Des concepts essentiels à la compréhension de l’éthique 

Des concepts essentiels à la compréhension de l’éthique 

L’action éducative en enseignement soulève de nombreux enjeux éthiques. Ceux-ci émergent de plus en plus étant donné la complexité de l’intervention en contexte scolaire, où les acteurs sont nombreux et où les enjeux individuels et collectifs sont multiples. Pour guider leurs actions, les enseignantes en début de carrière peuvent s’inspirer de la mission de l’école québécoise (instruire, socialiser, qualifier), des approches pédagogiques encouragées et de leur philosophie d’ intervention. Elles tiennent compte également des règles et des lois qui régissent la carrière enseignante. Malgré tous ces repères, chaque action demeure un projet à créer avec  et pour l’élève qui est au centre de ses apprentissages. Les enseignantes placées devant une situation complexe, qu ‘elles soient débutantes ou  expérimentées, sont conviées à s’engager dans une réflexion et une recherche de solution. Devant cette complexité, l’éthique représente selon nous une avenue possible pour guider la réflexion à l’égard des dilemmes rencontrés en enseignement. Après avoir présenté l’objet de la recherche dans la problématique, il est maintenant question de la pertinence de l’éthique pour soutenir la réflexion et l’action devant les défis actuels posés par la pratique enseignante. Pour ce faire, différents modes de régulation des comportements sont présentés.

Les principaux modes de régulation que l ‘on trouve dans la société sont la morale, les mœurs, le droit, la déontologie et l’éthique (Boisvert, Jutras, Legault et Marchildon, 2003). Ces types de régulation servent à contrôler les comportements des êtres humains dans une société, de façon à permettre, de manière saine, de vivre ensemble (Desaulniers et Jutras, 2006). TI est important de bien les définir pour comprendre leur spécificité et leur complémentarité. L’éthique et la morale sont utilisées fréquemment dans nos propos sans nécessairement les distinguer l’un de l’autre. Souvent ces deux termes font référence à ce que l’on doit faire ou non et à des codes de bonne conduite. Ce qu ‘il faut en retenir c’est que l’éthique fait référence aux valeurs tandis que la morale se rapporte aux obligations (Legault, 2004a).

La morale 

Le terme morale vient du mot latin mores qui « désigne les mœurs ou façons de vivre dans un groupe » (Desaulniers et Jutras, 2006, p. 31). La morale traditionnelle est dite hétérorégulatoire puisqu ‘elle est fondée par une autorité extérieure (Boisvert et al., 2003). La fonction spécifique de la morale au sei n de la société renvoie à un ensemble de règles non écrites qui guident les conduites individuelles et collectives (Fortin et Parent, 2004). On la perçoit surtout comme le devoir-faire étant donné qu’elle s’ exprime sous la forme d’interdictions, d’obligations et de devoirs. La morale concerne les mœurs, les habitudes et surtout les règles de conduite admises et pratiquées dans une société (Robert, 1993). Elle évalue les attitudes, les comportements et les actions en ayant pour référence le bien et le mal. Les liens de l’éducation avec la morale sont nombreux : C’est par l’éducation qu’on inculque les principes moraux: on enseigne ce qui est bien et ce qui est mal, on récompense les uns et on punit les autres, on donne l’exemple. Dans la culture québécoise, la morale catholique l’illustre à merveille. La connaissance de ses principes passait par le petit catéchisme, qui édictait en même temps les règles de la bonne conduite. Sa transmission se faisait à l’école, en famille , à l’église. (Boisvert et al., 2003, p.33)

À compter de septembre 2008, un grand changement s’annonce pUIsque l’école québécoise n’aura plus le mandat de développer l’esprit critique de l’élève uniquement à l’égard de la morale catholique, mais bien en posant un regard sur l’ensemble des religions et des cultures.

Les mœurs

Les mœurs peuvent être définies comme un mode de régul ati on des comportements plus implicite que la morale car elles représentent les coutumes, les pratiques et les traditions d’ un peuple (Boisvert et al., 2003). Elles se rattachent à la morale dans leur façon de véhiculer les manières de vivre des individus, mais elles reposent sur des règles non écrites qui régissent les pratiques courantes d’un peuple (Ibid.). Les mœurs sont essentiellement des coutumes, des habitudes, des pratiques et des cultures définies dans un contexte donné. « Elles incluent des valeurs et des usages communs, des manières de faire, de vivre, d’évaluer et de penser partagées par un groupe, une époque ou une organisation » (Boisvert et al. , 2003, p. 34). Ces règles implicites codifient et décrivent les comportements attendus de tous et chacun. Elles sont intégrées dans la société, notamment grâce à l’éducation et aux institutions sociales (Boisvert et al., 2003). L’idée principale des mœurs se traduit par le conformiste des pratiques sociales ou religieuses. C’est J’objectif premier de ce mode de régulation des comportements. La motivation à agir de façon conforme aux mœurs repose sur trois facteurs : « le désir d’identification au groupe, l’ habitude, ainsi que le regard des autres et la peur d’être rejeté » (Boisvert et al., 2003 , p. 34). Le sociologue français Pierre Bourdieu appelle habitus toutes ces habitudes qui orientent inconsciemment nos actions, comme le font les mœurs (Ibid). Elles sont des règlements informels qui deviennent des habitudes puisqu’elles sont issues de la tradition d’ un peuple.

Le droit

Le droit est le mode de régulation des comportements « le plus opérant » (Boisvert et al., 2003, p. 36) dans une société démocratique. TI fait référence au pouvoir et au devoir de respecter la loi. Le droit rejoint la morale dans ses convictions puisqu’il ne peut être séparé des mœurs d’ un peuple. Le droit impose des obligations aux citoyens d’une société donnée et il fait référence à la notion de devoirs tout comme la morale. Par contre, il se distingue d’elle par la personne qui dicte le pouvoir et par la connotation apportée au devoir qui est différente. Ce n’est pas un « délégué divin ni le porte-parole d’une idéologie qui dicte des devoirs, mais les représentants élus de la population » (Ibid ). La morale prend sa source première dans la société alors que le droit trouve sa source dans l’État. TI est également organisé et élaboré par des organismes particuliers selon une législation précise. TI protège les droits des citoyens tout en prévoyant un cadre procédural afin de permettre de régler les différends dans la société (Boisvert et al., 2003). Le droit s’exerce sous la forme d’une pression extérieure. Édicté par l’État, il est une forme extérieure de régulation des comportements (Ibid). On se soumet au droit pour trois raisons: « la conviction de la nécessité des règles minimales de conduite, la connaissance des textes de loi et la sanction qu’ entraîne un comportement illégal » (Boisvert et al. , 2003. p. 37). En somme, ce mode de régulation des comportements est très important puisque toute personne est tenue de respecter les droits convenus dans une société. Nul ne peut ignorer la loi en plaidant l’ignorance.

La déontologie 

La déontologie est définit comme « l’ensemble des règlements normatifs adoptés par les ordres professionnels imposant des devoirs, des obligations à la conduite des professionnels» (Legault, 2004a, p. 281 ). Elle correspond également à la morale liée à une profession ou à un métier (Desaulniers et Jutras, 2006). La déontologie rejoint la logique du droit en imposant des conduites, mais elle s’adresse à une communauté plus restreinte. Elle renvoie au devoir à faire et à ce qui est acceptable ou non dans un groupe tout comme la morale, mais elle s’attarde plus particulièrement aux conduites professionnelles (Fortin et Parent, 2004). Généralement, la déontologie se présente sous forme d’ un code écrit qui exprime les obligations, les devoirs et les responsabilités d’ un groupe donné (Ibid.). Dans la mesure où elle fait appel à une autorité extérieure à l’individu dans son application, la déontologie est une forme de régulation principalement extérieure (Boisvert et al. , 2003). L’autorité est alors dictée par la direction, l’ordre professionnel ou l’association qui régule les comportements à l’usage des membres. Tout manquement à un règlement est susceptible d’être puni par une autorité reconnue, qui prend souvent la forme d’ un comité de discipline (Ibid.). À titre informatif, les devoirs et les responsabilités des enseignantes sont énoncés à l’intérieur de la Loi sur [‘instruction publique. Cela relève de la déontologie puisqu ‘on y indique ce que les enseignantes ont le droit de faire ou de ne pas faire. Jusqu ‘à maintenant, ces informations sont nécessaires aux novices dans la mesure où elles ne possèdent pas de guides de référence, tel un code de déontologie, pour donner un sens à leurs conduites ou pour réguler leurs actes professionnels.

L’éthique 

Si nous faisons référence aux autres modes de régulation, l’éthique est le seul «mode de régulation des comportements qui provient d’abord du jugement personnel de l’individu, tout en se fondant sur des valeurs coconstruites et partagées pour donner sens à ses décisions et à ses actions » (Boisvert et al., 2003, p.43). C’ est son caractère autorégulatoire qui la distingue de la morale, de la déontologie, des mœurs et du droit parce qu ‘il laisse une plus grande place à l’autonomie et à la responsabilité de la personne (Ibid.). U ne faut toutefois pas présenter l’éthique comme le contraire de l’hétérorégulation (Rondeau, 2007). Elle s’ inscrit plutôt dans une logique préventive en invitant le sujet à éviter les conduites qui pourraient avoir des conséquences négatives sur lui-même ou sur les autres (Boisvert et al. , 2003). L’éthique est principalement une réflexion sur ses façons d’agir et sur la responsabilité qui conduit souvent à un rapport à l’ autre. Elle renvoie aussi à la capacité de la personne d’agir en tenant compte des valeurs sur lesquelles elle a délibéré, plutôt qu’en tenant compte de règles ou de normes (Rondeau, 2007).

En éthique, les valeurs occupent une place centrale dans la décision et J’action. Définies en termes d’idéaux collectifs, elles guident celui qui doit « évaluer » justement, l’impact de sa décision ou son action aura sur les autres et sur la collectivité. (Boisvert et al., 2003, p. 44) .

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Table des matières

INTRODUCTION 
CHAPITRE 1
PROBLÉMATIQUE 
1. 1 Mise en contexte de l’étude
1.2 Des composantes de la pratique enseignante
1.2.1 Les finalités éducati ves
1.2.2 L’acte d’enseigner
1.2.3 L’éthique professionnelle en enseignement
1.3 L’objet de recherche
1.3.1 La question et l’objectif de recherche
CHAPITRE II
CADRE CONCEPTUEL 
2.1 Des concepts essentiels à la compréhension de l’éthique
2.1.1 La morale
2.1.2 Les mœurs
2.1 .3 Le droit
2.1.4 La déontologie
2.1.5 L’éthique
2.2 Le domaine de l’éthique
2.3 L’intention et la visée menant au triple souci éthique
2.3.1 L’intention éthique
2.3.2 La visée éthique
2.4 Le souci éthique dans les pratiques professionnelles
2.4.1 Le souci de soi
2.4.2 Le souci de l’ autre
2.4.3 Le souci de l’institution et de la société
2.5 Le souci éthique dans la pratique enseignante
CHAPITRE III
MÉTHODOLOGIE 
3.1 La recherche qualitative
3.2 L’interactionnisme symbolique
3.3 La cueillette de données
3.3.1 L’ entrevue semi-dirigée
3.4 La constitution de l’échantillon
3.4.1 Les participantes
3.5 Méthode d’analyse des données
3.5.1 Le modèle de Deslauriers
3.5.2 L’analyse thématique de Paillé
3.5.3 Le modèle de Huberman et Miles
3.5.4 Le modèle d’analyse adapté pour la recherche
3.6 Les critères de rigueur de la recherche qualitative
3.7 Les limites de la recherche
3.7.1 Lacrédibilité
3.7.2 La transférabilité
3.7.3 La fiabilité
3.7.4 La confirmation
CHAPITRE IV
ANALYSE DES DONNÉES 
4.1 La manifestation du souci de soi
4.1. 1 Connaissance de la personne de l’enseignante
4.1.2 Réalisation de sa personne dans l’enseignement..
4.1.3 Description du souci de soi dans la pratique éducati ve
4.2 La manifestation du souci de l’ autre
4.2.1 Le souci des élèves
4.2.2 Le souci des parents
4.2.3 Le souci des collègues et de la direction
4.2.4 Description du souci de l’autre dans la pratique éducati ve
4.3 La manifestation du souci de l’institution et de la société
4.3.1 La mission de l’école et le rôle de l’enseignante
4.3.2 Les valeurs de l’ institution
4.3.3 L’ intervention éducative et ses enjeux éthiques
4.3.4 Description du souci de l’institution et de la société dans la pratique
éducative
CHAPITRE V
INTERPRÉTATION DES DONNÉES 
5.1 Le souci de soi
5.2 Le souci de l’autre
5.3 Le souci de l’ institution et de la société
CONCLUSION

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