DÉPLACEMENTS MIGRATOIRES POST-REPRODUCTION CHEZ L’OMBRE COMMUN

Caractéristiques générales du bassin versant

    Le bassin versant de l’Arve, d’une superficie de 2083 km², est situé à 99% sur le territoire Français et représente 1/3 du département de la Haute-Savoie (Figure 2) (Sandre-Eaufrance, 2011). Il est caractérisé par une importante densité de population (147 hab. / km²) généralement concentrée dans les fonds de vallée, aux abords du cours d’eau. Ces vallées sont donc fortement urbanisées alors que les versants accueillent les activités agricoles et les forêts. La partie Est du bassin versant, situé à plus de 1000 m d’altitude, est occupée par des glaciers (120 km²) dont la « mer de glace » alimentant l’Arve lors de la fonte (Anonymes, 2012a). Les grands secteurs d’activité économique présent sur le bassin versant sont le tourisme, l’industrie (métal, bois) et l’élevage. Sur ce bassin versant, 4 cours d’eau sont concernés par cette étude : l’Arve, la Menoge, le Foron de Fillinges et le Nant de Sion. La zone d’étude retenue correspond à la zone de répartition historique de l’Ombre sur l’Arve (d’après les travaux de Kreitmann, 1931) et aux zones occupées sur les affluents (d’après différentes sources de données cf. Figure 1). Cette zone est située en secteur de piedmont à une altitude comprise entre 375 et 560 m NGF (Figure 3).

L’Arve

   L’Arve est un des principaux cours d’eau de Haute-Savoie d’une longueur de 107,8 km. C’est le premier affluent du Rhône après sa sortie du lac Léman. Il prend sa source dans le massif du MontBlanc à Chamonix et se jette dans le Rhône à Genève (la portion Suisse représentant 9 km). La majorité des affluents sont de petits cours d’eau torrentiels ou des rivières plus conséquentes telles que : le Giffre, le Borne et la Menoge.  L’Arve a été fortement artificialisée au fil du temps par différents travaux et activités : extraction de granulats, production hydroélectrique, endiguement, … (Lecuret, 1994). Ces activités ont des répercussions sur la dynamique sédimentaire de l’Arve et des affluents. Les disfonctionnement sédimentaires sont, en effet multiples :
− Déficit en sédiment provoquant une incision de l’Arve et de ses affluents (de 1 à 4 m voir 12 m) ce qui a conduit à construire plusieurs seuils de stabilisation en enrochement.
− Réduction de la largeur (de 500 m en 1930 à 50 m aujourd’hui à Sallanches) et de l’espace de divagation de l’Arve.
− Disparition des annexes hydrauliques (bras secondaire, tressage).
− Banalisation des faciès hydro-sédimentaires.
La qualité des eaux est également perturbée par les rejets domestiques (matières azotées et phosphorées), dus en partie, à l’augmentation régulière de la population notamment à proximité de la frontière franco-suisse, et par les rejets industriels surtout métalliques (Anonymes, 2012a; Lecuret, 1994). Aucune donnée récente de répartition de l’Ombre n’est disponible sur l’Arve ; les derniers éléments datant des travaux de Kreitmann en 1931 qui situait sa limite amont au niveau de la confluence avec le Giffre (Figure 1).

La Menoge

  La Menoge est un affluent important de l’Arve de 29,5 km de long pour un bassin versant de 162 km² (Figure 7). Elle possède un régime hydrologique pluvial et est caractérisée par des étiages relativement sévères (Figure 8) (Anonymes, 2012a). La Menoge a un module de 3,58 m3/s et une crue biennale de 25 m3/s Comme l’Arve, le lit majeur et mineur de la Menoge a subi une incision due aux extractions abusives de granulats pratiquées dans les années 1970 (Lecuret, 1994). La qualité de l’eau est globalement moyenne et dégradée par de fortes concentrations en matières azotées et phosphorées (Anonymes, 2012a). La répartition actuelle de l’Ombre s’étend sur les 8 km aval soit jusqu’à la confluence avec le Foron de Fillinges. Ceci correspond à la limite historique définie par Kreitmann en 1931.

Obstacles à la continuité écologique

   Le secteur d’étude est séparé par un ouvrage jugé structurant en raison de ses caractéristiques : le barrage de production hydroélectrique d’Arthaz (Figure 9, Figure 10,Figure 11). Situé à l’amont immédiat de la confluence avec la Menoge, il délimite deux secteurs dans la zone d’étude : le secteur aval (Arve aval en connexion avec la Menoge et Foron de Fillinges) et le secteur amont (Arve amont en connexion avec le Nant de Sion). Ces deux secteurs accueillent deux noyaux de population d’Ombres génétiquement différents (S. Weiss, Institut for Zoology, University of Graz – Austria, comm. pers). Sur la portion Suisse, l’Arve est également barrée par le seuil de Vessy, ancienne station de pompage aujourd’hui dédiée à la production hydroélectrique (Anonymes, 2012b). Ces deux ouvrages sont équipés de passes à poissons à bassins successifs à fentes verticales construites en 2000 pour Arthaz et en 2005 et 2007 pour Vessy (2 passes). Ce dernier est également muni d’une barrière à répulsion électrique empêchant les poissons de se diriger vers le canal de fuite de l’usine (Anonymes, 2009). Ces deux usines fonctionnent « au fil de l’eau »

Activité pêche

   En Haute-Savoie, la pêche de l’Ombre est interdite dans tout le département à l’exception du domaine public et des cours d’eau frontaliers avec la Suisse. La taille minimale de capture est de 30 cm et le nombre maximal de capture journalière est fixé à trois Ombres. Dans le département, seules les captures effectuées dans le Rhône, l’Arve et le Foron de Gaillard peuvent donc être conservées. Afin de ne pas fausser les résultats de cette étude, une campagne de communication auprès des pêcheurs a donc été mise en place sous forme d’affiches (Annexe 1) et d’information en assemblée générale. En Suisse, l’Office Fédéral de l’Environnement (OFEV.) réglemente l’activité de pêche au niveau national. Les cantons peuvent également prendre des dispositions particulières sur leur territoire (Chancellerie-fédérale, 2005). La période de fermeture de la pêche pour l’Ombre est de 10 semaines minimum. Les dates de début et de fin sont adaptables par chaque canton afin de correspondre à la période de reproduction locale (Confédération-suisse, 2011). La taille minimale de capture de l’Ombre est de 28 cm au niveau national, mais peut également être augmentée par les cantons (Confédération-suisse, 2011). Le canton de Genève, dans lequel coule l’Arve aval, a notamment augmenté cette taille à 35 cm. Dans ce canton, un seul Ombre peut être capturé par jour et par pêcheur et la prise annuelle est limitée à 5 pièces au maximum (Etat-de-Genève, 2012).

Marquage

   Après avoir été capturés, les poissons ont été anesthésiés et tranquillisés par balnéation dans une solution de méthane-sulfonate de tricaïne (MS-222 à une concentration de 50 mg.l-1). Ce traitement permet de réduire l’état de stress chez le poisson et entraîne une perte de mouvements corporels globaux, mais la persistance des mouvements operculaires, facilitant ainsi l’intervention de marquage. Le bain a été renouvelé après le marquage de deux poissons maximum. Le temps de retrait vis-à-vis de la consommation humaine de 5 jours, généralement recommandé dans la littérature, a été largement respecté puisque 31 et 39 jours se sont écoulés entre le dernier marquage et l’ouverture de la pêche respectivement en 2011 et 2012. Deux aiguilles droites permettent ensuite de transpercer les muscles dorsaux afin d’y passer les deux câbles de fixation des émetteurs. Ces câbles reçoivent une contre marque (rondelle plastique) qui est bloquée par le sertissage d’un sleeve et par la réalisation d’un nœud d’arrêt, sécurisé par un collage à la colle ethyl-cyanoacrylate. L’émetteur, ses câbles, les aiguilles ainsi que les plaies engendrées par le marquage ont été désinfectés par une solution antiseptique de povidone iodée (Bétadine® dermique 10%). Les marques utilisées sont des radio-transmetteurs externes ATS® F1970 émettant un signal radioélectrique de 48 à 49,999 MHz, d’une durée de 15 ms, toutes les 2 secondes et possédant une autonomie de 441 jours (Figure 15). Ils se composent d’un corps en résine d’environ 3 cm de long renfermant le circuit électronique ainsi que la batterie et d’une antenne filaire souple de 15 cm permettant la transmission des ondes radioélectriques. Figure 15 : radio transmetteur implanté sur le dos d’un Ombre Cet équipement a un poids total (émetteur et système de fixation) de 4,3 grammes et une flottabilité légèrement négative (densité = 1,12). La « règle des 2% », généralement employée en télémétrie, recommande que le poids de l’émetteur ne dépasse pas 2% du poids total du poisson. Dans cette étude,un dépassement de 5 grammes a été toléré, comme indiqué par le constructeur des radio-émetteurs (Advanced-Telemetry-System, 2011). Les individus de moins de 210 grammes n’ont donc pas été marqués.

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Table des matières

1 INTRODUCTION
2 CONTEXTE ET OBJECTIFS DE L’ÉTUDE
2.1 OBJECTIFS DE L’ÉTUDE
2.2 CARACTÉRISTIQUES DU SITE D’ÉTUDE
2.3 OBSTACLES À LA CONTINUITÉ ÉCOLOGIQUE
2.4 BIOLOGIE ET ÉCOLOGIE DE L’OMBRE COMMUN
2.5 PROTECTION ET GESTION DE L’OMBRE EN FRANCE ET EN SUISSE
3 MATÉRIELS ET MÉTHODES
3.1 PÉRIODE D’ÉCHANTILLONNAGE
3.2 CAPTURE, MARQUAGE, BIOMÉTRIE ET PRÉLÈVEMENTS
3.1 MESURES DE PARAMÈTRES ENVIRONNEMENTAUX
3.2 LOCALISATION PAR RADIOTÉLÉMÉTRIE
3.3 ESTIMATION DE LA PRÉCISION DE LOCALISATION
3.4 MÉTRIQUES ET INDICES DE LOCALISATION EMPLOYÉES
3.5 TESTS STATISTIQUES ET INDICES UTILISÉS
4 RÉSULTATS
4.1 CONTEXTE ENVIRONNEMENTAL DU SUIVI
4.2 BILAN DES MARQUAGES ET SUIVIS
4.3 CARACTÉRISTIQUES DES INDIVIDUS MARQUÉS
4.4 ANALYSE DES BIAIS MÉTHODOLOGIQUES 
4.5 DESCRIPTION GÉNÉRALE DES COMPORTEMENTS MIGRATOIRES
4.6 SEGMENTS HYDROMORPHOLOGIQUES PRÉFÉRENTIELS
4.7 INFLUENCE DES VARIABLES ENVIRONNEMENTALES SUR LES DÉPLACEMENTS
5 DISCUSSION
5.1 APPORTS DE L’ÉTUDE SUR LES CONNAISSANCES DE L’ÉCOLOGIE DE L’OMBRE
5.2 ANALYSE DE LA MÉTHODOLOGIE MISE EN ŒUVRE
5.3 PROPOSITIONS DE GESTION
6 CONCLUSION ET PERSPECTIVES

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