones vulnérables représentent de potentielles stratégies à mettre en œuvre. En effet, la nature a la capacité de réguler les effets de l’aléa inondation en ralentissant les écoulements, en stockant de l’eau, en diminuant le ruissellement et en favorisant l’infiltration. Ces services peuvent exister à travers plusieurs aménagements.

Les mares, bassins de retenue et ZTHA (Zones Tampons Humides Artificielles) constituent autant de classes de zones humides, elles-mêmes définies comme « des étendues de marais, de fagnes, de tourbières ou d’eaux naturelles ou artificielles, permanentes ou temporaires, où l’eau est stagnante ou courante, douce, saumâtre ou salée, y compris des étendues d’eau marine dont la profondeur à marée basse n’excède pas six mètres » (Secrétariat de la convention de Ramsar, 1971) ou plus récemment comme des « terrains, exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d’eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire; la végétation, quand elle existe, y est dominée par des plantes hygrophiles pendant au moins une partie de l’année » (Loi sur l’eau, Légifrance, 1992).

Aussi, les écosystèmes plus linéaires tels que les ripisylves (formations végétales longeant les cours d’eau), haies et bocages (structures linéaires de végétaux ligneux, Baudry et Jouin, 2003), fossés et noues (aménagements peu profonds et plus larges qu’un fossé, figure 4) ne sont pas des espaces anodins en matière de prévention des inondations ; ils constituent des espaces qui peuvent s’étendre sur plusieurs dizaines de mètres et stocker de grandes quantités d’eau. En fonction de leur taux de végétalisation, ils peuvent ralentir les flux d’eau. Les espaces vers (pelouses et bois urbains), les friches et les jardins collectifs peuvent également être considérés comme des aménagements permettant de ralentir les écoulements et sont évoqués notamment dans le Plan Loire Grandeur Nature en tant qu’exemples multifonctionnels de territoires liant prévention des inondations et usages sociétaux. A titre d’image, la moitié des jardins collectifs est située en zone d’aléa inondation fort à l’échelle de l’agglomération tourangelle (Di Pietro et al., 2017). Enfin, les toitures végétalisées et récupérateurs d’eau de pluie, qui seront peu traités dans cette étude de par leur approche plus architecturale, constituent d’habiles innovations en ce qui concerne le stockage de l’eau au plus près de la source.

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Table des matières

Introduction
PARTIE 1
Introduction
Des enjeux multiples en aménagement et environnement
Définition des termes du sujet
Objectifs et organisation de l’étude
I. Etat de l’art
A. L’efficacité des zones naturelles quant à l’écrêtement des crues
B. L’action publique en matière de prévention des inondations
C. Les leviers et limites de l’urbanisme écologique
D. L’intérêt de l’analyse des politiques publiques
II. Méthodologie
A. L’utilisation de données variées
B. Le cadre d’analyse
III. Présentation du cas d’étude
A. Le parallèle entre deux villes jouxtant le Rhin
B. Le cas des politiques publiques allemandes
Conclusion
Une problématique actuelle
Des politiques publiques diverses en matière d’urbanisme écologique et de gestion des inondations
La comparaison franco-allemande
PARTIE 2
Introduction
I. Elaboration de la typologie
A. Une typologie à deux entrées
B. Des aménagements qui permettent de limiter les effets des crues
II. L’urbanisme écologique en France et en Allemagne
A. Une règlementation européenne commune
B. Le cas de la France
C. Le cas de l’Allemagne
D. Les exemples de Strasbourg et de Bonn
III. Analyse
A. Bilan
B. Intérêts et limites de l’étude
Conclusion
Table des matières
Bibliographie

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