Des antiquités recueillies sur le sol du département 

Une place considérée dans le milieu érudit local

La chaire des belles-lettres et d’éloquence à l’École centrale d’Angers

Selon la proposition de Lakanal, ancien doctrinaire qui avait pris à l’Université d’Angers le grade de docteur en arts, des Écoles centrales sont créées dans les départements. Il s’agissait d’offrir des cours publics. L’installation de l’École centrale d’Angers a lieu le 21 mars 1796 et l’ouverture des classes, le lendemain, dans les locaux de l’ancien collège de l’Oratoire. Elle est transférée en octobre 1797 dans les locaux de l’ancien séminaire, le logis Barrault (aujourd’hui siège des musées). Cette école comprenait un ensemble de chaires réunies en trois sections. La première concernait les enseignements suivants : le dessin, le latin, le grec et le droit ; la deuxième intégrait les cours de mathématiques, de physique, de chimie et de botanique ; la troisième, enfin, réunissait les enseignements de grammaire générale, de belleslettres, d’histoire philosophique des peuples, de zoologie-minéralogie et d’histoire.
L’ambition était de rattacher à cette école tout ce qui pouvait avoir trait aux sciences, aux lettres et aux beaux-arts.
Le 25 février 1796 (6 ventôse an IV), les administrateurs du département confient à Toussaint Grille l’enseignement des belles-lettres. Il a tout juste trente ans.
Comme un certain nombre d’anciens génovéfains, il occupe ainsi, après avoir renoncé à la vie religieuse, des fonctions liées à l’enseignement, ce qui est un indice de la qualité de leur formation (trois furent même membres de l’Institut : l’historien Louis-Pierre Anquetil, le numismate Antoine Mongez et le botaniste Étienne-Pierre Ventenat). À Angers, la proportion des anciens membres du clergé régulier et séculier parmi les professeurs de l’École centrale atteignait les deux tiers.
Ce poste de professeur était prestigieux. Comme il est rappelé dans la lettre de promotion de Toussaint Grille, l’instruction était alors d’une grande importance car celle-ci constituait l’un des plus fermes appuis de l’ordre social ; elle représentait même un fort pouvoir moral à même d’accompagner le pouvoir politique. L’affectation de Toussaint Grille à ce poste est le signe de la considération dont il faisait l’objet parmi les hauts fonctionnaires et les érudits locaux du département. Cette estime lui est d’ailleurs signifiée dans sa lettre, même s’il s’agit d’un type de littérature convenue : « L’enseignement est donc une fonction aussi belle que délicate, une sorte de magistrature qui suppose et exige dans celui qui l’exerce autant de moralité que de talent. Vous concevez avec quel intérêt, avec quelle douce satisfaction nous avons vu ces deux conditions réunies dans le choix que le jury a fait de vous».
Conséquence du crédit dont ils bénéficient à Angers à l’époque du Directoire, les professeurs de l’École centrale tiennent une place importante dans la vie politique locale, de même qu’avant la Révolution les professeurs de l’Université étaient associés aux questions relatives à la vie municipale. Cette considération particulière se reflète également au sein de l’opinion publique, « le corps enseignant [étant] plus respecté et honoré qu’il ne l’a jamais été».
Ce poste d’enseignant permet à Toussaint Grille de construire un réseau important au sein de la communauté savante locale. En effet, il était entouré à l’École centrale d’un certain nombre d’érudits appartenant à toutes disciplines, tels que le botaniste Gabriel Merlet de La Boulaye, l’apothicaire Joseph-Etienne Renou, l’avocat Dubois, le professeur de dessin Joseph Marchand, le professeur d’histoire Louis Papin ou le bibliothécaire Jean-Pierre Braux (Dom). Foyer intense de vie intellectuelle, l’École centrale était ainsi le théâtre d’une émulation de savants et de talents, élèves et maîtres, parfois réunis en divers cercles, dont certains allèrent ensuite dans diverses carrières « faire jouir leur pays du fruit de ses fécondes leçons». Ces derniers constitueront d’ailleurs une manne essentielle pour les sociétés savantes développées au XIXe siècle.
Ce réseau s’étendait au-delà de l’École centrale. Par exemple, avec plusieurs professeurs, notamment Jean-Claude-Gauthier-Louis de Bénaben, Papin et Dubois, Toussaint Grille est engagé dans la publication d’articles politiques et culturels dans les Affiches d’Angers, journal local dirigé par l’imprimeur Charles Mame, qui se voulait dans le Maine-et-Loire l’interprète de la branche « bourgeoise » ou « directoriale» des républicains, attachée dans son essence à la Constitution, « sage et protectrice», notamment envers « l’arbitraire [qui] rentre par mille chemins secrets au cours de l’administration » ; ce journal, prenant parti contre l’Impartial ou l’Ami des Principes, défendait par exemple l’idée d’une réintégration des Vendéens à la République. Celui-ci bénéficiait localement d’une réelle aura parmi les citoyens. Selon Toussaint Grille, d’une façon générale, les journaux sont le véhicule de bonnes idées et l’instruction qu’ils apportent est d’autant mieux accueillie qu’elle n’arrive pas au nom de l’autorité et ne présente pas le ton du précepte.
En effet, Toussaint Grille attachait une importance particulière à l’enseignement, dont il avait une vision personnelle et qu’il défendit auprès du ministre de l’Instruction dans une lettre datée du 18 août 1798 (1er fructidor an VI). Il proposait à ses élèves un programme d’enseignement fondé sur cinq éléments : les préceptes, la lecture, la traduction, l’analyse et la composition. Dans l’étude des préceptes, il bannissait « l’attirail vain et superflu » de l’ancienne rhétorique « qui ne sert qu’à étouffer la raison » et, dans quelque genre que ce puisse être, il s’appuyait sur les textes « empruntés aux meilleures traductions ». La lecture lui apparaissait comme une nourriture substantielle donnée aux élèves, faute de mieux, sous forme d’extraits, en liaison avec les préceptes étudiés. Les traductions, selon lui la meilleure manière de former le style, faisaient l’objet d’un soin particulier. L’analyse quotidienne des textes venait ensuite « former le jugement ». La composition constituait enfin le couronnement du cours ; les élèves y étaient exercés par gradation : le canevas tracé guide les premiers pas dans les genres simples, comme la lettre, le portrait d’un personnage, la description d’un lieu, le récit d’un événement, pour aboutir enfin à l’exercice d’un discours « imité des sujets traités par les plus célèbres orateurs de nos assemblées nationales ». « C’est ainsi qu[’] […]on les abandonne insensiblement à leurs propres forces, et que l’on finit par leur laisser toute la gloire de l’invention, de la conduite et des détails». Selon Léon Cosnier, au moment de sa mort, les anciens auditeurs de Toussaint Grille étaient unanimes quant aux connaissances étendues dont ce dernier faisait preuve dans son enseignement et sa capacité à transmettre dans l’esprit de ses élèves l’« amour véritable des maîtres». Toussaint Grille professait de la sorte tous les jours de dix heures à onze heures, le quintidi et le décadi exceptés ; l’effectif était réduit semble-t-il à quelques élèves seulement, dont certains sont relativement célèbres comme son neveu François Grille, chef du bureau des sciences et beaux-arts au ministère de l’Intérieur à partir de 1812.
En outre, Toussaint Grille développa à l’occasion de sa carrière dans cet établissement son goût de l’étude, en particulier grâce à la riche et nombreuse bibliothèque dont il disposait.
Celle-ci fut inaugurée le 30 mars 1798 dans la salle synodale du palais épiscopal ; elle était ouverte au public les mardis, jeudis et dimanches. Auparavant, les ouvrages avaient dû être transférés depuis la collégiale Saint-Martin où ils étaient déposés depuis la Révolution. Lors de ce déménagement, Dom Braux, qui en avait la charge, demanda le renfort d’hommes intelligents et de bonne volonté, dont l’oeil éclairé en accélérerait l’exécution en veillant au maintien des dispositions par lui établies. Personne ne parût plus propre que Toussaint Grille, qui se prêta alors à ce ministère utile et complaisant d’ailleurs « point étranger aux amis des sciences et des arts».
Formé primitivement par les multiples apports des riches communautés religieuses de l’Anjou, auxquels étaient venus s’ajouter les ouvrages confisqués sur les émigrés, le dépôt est déjà en partie classé lors de son transfert à l’ancien évêché. Selon le préfet, cette bibliothèque « de l’aveu de tous les voyageurs éclairés, est une des plus belles de la République »82. En l’an X, celle-ci comptait plus de 40 000 volumes relatifs à la littérature, à la jurisprudence, aux sciences et aux arts et quelques 60 000 volumes relatifs à la religion ; le classement était vraisemblablement fondé sur le système dit « de Debure », c’est-à-dire réparti en cinq classes : théologie, jurisprudence, sciences et arts, belles lettres et histoire. L’Almanach du département nous permet de nous faire une idée de son contenu, c’est-à-dire des ouvrages avec lesquels Toussaint Grille fut en contact et qu’il eut à sa disposition. Ainsi, on y trouvait par exemple les différentes encyclopédies, les mémoires des académies de sciences et belleslettres, l’Antiquité expliquée de Montfaucon, le Recueil d’Antiquités de Caylus, le Journal des savants, le Muséum de Florence, le Dictionnaire historique et critique de Bayle, le Grand dictionnaire historique de Moreri, L’art de vérifier les dates de Clémencet, autant d’ouvrages qui ont constitué des références dans le développement des connaissances de Toussaint Grille et qu’on voit plus tard apparaitre à diverses reprises dans ses notes personnelles. Il possédera d’ailleurs dans sa bibliothèque personnelle la plupart de ces titres. D’une façon générale, les professeurs de l’École centrale utilisaient abondamment les richesses bibliographiques dont ils disposaient ; une plainte formulée par Locatelli, ancien mauriste et bibliothécaire adjoint, le 14 janvier 1799 (25 nivôse an VII), mentionne d’ailleurs le fait que certains s’autorisaient à emporter chez eux les livres et à les garder.
Par ailleurs, l’École centrale était également le réceptacle de collections diverses résultant notamment des événements révolutionnaires, en particulier des « objets divers et anciens d’histoire naturelle et d’antiquités » et des tableaux. Les différents musées angevins créés au XIXe siècle hériteront de ces collections après sa fermeture. Ces ressources ont probablement contribué au développement des savoirs et du goût de Toussaint Grille pour les objets.

Bibliothécaire de la ville d’Angers

Après la suppression des Écoles centrales et la mort du bibliothécaire Dom Braux, Toussaint Grille, d’abord conservateur provisoire de la bibliothèque publique, est nommé bibliothécaire en titre le 7 août 1805 (19 thermidor an XIII)91, ce qui témoigne de la reconnaissance de ses compétences tant par ses pairs que par l’administration. En effet, en 1803, un décret avait mis en place la structure des bibliothèques municipales en confiant aux villes la responsabilité et l’entretien des collections nationales. Le bibliothécaire jouissait en cette qualité d’un traitement annuel de 1 500 francs prélevés sur les revenus communaux de la ville. Alors qu’il aurait pu conserver son titre d’enseignant au lycée sous le régime de l’Université impériale créée en 1806, ses nouvelles fonctions présentaient plutôt l’avantage de lui permettre de poursuivre, dans une relative tranquillité, ses études et ses travaux de recherche, ce qui le rendit particulièrement satisfait de sa position selon ses contemporains : « Qu’on juge de sa joie le jour où il fut désigné aux fonctions de bibliothécaire. Plus de trente mille volumes, plus de six cents manuscrits ; son logis sous le même toit, dans un palais tout flamboyant de rinceaux, d’arcades et de tourelles. […]. Dans ces heureuses conditions, tout s’enchaînait : l’érudit aux livres, aux ruines l’antiquaire, à la solitude le studieux, la petite bibliothèque à la grande dont elle devenait ainsi le vestibule naturel, – aucuns disent le sanctuaire».
Il avait d’ailleurs préparé sa réponse au cas où on lui proposerait à nouveau un poste universitaire. Les musées d’Angers conservent de cette époque un portrait de Toussaint Grille peint par Jean-Jacques Delusse en 1807, soit deux ans après son arrivée à la bibliothèque municipale. Représenté de trois quart, la tête tournée de face, il se présente de manière distinguée et courtoise sur un fond sombre. Son visage est rubicond et des boucles brunes se distinguent sur son front. Des grands yeux brun-vert, fixes, accentués par de fins sourcils, expriment peut être une certaine sagacité, une intelligence et une curiosité.
Toutefois, si de tels qualificatifs ont été fréquemment employés à son égard par ses contemporains, Toussaint Grille leur laissa plutôt le souvenir d’un vieillard assez secret, qui les épaules couvertes d’un épais manteau de chauve-souris et les yeux affublés de larges lunettes bleues, murmurait des textes à voix basse, dans un « reflet digne de Rembrandt», ou des heures durant restait à son bureau au fond de la salle de lecture à écrire en silence sur de petits carrés de papier, sans que rien ne puisse l’extraire de ses études sans le contrarier.

Un membre des sociétés savantes

Les sociétés savantes constituent un espace de sociabilité déterminant au XIXe siècle.
Réunissant les élites sociales et intellectuelles et mêlant généralement amateurs et professionnels, elles sont le lieu et la source de nombreux échanges entre érudits. Il est intéressant de constater que Toussaint Grille est membre des sociétés locales les plus importantes en matière d’art et d’archéologie tout en étant impliqué au sein de diverses sociétés du même type à l’envergure nationale. Sa renommée au sein de cette communauté était relativement importante, si bien qu’à sa mort, le journal La Presse déclara le 14 octobre 1850 : « un homme très connu de la science vient de mourir à Angers».
Tout d’abord, à l’échelle locale, Toussaint Grille est membre d’une société importante du point de vue des sciences et des arts : la Société d’agriculture, sciences et arts d’Angers. Fondée le 18 janvier 1828, autorisée par arrêté ministériel le 25 juin 1831 et reconnue d’utilité publique par ordonnance royale du 5 mai 1833, cette société se voulait être la continuation de deux sociétés savantes existant à Angers avant la Révolution, l’Académie royale des belles lettres et le Bureau d’agriculture. Dans sa séance du 18 janvier 1828, Toussaint Grille est reçu en son sein en tant que membre « titulaire-fondateur». Il avait même participé à la relecture du projet de règlement de ladite société. Son diplôme lui est délivré le 18 janvier 1840.
Cette société rassemble un réseau d’érudits locaux remarquable. En 1847, par exemple, plus de quatre-vingt-dix membres sont recensés, parmi lesquels plusieurs professeurs, propriétaires, avocats, politiques, imprimeurs, archéologues ou encore collectionneurs, comme Pierre-André Mordret (1784-1872) ou Pierre Quélin (1787-1851). Cette société est à l’origine de plusieurs expositions d’objets d’art, auxquelles est associé Toussaint Grille et sur lesquelles nous reviendrons un peu plus loin.
Par ailleurs, à partir de 1836, Toussaint Grille est également un membre titulaire de la Société industrielle de Maine-et-Loire. Dans la liste des membres titulaires, il est indiqué comme « négociant », élément qui rejoint l’une des hypothèses précédemment émise. Au sein de cette société, il fait notamment partie de la commission des Beaux-Arts. Cette société est en relation avec un grand nombre de sociétés savantes françaises et étrangères. Ainsi, en 1836, elle est dite correspondre avec cinquante-six sociétés françaises d’une quarantaine de villes différentes. À partir de 1838, celle-ci publie des documents historiques sur l’Anjou et des biographies d’angevins célèbres, envoyés notamment par Toussaint Grille, mais aussi Célestin Port et Paul Marchegay, archivistes de la ville ; la même année, Guillory aîné déclare qu’il faut « chercher à répandre et développer le goût des Beaux-Arts et de la littérature qui pourraient bien aussi se placer parmi les objets d’étude de la Société […] ». Toutefois, c’est une société qui s’intéresse moins aux arts et à l’archéologie que la Société d’agriculture, sciences et arts.
De surcroît, Toussaint Grille est membre de la Commission archéologique de Maine-et-Loire fondée vers 1846 avec Victor Godard-Faultrier comme président, qui publie nouvelles et procès-verbaux dans lesquels sont consignées la plupart des découvertes et des recherches menées en Anjou. « Son grand âge ne [lui] permett[ant] pas d’assister [aux] réunions », Toussaint Grille participait aux travaux de cette société « en […] ouvrant son riche cabinet qu’il savait par coeur et dont il faisait les honneurs».
Dans un tout autre registre, Toussaint Grille fait également partie d’une société musicale dénommée le Concert d’Étude. Fondée en 1817, celle-ci est établie dans une maison située place Saint-Martin « connue autrefois sous le nom de Maison des Arts » appartenant à l’université et acquise grâce à soixante-six « actionnaires » (une action valant cinq cent francs) dont Toussaint Grille.

Une connaissance avisée du marché de la curiosité

Un réseau de marchands étendu

Les réseaux de savants et notables de Toussaint Grille étaient complétés par une connaissance éclairée des acteurs du marché des antiquités. Ainsi, il s’inscrivait tout d’abord au sein d’un réseau important de marchands. À la lecture de ses archives personnelles, il est aisé de se rendre compte de la prééminence des commerçants de la région dans ses relations. Toutefois, il fait également preuve d’une curiosité marquée envers le marché national, spécialement parisien. D’ailleurs, certains des noms qu’il a mentionnés ont pu être retrouvés dans les différents almanachs du commerce que Toussaint Grille lui-même utilisait. Parfois, le collectionneur se déplace ; le plus souvent, ses contacts le visitent.
Plusieurs notes, principalement datées des années 1830-1845 fournissent des informations sur les marchands du Grand Ouest éventuellement fréquentés, tout du moins connus de Toussaint Grille. Ainsi, à cette échelle, deux pôles de marché apparaissent particulièrement forts dans sa pratique : Nantes et Tours, pour lesquels plusieurs identités sont évoquées, parfois à des dates différentes. Nous nous proposons de rendre compte ici de ces fournisseurs potentiels d’objets d’art et d’antiquités ; on remarque une permanence des lieux de vente d’antiquités, tant en province qu’à Paris.
À Nantes, Toussaint Grille connaît par exemple un certain Georges-Mascus Leabon, vraisemblablement d’origine anglaise et installé selon ses informations au n°17 du quai d’Aiguillon en 1832, puis au n°15 rue Jean-Jacques Rousseau en 1844. Ce dernier s’était d’ailleurs rendu à Angers et, « à la recherche d’antiquités », avait visité Toussaint Grille le 9 février 1832. Grille mentionne ailleurs un certain Philippe, peintre, marchand d’antiques et de médailles, et un monsieur Renaud, « marchand d’horlogerie et de fourniture ».
Généralement, les adresses sont précisées à côté des noms. Ainsi, on retrouve les mentions suivantes : A. Guezet, sis au n°18 rue Saint-Léonard, monsieur Fortin, situé « vis-à-vis le musée » (lui proposant notamment à la vente en 1840 de figurines en ivoire et en bronze), un certain Chevas, installé en 1839 au n°1 rue Sarrazin, ou encore monsieur Rivez (aussi dit Ravé), présent au n°8 sur la fosse la même année. Citons également monsieur Cerda (parfois orthographié Serda) évoqué à trois reprises par Toussaint Grille (en 1834, 1840 et 1845), installé à la première date rue au n°7 rue Franklin et à la deuxième rue du Calvaire « près de la promenade ». Toutefois Toussaint Grille rapporte que celui-ci « passe pour cher ». D’autres noms peuvent être retrouvés dans l’Almanach-Bottin du commerce…. C’est le cas par exemple d’un certain Begaud, installé rue Basse-du-château en 1840, qualité de marchand d’antiquités et de livres, et mentionné dans l’Almanach de 1855, tout comme monsieur Denis, installé sur la Fosse en 1839, et monsieur Lelièvre, marchand de tableaux et de médailles, passé à Angers le 17 mai 1835, proposant à cette occasion un certain nombre d’objets antiques au collectionneur. Cette énumération nous suggère l’étendue des marchands connus de Toussaint Grille, mettant par ailleurs en lumière le fait qu’eux-mêmes connaissaient également le collectionneur. Dans cette perspective, il accompagne parfois les noms de l’indication du lieu où cette personne est logée pendant son séjour ainsi que les objets potentiels ou avérés avec lesquels elle a fait le voyage.
Comme en témoigne la liasse de notes réunies sous le nom de « Tours. Liasse de notes diverses », cette dernière ville a fait l’objet de visites par Toussaint Grille. À cette occasion, plusieurs contacts sont évoqués. Parmi ceux ci, le nom de Berrué revient régulièrement. On apprend notamment que l’une des filles de cette famille faisait commerce d’antiquités et de livres rue Colbert, adresse ayant été transmise par son frère le 14 janvier 1840. Toussaint Grille avait déjà mentionné un monsieur Berrué rue de la Scellerie le 11 décembre 1839. Il s’agit également de l’un des principaux fournisseurs du collectionneur Pierre-André Mordret, qui l’écrit pour sa part « Berruet». Ce nom, associé à un commerce d’antiquités, apparait de plus cité dans les Mémoires de la Société archéologique de Touraine et dans les volumes courant de 1852 à 1856 de l’Annuaire général du commerce, de l’industrie, de la magistrature et de l’administration… qui l’orthographie « Berruer » (rubrique attachée à la curiosité). Il en va de même de monsieur Ottia, « frère ou beau frère d’un dentiste à Angers » selon Grille, qui est mentionné dans les volumes de l’Annuaire de 1849, 1850, 1852, 1853, 1855 et de 1856 par exemple. Toussaint Grille mentionne d’autres noms comme un certain Haulard, ou Corbin père, propriétaire d’un magasin de curiosités près de la basilique Saint-Martin. Des commentaires leur sont parfois associés. Par exemple, monsieur Georges aurait indiqué à Toussaint Grille en 1838 qu’un certain Perquié, marchand de curiosités installé près de la basilique Saint-Martin, « surfait beaucoup », c’est à dire qu’il estime ses objets à des prix trop élevés.

Un réseau de collectionneurs et d’amateurs soigneusement entretenu

La vision du réseau de Toussaint Grille ne saurait être complète sans la déclinaison du grand nombre d’amateurs et de collectionneurs français et étrangers que celui-ci connaissait. Ainsi, à partir de ses notes, qui prenaient généralement sur ce sujet la forme de listes, il est nous possible de dresser un panorama des collections et des individus qui suscitaient l’intérêt de Toussaint Grille dans des domaines variés. Nous nous proposons ici d’en rendre compte. Si certains de ces noms nous sont familiers, d’autres n’ont été que rarement mentionnés lors de travaux sur le XIXe siècle. Ces citations constituent de ce fait une source de connaissance intéressante de ces pratiques.
D’une part, Toussaint Grille était en relation avec des collectionneurs à l’échelle locale et régionale. Etonnamment, peu d’éléments concernent véritablement le réseau angevin contemporain. Retrouvées dans différentes liasses, seules quelques notes éparses concernant des objets particuliers nous indiquent une attention portée au contenu des collections de la ville d’Angers. Ainsi, pour ce qui est des crosses émaillées, une liste des différentes crosses présentes dans les collections angevines est jointe aux observations relatives à ce même type d’objet chez Toussaint Grille. Les collections de Pierre-André Mordret ne sont que rarement mentionnées dans les notes de Grille (c’est le cas pour les vitraux notamment) bien qu’il fréquentait ce dernier, notamment à l’hôtel de Contades ou au sein de sociétés savantes. Parmi les autres collectionneurs d’objets du Moyen Âge et de la Renaissance mentionnés par Toussaint Grille, on trouve par exemple les noms des d’Andigné, Dainville, Villers, Audouys ou encore de Charnacé.
À Saumur, trois collections contemporaines sont évoquées ; celle de Gaulé, celle de Lange et celle de François Baillou de la Brosse, tous trois collectionneurs d’antiquités et de monnaies.
Les deux derniers sont d’ailleurs connus pour avoir laissé deux collections remarquables au musée de Saumur.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières
REMERCIEMENTS
AVANT-PROPOS 
INTRODUCTION 
I. TOUSSAINT GRILLE : GENESE, FORMATION ET RESEAUX 
A. UN RELIGIEUX LETTRE ISSU D’UNE FAMILLE DE NOTABLES
1) Une famille liée à la bourgeoisie marchande angevine
2) Le choix de la Congrégation de France
3) Le tournant révolutionnaire
B. UNE PLACE CONSIDEREE DANS LE MILIEU ERUDIT LOCAL
1) La chaire des belles-lettres et d’éloquence à l’École centrale d’Angers
2) Bibliothécaire de la ville d’Angers
3) Un membre des sociétés savantes
C. UNE CONNAISSANCE AVISEE DU MARCHE DE LA CURIOSITE
1) Un réseau de marchands étendu
2) Un réseau de collectionneurs et d’amateurs soigneusement entretenu
3) Des moyens financiers modérés ?
II. LA COLLECTION D’OBJETS D’ART MEDIEVAUX
FORMES, ORIGINES ET DEVENIR
A. LA TYPOLOGIE VARIEE DES OBJETS COLLECTIONNES
1) Orfèvrerie religieuse
2) Sculpture
3) Verre
4) Céramique
5) Autres types d’objets
B. DES ANTIQUITES RECUEILLIES SUR LE SOL DU DEPARTEMENT
1) Les mentions d’Angers
2) Les autres provenances de l’Anjou
3) Un caractère local à recevoir avec prudence
C. APRES LE CABINET
1) La dispersion de la collection
2) Recherches sur les acheteurs
3) Conservation et présentation dans les collections françaises et étrangères
III. SENS ET FINALITES DE LA COLLECTION 
A. L’ETUDE DU MOYEN ÂGE SELON TOUSSAINT GRILLE
1) Critères d’examen de l’objet
2) Perspectives de recherche sur la civilisation médiévale
3) Un goût esthétique plus relatif
B. COMPOSITION D’UNE ENCYCLOPEDIE LOCALE
1) Au sein du cabinet d’antiquités
2) Au sein de sa bibliothèque personnelle
3) A travers des projets de publication et de recherche
C. LA CONSERVATION MATERIELLE ET L’EXPOSITION DES OBJETS
1) Un positionnement ferme contre le vandalisme
2) Un précurseur du musée d’antiquités d’Angers
3) Le goût des fouilles archéologiques
CONCLUSION 
SOURCES 
BIBLIOGRAPHIE

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *