Definition de la frontiere et des espaces frontaliers et transfrontaliers

Definition de la frontiere et des espaces frontaliers et transfrontaliers

Au-dela de l’etymologie et repistemologie du mot frontiere, nous allons en &gager les grands traits.
Le mot frontiere tire son origine du mot « front » et etait employe par les militaires qui parlaient d’«aller « en frontiere » pour faire front >> (FOUCHER, 1991, p.38). Cette notion pourrait donner A la frontiere l’idee d’une zone mais sa linearite correspond davantage au terme anglais boundary qui signifie la limite.
C’est donc dans ce sens que nous interpreterons la frontiere en nous appuyant plus precisement sur la definition de M. Foucher pour qui « les frontieres sont des structures spatiales elementaires, de forme lineaire, a fonction de discontinuite geopolitique et de marquage, de repere» (ibid.). La frontiere est donc une discontinuite qui differencie sur le mame plan deux unités ; elle a également pour but de circonscrire un espace dans la mesure ofi elle est « l’enveloppe continue d’un ensemble spatial >> (FOUCHER, 1991, p.39). D’un point de vue geopolitique, la frontière definite l’aire de competence de la souverainete d’un Etat qui est dans notre cas celle du Kenya et de la Tanzanie. La frontiere a ici une connotation tres politique. Elle n’est pas uniquement le cadre d’un Etat mais elle juxtapose deux ensembles spatiaux A la fois politiques, sociaux et économiques dans lesquelles des societes gerent et organisent leurs espaces.
Les espaces pres de la frontiere sont tour A tour appeles espaces frontaliers ou espaces transfrontaliers. Ii est assez difficile de definir et de distinguer precisement l’un et l’autre. Ce probleme de definition tient surtout au fait que la frontière est ambigua dans la mesure oü elle ne divise pas seulement deux Etats, mais qu’elle les unit aussi car elle est « dans le même temps un plan de separation-contact ou, mieux, de differenciation des rapports de contiguite avec d’autres systemes politiques (ibid.). A
priori le terme de « frontalier » designerait ce qui est au pourtour de la frontière, on distinguerait alors deux espaces frontaliers situes de part et d’autre de la limite ; alors que dans l’expression « transfrontalier », le wet- me « trans. » qui signifie « au delà de », déterminerait un espace qui serait a cheval sur la frontière. L’utilisation du terme « frontalier » s’appliquerait davantage a l’idée de séparation tandis que l’usage du mot « transfrontalier » s’emploierait plus volontiers avec l’idée de contact. A quel type d’espace correspond la zone étudiée? Avant tout essai de réponse il est nécessaire de nous pencher sur la définition d’«espace » qui nous permettra de mieux interpréter la distinction entre les deux notions.
Dans l’analyse qui va suivre nous nous attacherons au concept d’espace vécu car la frontière est exclusivement un fait human, sans toutefois négliger par la suite l’espace physique.
L’espace vecu serait un espace global et total qui recouperait trois dimensions :
« – l’ensemble des liewcfrequentes par l’individu, c’est a dire l’espace de vie ;
– les interrelations sociales qui s’y nouent (l’espace social) ;
– les valeurs psychologiques qui y sont projetees et percues » (DI MEO, 1998, p.31).
Dans notre demarche, l’espace frontalier ou l’espace transfrontalier serait l’espace du vecu de la frontiere. Ainsi, il nous faudrait prendre en compte a la fois ces trois dimensions pour apprehender l’un ou l’autre de ces espaces. L’« espace de vie >> correspondrait a l’aire on les individus ont une pratique de la frontiere c’est a dire I’ usage des lieux qui ont tin lien avec elle ou qui en dependent. L’ « espace social >> serait cet espace oü« sont imbriques les liewc et les rapports sociawc » (DI MEO, 1998, p.32) toujours lies ou dépendant de la frontière. Cet espace peut donc être « soit une &endue compacte et continue, soit des aires dispersees, organisées en réseau, en systeme reticulaire awc éléments plus ou moms hiérarchises » (ibid.). Enfin, l’espace chargé de valeurs psychologiques et ideologiques serait cet espace represente oü s’imprime l’image de la frontiere. L’espace frontalier et l’espace transfrontalier seraient done des espaces vecus de la frontière on s’imbriquent ces trois espaces.

Presentation du terrain d’etude : la zone d’Himo/Taveta

La zone d’Himo/Taveta n’est pas un espace homogene. Elle presente de nombreuses disparites tant humaines que physiques mais elle a la particularite d’être polaris& par deux petites villes, Himo et Taveta, qui sont separdes par la frontiere commune du Kenya et de la Tanzanie. La delimitation de notre terrain d’enquete est par consequent subjective mais notre travail nous imposait d’etudier qu’une portion de la frontiere. Le lac Chala au nord et le lac Jipe au sud, traverses par la frontiere, nous paraissaient interessants comme points d’extremite de notre segment de frontiere (les dew( lac sont evidemment compris dans notre etude). Nous avons considere que la zone d’Himo/Taveta s’etendait dans un espace qui s’etirait de 20 km de part et d’autre de la limite politique. Himo et Taveta sont situes sur l’axe routier Voi-Moshi au sud-est du mont Kilimandjaro mais la presence de la frontiere nous oblige a les presenter dans letuEtat respectif.
Himo situe a 10 km de la frontiere dans la partie tanzanienne de la zone appartient, sur le plan administratif, au district de Moshi-Rural lui meme compris dans la Kilimanjaro region. Himo est une ville qui a connu une forte croissance puisqu’en 1980 elle était peuplee d’environ 4300 habitants et aujourd’hui elle en compte approximativement 9000 5 , ceci en raison notamment de la pression demographique sur les versants sud et est du volcan et de l’attrait commercial de la yule. En effet, le commerce est ici relativement developpe et il constitue la principale activite. Cette partie tanzanienne de notre etude est comprise dans trois districts differents (Rombo, Moshi-Rural et Mwanga).

Problématique

En partant des définitions de la frontière et des espaces frontaliers ou transfrontaliers, nous remarquons que l’ambiguite, entre une frontière qui sépare et une frontière qui met en contact, est au centre de notre problématique.
Le rôle d’une limite est bien de marquer un espace, de séparer deux entités. La frontière est de forme linéaire, sa représentation cartographique est une ligne. Comment alors est-elle définie et qui dessine son trace ? Le dessin de la frontière repose sur l’espace physique, sur quels éléments du milieu s’appuie le trace de la ligne ? Comment est-elle marquée sur le terrain ? Si la frontière est dite « naturelle », c’est-à-dire que son trace est appuye sur une configuration physique, ne serait-elle pas lisible et perceptible dans le paysage ? Avant la mise en place de la frontière, il existait prealablement un espace, elle a done superpose deux espaces a un espace préexistant.
De quelle nature etait cet espace avant l’etablissement de la limite politique ?
Mais la frontiere n’est pas une structure autonome et nous ne pouvons l’aborder sans savoir quel type d’ensemble spatial elle contient. Cet espace est celui de l’Etat qui se l’approprie en exercant sa souverainete ; par consequent la frontière a bd’abord comme fonction politique de délimiter le territoire de l’Etat. La frontiere serait done une separation sur le plan geopolitique car elle juxtapose sur le meme plan deux souverainetes, deux territoires d’Etat. Un Etat se dolt de maitriser et de controler son territoire, l’interieur mais aussi les peripheries; la frontiere a pu couper un territoire ethnique et toute remise en cause de la frontiere va a l’encontre de sa souverainete.
Quand est-il pour nos deux Etats ? Sont-ils des Etats africains fantoches, non viables comme beaucoup les denoncent ou bien les frontieres encadrent-elles des ensembles spatiaux coherents ? Ces deux Etats qui ont pour projet social de construire une nation
circonscrite aux limites de leur territoire politique seront parvenus a. cette cohesion et realises l’unite de leur espace, en groupant les individus autour d’une conscience d’appartenance au territoire de leur Etat respectif. Ce projet social consiste a atteindre la forme d’un Etat-nation par diverses politiques economiques, sociales ou culturelles sur l’ensemble du territoire. La frontiere serait alors une separation dans la mesure ou deux Etats ont des projets sociaux differents. Comment se manifestent leurs effets dans les espaces contigues a. la frontiere ? Dans quelle mesure la frontiere affecte les espaces frontaliers ?
Comprendre la frontiere necessite done d’analyser les fonctions que lui attribuent les Etats. Ces fonctions sont multiples, elles s’etendent dans « le reel, le symbolique et l’imaginaire » (FOUCHER, 1991, p.57). Dans le reel, la frontiere separe deux systemes politico-institutionnels mais permet egalement des apports de revenus grace a la fiscalite qui s’opere aux points de passage, comme les droits de douane. Elle a aussi une fonction de controle qui est a la charge des douaniers. Comment l’Etat et ses agents procedent-ils a la frontière ? Les mesures fiscales ou de contrôle sont-elles contraignantes ou laxistes ? Les postes de douane ne pouvant pas être présents sur toute la longueur de la lig -ne, les frontaliers qui desirent franchir la frontière sont-ils alors obliges de passer par la douane ? Si oui, pour quelle raison ? Si non, dans quels cas ? La frontière peut etre une separation dans le symbolique et l’imaginaire dans le sens ou la frontière juxtapose deux collectivites qui ont subi chacune un processus national, caracterise par des sentiments nationaux et des representations sociales differents de part et d’autre. Cependant, les Etats peuvent decider d’ouvrir ou de fermer davantage leur frontiere. Elles sont des structures qui evoluent dans le temps, la frontiere aurait done des effets de rupture plus ou moms forts selon la conjoncture.
Mais la frontiere n’est pas seulement une separation elle est aussi un contact entre deux espaces car il existe des rapports de contiguite de part et d’autre. La limite politique a ete surimposée a un espace preexistant sur lequel s’organisaient des relations sociales. La frontiere a-t-elle coupe radicalement ce systeme relationnel ou bien ces echanges continuent-ils d’exister ? S’ils perdurent, cela signifierait que les effets de rupture ne sont pas exclusifs. Nous pouvons supposer que ces effets peuvent a l’inverse creer des rapprochements et des echanges, dans la mesure øü les individus aimeraient profiter du differentiel socio-economique. En reprenant la theorie des avantages comparatifs, les populations frontalieres traverseraient la frontiere dans le but de trouver les avantages du pays. De quelle nature sont alors les echanges et les migrations ? Sont-elles de travail, commerciales, culturelles ?
Les frontaliers realisent des profits avec le commerce. Les lieux des operations commerciales sont generalement situ& dans les zones urbanisees, quels produits sont l’objet de commerce? Plus que leurs produits, pour un maximum de profits, les marchands privilegieraient la vente de produits provenant du pays voisin, les memes etant plus chers ou absents dans leur pays d’origine. La clientele peut egalement se fournir dans le pays limitrophe, quel est le caractere de ces echanges ? Ii faut donc parvenir a estimer en qualite et en quantite les flux de personnes et de marchandises.
Toujours en raison du differentiel socio-economique, ces flux transfrontaliers seraient par consequent inegaux. Cependant, ce commerce concerne-t-il seulement les populations frontaliere ou s’etend il au-dela vers l’interieur ? 11 s’agit done de savoir oft sont situes les lieux d’approvisionnement et de consommation des produits vendus dans les marches frontaliers. La presence de produits non-originaires des pays separes par la frontiere laisse supposer que ces marches sont integres dans des reseaux commerciaux intemationaux. Mais la frontiere peut limiter le trafic. Si elle est fermee ou Si les fonctions fiscales et de controle sont trop contraignantes, le commerce est impossible ou reduit. La reponse reste alors la contrebande, quel est le degre de fraude ? Les produits etant differemment taxes, quel type de marchandises passe essentiellement en dehors des douanes ?
La frontiere determine done les activites transfrontalieres qui s’operent dans la zone car sans effet de rupture il n’existerait pas d’effets de contact. Ainsi, la frontiere n’est pas seulement une discontinuite, elle secreterait aussi avec le commerce du continu. Nous pouvons nous demander si elle serait a la fois une ligne de separation et une zone de contact dans laquelle seraient privilegiees des relations transfrontalieres.
Nous voyons que les effets, a la fois separation et contact, donnent une specificite a l’espace, oü s’organisent les lieux et les rapports sociaux lies a la frontiere ; si nous reprenons la definition des espaces (trans)frontaliers, cette zone comprendrait alors l’espace vecu de la frontiere. Pour connaitre les dimensions de cet espace ii faut percevoir la profondeur des effets-frontiere, car nous partons de l’hypothese qu’ils structurent les espaces (trans)frontaliers. Forts pres de la limite politique, us semblent s’affaiblir a mesure que l’on s’en eloigne ; cet espace serait alors de forme graduel. Si cet espace est un espace social, comme definit precedemment, ii serait aussi un espace organise en reseau. Si la frontiere evoluait dans le temps, cet espace ne subirait il pas lui aussi des changements ?
Cependant, l’organisation de cet espace differe scion le type d’effet ; ceux de rupture juxtaposent deux organisations spatiales differentes, tandis que les ceux de contact organisent un espace a cheval sur la frontiere. Par consequent, la zone comprendrait trois espaces : deux espaces frontaliers sur un meme plan oil dominent les effets de separation et sur un autre plan un espace transfrontalier structure par les effets de contact. Nous supposons que le meilleur moyen de tirer profit de la frontiere se realise au travers du commerce, l’espace transfrontalier serait alors organise par les places commerciales. Dans une organisation centralisee du territoire de l’Etat, nous pouvons nous demander si, de part leur position géographique et leurs caractéristiques, ces espaces frontaliers ne sont pas des peripheries, et si cet espace transfrontalier ne constitue pas une «périphérie nationale» dans le sens de O.J. Igue pour qui ce type d’espace, de part sa propre organisation, est une région autonome qui s’affranchit des regles des Etats. Mais, peut-etre en raison de son dynamisme, les Etats ont interet integrer la zone A leurs territoires nationaux et que leur presence l’empecherait d’être une region autonome.
Dans un contexte oil les Etats africains sont dans un processus de « privatisation », en intervenant moms dans la vie politique et l’economie, les echanges commerciaux transfrontaliers qui s’affranchissent de la frontiere pourraient constituer une menace A leur integrite et A leur souverainete. Ce commerce qui sort des circuits officiels ne serait-il pas une reponse aux effets de coupure ? Cette economie ne seraitelle pas un mode de negation ou de contestation des territoires nationaux Writes de la colonisation? Cependant, l’espace transfrontalier organise par les marches peut-etre de forme reticulaire. La zone pourrait etre alors reliee A des places commerciales interieures, ces echanges ne consolideraient-ils pas au contraire les territoire nationaux ? De plus, l’Etat et ses agents ne participeraient-ils pas eux aussi a cc commerce qui lui procure des revenus ?

Methodologie d’enquete et ses limites

Afin de mener cette etude, ne pouvant recouvrir toute la vaste zone d’Himo/Taveta, nous avons choisi d’enqueter sur des lieux précis. Nous avons réalise des questionnaires les jours de marche a Himo et a Taveta car its sont des points centraux dans les &changes commerciaux transfrontaliers ; avec l’aide d’un jeune garçon et d’une jeune flue originaires de la région, nous avons interroge environ 160 commercants du marche de Taveta.
Pour comprendre les effets de separation et de contact nous nous sommes appuies sur des entrevues dans deux communautes habitant chacune dans un terroir différent, cependant tous les deux sont traverses par la frontiere commune du Kenya et de la Tanzanie.
Le premier est situe au nord de l’axe routier Voi-Moshi, sur la sub-location de Lesesia et sur le village d’Holili. Ii est peuple en tres grande majorite par des Kamba.
Cette population est originaire de Kambani localise dans la region de Machakos et Kitui, au Kenya. Elle a commence a migrer dans la zone est des basses pentes du Mont Kilimandjaro dans les annees 20, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord ces migrations sont dues A la pression demographique dans le pays kamba, les champs devenaient trop exigues et il n’y avait plus assez de place pour le parcours du Mail.
Certains ont ete obliges ou ont prefere quitter leur région ; nous supposons que ces populations ont ete informees, par les Kamba qui travaillaient dans les plantations de sisal de Taveta, qu’il existait des terres libres dans la region. Une autre raison de leur départ est la fuite des conflits durant la periode Mau Mau au debut des annees 50; l’insurrection Mau Mau a ete men& surtout par des paysans kikuyu pauvres et sans terre contre les colons europeens qui avaient « vole » leurs terres. Des insurges s’en sont pris aussi A des paysans kamba accuses de collaborer avec le colonisateur ou de ne pas vouloir participer A la revolte ; ces paysans ont prefere fuir vers des regions plus calmes.
Ces populations se sont done installees sur des terres libres, mais dans une zone seche aux sols pauvres, recouverte d’une savane arbustive et peuplee d’animaux sauvages.
Elles n’ont pu s’implanter plus haut sur les riches terres volcaniques du Mont Kilimandjaro déjà habitees par les Chagga. Elles ont commence A defricher les parties les plus hautes situees aujourd’hui en Tanzanie puis ont colonise la zone en descendant vers la plaine et le Kenya ; il est interessant de remarquer que la toponymie de ces lieux correspond aux memes noms des villages de Kambani, comme Holili-mbitini ou Holilikakuyuni. Neanmoins, ces populations ont su s’adapter a ces terms peu fertiles car elles correspondent A leur mode vie, c’est A dire l’exploitation de cultures de saison des pluies (mais, haricots, tournesols, millet) et d’un petit cheptel de vaches et de chevres ; de nombreuses personnes qui appartiennent a des ethnies differentes disaient que « seuls les Kamba peuvent vivre dons ce genre d’endroit ». Ces populations sont en fait tres pauvres car elles ne pratiquent qu’une agriculture de subsistance, les champs ont une taille moyenne de cinq acres et la pauvrete des sols limite les rendements, les troupeaux ne depassent generalement pas 15 fetes. Certains Kamba, lorsqu’ils ne s’occupent pas de leurs champs, exploitent des petites carrieres de pierres qui servent a la fabrication de maisons.
L’autre terroir, peuple essentiellement par l’ethnie Pare est situe sur la sublocation de Madarasani et le village de Kileo. Avant l’arrivee de ces populations, cet espace etait an marecage oft coule la riviere Losoyai ; la source de cette riviere est une resurgence d’eau provenant du mont Kilimandjaro. En raison de la pression demographique dans les monts Pare, d’ou ces personnes sont originaires, elles ont amenage cc marecage grace a tin systeme de drainage et d’irrigation. Toutefois, cues oat egalement des champs et du befall a l’exterieur du marecage ou cues exploitent, sur des terres seches, des cultures de saison des pluies. Dans ce marecage amenage, l’on trouve une grande diversite de cultures oü la banane, le riz et le mais dominent, mais oft l’on cultive egalement des tomates, des oranges, des mangues, des legumes. Nous constatons que la riviere, øü s’appuie la frontiere, separe deux sous-ensembles. Dans la partie kenyane, les Pare cultivent majoritairement la banane et le mais alors que ceux de la partie tanzanienne se consacrent presque exclusivement a la culture du riz. Cette difference est due aux conditions physique et pedologique du milieu. Les Tanzaniens sont situes dans la partie basse du marecage qui permet d’inonder les cultures, tandis que les Kenyans sont dans la partie haute plus favorable a la culture de la banane qui n’a pas besoin de beaucoup d’eau. Les Pare vendent leur production a des marchands qui viennent surtout de Taveta mais peuvent etre aussi originaires de Voi, Mombasa, Moshi ou Asusha.
L’etude comprend aussi des entretiens avec differents agents de l’Etat, de la douane, du ministere de l’agriculture ou de la peche et les chefs locaux travaillant pour leur gouvernement. Elle se nourrit egalement de discussions avec des personnes qui habitent la zone.

LA FRONTIERE : UNE LIMITE QUI SEPARE DEUX SOUVERAINETES

Une frontiere est une ligne qui « limite l’espace sur lequel s Wend une souverainete nationale. Le long de la frontiere deux souverainetes en/rent en contact et s’opposent : de part et d’autre de cette ligne, tracee d’abord sur une carte, demarquee ensuite sur le terrain, les autorites ne sont pas les memes, les lois ne sont pas les memes ; done, l’organisation des societes differe » (GUICHONNET, RAFFESTIN, 1974, p. 5). Cette approche de la frontiere correspond a la situation rencontree dans la region d’Himo/Taveta. Apres une periode d’incertitude, les deux puissances colonisatrices presentes ont dessine puis materialise, a la fin du 19 siècle, la limite qui leur assurait leur souverainete respective. Le Kenya et la Tanzanie issues de cette creation de territoires coloniaux, surimposes aux territoires ethniques existants, montrent bien, apres plus d’un siècle, des differences qui se manifestent, a l’interieur de la zone d’Himo/Taveta, dans leur organisation, en particulier dans les domaines economique, politique, social, culturel.

Un segment de frontiere original

Les origines de la frontiere commune du Kenya et de la Tanzanie.

La frontiere est l’enveloppe territoriale jouxtant d’autres enveloppes, la limite entre le Kenya et la Tanzanie correspond done a une dyade, c’est a dire « unefrontiere commune a deux Etats contigus » (FOUCHER, 1991, p.15).
De la definition du trace a sa demarcation ii s’est ecoule une periode de 30 ans.
La mise en place du trace est le resultat des negociations entre les Allemands et les Britanniques commence en 1884 et les compromis, contrairement a ce que certains auteurs affirment, ont ete trouves avec le concours des tribus locales. S’il est vrai qu’ailleurs, elles n’ont pas ete ecoutees, les etlmies de notre terrain d’etude, les Chagga et les Taveta, ont su se faire entendre.
En 1885, sans que nous sachions trop les raisons, les Taveta preferaient rester sous la protection de l’Anglais Sir H. H. Johnston qui avait des possessions dans cette region. Quant au chef chagga, Il signa un traite, en juillet 1885, avec la Societe Allemande d’Afrique de l’Est, afin d’être sous protection allemande pour echapper ainsi a la tutelle zanzibarie.
Apres la Conference de Berlin en 1885, definissant les prises de possessions territoriales des differentes puissances europeennes 7 , les Britanniques et les Allemands delimitaient, de maniere plus officielle, leurs spheres d’influence en Afrique de l’Est, de nombreux traites, et ont trace definitivement la frontiere en 1914.
La premiere lecture d’une carte de cette region du continent, montre deux segments approximativement paralleles qui se rejoignent par une ligne irrégulière contournant, au Nord et a l’Est, le Mont Kilimandjaro. Cette particularite n’est pas due conune la legende le raconte au cadeau d’anniversaire du plus haut sortunet d’Afrique par la Reine Victoria a son petit-fils, le futur Guillaume II, qui se plaignait de l’absence de sommet enneige dans la partie allemande, mais au resultat de la rivalite et de la cooperation des Anglais et des Allemands. Ainsi, le Kenya, sous protectorat britannique s’est retrouve au nord de cette ligne et le Tanganyika, sous protectorat allemand, au sud.

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Table des matières
Avant-propos
INTRODUCTION 
PREMIERE PARTIE : LA FRONTIERE FACTEUR DE REPARATION
PREMIER CHAPITRE : LA FRONTIERE : UNE LIMITE QUI SEPARE DEUX SOUVERAINETES
A – Un segment de frontiere original
1 — Les origines de la frontiere commune du Kenya et de la Tanzanie
2 — L’interet du trace a.Himo/Taveta
3 — Une limite ostensible
B – La frontiere separe deux souverainetes qui se realisent dans leurs territoires
1 — La frontiere delimite deux territoires d’Etat
2 — La reconnaissance de la frontiere
3 — Les formations nationales sont des facteurs de separation
C — Des formations nationales differentes dans la zone d’Himo/Taveta
1 — Une rupture dans le paysage
2— Une rupture dans l’organisation de l’espace
3 — Une rupture dans les economies
4 — Une rupture dans les systemes fonciers
DEUXIEME CHAPITRE : LA FRONTIERE : UNE LINHTE FONCTIONNALISEE ET DIVERSE 
A – La frontiere est une separation car elle est fonctionnalisee
1 — Les fonctions facteurs de separation dans le reel
a — La fonction legate
b — La fond:ion fiscale
c — La fonction de controle
2 — Les fonctions facteurs de separation dans les champs du symbolique et de l’imaginaire
a — La separation dans le symbolique
b — La separation dans l’imaginaire
— Une frontière diverse
1 — La séparation évolue dans le temps
2 — Une frontière équivoque
DEUXIÈME PARTIE : LA FRONTIÈRE FACTEUR DE CONTACT 
PREMIER CHAPITRE : LA FRONTIÈRE EST UN LIEU D’ECHANGES 
A — Les causes des flux transfrontaliers
1 — Les échanges transfrontaliers s’appuient sur les systemes relationnels preexistants
2 — Une frontière permeable
3 — La zone transfrontaliere : lieu aux possibilités de profits
— Une frontière animee de nombreuses migrations
1 — Les migrations transfrontalieres traduisent la recherche des meilleurs profits
2 — Les migrations du travail
3 — Les migrations scolaires
DEUXIEME CHAPITRE : DES FLUX TRANSFRONTALIERS DOMINES PAR LES ECHANGES COM1VLERCIAUX 
A — Des flux transfrontaliers inegaux polarises par les villes-marche
1 — Les raisons de la concentration des échanges commerciaux dans les villes d’Himo et Taveta
2— Des echanges inegaux
— Les marches frontaliers, lieux d’écoulement des produits nationaux et internationaux
1 — Des marches cosmopolites
2 — Des lieux d’ecoulement et de redistribution des produits nationaux et intemationaux
3 — Des marches regionaux, points d’ancrage du commerce international
C – Deux marches differents
1 – Des tailles differentes
2 — Des aires d’influence qui different
TROISIEME CHAPITRE : LA FRONTIERE : ZONE DE CONTACT
A – line zone oft ont lieu de nombreuses fraudes
B – Une zone libre des contraintes de la frontiere-ligne ?
C – Des rapports privilegies avec la frontiere
TROISIEME PARTIE : STRUCTURATION ET ORGANISATION DE L’ESPACE (TRANS) FRONTALIER : logigues croisees des acteurs frontaliers et des Etats
PREMIER CHAPITRE : LA STRUCTURATION DE L’ESPACE (TRANS)FRONTALIER D’HIMO/TAVETA : ESSAI DE DELIMITATION 
A – Une frontiere aux effets differents
1 — Une frontiere ambivalente
2 — les effets-frontiere : elements de stnicturation de l’espace (trans)frontalier
B – Essai de delimitation de l’espace (trans)frontalier d’Hitno/Taveta
1 — Un espace forme graduellement
2 — Un espace de forme asymetrique et reticulaire
3 — Un espace qui evolue dans le temps
DEUXIEME CHAPITRE : ORGANISATION DE L’ESPACE (TRANS)FRONTALIER 
A – La frontiere : element d’organisation spatiale
1 — La frontiere juxtapose deux organisations spatiales
2— Mais elle superpose une autre organisation spatiale
B – La zone d’Himo/Taveta : une peripherie ?
1 — Ces espaces frontaliers peuvent etre consideres comme des peripheries
a — Des enclaves ?
b — Des «peripheries nationales »
2 — Des regions integrees a l’espace national
C — Toutefois, des espaces fragiles
TROISIEME CHAPITRE : COMMERCE TRANSFRONTALIER ET ETAT : LA FIN DES TERRITOIRES NATIONAUX ?
A — Les activités commerciales a la frontière : une négation des territoires des Etats
1 — « Privatisation » des Etats et accroissement des échanges commerciaux transfrontaliers
2 — Ces échanges transfrontaliers sont un mode de contestation ou de négation des territoires nationaux hérités de la colonisation
B — Les échanges commerciaux transfrontaliers consolident les
territoires nationaux et profitent davantage aux Etats
1 — La zone transfrontalière est milli& aux territoires nationaux
2 — Les Etats acteurs du commerce transfrontalier
CONCLUSION GENERALE
SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES ET DOCUMENTAIRES 
Table des figures
Table des planches photographiques
Table des graphiques

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