Délimitation du territoire arctique canadien 

Poussée par une croissance économique rapide ces trente dernières années avec des taux frisant les 8% par année, la demande chinoise en minerai de fer a considérablement augmenté au cours de cette période. En dépit de l’importance des réserves que recèle son sous-sol et sa capacité d’extraction, les volumes de minerai de fer produit par la Chine apparaissent somme toute insuffisants pour satisfaire l’importante demande nationale, laquelle est intimement liée au développement économique rapide du pays. Ainsi, selon de nombreux analystes, Pékin tenterait d’accroître ses débouchés commerciaux dans le secteur de l’acier, et, aussi, d’assurer la sécurité de ses approvisionnements en minerai de fer (Buckley et al. 2007; Li et al. 2012; Moran, 2012; Li, 2013; Deng, 2013; Huang et Wang, 2013; Manicom et Lackenbauer, 2013). C’est ce que  certaines analystes qualifient de ‘diplomatie des ressources’, une rivalité entre économies globalisées pour sécuriser leur accès aux ressources nécessaires à la poursuite de leur croissance (Zhao, 2008; Luo et al. 2010; Song et Panayides, 2012; Deng, 2013). En particulier, en ce qui concerne l’approvisionnement en hydrocarbures et en ressources minières, on parle d’une diplomatie des ressources très active de la Chine en Afrique, en Asie centrale, en Amérique latine, en Russie.

Méthodologie

Délimitation du territoire arctique canadien

Dans ce chapitre, nous définissons le territoire arctique canadien comme étant la masse continentale terrestre qui s’étend au-delà du 55e parallèle nordique canadien. Cette vaste région englobe quatre provinces soit les régions du nord de Terre-Neuve et Labrador (Nunatsiavut), du Québec (Nunavik), de l’Ontario et du Manitoba, ainsi que les trois territoires que sont le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut.

Étude des stratégies d’approvisionnement de la Chine en
matières premières minières : un défi méthodologique
considérable

Déterminer la répartition géographique et la valeur des investissements dans le secteur minier présente un défi méthodologique considérable (Bridge, 2004). Alors que de nombreux pays collectent des données sur les investissements au niveau national, les définitions de référence de ce que sont un « investissement direct à l’étranger (IDE) » et les méthodes de collecte des données diffèrent considérablement entre les États. Par exemple, en 2007, les données statistiques du Ministère du Commerce chinois (MOFCOM) indiquaient des investissements chinois totaux de 315 millions de dollars des États-Unis en Mongolie, alors que l’agence mongolienne des investissements étrangers indiquait un montant d’investissement total de plus de 900 millions de dollars. Comme le précisent Kaplinsky et Morris (2009), “Official estimates of China’s FDI are contradictory, confusing and almost certainly understate their true significance”. Par exemple, si l’on se fie aux données officielles chinoises, l’Angola ne figure pas dans les cinq principales destinations des IDE chinois en Afrique, même s’il est bien établi qu’il s’agit d’un des plus importants pays visés par les IDE chinois (Kaplinsky et Morris, 2009; Gonzalez-Vincente, 2012). De cet exemple est né le terme “investissement en mode Angola” ou “paquet financier” (financing package), un mode d’investissement typiquement caractérisé par un accord-cadre entre le gouvernement chinois et un autre pays, afin d’entreprendre le développement du territoire en échange de droits d’accès aux ressources naturelles. Puisqu’aucune somme monétaire n’est généralement directement investie dans des infrastructures d’exploitation des ressources naturelles dans l’État bénéficiaire (Kaplinsky et Morris, 2009), il est d’autant plus complexe d’en dresser un portrait exhaustif

Une manière d’aborder le problème des données, selon Bridge (2004), est d’utiliser des données collectées au niveau du projet, c’est-à-dire à l’échelle géographique de la mine, plutôt que des données compilées à l’échelle nationale. Pour y remédier, Bridge (2004) propose l’utilisation de SearchMining.com, une base de données gratuite, dont les données sont compilées par une entreprise de consultants basés à Halifax en Nouvelle-Écosse, le Metals Economics Group. Mais, en dépit du fait que la couverture des matières premières est large (elle répertorie douze produits qui comprennent des métaux de base (cuivre, nickel, zinc, plomb, étain), des métaux précieux (or, argent, platine et palladium) ainsi qu’un petit nombre de minéraux spécialisés (diamant, le molybdène et cobalt), cette base de données ne comptabilise pas les projets liés au minerai de fer, ce qui la rend inutile pour notre recherche. En effet, la difficulté d’obtenir des données compatibles et comparables sur les IDE d’entreprises chinoises dans le secteur minier (Bridge, 2004; Yellishety et al. 2010; Tan, 2012), comme nous l’avons mentionné au chapitre précédent, rappelle que l’étude des stratégies d’approvisionnement de la Chine en matières premières minières est un sujet d’étude universitaire récent. En effet, peu de publications s’intéressent aux stratégies d’approvisionnement de la Chine dans l’Arctique et encore moins d’études par secteurs d’activités dans cette région.

Géographie de l’approvisionnement chinois dans le secteur
du fer et de l’acier : source des données

Des contacts préliminaires auprès d’un informateur clé – la Direction des stratégies et analyses du Bureau de l’économiste en chef du ministère des Affaires étrangères, Commerce et Développement Canada – ont permis d’identifier des jeux de données gratuites et disponibles en ligne.

Les principaux partenaires d’approvisionnement de la Chine en minerai de fer, de janvier à 2009 à janvier 2014, ont ainsi été identifiés à partir des données de Customs China (2015). Ces données ont été validées par celles de la China Iron and Steel Association (2014), obtenues via la China Economic Data Database (CEIC), accessible à partir des serveurs de l’Université Laval (Québec, Canada) et qui comprend des données chronologiques sur les volumes et la valeur des importations chinoises de minerai de fer.

Géographie de l’approvisionnement chinois en
minerai de fer : résultats 

Part de la Chine dans la production et les réserves
mondiales de minerai de fer

Depuis le début de la révolution industrielle en Occident, l’utilisation de l’acier est devenue une composante essentielle du processus de développement. À cet effet, la Chine ne fait pas exception, en dépit d’une demande nationale croissante, quoique plus lente qu’envisagé (James F. King, 2014), pour des produits en acier. Par conséquent, la production de minerai de fer continue d’augmenter (Ibid.) pour satisfaire la demande mondiale désormais largement tirée par la croissance des économies émergentes.

La production mondiale de minerai de fer prend place sur l’ensemble des continents à l’exception de l’Antarctique, et concerne près de 48 pays (Yellishetty et al. 2010). Or, l’essentiel des réserves et de la production mondiale est détenu par un nombre limité d’États ; les cinq plus grands pays producteurs de minerai de fer en 2013, en ordre décroissant de production, étaient la Chine (47%), l’Australie (20%), le Brésil (10), l’Inde (5%) et la Russie (3%). L’Ukraine, l’Afrique du Sud et les États-Unis occupaient les sixième, septième et huitième places, et le Canada, avec une production de 40 millions de tonnes en 2013, se classait neuvième (Tableau 8). Les cinq principaux pays producteurs représentent à eux seuls près de 85% de la production mondiale de minerai de fer. Cependant, en dépit d’une production chinoise de minerai de fer équivalent à près de la moitié de la production mondiale, les réserves du pays ne représentent que 12% des réserves mondiales. Les réserves les plus importantes se trouvent en Australie (espérance de vie moyenne des gisements estimée à 33 ans), au Brésil (30 ans), en Russie (77 ans) et en Chine (22 ans) (Yellishetty et al. 2010). Finalement, comme le note Yellishetty et al. (2010), les principaux producteurs de minerai de fer ne sont pas nécessairement les plus grands producteurs d’acier, mais la Chine fait figure d’exception : elle est le plus grand consommateur de minerai de fer et le plus grand producteur d’acier, même si les trois plus grandes entreprises productrices – la Brésilienne Vale, l’Anglo Australienne BHP-Billiton et l’Anglo-Australienne Rio Tinto – contrôlent la grande majorité de l’offre mondiale.

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Table des matières

Introduction générale 
Chapitre 1 – Fondements théoriques et méthodologiques de la thèse
1.1 Revue de la littérature
1.1.1 Comment appréhender les motivations des entreprises chinoises dans le secteur extractif dans l’Arctique ? Regards croisés sur les typologies des investisseurs chinois outre-mer
1.1.2 Stratégies des entreprises chinoises dans le secteur extractif outremer : un manque de consensus
sur les intentions réelles
1.1.3 Géographie des approvisionnements chinois dans le secteur extractif de 2005 à 2015 : typologie
des investisseurs et bilan de l’investissement
1.1.4 L’approvisionnement chinois en matières premières : un intérêt marqué pour les gisements miniers
du Canada et de l’Arctique canadien ?
1.2 Problématique de recherche et retombées possibles au plan scientifique
1.3 Hypothèses de recherche
1.4 Comment appréhender les investissements d’entreprises chinoises dans le secteur extractif dans
l’Arctique ? Présentation du cadre théorique
1.5 Cadre conceptuel de la recherche
1.5.1 L’Environnement, un concept au cœur du cadre théorique
1.5.2 La stratégie d’entreprise
1.5.3 La diplomatie des ressources, un concept nouveau ?
1.6 Méthodologie de recherche
1.6.1 Contexte épistémologie de la recherche : l’approche qualitative en géographie politique et
économique
1.6.2 L’Arctique, une région aux multiples définitions : échelles d’analyses et territoires d’études
1.6.3 Méthode d’enquête auprès des acteurs chinois ayant des intérêts dans le secteur minier dans
l’Arctique canadien : protocole
1.6.4 Matériaux de recherche et données macroéconomiques : sources et justificatifs
1.6.5 La relation du chercheur aux sujets humains de l’étude : l’éthique en recherche
1.7 Conclusion
Bibliographie
Chapitre 2 – Facteurs et défis prépondérants dans les décisions des entreprises chinoises d’investir dans le secteur minier dans l’Arctique canadien et au Groenland : perspective comparée 
2.1 Introduction
2.2 Méthode d’enquête auprès des acteurs chinois ayant des intérêts dans le secteur minier
2.2.1 Identification des projets miniers visés par des intérérêts chinois et les acteurs concernés
2.2.2 Stratégie d’enquête auprès des entreprises chinoises à partir d’entretiens semi-dirigés
2.2.3 Analyse textuelle : catégories et codages
2.3 Projets chinois dans le secteur minier dans l’Arctique : une concentration des activités dans l’Arctique
canadien, dans le Grand Nord québécois et au Groenland
2.3.1 L’Arctique, une région prioritaire pour les investisseurs chinois ?
2.3.1.1 La stabilité de l’environnement politique et le climat des affaires : des facteurs déterminants dans
les décisions du choix des sites par les acteurs chinois
2.3.1.2 La qualité des ressources minières, un facteur attrayant des territoires arctiques
2.3.1.3 Des investisseurs chinois de plus en plus autonomes qui résonnent en termes d’opportunités
économiques et selon les règles du marché ?
2.3.2 Défi que pose l’extraction minière dans les latitudes nordiques : le point de vue des acteurs chinois
2.3.2.1 Le manque d’informations sur les possibilités d’investissement au Groenland et le manque
d’expérience à l’international : un défi important
2.3.2.2 Les normes en matière de responsabilité sociale des entreprises (RSE) et environnementales
sévères et le respect des communautés locales : un défi majeur pour les acteurs chinois dans l’Arctique
canadien et au Groenland
2.3.2.3 Le coût de la main-d’œuvre et la rare disponibilité présumée de la main-d’œuvre, deux variables
soulignées par les acteurs chinois
2.3.2.4 Dans le Grand Nord québécois, la présence d’infrastructures de calibre mondial souligne la défaillance de celles au Groenland et dans le reste de l’Arctique canadien, ce qui augmente le coût des
affaires dans le Nord
2.4 Discussion
Bibliographie
Annexe 1
Liste des acteurs chinois ayant participé à l’enquête
Propos de transition – Chapitre 2
Chapitre 3 – La Chine à la conquête des ressources minières du Canada et de l’Arctique canadien ? Géographie de l’approvisionnement chinois dans le secteur du fer et de l’acier 
3.1 Introduction
3.2 Méthodologie
3.2.1 Délimitation du territoire arctique canadien
3.2.2 Étude des stratégies d’approvisionnement de la Chine en matières premières minières : un défi
méthodologique considérable
3.2.3 Géographie de l’approvisionnement chinois dans le secteur du fer et de l’acier : source des données
3.3. Géographie de l’approvisionnement chinois en minerai de fer : résultats
3.3.1 Part de la Chine dans la production et les réserves mondiales de minerai de fer
3.3.2 Géographie des importations chinoises de minerai de fer : les grands producteurs mondiaux sollicités
3.3.3 Investissements chinois dans le secteur du fer et de l’acier
3.3.3.1 De Deng à Xi : réformes et politiques sur l’investissement direct à l’étranger
3.3.3.2 Géographie des investissements des entreprises chinoises dans le monde
3.3.4 L’indispensable rôle des transports dans la géographique économique minière chinoise
3.3.4.1 Temps, distance et coûts de transport maritime du minerai de fer : des facteurs logistiques clés
3.4 Conclusion
Bibliographie
Propos de transition – Chapitre 3
Chapitre 4 – Géographie de l’approvisionnement chinois en minerai de nickel : le Grand Nord québécois est-il un territoire prioritaire pour les entreprises chinoises? 
4.1 Introduction
4.2 Méthodologie
4.3 Géographie économique du minerai de nickel
4.3.1 Le nickel, un minerai stratégique
4.3.1.1 Géographie mondiale des gisements : des ressources entre les mains d’un petit nombre d’États
producteurs
4.3.1.2 Un secteur dominé par quelques très grandes entreprises minières
4.3.2 Les stratégies chinoises d’approvisionnement en nickel
4.3.2.1 Une forte hausse de la consommation chinoise de nickel depuis le début du XXIe siècle
4.3.2.2 Acteurs des investissements chinois à l’étranger
4.3.2.3 Géographie des investissements chinois à l’étranger
4.3.3 Le temps, la distance et les coûts de transport maritime du minerai de nickel : des facteurs clés d’une
présence limitée dans le Grand Nord québécois
4.3.3.1 Des gisements canadiens pénalisés par les distances et les coûts de transport, malgré
l’ouverture du Passage du Nord-Ouest
4.3.3.2 Une présence chinoise à nuancer dans le Grand Nord québécois
4.4 Conclusion
Bibliographie
Propos de transition – Chapitre 4
Chapitre 5 – The Canadian Mining Industry North of the 55th parallel: a maritime traffic generator?
5.1 Introduction
5.2 Assessing the Mining Industry transportation logistics in the Canadian Arctic: Methodology
5.2.1 Area of Study
5.3 Canadian Mining Industry beyond the 55th parallel
5.3.1 Mining History in the Canadian Arctic
5.3.2 Current Mining Activities in the Canadian Arctic: toward an Increase of Marine Transportation
Activities related to these Projects?
5.4 Discussion
References
Conclusion générale 

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