Dépistage de la consommation d’alcool en consultation prénatale

La consommation d’alcool en France est une pratique culturelle entraînant des risques sanitaires et sociaux dont l’enjeu constitue un problème de Santé Publique (1) (2). Malgré une diminution globale de la consommation depuis les années 2000, il persiste de fortes disparités régionales et de nouveaux modes de consommation de l’alcool se profilent. La Bretagne se caractérise notamment par des niveaux d’ivresses dans l’année et d’ivresses répétées élevés, comparativement à la moyenne nationale, variant du simple au double (3) (4). En 2017, selon le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire de Santé Publique France, 90,6% des femmes entre 18 et 75 ans avaient consommé de l’alcool au cours des 12 derniers mois, parmi lesquelles 28% déclaraient consommer au moins un verre d’alcool par semaine (5). Chez les personnes en âge de procréer, la consommation d’alcool peut induire des rapports sexuels non protégés, des grossesses non programmées et des infections sexuellement transmissibles. On retrouve également la notion de poly-consommation chez les personnes alcoolo-dépendantes (6) (7).

La consommation d’alcool pendant la grossesse peut entraîner un risque de mort fœtale in utero, de menace d’accouchement prématuré, de fausse couche spontanée (8) (9). C’est aussi la prmière cause de handicap mental évitable d’origine non génétique et est une des causes majeures d’inadaptation sociale chez l’enfant (8). En effet, l’alcoolémie de la femme enceinte est égale à la concentration d’alcool dans le liquide amniotique et à l’alcoolémie fœtale. L’alcool agit au niveau cellulaire, avec une influence particulière sur le système nerveux central et c’est en 1968 que Paul LEMOINE, pédiatre français, a décrit pour la première fois l’impact de l’alcoolisation prénatale sur l’enfant et la notion de Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF). Ce syndrome a ensuite été décrit de nouveau en 1973 aux Etats-Unis par KL JONES et DW SMITH (10). Chaque année en France, 8000 enfants présenteraient des séquelles suite à une alcoolisation fœtale (11). Il reste aujourd’hui très difficile d’estimer la prévalence exacte de ces troubles à cause de la sous-estimation des déclarations de consommation d’alcool pendant la grossesse et d’autre part des différentes répercussions de l’alcool chez le fœtus et sur le développement de l’enfant (12). Ces enfants porteurs de Troubles Causés par l’Alcoolisation Fœtale (TCAF) ont un déficit psychomoteur, intellectuel, des troubles neuro-cognitivo comportementaux et dans les cas les plus graves (SAF) une dysmorphie cranio faciale comprenant des signes discriminants: fentes palpébrales étroites, l’absence de philtrum et une lèvre supérieure fine et des signes associés: épicanthus, racine du nez plate, anomalies mineures du pavillon de l’oreille, nez retroussé et micrognathie et un retard de croissance (10). D’autres Effets liés à l’Alcoolisation Fœtale (EAF), parfois moins visibles sont retrouvés chez d’autres enfants. Entre 2006 et 2013, une étude menée par Santé Publique France a recensé 3207 enfants porteurs de Troubles Causés par l’Alcoolisation Fœtale parmi lesquels 452 ont été diagnostiqués porteurs du Syndrome d’Alcoolisation Fœtale, correspondant à 0,07 ‰ naissances soit une naissance par semaine (13). De plus, les résultats d’études menées par Santé Publique France entre 2006 et 2009 et entre 2010 et 2013 montrent une diminution du nombre d’enfants porteurs du SAF mais une augmentation des enfants porteurs d’EAF (13).

Alors que 86% des français savent qu’il est recommandé de ne pas consommer d’alcool pendant la grossesse, seuls 25% savent que le risque est présent pour l’embryon ou pour le fœtus dès le premier verre d’alcool et 37% estiment que ce risque est réel lorsque la consommation d’alcool est quotidienne (12). Malgré les recommandations faisant suite à la loi du 9 août 2004, rendant obligatoires les campagnes de prévention et de sensibilisation à la consommation de l’alcool et sur les risques sanitaires engendrés (14). On constate également selon l’Enquête Nationale Périnatale de 2016 que 11,7% des femmes enceintes ont consommé de l’alcool pendant leur grossesse soit une femme enceinte sur dix (contre deux sur dix en 2010). Ces consommations seraient donc en diminution mais non nulles et non sans risques pour la mère et pour le fœtus.

De part leurs compétences, la sage-femme et les autres professionnels de santé en périnatalité comme les obstétriciens et les médecins généralistes mènent des consultations de grossesse et sont au premier plan concernant le dépistage de la consommation d’alcool et autres drogues (15) (16). En effet, dès les premières consultations, il est indispensable de questionner la patiente sur ses habitudes de consommation (17). Les recommandations de la Haute Autorité de Santé concernant le suivi prénatal ont pour objectifs « d’aider au suivi de la grossesse normale et d’améliorer l’identification des situations à risque de complications maternelles, obstétricales et fœtales pouvant potentiellement compliquer la grossesse (hors accouchement) afin d’en adapter si besoin le suivi » (18).

Afin d’encourager les professionnels à mener ce dépistage, d’accompagner et de financer des programmes d’aides aux consommateurs d’alcool et de drogues (19) (20) (21), divers plans gouvernementaux ont été proposés entre 2013 et 2017. Ainsi, des plans de lutte contre les drogues et les conduites addictives et les Missions Interministérielles de Lutte Contre les Drogues et les Conduites Addictives (MILDECA) furent instaurés. Ainsi, un guide à l’usage des professionnels a vu le jour en 2011 (22). Les réseaux de périnatalité et les maternités ont également développé des outils d‘aide au dépistage (9). Cependant, en France en 2017, 4 femmes sur 10 déclaraient ne pas avoir été informées de la prévention « Zéro alcool pendant la grossesse. »

Afin de mieux dépister les situations de vulnérabilité, des auto-questionnaires sont proposés aux femmes enceintes dans les maternités de Jeanne de Flandres à Lille (23) ou au centre hospitalier de Morlaix et depuis 2016, dans la maternité de Quimper (Annexe I). Cette étude cherche à comprendre en quoi l’auto-questionnaire est un outil facilitant la communication sur la consommation d’alcool en consultation prénatale par les professionnels de santé et quelles en sont ses limites ?

Les professionnels de santé ont été recrutés sur la base du volontariat. Un courrier individuel et des courriels ont été transmis à l’ensemble des professionnels de santé menant des consultations prénatales . Un nombre insuffisant de volontaires n’a pas pu permettre la composition d’un groupe plus important ou de réitérer un Focus Group supplémentaire. Dans le cas présent, il était composé de cinq professionnels, dont quatre sages-femmes et un gynécologue-obstétricien, ces praticiens menant des consultations prénatales à la maternité de Quimper ou dans les Centre Périnataux de Proximité rattachés à celle-ci.

L’Union Hospitalière de Cornouaille regroupant les sites de Quimper, Douarnenez, Concarneau et Pont l’Abbé et Saint-Yvi a été choisie pour mener cette étude. Il comprend une maternité de niveau 2B réalisant plus de 2400 naissances par an. Le lieu de l’étude a été restreint aux services de consultations prénatales. Celles-ci sont effectuées sur le site de Quimper et sur les Centres Périnataux de Proximité de Concarneau, Douarnenez et de Pont l’Abbé.

Le projet a été présenté aux professionnels lors d’une réunion en Juin 2018, suite à laquelle un courrier individuel et des courriels ont été transmis à l’ensemble des professionnels menant des consultations prénatales sur le site principal de la maternité ainsi que dans les Centres Périnataux de Proximité. Le recrutement s’est effectué entre Juin et Août 2018 puis le Focus Group s’est déroulé en Septembre 2018, à la suite duquel la retranscription et l’analyse des résultats ont pu être effectuées. Une psychiatre addictologue rattachée au réseau de l’Equipe de Liaison et de Soins en Addictologie ainsi que deux sages-femmes enseignantes de l’école de sage-femme de Brest ont été les personnes ressources pour l’élaboration de ce mémoire.

L’entretien a été audio-enregistré et retranscrit en prévision de l’analyse. La retranscription des entretiens s’est faite à l’aide du logiciel Transcribe®. Des mesures ont été mises en place afin d’assurer l’anonymat des participants ainsi que la confidentialité des données recueillies : le sens, le caractère confidentiel, l’humilité, l’empathie et la mutualisation ont été requis comme contrat de départ au sein du groupe. Une analyse sociologique de cet entretien a été faite, consistant à retranscrire exactement tout ce qui est dit sans corriger ni modifier le langage afin d’analyser plus précisément les réponses et ressentis des professionnels.

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Table des matières

I. Introduction
II. Méthode
1. Généralités sur le Focus Group
2. Inclusion de la population
3. Lieu de l’étude
4. Déroulement de l’étude
5. Retranscription et analyse
III. Résultats
1. Le « discours cristallisant » des recommandations
2. L’entourage
3. Les connaissances
4. Le dépistage en consultation
5. L’auto-questionnaire
6. Les contraintes des consultations prénatales
7. Les formations
8. La prise en charge et le réseau
9. Légalité
10. Un sentiment d’échec
IV. Analyse et discussion
1. Points forts et limites de l’étude menée par Focus Group
2. Discussion et validation des hypothèses de recherche
Première hypothèse
Deuxième hypothèse
V. Conclusion 

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