Définition et essai de typologie du roman policier

Définition et essai de typologie du roman policier 

Typologie du roman policier 

Le roman policier est né au XIXème siècle. Comme le roman fantastique, le roman d’amour et le roman d’aventure, il fait partie des genres dits paralittéraires ou de la littérature populaire. Par paralittérature, on peut entendre toutes ces histoires qui sont destinées à la consommation de masse. En guise d’exemple, nous pouvons citer Les 3 mousquetaires d’Alexandre Dumas. Il faut noter que les premiers ouvrages dits « romans policiers » étaient des nouvelles. C’est dans ce sens que Boileau-Narcejac, dans son ouvrage Le Roman policier, écrit :

« Après Conan Doyle, la short story est un produit de consommation qui a ses fabricants, ses distributeurs, ses marques, sa publicité. L’industrie « policière », en un mot, fait son apparition. Mais la short story ne suffit plus. Le livre policier trouve des acheteurs de plus en plus nombreux » (Boileau-Narcejac, 1964 : 75). 

L’origine du roman policier provoque des débats entre spécialistes. Mais ils s’accordent à reconnaître Edgar Poe comme étant l’un de ses pionniers. En effet, avec Double Assassinat dans la rue Morgue (1841), Poe utilise les caractéristiques du roman policier que sont la découverte d’un crime et le déroulement d’une enquête dans le but d’en identifier l’auteur. Dans ce récit, le narrateur relate le meurtre sauvage de deux femmes retrouvées mortes dans un local clos. La police qui essaie de résoudre en vain cette énigme est finalement aidée par le chevalier Dupin. Celui-ci, qui est le symbole même de la raison, va chercher peu à peu les indices jusqu’à la résolution finale de l’énigme. En faisant tourner son récit autour de l’élucidation d’un crime, Edgar Poe devient ainsi le premier à poser les codes de ce nouveau genre.

Dans la même perspective que cet auteur, on peut citer John Dickson Carr. Cet auteur, né en Amérique de parents écossais, aimait utiliser le fantastique dans ses romans policiers, à la manière d’Edgar Poe et de Conan Doyle. Mais, à force d’user de tours de passe-passe, il va finir par les rendre stériles. Parmi les œuvres de Conan Doyle dans lesquels le surnaturel et le rationnel se côtoient, on peut citer Le Vampire du Sussex. Quand le Docteur Watson vérifie le courrier et parle à Sherlock Holmes d’une affaire de vampire, ce dernier ne le prend pas au sérieux et lui rappelle la mission de leur agence : ne s’occuper que de problèmes rationnels. Mais, au fur et à mesure que Watson va décrire le cas à Holmes en lui parlant d’une douce mère, surprise en train de sucer le sang de son propre bébé, l’intérêt du détective va s’agrandir pour cette affaire insolite. Il voudra ainsi la résoudre par des raisonnements et déductions tout à fait logiques. Nous pouvons donc dire que le surnaturel et le rationnel sont liés dans certains romans policiers. La définition du roman policier diffère en fonction des critiques littéraires et de leurs conceptions. Comme le dit Yves Reuter dans son ouvrage Le roman policier, « Le roman policier peut être caractérisé par sa focalisation sur un délit grave, juridiquement répréhensible (…) » (Reuter, 1997 : 9).

Les invariants du roman policier 

Au cours de notre étude, nous allons vérifier si ces six invariants se retrouvent toutes dans L’Archer bassari. Parmi ceux-ci, il y a le crime. Selon le site internet Ecrire un roman, le crime ou délit « est l’action qui pose problème aux yeux de la loi ». Dans L’Archer bassari, il y a bel et bien un ou des délits. Tout d’abord, les membres des deux délégations envoyés par le village d’Oniateh ont été les premiers à commettre un grave délit ou pire, un sacrilège. En effet, vendre l’idole d’or du dieu tutélaire est un acte irréparable qui pourrait, selon les croyances animistes des villageois, avoir de graves conséquences sur leurs vies. Pour aller réparer cette faute, il faudra faire un énorme sacrifice humain : traquer un à un les responsables de cette félonie et les tuer. Mais, Atumbi l’Archer qui est chargé d’une telle mission va être considéré par la police comme un dangereux criminel.

Cela va nous ramener à deux autres invariants du roman policier : la victime et le coupable. La victime est une personne qui a subi un dommage et le coupable est la personne qui commet cette infraction, ce délit ou ce crime. Dans L’Archer bassari qui est un roman polyphonique, la question du coupable et de la victime est ambivalente. A Oniateh, par exemple, ceux qui sont considérés comme les coupables sont les six félons qui n’ont pensé qu’à leurs poches et à leur intérêt personnel. Atumbi l’Archer est plutôt un héros à leurs yeux, un sauveur. En ville, c’est le contraire. Ce sont les félons qui sont des victimes aux yeux de la loi et Atumbi L’Archer est le coupable, la menace à éradiquer.

Puis, il y a l’enquête qui peut être définie comme étant la quête de la vérité pour reconstituer les faits. Dans L’Archer bassari, il y a incontestablement une enquête et elle est menée d’un côté par le commissaire du Neuvième secteur et de l’autre par Simon le journaliste, ami de Mbaye. Au cours de l’enquête, la police cherche toujours à connaître la raison profonde qui a poussé le coupable à commettre un délit. C’est cet invariant du roman policier basé sur la motivation personnelle du criminel qui est appelé le mobile. Dans le roman de Modibo Sounkalo Keïta, la raison qui pousse Atumbi L’Archer au meurtre est le châtiment décrété par tous les anciens du village, pour éviter le courroux des dieux. Quant aux six félons, le motif qui les pousse à la trahison est la cupidité.

Parmi les invariants du roman policier, il faut aussi citer le mode opératoire. Il peut être défini comme étant la façon dont le coupable a procédé pour commettre un délit et masquer ensuite les preuves de sa culpabilité. Dans L’Archer bassari, Atumbi L’Archer a toujours utilisé des flèches barbelées pour tuer les traîtres. De plus, pour ne pas se faire arrêter par la police, il a toujours été couvert par l’un des policiers qui collabore avec le commissaire Mbaye. Ce policier n’est autre que l’inspecteur Sarré. Il est lui-même originaire du village d’Oniateh et n’a d’ailleurs jamais été loin des lieux du crime.

Le roman policier comme outil de dénonciation du crime 

Dans son article L’Archer bassari ou la chronique d’une anomie annoncée dans les pays du sahel, Abdoulaye Berté dit que :

« Le roman policier convient à la dénonciation des crimes économiques et des crimes de sang » (Berté, 2010 : 1). 

C’est ainsi que ce genre sera utilisé par Modibo Sounkalo Keïta pour faire la satire des mœurs sociales et politiques de son pays. L’auteur malien, qui a vécu la sécheresse de 1973 à 1975 dans le Sahel, sera envoyé en tant que journaliste au Mali par des organismes étrangers. Là-bas, il voit le bétail et les humains qui meurent, les cours d’eau qui s’assèchent. A l’époque, le CILSS (Comité Inter-Etat de Lutte contre la Sécheresse au Sahel) qui regroupe tous les pays sahéliens jusqu’au Tchad a fait venir des vaccins pour lutter contre les criquets. De plus, les pays du Sahel avaient fait une importante campagne et ont reçu des dons en nature de la part des Etats-Unis, de l’Europe. Les pays arabes, quant à eux, avaient donné de l’argent.

Mais, malgré tout, la sécheresse s’est poursuivie et a continué à faire de terribles ravages. Cela suscita beaucoup d’interrogations chez les donateurs qui décidèrent d’envoyer des journalistes pour voir ce qui se passe sur le terrain. Ils découvrent alors que les chefs d’état africains détournaient les dons à leur propre profit. Le cas du Niger fut le plus scandaleux car le chef de l’Etat avait décrété que la moitié des vivres serait destiné à lui et aux siens. C’est ainsi que lors de la première année de la sécheresse, beaucoup de membres des gouvernements des pays sahéliens se sont enrichis. Des sacs de riz marqués « Dons des Etats-Unis » sont vus dans les marchés chez des commerçants qui les vendent à la population. Dans cette affaire, le seul pays où il n’y a pas eu de détournement des dons fut le Cap-Vert. Il faut noter qu’au fleuve Sénégal, la quantité d’eau avait tellement diminué que les gens ne pouvaient plus cultiver. Ainsi, le 11 mars 1972, fut créé l’OMVS qui va regrouper le Sénégal, le Mali et la Mauritanie (la Guinée a été exclue car Sékou Touré injuriait Senghor). Modibo Sounkalo Keïta accorde une interview à la romancière guadeloupéenne Maryse Condé dans un article du journal intitulé « Modibo Keïta : Je dénonce… ». L’écrivain malien qui a vu les horribles conséquences de la sécheresse sur la population et le bétail, est ému par la situation. Il veut faire part de ses expériences sur le terrain au monde entier, par le biais d’articles de journaux. Mais, menacé de mort s’il révèle la vérité, Modibo Sounkalo Keïta, de retour chez lui, ne peut guère prendre le risque de faire un compte rendu des injustices commises par les dirigeants. C’est dans ce contexte qu’il a choisi d’écrire un roman policier pour ne pas taire les exactions qu’il a vues dans ces pays. Grâce à sa fiction L’Archer bassari, l’auteur malien a pu ainsi montrer du doigt les iniquités causées par les représentants de l’Etat.

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Table des matières

Introduction
Première partie : les catégories de roman policier et les invariants du polar
I) Définition et essai de typologie du roman policier
I-1) Typologie du roman policier
I-2) Les invariants du roman policier
II) Le roman policier comme outil de dénonciation du crime
II-1) Les crimes économiques
II-2) Les crimes de sang
III) l’identité masquée du coupable
IV) le mobile et le mode opératoire
Deuxième partie : Le suspense et les fonctions du roman policier
I) La place du suspense dans le roman policier
I-1) Time lock et mystère dans les romans policiers
I-2) Le time lock au cinéma et dans les films policiers
II) Les fonctions du roman policier
Troisième partie : Schéma narratif et structure des romans policiers
I) Le schéma narratif
I-1) L’état initial
I-2) L’élément perturbateur
I-3) Les péripéties, le dénouement et la situation finale
II) Le schéma narratif du roman policier selon Olivier Lusetti
Conclusion
Bibliographie

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